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4. Évaluation environnementale et changements climatiques

4.2. Les changements climatiques

4.2.1. Généralités et aspect conceptuel

Le climat de la Terre est sujet à une variabilité naturelle ou résultant d’évènements géo-physiques tels que les éruptions volcaniques. Le climat qui prévalait avant la période industrielle a façonné l’histoire de l’humanité. Depuis le début de la période industrielle, selon le GIEC (2007), c’est plutôt l’humanité qui façonne le climat avec le réchauffe-ment global qui résulte de l’accroisseréchauffe-ment des émissions atmosphériques de GES, prin-cipalement le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le monoxyde d’azote (NO) générés par les activités anthropiques.

Il est communément admis en science du climat que les CC correspondent à une modification des caractéristiques statistiques (moyenne, variabilité ou écart-type) de l’état du climat dans un espace géographique donné et sur une période donnée,

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généralement de plusieurs décennies. Toutefois, cette définition peut être nuancée en fonction de l’origine ou de l’attribution de ces changements, qui peuvent être d’origine anthropique ou naturelle, selon le point de vue des institutions traitant des CC. Ainsi, pour le GIEC (2018), les CC au fil du temps peuvent correspondre soit à une variabi-lité naturelle, soit à des activités anthropiques. En revanche, pour la CCNUCC, les CC sont directement ou indirectement attribuables à des activités humaines qui modifient la composition de l’atmosphère.

Les CC peuvent être quantifiés à partir de paramètres statistiques, des variables qui caractérisent le milieu considéré (atmosphère, biosphère, hydrosphère, lithosphère, cryosphère). Par exemple, la moyenne et la variance permettent de bien illustrer le concept des CC, à travers l’analyse de la distribution d’une variable donnée, telle la température de l’air dans le cas de l’atmosphère (Cubasch et al., 2013). On compare ainsi la distribution de la variable sur deux périodes données, en considérant par exemple des données historiques et des données de scénarios climatiques prospectifs (Charron, 2016). L’histogramme est d’usage courant pour représenter les CC par la distribution des valeurs d’une variable climatique. En effet, il représente très bien la dis-tribution d’une variable continue, puisqu’il décrit toutes les valeurs possibles comprises entre la plus petite et la plus grande (les extrêmes). La distribution est caractérisée par sa variance liée à la variabilité et à la moyenne des valeurs de cette variable sur une période donnée. Ainsi, les changements climatiques peuvent être occasionnés par :

• un changement dans la moyenne des valeurs de la distribution (a) ;

• un changement dans la variance, c’est-à-dire la variabilité des valeurs de la distri-bution (b) ;

• un changement à la fois dans les valeurs de la moyenne et de la variance de la distribution (c).

La figure 5 illustre, dans le cas de la variable « température », une comparaison entre les effets des trois cas ci-dessus sur les températures correspondant respectivement à une période historique et à une projection. Aujourd’hui, les projections climatiques ou scénarios futurs (Charron, 2016) nous donnent accès aux distributions futures de nombreuses variables, permettant ainsi de quantifier les CC par comparaison avec des données historiques de la même variable. L’histogramme permet aussi de caractériser les extrêmes climatiques qui occasionnent le plus d’impacts.

DÉFINITION DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Les CC constituent une évolution globale dans la dynamique de l’atmosphère, de la biosphère, de l’hydrosphère, de la lithosphère ou de la cryosphère, sur un horizon temporel donné, dont les effets se manifestent de façon différenciée selon la zone géographique considérée. Les impacts associés peuvent être préjudiciables ou bénéfiques pour une espèce donnée.

Figure 5 : Effets des changements dans la distribution (moyenne, variance) des températures sur les extrêmes a) Changement dans la moyenne

Froid Moyen

Plus de températures chaudes

Augmentation des températures maximums Augmentation

des températures minimums

Température

Climat futur Climat historique

Probabilité d’occurence

Chaud

b) Changement dans la variance

Froid Moyen

Plus de températures chaudes

Plus de températures froides

Augmentation des températures maximums Diminution

des températures minimums

Température Climat historique

Climat futur

Probabilité d’occurence

Chaud

c) Changements dans la moyenne et la variance

Encore plus

de températures chaudes Augmentation des températures chaudes Moins de

changement dans les températures minimums

Climat historique

Climat futur

Probabilité d’occurence

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4.2.2. Impacts

Les changements climatiques s’accompagnent souvent d’effets ou d’impacts négatifs pour les humains :

• la fonte des glaces, des glaciers et du pergélisol (qui libèrerait d’importantes quantités de GES dans l’atmosphère si le réchauffement actuel se poursuit) ;

• un changement dans la disponibilité et la qualité des ressources en eau ;

• une augmentation de la fréquence, de l’intensité et de la durée des phénomènes climatiques extrêmes (sécheresse, inondations, tempêtes, cyclones, canicule, froid extrême) ;

• une dégradation des terres sous les effets de l’érosion hydrique ou éolienne ;

• une élévation du niveau des mers et une diminution de la superficie des terres émergées ;

• un accroissement de l’érosion côtière sous l’effet des vagues ;

• une réduction de la diversité biologique avec la disparition d’espèces animales ou végétales notamment dans les milieux humides, mangroves ou récifs coralliens.

Ils ont aussi des effets positifs :

• la création de conditions propices à la navigation dans les régions arctiques, en raison de la fonte des glaces ;

• un accès aux ressources de l’Arctique facilité par la fonte des glaces ;

• une baisse des frais de chauffage dans les régions froides, comme suite au réchauf-fement global ;

• une réduction des effets du froid sur la santé, associée à l’accentuation du réchauf-fement global ;

• un accroissement des surfaces cultivables dans certaines régions ;

• l’avènement de conditions favorables pour le développement de certaines cultures ou plantes ;

• l’avènement de conditions favorables au développement de l’élevage dans certaines régions du monde ;

• un enrichissement de certains écosystèmes par la mutation d’espèces animales ou végétales.

Les principaux impacts des CC sont résumés à la figure 6. Quant aux impacts sectoriels des CC selon la zone géographique, le GIEC les présente dans son cinquième rapport (GIEC, 2014b ; figure 7).

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Chapitre 4

Figure 6 : Principaux impacts des changements climatiques

CC

Figure 7 : Principaux impacts des changements climatiques

Résumé à l’intention des décideurs

RID

RID 1.4 Phénomènes extrêmes

Des changements ont été constatés depuis 1950 environ en ce qui concerne bon nombre de Incidences à grande échelle attribuées au changement climatique suivant les études scientifiques

parues depuis le RE4

Feux incontrôlés Moyens de subsistance, santé et/ou économie Production alimentaire Systèmes physiques Systèmes biologiques Systèmes humains et aménagés

Symboles pleins = contribution majeure du changement climatique

Symboles vides = contribution mineure du changement climatique

Degré de confiance associé à l'attribution au changement climatique

Incidences observées attribuées au changement climatique 9329

AMÉRIQUE CENTRALE ET AMÉRIQUE DU SUD

AFRIQUE EUROPE

PETITES ÎLES

RÉGIONS POLAIRES (Arctique et Antarctique)

Figure RID.4 | Le nombre des incidences observées au cours des dernières décennies que les études scientifiques parues depuis le quatrième Rapport d’évaluation du GIEC (RE4) attribuent à présent au changement climatique a fortement augmenté. Pour corroborer de tels résultats, ces études se fondent sur des éléments scientifiques probants portant sur le rôle du changement climatique. La liste des incidences attribuables au changement climatique présentée sur cette mappemonde ne saurait être considérée comme exhaustive. Les publications qui viennent étayer l’attribution des incidences se caracté-risent par une base de connaissances de plus en plus vaste, mais leur nombre est encore faible pour beaucoup de régions, de systèmes et de processus, ce qui met en évidence les lacunes que comportent les données et les études. Les symboles indiquent le type d’incidence, la contribution relative du change-ment climatique (majeure ou mineure) aux incidences observées, et le degré de confiance correspondant. Les différents symboles utilisés correspondent à une ou plusieurs entrées du tableau RID.A1 (GTII RE5), regroupant ainsi des incidences associées à l’échelle régionale. Les nombres entourés figurant dans le coin inférieur droit des cadres correspondants aux régions indiquent le nombre total d’ouvrages et articles parus en anglais sur le thème du changement climatique entre 2001 et 2010, répertoriés dans la base de données bibliographique Scopus, contenant dans leur titre, dans leur résumé ou dans leurs mots clés le nom d’un pays (jusqu’à juillet 2011). Ces nombres fournissent une indication générale sur le nombre des publications scientifiques parues portant sur le changement climatique dans chaque grande région; il ne s’agit pas de publications portant spécifiquement sur l’attribution des incidences du chan-gement climatique par région. Pour les régions polaires et les petits États insulaires, le nombre est inclus dans celui des régions continentales voisines. La documentation retenue pour l’évaluation des attributions des incidences répond aux critères du GIEC portant sur les éléments scientifiques, définis dans le chapitre 18 de la contribution du Groupe de travail II au RE5. Les publications prises en compte dans les analyses d’attribution des incidences appartiennent à une base encore plus vaste de documents qui ont été examinés pour les besoins de la contribution du Groupe de travail II au RE5. Voir le tableau RID.A1 (GTII RE5) dans lequel figurent les descriptions des incidences avec leurs attributions. {figure 1.11}

Source : GIEC (2014b).

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4.2.3. Extrêmes climatiques et évaluation environnementale Selon les projections, il est très probable que l’intensité, la durée et la fréquence des évènements climatiques extrêmes augmenteront (GIEC, 2013). Ce sont là les impacts les plus tangibles des CC. Les évènements climatiques extrêmes tels que les inondations, les cyclones, les feux de forêt et les sécheresses sont des catastrophes naturelles suscep-tibles d’entraîner des pertes en vies humaines, des dommages matériels et des impacts sociaux. L’EE peut contribuer à la réduction, la gestion et la prévention des catastrophes naturelles d’origine hydrométéorologique ; l’EE du risque d’inondation dans le delta du fleuve Ha Thanh, dans le centre du Viêtnam (Anh Tu Ngo, 2014), en est un cas pro-bant. On note par ailleurs que le Colloque SIFEE tenu en 2013 à Lomé, la capitale du Togo, fut consacré à l’utilisation de l’EE comme outil de prévention des catastrophes, notamment celles d’origine naturelle.

Les plans de gestion et de prévention des catastrophes naturelles d’origine clima-tique peuvent faire l’objet d’une EE. Dans le cadre de ce processus, les risques inhérents aux CC, notamment les extrêmes, doivent être évalués au cours des différentes phases du PPP-P.

4.3. Impacts réciproques des PPP-P