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CEP, 2006, “Subjectivisme *…+ *dans+ les Grundsätze (1871-1923) de Carl Menger”

“Subjectivisme […] [dans] les

Grundsätze (1871-1923) de Carl Menger”

Références :

VERSAILLES, David W., 2006, « Subjectivisme économique, figures du besoin et de lřutilité marginale à traverse les éditions des Grundsätze (1871-1923) de Carl Menger », Cahiers

d’économie politique, n°51, décembre, pp. 91-108.

RÉSUMÉ: Cette contribution argumente que les Grundsätze de Carl Menger fondent le subjectivisme économique dans la théorie cognitive. Lřarticle entre dans le détail des figures du besoin en liaison avec la notion de valeur dřusage. Il revient sur les figures de lřutilité pour distinguer les éditions de ce texte fondateur de la révolution marginaliste. La seconde édition (1923, élaborée par son fils Karl à partir de notes) a été le point de départ dřune lecture qui amoindrit lřoriginalité du raisonnement initial (1871) en gommant les aspects cognitifs de la représentation de lřindividu. Avec les différentes figures du besoin et de lřutilité, dans le concept de valeur dřusage, le subjectivisme de Carl Menger existe en analyse économique sous une forme autonome qui demeure cohérente mais ne dépend pas logiquement dřautres niveaux (dont le subjectivisme ontologique).

ABSTRACT: This contribution argues that Carl Mengerřs Grundsätze ground subjectivism in cognitive features. It elaborates on need-satisfaction in relation with the use value of goods. It details the various forms raised for utility in Mengerřs texts and distinguishes between the various editions of the Grundsätze. The second edition (1923, edited by his son Karl in reshaping notes and drafts) turns out as the starting point of an interpretation lowering the cognitive content of the original text (1871) and, hereby, the originality of the representations of individuals. With the various aspects of needs and utility, with the concept of use value, Carl Mengerřs economic subjectivism does exist on an autonomous basis. His subjectivism remains consistent with the ontological levels, yet its explicatory power does not depend logically from it.

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« Two souls reside in my brain »51 : Karl Menger est à la fois un mathématicien et le fils de lřauteur des Grundsätze, Carl. Karl Menger joue un rôle dans lřhistoire de la pensée économique, parce quřil est le maître dřœuvre de la deuxième édition de lřœuvre maîtresse de Carl Menger. Les Grundsätze der Volkswirtschaftslehre, publiés en 1871, contiennent le raisonnement sur la théorie de la valeur utilité. Le développement dřun concept dřutilité détaché des notions de coûts et enraciné dans la valeur dřusage marque la paternité de Carl Menger, commune avec Jevons et Walras, envers le néoclassicisme. Lorsque Carl Menger décède en 1921, il laisse derrière lui une série de notes et de carnets qui nřont pas encore été mis en forme pour la publication annoncée mais toujours retardée de la deuxième édition des Grundsätze. Le volume de ces carnets52 est important et couvre près de vingt ans de recherches, puisque Carl Menger a pris sa retraite de lřuniversité dès 1903 dans le but de compléter son économie de digressions en philosophie, en psychologie et en ethnologie. Rien ne permet de spécifier à partir de ses notes quel ouvrage Carl Menger voulait produire comme deuxième édition de son œuvre économique. Le texte de 1923 des Grundsätze a presque doublé par rapport à celui de 1871 (Alter 1990b : 159), même si Karl Menger (1923 : x, xvii) précise dans son introduction à la deuxième édition de lřœuvre de son père que le texte nřa pas significativement évolué sur le fond de la théorie économique. Rien ne permet de comprendre jusquřà quel point Karl Menger se détache du message théorique de son père à partir des archives disponibles. Seul point de référence potentiel, parce que Karl le proclame de toute bonne foi dans lřavant-propos quřil rédige en 1923 : il est certain de ne pas avoir travesti la théorie économique de son père.

Lřanalyse des relations entre le père et le fils concerne la théorie économique à deux titres : Karl Menger en tant quředitor des Grundsätze de 1923, et Karl Menger comme commentateur de lřœuvre de Carl Menger. Le premier point revêt la plus grande importance pour lřanalyse de lřœuvre du fondateur de lřEcole Autrichienne, puisque aujourdřhui des traductions des deux éditions co-existent : non seulement elles manifestent dans leurs textes des approximations et des contresens (e.g. la traduction américaine de 1976), mais encore elles empruntent aux deux textes pour forger un message unique forcément hybride qui ne rend justice à aucune des versions de lřouvrage. Les commentateurs de la théorie économique ne sont pas très nombreux et, le plus souvent, ils ne se basent pas sur le texte original allemand des ouvrages. Les traductions anglaises ou italiennes sont assez inégales, bien que le texte de Carl Menger soit facilement lisible en allemand malgré les restrictions dřusage pour une langue qui tolère des phrases très longues. Karl Menger insiste sur ce point (1973), le texte est essentiellement littéraire et ne permet pas facilement de passer à une formalisation mathématique qui procurerait une autre entrée sur la théorie. En pratique, certaines des spécificités de la première édition sont gommées dans la version de 1923, simplifications qui permettent de condenser le message tout en le rendant plus comparable à la théorie de lřéquilibre général.

51

Cité par Karl Menger, 1973 : 38.

52 Les notes et carnets de Carl Menger sont aujourdřhui conservés par la Duke University (http://scriptorium.lib.duke.edu/dynaweb/findaids/menger/) aux Etats-Unis, alors quřau Japon la Hitotsubashi University (http://www.lib.hit-u.ac.jp/service/koten/collections-eng.html) a racheté lřensemble de la bibliothèque personnelle de Carl Menger. Les Menger Papers conservés à Duke comportent vingt-cinq carnets de notes (small and medium-sized notebooks, sic Yagi 1993 : 700 n6), ainsi que deux volumes plus importants, « Geflügelte Worte » et « Theoretisches Repertorium », qui datent de 1867-8.

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Cette contribution va argumenter que Karl Menger, consciemment ou non peu importe, a été lřartisan dřune lecture de lřœuvre de son père Carl qui en amoindrit lřoriginalité parce quřelle atténue les aspects cognitifs de la représentation de lřindividu qui permettent, rétrospectivement, dřargumenter que Carl Menger est loin dřêtre « the odd man out ». Elle va dans un premier temps retracer les diverses étapes de la transformation qui existe entre les deux versions de lřœuvre, puis va entrer dans le détail de lřanalyse des figures du besoin en liaison avec les schémas cognitifs individuels mobilisés par Carl Menger. Cřest lřassociation de la notion de valeur dřusage à une description théorique de lřhomo oeconomicus préfigurant les théories cognitives qui représente une des originalités de la contribution du fondateur de lřEcole autrichienne dřéconomie politique. Elle sera détaillée ici à partir des figures de lřutilité pour comprendre à quoi sřapplique le marginalisme de Menger. Sřil est possible de distinguer les éditions de 1871 et 1923 sur la base de schémas qui ne positionnent pas au même niveau les aspects cognitifs, il semble toutefois quřelles renvoient à des contenus économiques analogues pour la notion dřutilité.

A travers les différentes figures du besoin et de lřutilité, dans le concept de valeur dřusage, le subjectivisme du fondateur de lřécole Autrichienne prend forme en matière économique de façon autonome. Les commentateurs de Menger gomment le plus souvent cette originalité sous des aspects épistémologiques, voire méthodologiques. De façon indirecte, cette contribution va aussi souligner combien les différents aspects de la théorie économique présents dans les deux versions des Grundsätze sont indispensables pour apprécier convenablement la dimension aristotélicienne de la pensée (philosophique) de Carl Menger.

Les Grundsätze de 1871 à 1923

Les premiers travaux de Menger économiste ne portent pas sur la lecture des économistes classiques anglais quřil va critiquer par la suite, mais sur les traités de Wilhelm Roscher et Karl Heinrich Rau (Yagi, 1993 : 703 ; Kauder 1965 : 87 ; Menger Carl 1963 ; Menger Karl 1973 : 6). Le manuel de Rau est représentatif du mode dřexposition habituel dans les pays germaniques du dix-neuvième siècle : lřanalyse économique se rattache à un point de départ philosophique dépeignant lřêtre humain dans le monde réel. Dans les Grundsätze, Carl Menger développe un raisonnement qui explique la genèse de la valeur à partir des mécanismes cognitifs individuels : il passe par plusieurs chapitres qui enracinent la valeur dřusage des biens dans la référence aux besoins individuels. Dans les Grundsätze de 1871, le chapitre sur les biens est indépendant de ceux qui traitent de la valeur, de lřéchange, des prix. Dans les Grundsätze de 1923, la coupure est encore plus nette puisque le premier chapitre concerne les besoins, le deuxième chapitre les biens, le suivant lřarticulation entre les biens et les besoins, puis le quatrième chapitre développe le caractère économique des biens. La progression est plus détaillée que cinquante ans auparavant puisquřil ne faut pas moins de cinq chapitres pour parvenir à lřanalyse de la valeur.

Karl Menger (1923 : ix) précise que, déjà en 1871, son père pensait faire précéder sa théorie des biens et de la valeur dřun exposé systématique des besoins : il y avait même consacré quelques feuillets, supprimés des épreuves durant les corrections. Carl Menger semble être revenu de façon récurrente sur ce point, reculant toute réimpression ou refusant toute traduction des Grundsätze de 1871 parce quřil ne pouvait pas se décider à laisser de

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côté le sujet. Lorsquřil se retire de lřuniversité et prend sa retraite anticipée, il entend développer un pont entre lřéconomie, la biologie et la physiologie qui représente alors le point dřancrage de la scientifisation53

de la psychologie. Les fragments qui vont par la suite constituer le « nouveau » chapitre premier de lřédition sont rédigés alors.

Le plan de Menger dans la première version de 1871 est déjà éclairant pour différencier les deux éditions des Grundsätze. Les chapitres analysent, dans l'ordre, la théorie générale des biens, les biens économiques, la théorie de la valeur, la théorie de l'échange, la théorie des prix, la valeur d'échange et la valeur d'usage, la théorie des marchandises, la théorie de la monnaie. Comme chez Jevons, la notion d'échange occupe une place centrale dans le raisonnement économique. On peut, en revanche, noter immédiatement que la notion de valeur ne provient pas d'une théorie des plaisirs et des peines, mais d'un raisonnement sur le caractère économique des biens.

Le premier chapitre de 1923 est nouveau, Die Lehre von der Bedürfnisse [la théorie des besoins]. Il vient sřinsérer avant les chapitres sur les biens (les anciens chapitres 1 et 2 sur la théorie générale des biens et sur la théorie des biens économiques) qui sont eux-mêmes séparés par un troisième chapitre consacré à la mesure des besoins humains et à leur relation avec les biens [Über das Maß der menschlichen Bedürfnisse und der Güter], partiellement nouveau et reprenant des anciennes parties des deux premiers chapitres initiaux. Le deuxième chapitre, consacré à la théorie des biens, est amendé par des précisions nouvelles sur les déterminants des motifs qui font le caractère de bien économique associé à une chose ou à un service. Fondamentalement, la notion de « relation » est introduite dans la seconde édition des Grundsätze, marquant lřinterrelation entre les biens et leur usage par les individus. Le chapitre trois reprend les deux premières sections de lřancien chapitre deux. Le chapitre quatre en reprend le reste, mais avec des ajouts importants : certaines notes complètent la théorie des besoins du nouveau chapitre premier, mais le principal changement concerne la nouvelle définition de lřéconomie. Lřédition de 1871 se limitait à présenter la discipline comme lřanalyse de lřéconomicité des biens suite à une analyse de la rareté des quantités (sic Karl Menger, 1923 : xiii), mais la version de 1923 est enrichie par la confrontation du caractère objectif de la disponibilité des biens avec la subjectivité des individus, par des considérations sur la consommation, la division du travail et la production. Il est typique du chapitre trois de la nouvelle édition de mettre en évidence des considérations sur lřorganisation sociale et sur lřinteraction entre individus qui ne figuraient pas dans lřédition de 1871, où lřanalyse de lřéconomicité demeurait explicitement associée à une solution individuelle. Cela ressort en particulier à travers les divergences qui existent entre les deux éditions sur la théorie du capital, abordée dans le chapitre quatre sous une forme qui ressemble bien plus à la version de Böhm-Bawerk quřaux développements de la première édition. Le chapitre cinq, sur la théorie de la valeur, correspond à lřancien chapitre trois, auquel a été mélangé le contenu de lřancien chapitre six sur la distinction entre valeur dřusage et valeur dřéchange. Ici encore, lřintroduction de considérations interindividuelles conduit à amender, sinon le message théorique de la première édition, au moins sa présentation qui sřattarde largement sur des considérations « sociales » (dixit Karl Menger).

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Sans analyser plus avant les manuscrits laissés par Carl Menger, ses carnets et les annotations sur les ouvrages qui lui ont servi dans les dernières années de sa recherche, il est très difficile, sinon impossible, de dire ce qui doit être attribué à Carl Menger ou à son fils Karl dans la seconde édition. Le fils se croit dépositaire et garant du message fondamental de son père en économie ; il est persuadé de ne pas varier de la ligne définie par son père. Cřest, en tout cas, lřimpression générale qui se dégage de lřintroduction de lřéditeur rédigée en 1923 pour figurer dans la deuxième édition. Ce que lřon peut constater est toutefois assez simple : entre les deux éditions, le lecteur relève des différences de plan, des déplacements de texte, quelques suppressions, des ajouts non négligeables, quelques concepts nouveaux, et surtout des contradictions. Les imputer à Carl Menger ou à son fils Karl est difficile, puisque la deuxième édition des Grundsätze est posthume, réalisée à partir de documents laissés par Carl Menger sans que personne ne puisse aujourdřhui disposer dřindications sur les modifications quřil avait réellement retenues pour le plan, le texte ou la théorie. Les archives qui demeurent accessibles dans les divers fonds ont dřailleurs été « triées » par son fils sans que lřon puisse reconstituer ex post la contribution de cette activité à la conservation de lřœuvre originale. Toute démarcation sera donc une hypothèse, quřil est possible dřétayer à partir de lřanalyse des fondamentaux de la contribution Autrichienne à la révolution marginaliste : les figures du besoin, les figures de lřutilité, la valeur dřusage et la spécificité du calcul marginal. Dans les différentes sections de cette contribution, lřapplication du calcul subjectiviste aux différentes phases du raisonnement économique permettra de spécifier la prise en compte de la connaissance individuelle par Carl Menger.

Les figures du besoin et la connaissance individuelle.

Sur le plan économique, le subjectivisme de Carl Menger sřexprime comme la recherche dřune pertinence dans lřadéquation entre un désir et un bien. Insistant sur une dimension plus psychologique, Roscher avait déjà exprimé cela dans son manuel : « la valeur économique dřun bien réside dans lřimportance quřil revêt pour la conscience finalisée dřun agent économique ».54

Cette version représente exactement le développement conduit dans la première édition des Grundsätze. Le subjectivisme ne réside pas seulement dans la reconnaissance dřune relation entre les désirs et les biens qui soit interprétée par lřindividu, mais il insiste aussi sur le rôle actif que joue lřindividu au moment de contrôler les biens et dřen disposer quand ils peuvent conduire à la satisfaction de certains désirs / besoins. Cette relation comporte deux composantes indissociables, qualitative et quantitative. Pour lřappréhender, Menger utilise la notion de Bedarf, qui est particulièrement difficile à traduire et même à transposer en allemand moderne.

Dans la première édition des Grundsätze, Menger explique que les choses qui ont la capacité à relier causalement la satisfaction de certains besoins humains à des biens font naître ce que lřon peut désigner comme une « utilité »55

[Nützlichkeit]. Cela permet de

54 « Wirtschaftlicher Wert eines Gutes is die Bedeutung, welche dasselbe für das Zweckbewußtsein des

wirtschaftenden Menschen hat », Roscher 1864 :6.

55 « Die jenigen Dinge, welche die Tauglichkeit haben, in Causal-Zusammenhang mit der Befriedigung menschlidher Bedürfnisse gesetzt zu werden, nennen wir Nutzlichkeiten, wofern wir diesen Causal-Zusammenhang aber erkennen und es zugleich in unserer Macht haben, die in Rede stehender Dinge zur

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mettre en évidence un bien, ou dřattribuer le statut de bien (économique) à une entité qui mérite uniquement dřêtre mise en évidence ainsi parce quřelle répond à la fois aux quatre conditions suivantes :

1. un besoin humain existe ;

2. la qualité [Eigenschaft] de la chose est directement et causalement reliée au besoin ; 3. ce rapport de causalité est connu de lřindividu ;

4. le bien est disponible pour que lřindividu puisse satisfaire son besoin (Menger précise que le bien doit être disponible concrètement, préhensible presque pour lřindividu : lřacte dřacquisition doit relever du domaine des possibles. Ainsi, une chose perdra sa qualité de bien pour un individu précis sřil en perd la disponibilité potentielle).

Dans la première édition des Grundsätze, la qualité de bien est associée à un comportement de lřindividu vis-à-vis du bien ou de la chose. Lřéconomicité du bien repose largement sur une analyse des quantités de biens disponibles pour lřindividu, de façon concrète, mais ces quantités ne peuvent jamais être objectivées puisquřelles sont enracinées dans le raisonnement de chaque individu. La première édition des Grundsätze évoque incidemment (Menger 1871 : 35) une définition du Bedarf qui est assimilée à une notion de demande, i.e. une quantité de biens nécessaire à la satisfaction dřun besoin [Bedürfnis]. Mais lřemploi du terme, dans la suite du chapitre deux sur lřéconomicité des biens, est tout de même assez ambigu et ne rend pas compte dřune notion aussi objective. Il faut attendre la seconde édition des Grundsätze (au chapitre trois, consacré à la relation entre les besoins [Bedürfnisse] humains et les biens) pour trouver exprimée la première définition du terme : « le besoin est lřensemble des quantités de biens nécessaires à la satisfaction intégrale, tant quantitative que qualitative, des besoins dřun homme économique, pendant une période de temps donnée »56 (Menger 1923 : 32, traduit par Bloch 1937 : 82).

Dans les deux textes, en 1871 et en 1923, le lecteur retrouve constamment un mécanisme dřexposition qui conduit Carl Menger à mettre en relation les notions de Bedarf et de Bedürfnis. Ce dernier terme est assez simple à traduire, il correspond à la notion concrète de besoin, au sens physique du terme. Bloch (1937 : 81 et sq. ; cf. Pirou 1937 : 4) a raison dřinsister dans son commentaire, la notion de besoin ne correspond pas au sens profond de Bedarf puisquřelle représente exactement lřacception concrète associée à Bedürfnis. Aussi le glissement de sens du chapitre 3 de lřédition de 1923 présente-t-il une originalité notable, puisque lřauteur passe sans cesse dřun terme à lřautre, un peu comme sřils étaient interchangeables. Que les deux notions ne correspondent pas à des quantités de biens peut Befriedigung unserer Bedürfnisse thatsächlich heranzuziehen, nennen wir sie Güter. » (Menger, 1871 : 2) . Le texte appelle une longue note (1 page) dressant un tableau des concepts de « bien » utilisés en économie politique depuis Aristote jusquřà Fulda (« Gut »= jede Sache, welche der Mensch zur

Befriedigung seriner Bedürfnisse als Mittel erkennt), Hufeland et Roscher (System, I, §1) : « Alles

dasjenige, was zur Befriedigung eines wahren menschliches Bedürfnisses anerkannt brauchbar ist ». Dans les citations de Menger et de Roscher, les caractères gras sont repris de lřédition 1871 des

Grundsätze.