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La première partie de l’étude comportait un plan d’échantillonnage sur le terrain afin d’évaluer la gravité des dommages causés par le longicorne noir à la suite des grands chablis qui ont affecté la Côte-Nord à la fin de l’été 2006. Cette région, située dans le nord-est du Québec, fait partie du sous-domaine bioclimatique de la pessière à mousses de l’est. Ce sous-domaine bioclimatique est principalement couvert de peuplements de conifères dominés par l’épinette noire (Picea mariana (Mill.) B.S.P.), mais on y retrouve aussi du sapin baumier(Abies balsamea (L.) Mill.), du bouleau à papier (Betula papyrifera Marsh.) et du peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx.) (Bergeron, 1996; Saucier et al., 1998; Bergeron, 2007; De Grandpré et al., 2000). Dans ce sous-domaine, les peuplements à structure irrégulière représentent environ 70 % du territoire forestier (Gauthier et De Grandpré, 2003). Le climat y est froid et maritime avec une température moyenne

15 annuelle variant entre -2,5 et 0,0 ºC et des précipitations annuelles variant entre 1100 et 1300 mm, dont 35 % sous forme de neige. Le cycle de retour des feux de forêt est relativement long avec un intervalle moyen entre deux feux de plus de 350 ans (Bouchard et al., 2008). La topographie varie de vallonnée à accidentée, où l’altitude peut varier entre 450et 650 m (Légaré, 2010).

Deux secteurs situés au nord de la ville de Baie-Comeau ont été échantillonnés. Le premier secteur se trouvait dans la région du camp Saint-Pierre où opère la compagnie Produits forestiers Résolu (longitude : -68 º 23' 41"; latitude : 50º 9' 32") et le deuxième secteur était situé dans la région du camp Brooch où opère la compagnie Produits forestiers Arbec (50º 43' 5" N, 67º 48' 22" O) (Figure 1). Puisque plusieurs études soutiennent que l’état des arbres après une perturbation a une influence sur l’abondance des insectes xylophages (Jonsell et Weslien, 2003, Gibb et al., 2006, McGeoch et al., 2007; Ulyshen et Hanula, 2009), il a été jugé pertinent de comparer quatre catégories d’arbres qui varient en fonction de leur état à la suite d’un chablis : APP (arbres appuyés sur d’autres arbres, vivants et moribonds), DER (arbres déracinés, vivants et moribonds), CAS (arbres cassés, morts), TEM (arbres vivants sur pied ou témoin). L’échantillonnage a été effectué dans 16 stations distantes d’au moins 10 km au cours de l’été 2011. Nous avons comparé des peuplements purs (4 à dominance de sapin baumier et 4 à dominance d’épinette noire) et des peuplements mixtes (8 peuplements composés de sapin baumier et d’épinette noire). Une parcelle de 20 x 20 m a été établie dans chaque station et nous avons identifié tous les arbres de dimensions commerciales (DHP > 9,0 cm) et catégorisé leur état (mort, moribond, vivant) ainsi que leur position (cassé, déraciné, penché, droit). La surface terrière (ST) des différents types d’arbres a été compilée pour évaluer la sévérité du chablis qui a été déterminée par le rapport entre la ST des arbres affectés (états cassé, déraciné et penché) sur la ST totale (arbres affectés et non affectés) (Tableau 1).

Dans chaque station, on a choisi 10 arbres (5 sapins et 5 épinettes dans les peuplements mélangés) dont le DHP était d’au moins de 16 cm. Pour chacun des arbres, nous avons noté l’espèce, le statut (mort, moribond ou vivant), l’état (déraciné, appuyé, cassé ou droit) et le DHP. On a ensuite abattu chacun des arbres sélectionnés à l’aide d’une scie mécanique pour y prélever une section de 1,50 m de long à partir des premiers 50 cm du sol. Deux rondelles d’environ 3 cm d’épaisseur ont été prélevées, la première à environ 50 cm du sol et l’autre juste au-dessus de la bille de 1,50 m. Les rondelles ont été placées immédiatement dans des sacs de plastique à fermeture étanche et déposées dans une glacière. La première rondelle (50 cm du sol) a servi à l’analyse dendrochronologique pour déterminer l’année pendant laquelle l’arbre est mort alors que la deuxième rondelle a servi à mesurer l’humidité du bois. Cette mesure a été déterminée en pesant les

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rondelles encore humides avant de les faire sécher dans un four à une température de 70 °C pendant quatre jours. Après cette période, elles ont été pesées à nouveau puis on a divisé le poids sec par le poids humide pour obtenir le pourcentage d’humidité de chaque rondelle (masse humide-masse anhydre/masse humide *100). En ce qui concerne la section de 1,50 m, elle a d’abord été écorcée en forêt à l’aide d’une plane à écorcer droite pour y dénombrer les trous d’entrée et de sortie des longicornes noirs. On a considéré que les trous ovales d’environ 8 mm de longueur et orientés de façon non perpendiculaire dans le bois étaient des trous d’entrée de larves de longicornes (Wilson, 1962). L’impact économique des dommages de longicornes a été évalué en utilisant la relation mise au point par Safranyik et Raske (1970) entre le pourcentage de perte de valeur par billot de pin tordu latifolié (Pinus contorta Dougl. Ex Loud.) et la densité de trous d’entrée de larves de Monochamus. Ils ont estimé des pertes légères (5 %) à partir de 5,4 trous/m², des pertes moyennes (11,5 à 18 %) lorsqu’il y a entre 10,8 et 16,1 trous/m² et des pertes élevées (>29 %) s’il y a plus de 32,3 trous/m².

L’année de mortalité des arbres échantillons a été déterminée à l’aide d’une analyse dendrochronologique. Les rondelles ont d’abord été séchées à une température ambiante de 23 °C pendant environ trois semaines dans une chambre de conditionnement au pavillon Gene-H. Kruger de l’Université Laval. Par la suite, chaque rondelle a été sablée trois fois : le premier sablage a été fait avec un papier de grade 80, le second avec un papier de grade 120 et le dernier avec un papier de grade 320. Les cernes de croissance ont été dénombrés sur chaque rondelle le long de trois rayons représentatifs à l’aide d’un binoculaire (Wild M4-63700, Heerbrugg, Switzerland) (8x-20x) au laboratoire de dendrochronologie de l’Université Laval. Les cernes ont été comptés à partir de l’extérieur de la rondelle, le premier cerne étant considéré comme provenant de l’année 2010 pour les rondelles prises avant la mi-juillet, parce que le bois final pour l’année 2011 n’avait pas encore eu le temps de se former. Par contre, pour les rondelles prises après la mi-juillet, le premier cerne a été considéré comme provenant de l’année 2011.

Les cernes de toutes les rondelles ont été numérisés, dénombrés de nouveau et mesurés à l’aide des logiciels CooRecorder (Version 7.4, mars 2011) et CDendro (Version 7.5, mars 2011). Afin de faciliter la datation, on a aussi identifié les cernes diagnostiques (cernes pâles, cernes de gel et cernes discontinus) pour chacune des rondelles des arbres témoins (TEM ; arbres vivants droits). Cette procédure a permis d’identifier trois cernes diagnostiques (1956, 1978, 1979) qui correspondent à ceux rapportés par Morin (1998). Ces cernes diagnostiques correspondent aux diminutions de croissance des arbres qui ont été observées lors des deux dernières épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (Choristoneura fumiferana [Clem.]) (Morin 1998). Une fois que les cernes ont été dénombrés et mesurés, on a procédé à l’interdatation à l’aide du

17 logiciel CDendro qui fournit une courbe de référence conçue à partir de la largeur des cernes des arbres vivants, ce qui inclut les trois cernes diagnostiques. Ensuite, on a tracé les courbes pour chacun des arbres morts. En faisant correspondre les cernes diagnostiques à ceux des arbres témoins, on a pu estimer l’année de la mort de chacun des arbres.

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