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Les cDCs dans le maintien de la tolérance immune 5.

5.4. Les cDCs dans les maladies auto-immunes

Les DCs ont un rôle majeur dans le contrôle de l’initiation d’une réponse immune. Des dérèglements dans leurs nombres ou fonctions vont altérer ce contrôle et conduire aux développements de maladies auto-immunes.

Chez l'humain et la souris, le diabète de type 1 est associé à une signature IFN dans le pancréas [230, 231]. Dans la souris NOD, cette augmentation d'IFN de type I dans le pancréas est présente bien avant l'infiltration des LT [231]. Malgré cette forte inflammation, les cDCs isolées de la rate et des ganglions lymphatiques drainants pancréatiques d'une souris NOD, modèle de diabète spontané, présentent un défaut dans l’expression des gènes dépendant de l’IFN de type I, notamment par la modulation du récepteur à l’IFN-α [232]. Cependant, à cause de l’augmentation des signaux pro-inflammatoires et à un défaut de la régulation de la voie NF-κB, les cDCs différenciées in vitro à partir de moelle osseuse isolée de la souris NOD sont hyperactivées et ont des capacités de présentation antigénique augmentées [233, 234]. En effet, les cDCs isolées d’une souris NOD prédiabétique expriment de forts niveaux de la molécule de costimulation CD40, et l’inhibition de CD40 par des anticorps bloquants entraîne une protection contre le développement de la pathologie [235, 236].

Chez la souris NOD, le nombre de cDC1 de la rate est diminué en comparaison à une lignée non susceptible à l’auto-immunité [237, 238]. De plus, elles ont une capacité réduite à présenter des Ag de façon croisée [239]. La présentation croisée étant fortement impliquée dans les mécanismes de tolérance, cela suggère que les cDC1 issus de la souris NOD pourraient être associés à un défaut dans les mécanismes de tolérance [240]. De plus, l’absence de cDC1 dans une souris NOD déficientes pour le facteur de transcription Batf3,

spécifique aux cDC1, protège ces souris du développement du diabète de type I confirmant leur rôle pathologique dans l’initiation de la maladie [241].

La souris NOD présente une plus grande proportion de mcDCs en comparaison à des souris non susceptibles au diabète de type I [193]. Les mcDCs induisent des bris de tolérance lorsqu’elles présentent des Ag dérivés de corps apoptotiques conduisant à une accélération du diabète dans la souris NOD [193]. Étant donné qu’une vague d’apoptose importante des cellules bêta à lieu dans le diabète de type I, il est facile de spéculer sur un rôle néfaste de cette augmentation de mcDC, capable de bris de tolérance, dans l’initiation de la maladie.

Les DCs sont impliquées dans d’autres maladies auto-immunes. Par exemple, dans le lupus érythémateux systémique (SLE), un allèle du gène Prdm1 codant pour BLIMP-1 est associé avec une augmentation du risque de développer la maladie [242, 243]. BLIMP-1 est décrit comme important pour le maintien des fonctions tolérogéniques des cDCs [244]. De façon intéressante, la déplétion spécifique de Prdm1 dans les cDCs de la souris conduit à une augmentation de leur activation, de l’expression du MHC-II et de la production de cytokines inflammatoires. Ce phénotype est similaire aux cDCs isolées de patients présentant cet allèle de risque [245, 246]. De plus, l’absence de Prdm1 induit une augmentation de la cathepsine S et altère le répertoire des T folliculaires (Tfh), augmentant la susceptibilité à l’auto-immunité [245].

Dans le modèle murin de sclérose en plaques (EAE; encéphalite auto-immune induite) les cDCs ont un rôle majeur dans l’initiation de la pathologie. En effet la génération de chimères hématopoïétiques, dont le système immunitaire d’une souris receveuse est reconstitué avec une moelle osseuse issue d’une souris n’exprimant le MHC-II sur aucune de ces APCs, est associée à une diminution de la sévérité de la maladie [247]. Des études

complémentaires, où l’expression du MHC-II est uniquement sur les DCs, ont déterminé que ces dernières sont suffisantes pour induire la pathologie dans des modèles Ag spécifiques [247]. De manière intéressante, les DCs s’accumulent dans le système nerveux central de façon CCR7 dépendante [248, 249]. Elles y présentent des auto-antigènes dérivés de la myéline aux LT et favorisent leur différenciation en cellules Th17, impliquées dans la pathologie [249, 250].

Les DCs ont un rôle important dans le maintien de la tolérance dans la maladie du greffon contre l’hôte (GVHD), pathologie où le système immunitaire présent dans le greffon attaque le système immunitaire de l’hôte. En effet, une greffe de moelle osseuse allogénique déficiente en cDCs (CD11c-DTR) entraîne une diminution des LT allogéniques [251]. De plus, l’utilisation de moelle osseuse déficiente pour Irf4, démontre que les cDC1 CD103+ ont un rôle majeur dans l’induction de la GVHD [251]. Tous ces exemples soulignent l’importance des DCs dans les maladies auto-immunes ainsi que dans le contrôle de l’autoréactivité.

Les cDCs sont importantes dans l’induction et la tolérisation de la réponse immune. Des altérations de leur proportion ou leur nombre (augmentation ou diminution) peuvent être associées à la fois à la présence de bris de tolérance ou à une protection de symptômes auto- immuns, en fonction des modèles, démontrant un rôle majeur des cDCs dans la tolérance immune. Les cDCs participent à la tolérance centrale, au sein du thymus. La présentation d’Ag du soi entraîne la délétion par apoptose des LT autoréactifs ou leur différenciation en nTreg. En périphérie, les cDCs qui présentent des Ag du soi induisent la délétion ou l’anergie des LT

à un rôle particulier dans les mécanismes de tolérance immune. Les proportions de cDCs doivent donc être finement régulées afin d’éviter des bris de tolérance comme dans le cas du diabète de type I. La compréhension de la différenciation de chaque sous-type de cDCs, leurs fonctions spécifiques dans l’induction ou la tolérisation de la réponse immune, ainsi que leurs mécanismes d’homéostasie en périphérie permettra de déterminer leurs mécanismes de régulations. Une des approches possibles pour mettre en évidence des facteurs importants dans le contrôle des proportions d’une population est l’immunogénétique.

L’immunogénétique

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