PARTIE 2 : MODÉLISATION 59
3.3 Modélisation des ingrédients Galactiques
3.3.1 Champs magnétiques Galactiques
3.3.1.2 Champ magnétique régulier du halo
B
D(r, φ)
B
D,x= B(r, φ) hB
k′cos(l) −B
⊥′sin(l)i
B
D,y= B(r, φ)hB
′ksin(l) +B
⊥′cos(l)i
B
D,z= 0
. (3.22)
Une représentation de ce champ dans le plan Galactique est donnée sur la Figure3.3. Pour obtenir
un modèle complet à 3D, on a supposé que−B→
Ddécroît exponentiellement en dessus et en dessous
du plan Galactique avec une échelle de hauteur de 1 kpc. Cette valeur est estimée par différentes
études (voir p. ex.Prouza et Šmída 2003,Sunet al. 2008,Sun et Reich 2010). On a donc
−→
B
D(r, φ, z) = −B→
D(r, φ) exp(−|z|/z
0) , (3.23)
avec z l’altitude par rapport au plan Galactique etz
0= 1 kpc.
Après avoir élaboré ce modèle, Jaffe et al. l’ont contraint en utilisant la méthode présentée
dans la partie précédente (Etat de l’art). L’ajustement du modèle aux RMs des sources
extraga-lactiques a permis de contraindre l’angleφ
0décrivant l’orientation de la spirale et les amplitudes
relatives des quatre bras spiraux a
net de l’anneau moléculaire a
4. Ces six paramètres ont un
impact primordial sur les RMs observées. En effet, les a
nvont jouer sur l’amplitude et le signe
des RMs et φ
0va déterminer la position des inversions de signe des RMs. Les valeurs moyennes
optimales obtenues sonta
n= 1.65,0.61,−1.04,1.26,−1.00 et φ
0= 70˚. On peut donc voir que
−→
B
Dest orienté dans le sens des aiguilles d’une montre, si on l’observe depuis le pôle nord
Galac-tique, avec des inversions du champ magnétique dans le bras Scut-Crux et l’anneau moléculaire
(voir Figure 3.3).
3.3.1.2 Champ magnétique régulier du halo
Etat de l’art
La structure du champ magnétique du halo Galactique −B→
Hest encore moins bien contrainte
que celle du disque−B→
D. Contrairement à l’étude de−B→
D, une seule observable est exploitable pourcontraindre l’intensité et la direction de −B→
H: les RMs des sources extragalactiques à hautes
latitudes. Les différentes études qui ont été menées sur le champ magnétique du halo tendent à
montrer que celui-ci pourrait avoir une composante verticale en plus d’une composante azimutale.
L’étude des RMs de sources extragalactiques dans les directions des pôles nord et sud
Galac-tiques ont permis d’évaluer l’intensité de la composante verticale au niveau du Soleil. Avec cette
approche, Han et Qiao (1994) et Han et al. (1999) furent les premiers à montrer que le champ
magnétique pourrait avoir localement une composante verticale. Ils montrèrent que celle-ci aurait
une intensité de 0.2−0.3 µG et serait dirigée vers le pôle nord Galactique. Récemment, deux
études utilisèrent des catalogues de RMs plus fournis dans le but de réestimer cette valeur.
Tay-lor et al.(2009) trouvèrent que l’intensité de cette composante verticale était respectivement de
−0.14 et +0.30 µG en dessous et au dessus du plan Galactique. De leur côté, Mao et al.(2010)
trouvèrent respectivement pour ces deux composantes des intensités de≃0 et +0.31 µG.
La composante azimutale de −B→
Hfut quant à elle caractérisée à l’aide de la carte du ciel des
RMs des sources extragalactiques à haute latitude. Cette carte révéla une anti-symétrie du signe
des RMs par rapport au plan Galactique dans les régions internes de la Galaxie (|l| ≤ 90˚)
(Oren et Wolfe 1995, Han et al. 1997; 1999, Taylor et al. 2009). Le signe de la RM dépendant
de l’orientation du champ magnétique (voir éq. 3.15), cette anti-symétrie révélerait donc que le
champ magnétique régulier du halo est anti-symétrique.Hanet al. (1997;1999) suggérèrent que
80 3.3. Modélisation des ingrédients Galactiques
Figure 3.4 – Structure magnétique de la galaxie NGC891. Les contours indiquent l’intensité radio totale et les barres indiquent l’orientation du champ magnétique (copyright : MPIfR Bonn). Cette carte radio est superposée à une image en optique de NGC891 obtenue avec leCanada-France-Hawaii Telescope/(c)1999 CFHT/Coelum. Cette image est extraite de
Krause(2009).
ce champ magnétique est probablement généré et maintenu par une dynamo à grande échelle.
En effet, la théorie de la dynamo prévoit l’existence de ce type de champ. Un mode possible
du mécanisme de la dynamo, le mode A0, génère des champs magnétiques toroïdaux (champs
sans composante verticale) de directions opposées au dessus et en dessous du plan Galactique en
plus d’un champ poloïdal dipolaire. L’existence de champs magnétiques verticaux au voisinage
du Soleil (p. ex.Han et Qiao 1994) et près du CG (p. ex.Yusef-Zadeh et Morris 1987) et pouvant
faire partie d’un champ dipolaire à grande échelle renforça l’hypothèse avancée par Han et al.
(1997;1999).
Sun et al.(2008) et Sun et Reich (2010) confirmèrent l’existence d’un champ magnétique
to-roïdal dans le halo par une méthode d’ajustement de modèles aux données (voir section3.3.1.1).
Ils montrèrent que ce champ toroïdal devait être anti-symétrique par rapport au plan Galactique
pour pouvoir rendre compte de l’anti-symétrie des RMs à hautes latitudes. En ce qui concerne la
composante poloïdale dipolaire,Sun et Reich (2010) constatèrent que d’ajouter un champ
dipo-laire (le modèle deProuza et Šmída 2003) au champ toroïdal dans leurs simulations n’améliorait
que marginalement l’ajustement aux données. Ils conclurent donc que leur analyse ne leur
per-mettait pas de contraindre l’existence d’une composante verticale de−B→
H, d’intensité relativementfaible (∼0.2 µG au voisinage solaire) par rapport à la composante toroïdale (∼2 µG au coeur
du tore à |z|= 1.5 kpc). Il est à noter cependant que le modèle toroïdal proposé par Sun et al.
(2008) (utilisé aussi parProuza et Šmída 2003,Janssonet al.2009,Sun et Reich 2010,Pshirkov
et al.2011) n’arrive pas à reproduire la distribution des RMs dans la région 100˚<l< 117˚et 15˚
<|b|< 30˚(Mao et al. 2012). Récemment,Jansson et Farrar (2012a;b) montrèrent que les RMs
à hautes latitudes sont significativement compatibles avec un modèle de champ magnétique du
halo en forme de X (X-shape). Cette étude fut motivée par le fait que depuis quelques années, on
observe ce type de structure magnétique dans les halos de galaxies externes vues de profil (voir
p. ex.Beck 2008,Krause 2009,Heesenet al. 2009). Un exemple de ces structures est montré sur
la Figure 3.4. Ces champs X-shape pourraient être dus à de forts vents Galactiques provenant
du disque des galaxies. L’étude de Jansson et Farrar (2012a;b) confirma aussi l’existence d’un
champ toroïdal dans le halo de notre Galaxie.
Dans la suite, je présente en détails les modèles de −B→
Hque j’ai testé dans le but d’évaluer
l’in-fluence de ces différents configurations sur la propagation des positrons et donc sur la distribution
spatiale de leur émission d’annihilation.
Modèle dipolaire de Prouza et Šmída
Bien que non contraint par les observations des RMs, le champ magnétique poloïdal dipolaire
fut modélisé puis utilisé par la communauté des RCs de très hautes énergies (UHECRs pour
ultra-high energy cosmic rays). L’origine des ces UHECRs reste mystérieuse. Cependant, on pense
qu’une partie ces UHECRs est d’origine extragalactique. Bien connaître le champ magnétique de
notre Galaxie est primordial pour identifier clairement leur origine. En effet, le champ magnétique
devrait avoir un impact conséquent sur la propagation et la déflexion de ces particules lorsqu’elles
arrivent sur notre Galaxie. La suggestion de l’existence d’un champ dipolaire par Han et al.
(1997) poussa donc la communauté des UHECRs à prendre en compte ce champ. Prouza et
Šmída (2003) furent les premiers à modéliser ce champ poloïdal en se basant sur les équations
d’un dipôle magnétique.Prantzos(2006) reprit ce modèle quelques années plus tard dans le but
d’expliquer le mystère associé à l’émission d’annihilation e
+e
−. Il suggéra que ce type de champ,
par sa topologie, pourrait transporter les positrons produits dans le disque, par les SNe Ia, vers
le bulbe Galactique et ainsi expliquer la morphologie particulière de l’émission d’annihilation
e
+e
−. Je présente donc ici le modèle dipolaire deProuza et Šmída(2003) et les modifications que
j’y ai apportées. En modélisant le transport de positrons dans une galaxie possédant ce champ
dipolaire, je pourrai donc vérifier la plausibilité du scénario avancé parPrantzos.
Les équations utilisées par Prouza et Šmída (2003) sont celles d’un dipôle magnétique dont
l’amplitude a été ajustée pour pouvoir correspondre à une amplitude de 0.2µG au voisinage de la
Terre (Han et Qiao 1994). Ce champ est symétrique autour de l’axe de rotation de la Galaxie. En
coordonnées sphériques Galactiques (R,Θ,Φ), le champ de halo dipolaire −−→B
H,da pour intensité
dans le plan xz,
B(R,Θ) = K
R
3q
3 cos
2(Θ) + 1 , (3.24)
et a pour composantes cartésiennes Galactiques :
−−→
B
H,d(R,Θ,Φ)
B
H,d,x= −
3K 2R3sin(2Θ) cos(Φ)
B
H,d,y= −
3K 2R3sin(2Θ) sin(Φ)
B
H,d,z= −
K R3(3 cos
2Θ − 1)
, (3.25)
avec K le moment magnétique du dipôle Galactique. K varie selon différentes régions. K = 10
5G pc
3pour les régions externes (R > 5 kpc) et K = 200 G pc
3pour la région centrale (R < 2
kpc). Dans la région intermédiaire (2 kpc < R < 5 kpc), K est choisie de telle façon à ce que
l’intensité du champ soit de 10
−6G. Ces valeurs ont été choisies pour s’ajuster aux observables.
La valeur pour les régions externes permet de retrouver un champ vertical de 0.2µG au voisinage
du Soleil et la valeur pour la région centrale permet de retrouver un champ d’une intensité de
100µG au niveau du CG (voir le paragraphe suivant).
Pour éviter d’obtenir un champ trop important au niveau du CG (vu queB ∝1/R
3; éq.3.24)
et pour s’ajuster aux observations, un cylindre d’un diamètre de 100 pc et d’une hauteur de 300
82 3.3. Modélisation des ingrédients Galactiques
(a)
Modèle dipolaire
(b)Modèle X-shape
Figure3.5 – Configurations possibles du champ magnétique régulier dans le halo de notre Galaxie dans le planxz. La Figure
3.5areprésente le modèle de champ dipolaire modifié de Prouza et Šmída(2003, voir texte). La Figure3.5b représente le modèle de champ X-shape adapté deJansson et Farrar(2012a;b). Les vecteurs indiquent la direction du champ magnétique et leur longueur est proportionnelle à l’amplitude du champ magnétique. Le Soleil est situé enx= −8.5 kpc.
pc est positionné au niveau du CG pour délimiter une région dans laquelle l’intensité du champ
magnétique est fixée à une valeur constante de 100µG. A l’origine, la valeur prise parProuza et
Šmídaétait de 2 mG car ces auteurs s’appuyaient sur les premières observations deYusef-Zadeh et
Morris(1987) qui prédisaient des champs de l’ordre du mG. Dans cette étude, nous avons décidé
de prendre une valeur plus conservatrice de 100µG en se basant sur des observations ultérieures
(Spergel et Blitz 1992, Crocker et al. 2010). Une représentation de ce champ est donnée sur la
Figure3.5a.
Modèle X-shape de Jansson et Farrar
Ce modèle de halo en forme de X,−−→B
H,X, est un modèle axi-symétrique et poloïdal qui respectela condition−→∇ ·−−→B
H,X= 0. Pour répondre à celle-ci,Jansson et Farrar(2012a) ont dû développer
un modèle complexe à quatre paramètres. Pour décrire ce modèle, nous utiliserons les coordonnées
cylindriques (r, z) dans une section de plan quelconque perpendiculaire au plan Galactique. Pour
définir le champ magnétique X en un point (r, z), il est nécessaire de définir le paramètre r
passocié.r
pest le rayon galactocentrique auquel la ligne de champ magnétique qui passe par (r, z)
traverse le plan Galactique défini parz = 0.
La Galaxie est divisée en deux régions par l’intermédiaire du rayon critiquer
cX. Pourr
p> r
Xc,
les lignes de champ magnétique auront un angle d’inclinaison constant, Θ
0X
, par rapport au plan
Galactique. Pourr
p< r
cX
, l’angle d’inclinaison Θ
Xaugmentera linéairement avec la diminution
du rayon jusqu’à avoir Θ
X= 90˚pourr = 0.
L’intensité du champ magnétique dans le plan Galactique est défini par l’expression suivante :
oùB
X,0est l’intensité globale du champ X enr = 0 etr
Xest l’échelle de longueur exponentielle
de l’intensité du champ X dans le plan Galactique. Dans la région où r
p> r
cX, l’intensité du
champ X en un point défini par (r, z) est égale à
B
X(r, z) = B
X(r
p)r
pr avec r
p= r −tan(Θ|z|
0X
) , (3.27)
et l’angle d’inclinaison de la ligne de champ passant par (r, z) est Θ
0X