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CHAP ITRE III

Dans le document L'Epître de saint Paul aux Romains (Page 57-172)

(1 s) L'apôtre était trop profondément israélite lui-même pour que ne se posât pas à son esprit la brûlante question: quelle est alors la signification du rôle d'Israël? Si l'incirconcision est, dans certains cas, l'égale de la circoncision, pourquoi ce sacrement a-t-il été institué? Les démarches de Dieu à l'égard de son peuple deviennent énigma-tiques. Dieu s' était-il trompé? Dieu s'est-il renié?

La réponse que fait Paul implique un renversement total par rapport à la question posée. Celle-ci demandait quelle est la supériorité du Juif ou l'utilité de la circoncision 1:

deux questions adres.<;ées à Dieu du point de vue de l'homme; elles concernent ce que l'homme a reçu. Paul veut que l'on se place au point de vue de Dieu et que l'on regarde à Dieu, qui a donné. Les actes de Dieu dans l'histoire doivent être considérés comme actes de Dieu, dans leur origine et leur intention, non en tant qu'acles, dans leurs mani-festations ou leurs effets. Le judaïsme avait fini par oublier que l'historique, l'immanent, l'horizontal est suspendu à l'éternel, au transcendant, au vertical; il avait donné aux institutions, à la Loi, à la circoncision, une valeur d'absolu, faute de les avoir soigneuse-ment compris à la lumière de l'élection et de la vocation d'Israël comme peuple de Dieu.

Il avait fini par croire que ces dons étaient la possession propre et inaliénable d'Israël, alors qu'ils étaient les instruments de son obéissance pour l'accomplissement de sa mission.

Ainsi donc Israël l'emporte sur les gentils, à coup sûr; mais il l'emporte par ses responsabilités: (( les paroles)) de Dieu lui ont été confiées! Il faut entendre par là les promesses davantage que la loi, comme la suite le montrera en plaçant les promesses au centre vital du dessein de Dieu.

Il serait normal qu'après les promesses, Paul citât d'autres manifestations de la grâce de Dieu (cf. la liste de Rom. 9. 4), d'autant plus qu'il indique (( les paroles » comme un commencement (rrpé;:nov IJÉv). En fait, il cède à l'attrait d'un jeu de mots

(ÈTrlO"TeV-&rjCTav - T]rrIOTTlCTav) pour aborder déjà à un nouvel aspect de la question qu'il fallait bien considérer. La suite de l'énumération ne viendra jamais et npwTov IJÉv = et d'abord restera en suspens 2.

(3 s) A la confiance que Dieu fit à Israël, celui-ci n'a pas répondu, du moins en sa majorité (Paul se contente de poser une question plus abstraite avec T1VEÇ) 3 mais cette défection ne saurait entraîner celle de Dieu, car il ne s'agit pas d'eux, mais de lui 4.

La fidélité de Dieu est assurée, mais elle concerne ses promesses, non ceux auxquels il les a confiées. Dieu est véridique quand il parle; sa fidélité c'est sa véracité. Il est toujours le Dieu de la promesse, le Dieu de l'alliance. Il faut bien que la vérité de Dieu, qui est sa fidélité à ses promesses, soit sauvegardée, fût-ce à la confusion, au moins temporaire,

l Les deux questions n'en sont qu'une, puisque la circoncision est le propre du Juif.

• La tradition textuelle a été troublée par l'anacoluthe. Origène lisait 1TpWT01 ...

• On peut ponctuer aussi: T{ yàp El ti1T{<rrTJcr6:v TlVES (Tischendorf). Cf. cependant Phil. 1. 18.

• • A1TlC"T{a connote aussi l'idée d'incrédulité.

(1) Mais alors, [direz-vous], quel est le privilège du Juif? A quoi sert la circoncision?

Ce privilège est grand à tous égards. (2) Et d'abord, c'est aux Juifs que furent confiés les oracles de Dieu. (3) Qu'importe, si quelques-uns ont été infidèles. Leur infidélité réduirait-elle à néant la fidélité de Dieu? (4) Non certes 1 Il faut que Dieu soit véridique, et c'est l' homme qui est menteur, comme dit l'Ecriture: « afin que tu sois reconnu juste dans ce que tu dis et que tu triomphes si l'on te met en jugement.)) (5) Mais alors, [dira-t-on], si notre faute met en relief le bon droit de Dieu, ne faut-il pas dire que Dieu est injuste s'il déchaîne son courroux [contre nous] ? - du moins à parler à la façon des hommes! (6) Jamais de la de ceux qui se sont montrés indignes de sa confiance. A moins que Dieu ne soit menteur, le mensonge des hommes tourne à leur confusion 1. S'ils se placent devant Dieu, au lieu de s'abriter derrière ses dons comme s'ils avaient quelque droit dessus, les Juifs ne peuvent que confesser leur propre mensonge et proclamer que Dieu est juste dans ses paroles et dans ses actions. Ce que reconnaît la prière du psalmiste (Ps. 51. 6, cité selon LXX). Le cas de David était particulièrement significatif; par sa faute, il s'est montré infidèle, mais les promesses particulièrement solennelles qui lui avaient été faites ont été maintenues, ce qui fait éclater la fidélité de Dieu: (( Non, je ne mentirai pas à David»

(Ps. 89. 36).

(5) L'inconstance de David mettait donc en lumière la fidélité de Dieu. Le psalmiste ne disait-il pas que la défection de l'homme avait même lieu afin que (Ô1TWS) soient mani-frt)tées la justice et la puissance de Dieu? Dieu fait tourner à sa glorification les consé-quences de l'infidélité humaine; en poussant les termes, on peut dire qu'il sait tirer profit de la faute de l'homme. Cela soulève un vaste problème. Notre «( injustice )) d'hommes sert à établir la (( justice )) de Dieu 2 : le mal contribue donc au bien. Mais n'est-ce pas là relativiser le mal et lui trouver quelque avantage? Dans ce cas, est-il encore mal? Et Dieu peut-il réagir à son égard par sa (( colère )1, c'est-à-dire en condam-nant l'homme qui l'accomplit et en détruisant le mal lui-même dont il a su tirer un bon parti?

(6) La réponse tient en ce peu de mots: (( Sinon, comment Dieu jugera-t-il le monde? 3 1) En efTet, il faut la chercher dans les buts derniers que poursuit la Providence divine; le jugement est le dernier acte du gouvernement de Dieu, et c'est par lui que ses voies seront éclairées en recevant leur justification. Cette réponse très laconique est éclairée par la façon dont le 4e Esdras répond lui-même au même problème: « Pendant un long temps, le Très-Haut se montra patient pour les habitants du siècle, et non pas il cause d'eux, mais à cause des temps qu'il avait prévus )1 (7. 74). L'apôtre a déjà dit ù ses lecteurs que la patience de Dieu est la clé de son gouvernement de l'histoire; Dieu supporte le mal en vue du bien qu'il attend; il patiente avec les pécheurs, «( non à cause

"AÀT]ei)s ne désigne pas la véracité intellectuelle, abstraite; mais la qualité de ce qui est solide, ferme, constant, cc qui ne trompe pas et à quoi on peut se fier. Le " mensonge» s'oppose à cette constance comme une versatilité; il révéle l'inconsistance de l'homme. Chez Dieu, au contraire. c'est la cr vérité.

de Dieu qui fait que ses promesses sont" solides n. consistantes (Rom. 15. 8). V. BULTMANN, Th W bNT, 1, p. 233.

2 'AÀIKIO-2>1KOIOcnJVT] est l'équivalcnt dc \fIruCTTT]s-éxÀn61)s. La justice de Dieu c'est sa fidélité à sa parole de grâce dans l'alliance. - LWICTTérvol: v. 5, 8; Gal. 2. 18; 2 Cor. 6. 4; 7. 11; dans Rom. 16. 1, recomman-der. TI tpOÙ~EV se trouve seulement dans Rom. (6 fois) et montre bien l'influence du style dialogué de la diatribe. "A2.IKOS appliqué à Dieu sera son éventuelle versatilité, son inconstance dans ses desseins, une allusion au fait qu'il se renierait en rompant l'alliance et en répudiant ses promesses.

3 Paul n'a pas esquivé le problème, comme Lagrange le prétend en disant que l'apôtre «préfère ne pas se lancer dans la difTicile question ... » 1

vie! Sinon, comment Dieu exercerait-il .r:on jugement sur le monde? (7) [Répliquera-t-on en disant que] la vérilé de Dieu trouvant dans mon mensonge l'occasion de s'affirmer abon-damment pour sa gloire, il n'y a plus lieu que je sois condamné comme pécheur? (8) Alors, pourquoi ne pas aller jusqu'à dire, comme on le fait en nous prêtant calomnieusement de tels propos: pratiquons le mal pour qu'il en sorte du bien! Ceux qui disent cela méritent une juste condamnation. (9) Qu'est-ce à dire? Nous, les Juifs, n'avons-nous aucune supériorité ? Non, aucune. Nous venons de démontrer que Juifs et Grecs, tous sont sous l'emprise du péché. (10) C'est bien ce qui est écrit: « Il n'y a pas de juste, pas un seul;

(11) il n'y a personne qui comprenne; il n'y a personne qui cherche Dieu. (12) Tous se sont dévoyés; ensemble ils se sont pervertis. Il n'y a personne qui fasse le bien; il n'yen a pas même un seul et unique. (13) Leur gosier est un sépulcre béant. De leur langue, ils se servent pour tromper. C'est du venin d'aspic qui se trouve sous leurs lèvres. (14) Ils ont la bouche pleine de malédiction el d'amertume. (15) Leurs pieds sont agiles pour verser le sang. (16) La dévastation et la misère marquent leur route (17) et ils ignorent le chemin de la paix. (18) Il n'y a aucune crainte de Dieu devant leurs yeux. » (19) Or, nous le savons bien, tout ce que la loi dit, elle le dit à l'adresse de ceux qui sont sous la loi, pour que toute bouche soit close et le monde enlier placé sous le coup dll jugement de Dieu. (20) Par l'effet de l'observation de la loi, personne ne sera jugé favorablement par lui, car la loi est [à proprement parler] le moyen par lequel on prend pleine connaissance du péché.

d'eux », en minimisant leur faute, mais en vue de la repentance qu'il espère. Du fait que Dieu patiente, le mal semble se multiplier 1; mais comme cette patience est la condition de la repentance, elle prépare le pardon. Ainsi Dieu triomphera du mal en ceux qui se seront repentis. Sa sévérité à l'égard de ceux qui auront méprisé sa longanimité (2. 4) montrera, par ailleurs, que le mal lui est toujours en horreur.

(7) Après le problème concernant la justice de Dieu, celui qui concerne la culpabilité de l'homme. Celui-ci pèche contre Dieu, mais la patience divine qui en fait multiplie la possibilité de pécher, n'est-elle point responsable? L'homme pécheur n'est-il pas inno-centé d'autant? 2

En réalité, le problème est déjà résolu. La patience de Dieu n'est point la cause des péchés, et ce n'est point à une aggravation du péché qu'elle vise. Le propos serait absurde, et surtout blasphématoire. Paul ne prend même pas le temps de montrer son absurdité, d'autant moins que sa pensée sur ce point, déjà exposée en d'autres occasions, semble lui avoir valu de sévères critiques, et même des calomnies, de la part de gens peu ouverts, ou mal intentionnés.

(8) La doctrine de la patience divine prêtait évidemment au malentendu. Le mal avait l'air de devenir une étape vers le bien; Dieu semblait en faire un facteur positif.

D'où le slogan caricatural que les adversaires. de l'apôtre avaient forgé pour le combattre eIlle lui attribuant: « Faisons le mal en vue du bien! » (cf. 6. 1) Paul se tourne vers eux, pour déclarer qu'à professer de telles opinions et à les lui prêter, on s'attire le juste juge-ment de Dieu 3.

1 Le mal ne se multiplie pas, du point de vue de Dieu, parce que les péchés surabondent. Le mal, c'est qu'il y ait des pécheurs. Que ceux-ci manifestent leur qualité par un nombre plus ou moins grand d'actes coupables, ne modifie point leur attitude foncière et n'aggrave pas le jugement de Dieu. On juge l'arbre à son fruit, que la récolte soit maigre ou abondante; l'arbre est coupé essentiellement parce qu'il porte de mauvais fruits, le fait qu'il en porte peu, s'ils sont mauvais, ne change rien. Quand le fruit est bon, en revanche, il est également abondant 1

"AÀT)eEla. Cf. note 1, p. 55.

• Kal liT) (~crr!v), interrogatif (cf. 3. 3) avec Lietzmann.

(9-18) Le développement s'achemine vers la conclusion. Il a été demandé (3. 1) si les Juifs ont quelque supériorité par rapport aux gentils. La réponse a souligné que cer-tainement cette supériorité existe, si l'on regarde aux dons de Dieu, que le comporte-ment coupable des bénéficiaires eux-mêmes n'a pas pu réduire à néant. En revanche, si l'on regarde aux bénéficiaires, la supériorité est sujette à discussion; on ne peut l'affirmer sans ajouter qu'elle tient exclusivement aux dons de Dieu et que, dans ces conditions, l'excellence de ces dons fait éclater au grand jour l'indignité de leurs dépositaires 1.

C'est à cette idée que l'apôtre aboutit donc, pour souligner encore l'emprise du péché sur tous les hommes, dont la démonstration a été administrée précédemment. S'ap-puyant sur l'autorité de l'Ecriture, Paul va obliger son lecteur, qu'il soit juif ou grec, à rentrer en soi-même et à reconnaître devant Dieu qu'il est « sous le péché )).

Du v. 10 au v. 18, nous avons une longue suite de citations faites très librement.

Paul abrège ou modifie les textes, sans se préoccuper de savoir si le texte s'applique, dans l'original, aux péchés des païens ou des Juifs. Cette mosaïque a-t-elle un dessein?

On a cru y reconnaître l'intention de suggérer que l'être humain tout entier (gorge, langue, lèvres, bouche, pieds), aussi bien que tous les hommes sans exception, participent au mal 2. Cela expliquerait la longueur exceptionnelle de la collection. Avec moins de subtilité, on remarque la structure tripartite du morceau; la première strophe serait relative au péché en tant que corruption des rapports de l'homme avec Dieu (v. 10-12);

la seconde évoquerait la corruption de la personne humaine elle-même, qui se manifeste dans le mauvais usage de la parole, par laquelle s'exprime le cœur (v. 13-14); la troisième, la corruption des relations humaines (v. 15-17). On peut admettre que nous avons là une sorte de psaume, en usage peut-être déjà dans les communautés pauliniennes.

(19 s) Les Juifs seront convaincus par cette massive condamnation; à la fois parce que c'est l'Ecriture 3 qui la prononce (6 VOIlOS AÉyEl) et parce que tout ce que dit l'Ecriture (ocro:) fait autorité. Ils devront surtout être attentifs à ce que Paul donne comme l'inten-tion générale de l'Ecriture: placer tous les hommes muets et sans excuses sous le juge-ment de Dieu qui les condamne, les Juifs par conséquent aussi, comme les gentils qu'on avait chez les Juifs l'habitude de tenir pour l'objet par excellence des sévérités divines 4.

L'Ecriture elle-même est déjà, via negationis, le témoin de la justification par la foi 5;

par la bouche du psalmiste, elle nie qu'aucune créature (Paul insiste en écrivant nacra crapç au lieu de naç LXX) puisse être justifiée aux yeux de Dieu; et Paul insiste encore davantage en ajoutant « par les œuvres de la loi)) 6. Il précise, enfin, que la loi donne la connaissance du péché. La loi, en effet, ne permet pas d'écarter le mal dont elle donne

1 npoE)(o~a: au moyen = metlre en avant (en parlant d'une excuse). prétexter. Ici, moyen à sens actif. Le texte peut être diversement ponctué, TI oVv pouvant être rattaché à lfpoE)(o~a. lfclvTc.>S est en faveur de la séparation de Ti oVv. On peut aussi prendre lfclvTc.>S dans le sens de • pas du tout.

(ncquaquam Vulg.), ce qui l'accorderait mal avec v. 2 a. La difficulté du texte a provoqué des perturba-tions : oû lfclvTc.>S est remplacé par lfÉplacrov chez quelques-uns, dont un certain nombre ont lfpoKaTÉXOIlEV au lieu de lfpoE)(o~a.

• A. FEUILLET, " Le plan salvifique de Dieu ... " RB 1950, p. 350.

• NOl1os est très rare dans le sens d'Ecriture (cf. 1 Cor. 14. 21).

• Tcj> 6ecj>: devant Dieu (cf. 'IlEl").

-:

.

• Après 1.IOTl on sous-entend yry-parrToo.

• Cf. STRACK-BILLERBECK, III, p. 160-162; BERTRAM, ThWbNT, II, p. 642-645. E. LOHMEYER, ZNW, 1929, p. 177-206. Les Juifs n'ignoraient point que la loi ne suffit pas à préserver du péché. «Le principe admis généralement est que personne n'est sans péché ... Aussi ne peut-on avoir confiance en la sainteté d'aucun homme tant qu'il est en vie: de là la crainte de tant de justes ...• (J. BONSIRVEN, Jud. pal., II, p. 90 s). « Il n'est aucun fils de la femme qui n'ait commis l'impiété ni aucun des vivants qui n'ait péché. Voici, en effet, en quoi on célébrera ta justice et ta bonté, Seigneur: quand tu prendras en pitié ceux qui ne peuvent s'appuyer sur des œuvres bonnes. (4 Esdr. 8. 34-36).

(21) Or maintenant, en dehors de [toute] loi, le jugement favorable de Dieu a été mani-festé. Moise et les prophètes lui ont rendu témoignage. (22) Jugement de grâce dont béné-ficient par la foi en Jésus-Christ tous ceux qui placent leur foi en lui. (23) Tous, car il n'y a aucune distinction, tous ayant péché et tous étant privés de la gloire de Dieu. (24) Mais ils sont gratuitement l'objet du jugement favorable de Dieu. Et cela, c'est le fait de sa grâce, connaissance par sa lettre; elle ne combat point victorieusement les forces du mal;

elle laisse l'homme prisonnier des puissances qui l'asservissent; il n'y a point en elle une puissance, un esprit nouveau, qui libère. La loi est même occasion de pécher, du fait que l'homme qui lui obéit sur un point croit s'être acquis la faveur de Dieu, alors qu'il a besoin de toute sa grâce pour les infractions qu'il a commises par ailleurs; l'obéissance elle-même manifeste la nature du pécheur en nourrissant son orgueil. Le principe posé en 2. 13 n'est point contredit par là : s'il se trouvait quelqu'un qui accomplît toute la volonté de Dieu, s'il se trouvait être de plus indemne de toute KaVxT)CTIÇ = vantardise en sorte qu'il pût rendre grâces et gloire à Dieu exclusivement, Dieu s'en réjouirait sans réserve, Mais où est cet homme agréable à Dieu en tout ce qu'il fait et en tout ce qu'il pense de ce qu'il fait? l

Il n'est pas possible de dire si Paul, quand il citait le Ps. 143, a voulu rappeler à son lecteur ce que le psalmiste avait dit aussitôt avant: « Jahvé, écoute ma prière; prête l'oreille à mes supplications, dans ta fidélité; exauce-moi dans ta justice. » Cet appel à la fidélité et à la justice de Dieu trouvent exactement leur réponse dans les ver-sets suivants de l'épître: la prière du psalmiste est exaucée, la « justice» de Dieu s'est manifestée.

(21) Il faut insister sur le vwi :liÉ = et maintenant, pour en souligner le caractère à la fois historique et théologique 2. La situation de l'homme historique, Grec et Juif, a été longuement décrite; sur cette histoire plane la réaction négative de Dieu, sa « colère» : l'homme va à la mort. « Mais maintenant)) les choses sont différentes, parce qu'un événement est survenu, qui modifie objectivement la situation des hommes. A la révé-lation de la « colère » de Dieu (1. 17) s'oppose maintenant la manifestation de sa « justice»;

contraste significatif et propre à confirmer l'interprétation de :lI1KaJOcnlvT) donnée plus haut: la « justice» sauve de la « colère »; elle est la fidélité de Dieu à ses promesses, son activité salvifique.

Autrefois, Dieu avait manifesté sa volonté de salut par les grâces accordées à Israël (élection, loi). Celles-ci subsistent, parce que DIeu ne se renie point; mais le mauvais usage qu'en fit le peuple élu les avait transformées en occasions de chute. Ces grâces n'étaient d'ailleurs que préparatoires; elles annonçaient une grâce parfaite et définitive.

Cette grâce suprême est maintenant manifestée, et elle l'est sans le concours de l'ancienne dispensation 3, comme une œuvre neuve, indemne des imperfections de la précédente.

La loi et les prophètes, qui attestent la révélation de Dieu à Israël, déposent un

témoi-l 'E"ITlyvwO"lS (cf. Rom. 1. 28; 10.20) reflète-t-il ici une influence hellénistique? Epicure aurait dit:

érpXTJ O"wTTJpfaS yvWO"lS àuap-nlucrrOS; ce que Sénèque commente ainsi: lnitium esl sa/ulis notilia peccali.

Egregie mihi hoc dixisse vidclur EpicunIs. Nam qui peccare se nescil, corrigi non vull; deprehendas le opporlel anlequam emendes (Epist. mor. 28, cité par MICHEL, p. 87). L'expérience intérieure peut expliquer

Egregie mihi hoc dixisse vidclur EpicunIs. Nam qui peccare se nescil, corrigi non vull; deprehendas le opporlel anlequam emendes (Epist. mor. 28, cité par MICHEL, p. 87). L'expérience intérieure peut expliquer

Dans le document L&#039;Epître de saint Paul aux Romains (Page 57-172)

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