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Champ ´electrique 2D : la r´egularisation `a poids

2.4.7 Conclusions sur la m´ethode du compl´ement singulier

La λ-approche est une nouvelle m´ethode de d´ecomposition de X0Enon-conforme, et dont l’ori-

ginalit´e par rapport au travail de C. Hazard et S. Lohrengel [68] repose sur le fait qu’on ne requiert pas de fonction de troncature. Celle-ci est remplac´ee par une condition aux limites non-homog`ene. L’int´erˆet de la λ-approche pour la MCSO, qui est incontournable si on veut traiter le cas instation- naire, est qu’elle permet de calculer une meilleure approximation des xSi que l’approximation par d´erivation des potentiels.

Pour les probl`emes quasi-statiques, la λ-approche et la MCSO sont identiques. Elles donnent des r´esultats num´eriques comp´etitifs en terme de pr´ecision (voir le chapitre 6), et se g´en´eralisent au cas de pointes coniques `a base r´eguli`ere [63]. Dans les domaines tridimensionnels g´en´eraux, les singularit´es ´electromagn´etiques sont difficilement discr´etisables, les singularit´es de coin et d’arˆete ´etant li´ees entre elles [52]. N´eanmoins, dans le cas d’un ouvert prismatique [42], ainsi que dans le cas d’un domaine axisym´etrique [76], on peut adapter ces m´ethodes en utilisant une d´ecomposition en s´erie de Fourier (voir la section 8.6).

Dans le cas d´ependant du temps, on n’a plus les mˆemes r´esultats de r´egularit´e pour la MCSO, car on ne sait pas si les parties de r´egularit´e H1−α−(ω) de eE0 et de PiciexSi se compensent.

Cependant, pour am´eliorer la pr´ecision, on peut faire les calculs en exprimant explicitement les termes en r1−α.

2.5

Champ ´electrique

2D : la r´egularisation `a poids

Dans cette section, nous pr´esentons essentiellement les r´esultats obtenus par M. Costabel et M. Dauge dans [53] dans le cas harmonique. Nous avons vu que lorsque ω est non convexe, l’espace X0E∩ H1(ω) est ferm´e et strictement inclus dans X0E, ce qui implique que la solution du probl`eme

discr´etis´e par les ´elements finis de Lagrange Pk dans l’espace X0

E ne converge pas vers la bonne

solution. D’autre part, dans l’espace XE, la condition aux limites tangentielle est naturelle, mais

pas essentielle, ce qui limite en pratique la vitesse de convergence de la solution discr´etis´ee. L’id´ee est de d´eterminer un espace interm´ediaire X, dans lequel la condition aux limites tangentielle est es- sentielle, et tel que X∩ H1(ω) soit dense dans X (afin d’obtenir la convergence des ´el´ements finis de

Galerkin dans X). On s’int´eresse aux espaces X de la forme : X = { u ∈ H0(rot , ω) : div u ∈ V }.

La forme bilin´eaire associ´ee `a cet espace pour la r´esolution de (2.6)-(2.7) est la suivante :

AX : X× X → R

( E , F ) 7→ ( div E , div F )V + ( rot E , rot F )0,

o`u ( . , . )V est le produit scalaire dans V .

La formulation variationnelle de (2.1)-(2.3) dans X s’´ecrit (FVX) : Trouver E0 ∈ X tel que : ∀ F ∈ X , AX( E0, F ) = ( g0, div F )V + ( f0, rot F )0.

Nous voulons d´eterminer les espaces V tels que :

- il existe une solution unique `a (FVX), qui soit ´equivalente `a (2.1)-(2.3) ; - X ∩ H1(ω) soit dense dans X.

2.5.1 Condition pour obtenir la coercivit´e

Pour appliquer le th´eor`eme de Lax-Milgram `a (FVX), il faut rendreAXcoercitive sur X. D’une

part, V doit ˆetre un espace de type L2. D’autre part, comme les ´el´ements de H

divergence dans H−1(ω), on cherche V ⊂ H−1(ω). Pour des raisons pratiques, on limite le choix

aux espaces `a poids de la forme : V = u ∈ L2loc(ω) : w u ∈ L2(ω) , o`u w ∈ C∞(ω, R+) est born´e dans ¯ω. A priori V contient L2(ω) : L2(ω) ⊂ V ⊂ H−1(ω). Le produit scalaire dans V

s’´ecrit : ( u , v )0 =

Z

ω

w2u v dω, et la norme correspondante est : || u ||V =

 Z

ω

w2u2dω 1/2

.

Proposition 2.56 Lorsque l’injection de X dans L2(ω) est compacte, la norme du graphe dans X est ´equivalente `a la semi-norme. La norme dans X est alors d´efinie ainsi :

|| u ||X = || rot u ||20 + || div u ||2V

1/2

. (2.67)

D´emonstration. On proc`ede par l’absurde. Soit ( un)nune suite de X telle que :| un|rot ,div → 0

et || un||0 = 1, c’est-`a-dire :

div un → 0 dans V ,

rot un → 0 dans L2.

La suite ( un)n´etant born´ee dans X, et l’injection de X dans L2(ω) ´etant compacte, il existe une

sous-suite, encore not´ee ( un)nde X qui converge dans L2(ω). Soit u sa limite. On a la convergence

forte de ( un)n vers u dans L2(ω) `a cause de l’injection compacte. On en d´eduit que || u ||0 = 1.

En utilisant les formules d’int´egration par parties classiques, les conditions aux limites homog`enes et par passage `a la limite et unicit´e de celle-ci, on a :

< div u , φ >D0,D = − Z ω u. grad φ dω =− lim n→+∞ Z ω un. grad φ dω = − lim n→+∞ Z ω div unφ dω = 0 , ∀φ ∈ D(ω) , < rot u , φ >D0,D = Z ω u. rot φ dω = lim n→+∞ Z ω un. rot φ dω = − lim n→+∞ Z ω rot unφ dω = 0 , ∀φ ∈ D(ω) .

Ainsi, rot u = 0 et div u = 0 dans X. D’apr`es [65], la trace tangentielle est continue dans H(rot , ω). Comme un. τ|∂Ω = 0, on en d´eduit que : u . τ|∂Ω = 0. Ainsi, u ∈ H0(rot0, ω), et donc d’apr`es la

proposition 1.3, il existe un unique φ∈ H1

0(ω) tel que grad φ = u. Comme ∆φ = div u = 0, alors

φ = 0, et donc|| u ||0 = 0, ce qui contredit l’hypoth`ese de d´epart.

 En pratique, cela permet d’obtenir la coercivit´e de la forme bilin´eaire AX, qui est alors le produit

scalaire dans X. D´eterminons V tel que l’injection de X dans L2(ω) soit compacte. Pour cela, consid´erons la d´ecomposition de Helmholtz suivante :

Lemme 2.57 On peut d´ecomposer X sous la forme : X = VE ⊥ ⊕ W, o`u : W = { u : = grad u , u ∈ ΦV } avec ΦV =  u ∈ H01(ω) : ∆u ∈ V , ce qui s’´ecrit aussi : W = u ∈ H0(rot0, ω) : div u ∈ V .

D´emonstration. Cette d´ecomposition correspond `a la d´ecomposition de Helmholtz (2.17) de X0E : consid´erons F ∈ X. Alors F = FN + FD, o`u :

- FN = rot φN, φN satisfaisant (2.16), avec la donn´ee rot F ∈ L20(ω) ;

- FD = −grad φD, φD satisfaisant : Trouver φD ∈ H01(ω) tel que : −∆φD = div F dans V .

 L’injection de VEdans L2(ω) est compacte [8]. Comment obtenir l’injection compacte de W dans

2.5. Champ ´electrique 2D : la r´egularisation `a poids 79

Proposition 2.58 Si l’injection de V dans H−1(ω) est compacte, alors l’injection de W dans L2(ω) l’est aussi.

D´emonstration. Comme V ⊂⊂ H−1(ω), alors ΦV ⊂⊂ H1(ω), d’o`u W ⊂⊂ L2(ω).

 Des propositions 2.56 et 2.58, on d´eduit le th´eor`eme suivant :

Th´eor`eme 2.59 Si l’injection de V dans H−1(ω) est compacte, alors (2.6)-(2.7) est ´equivalent `a (FVX).

D´emonstration. D’apr`es la proposition 2.58, l’injection compacte de V dans H−1(ω) permet d’obtenir l’injection compacte de W dans L2(ω), et donc d’apr`es la proposition 2.56, AX est

coercitive. L’´equivalence entre le syst`eme d’´equations (2.6)-(2.7) et la formulation variationnelle (FVX) se montre de la mˆeme fa¸con que la proposition 2.23 et n´ecessite la d´ecomposition du lemme 2.57.

 En conclusion, afin d’obtenir l’´equivalence entre la norme du graphe et la semi-norme (2.67) dans X, et donc la coercivit´e deAX, on cherche V tel que l’injection de V dans H−1(ω) soit compacte.

Nous allons maintenant voir sous quelles conditions sur V l’espace X ∩ H1(ω) est dense dans X.

2.5.2 Condition pour obtenir la densit´e des ´el´ements finis

Nous avons vu qu’il existe une d´ecomposition de Helmholtz de X. On peut aussi d´ecomposer les ´el´ements de X en une partie H1-r´eguli`ere et une partie qui n’est pas H1.

Th´eor`eme 2.60 On a la d´ecomposition suivante : X = X0 , RE ⊕ W := X

0 , R

E ⊕ grad ΦV .

D´emonstration. Soit u ∈ X. D’apr`es le lemme 2.57, il existe φu ∈ ΦV et v ∈ VE tels que :

u = v + grad φu. D’apr`es [18], comme v ∈ VE, il existe u0 ∈ X0 , RE et φv ∈ ΦD tels que :

v = u0 + grad φv. Or ΦD ⊂ ΦV. En posant φ = φu + φv, on a donc :

u = u0 + grad φ, avec u0 ∈ X0 , RE et φ ∈ ΦV soit : grad φ ∈ W .

 Pour avoir la densit´e des fonctions r´eguli`eres dans X, on cherche `a avoir X0 , RE dense dans X. Pour

cela, d’apr`es la d´ecomposition du th´eor`eme 2.60, il nous faut la densit´e de X0 , RE dans W. Ceci est possible si ΦV ∩ H2(ω) est dense ΦV. Notons que : ΦV ∩ H2(ω) = ΦRD :={φ ∈ H2(ω)| φ|∂ω = 0}.

Plus pr´ecisement, on a le th´eor`eme fondamental suivant qui est un corollaire de la d´ecomposition du th´eor`eme 2.60 :

Th´eor`eme 2.61

1) Si ΦRD est dense dans ΦV pour la norme du graphe, alors X0 , RE est dense dans X.

2) ΦR

D est ferm´e dans ΦV si et seulement si X 0 , R

E est ferm´e dans X.

3) ΦV ⊂ ΦRD si et seulement si X = X 0 , R E .

Dans le second cas, bien sˆur si ΦRD est diff´erent de ΦV, on ne peut pas approcher la solution de

(FVX) par les ´el´ements finis, car on ne capte pas la partie singuli`ere du champ. Le dernier cas correspond `a un domaine ω convexe, car ΦV ∩ H2(ω) = ΦV, il n’y a pas de singularit´e. Nous

sommes int´eress´es par le premier cas. On se limite aux poids de la forme w = rγ, o`u γ > 0 et l’on pose : V = Vγ0, d´efini par (1.8). Vγ0 peut se d´efinir aussi de la fa¸con suivante :

Vγ0 = u ∈ D0(ω) : u ∈ L2(ω\ωc) et rγu ∈ L2(ωc) ,

o`u ωc est un voisinage donn´e du coin rentrant inclus dans ω. On ´ecrira le produit scalaire dans Vγ0

ainsi :

∀ u , v ∈ Vγ0, ( v , u )0 , γ =

Z

ω

r2γu v dω (2.68)

Lorsque γ > 1, la condition Vγ0⊂ H−1(ω) n’est plus respect´ee. La valeur limite de γ est donc 1.

Soit X0

E, γ l’espace vectoriel suivant : X0E, γ =



u ∈ H0(rot , ω) : div u ∈ Vγ0

.

Consid´erons Φγ = { φ ∈ H01(ω) : ∆φ ∈ Vγ0}. D’apr`es le th´eor`eme 2.60, X0E, γ = X0 , RE ⊕ Wγ,

o`u Wγ = grad Φγ.

Posons XE, γ = { u ∈ H(rot , ω) : div u ∈ Vγ0, uτ ∈ L2(∂ω)}. On appelera Aγ la forme bilin´eaire

suivante :

Aγ : XE, γ× XE, γ → R

( E , F ) 7→ ( div E , div F )0 , γ + ( rot E , rot F )0.

Aγ restreinte `a X0E, γ×X0E, γ est coercitive, `a condition qu’on obtienne l’´equivalence entre la norme

du graphe et la semi-norme dans X0E, γ. Aγ d´efinit alors le produit scalaire dans X0E, γ.

2.5.3 Choix du poids

Proposition 2.62 L’injection de Vγ0 dans H−1(ω) est compacte si et seulement si γ < 1.

D’apr`es le th´eor`eme 2.59, cette premi`ere condition sur γ entraˆıne la coercivit´e deAγ. Notons que

lorsque γ = 1, X0E, γ ' H0(rot , ω). Or l’injection de H0(rot , ω) dans L2(ω) n’est pas compacte.

Concernant la condition sur γ pour avoir la densit´e de ΦR

D dans Φγ, int´eressons-nous au r´esultat

suivant :

Proposition 2.63 Quel que soit γ, les fonctions C∞(¯ω) `a trace nulle sur ∂ω sont denses dans V2

γ ∩ H01(ω).

Le th´eor`eme fondamental suivant nous donne les valeurs de γ telles que Φγ ⊂ Vγ2 :

Th´eor`eme 2.64 Pour tout γ tel que : 1 − α < γ ≤ 1, l’op´erateur ∆ est un isomorphisme de Vγ2 ∩ H1

0(ω) dans Vγ0. De plus, H2(ω)∩ H01(ω) est dense dans Φγ.

Lorsque γ v´erifie l’encadrement du th´eor`eme, pour tout u ∈ V0

γ, il existe donc une unique solution

dans Vγ2 ∩ H01(ω) au probl`eme :

Trouver φ ∈ H01(ω) tel que − ∆φ = u dans ω .

D’apr`es la proposition 2.63, on obtient ainsi la densit´e des fonctions r´eguli`eres dans Φγ, et par

cons´equent, la densit´e de X0

E, γ ∩ H1(ω) dans X0E, γ.

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