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a. Catégories de causes

La question d’introduction concernait toutes les causes de mauvaises odeurs que les médecins avaient pu rencontrer au cours de leur exercice. Les participants ont cité 35 causes de mauvaises odeurs, qui ont été par la suite regroupées en sept catégories différentes lors de l’analyse :

- Les phénomènes physiologiques et parties du corps comprennent les pieds, les « parties intimes », les odeurs liées au tube digestif (à l’exception des vomissements intégrés dans les pathologies), les aisselles et la transpiration.

- Les pathologies citées sont l’halitose, les mycoses, les vomissements, les causes endocrinologiques en général, l’hypersudation pathologique, l’incontinence urinaire, les néoplasies, les kystes sébacés et l’hidrosadénite, les infections urinaires, les plaies et escarres, ainsi que les agents microbiologiques tels que le Gardnerella vaginalis, le Pyocyanique et le Streptocoque viridans.

- Les causes environnementales étaient représentées par les maisons de retraite, le port de tergal (tissu vestimentaire synthétique), les (trop) nombreux chats au domicile, l’odeur du feu de bois, la friture, les pots de chambre non vidés au domicile, et l’utilisation excessive de parfum.

- L’odeur liée aux personnes elles-mêmes : les nourrissons et leurs couches pleines, les adolescents, les personnes âgées, les personnes obèses et les odeurs dites sui generis non liées à un défaut d’hygiène (mais liées à l’ethnie ou au fait que l’homme soit considéré comme un ‘‘émonctoire’’ par exemple).

- Les odeurs causées par des comportements : défaut d’hygiène, tabagisme et alcoolisme.

- Les effets indésirables médicamenteux. - La mort ou l’odeur de cadavre.

La fréquence d’occurrence de ces thèmes (c’est-à-dire le nombre de fois où ils sont cités dans les focus groupes, par un ou plusieurs participants) est résumée dans le graphique ci-dessous :

Graphique 1: Causes de mauvaises odeurs

Les odeurs liées à des comportements représentent près de 40% des causes de mauvaises odeurs citées, alors que les pathologies représentent environ deux fois moins. Les causes environnementales sont la troisième catégorie cause de mauvaise odeur en terme de fréquence d’occurrence.

b. Les dix causes les plus citées

Le défaut d’hygiène est la cause la plus largement évoquée par les participants (128 fois au total), dans les trois focus groupes. C’est ce qui a semblé le plus problématique et a donné lieu à des opinions divergentes. Les autres causes de mauvaises odeurs citées sont

43 88 75 51 185 19 10

Causes de mauvaises odeurs

Phénomène physiologique ou partie du corps Pathologies Environnement Personnes elles-mêmes Comportement Effet indésirable médicamenteux Mort 47

visiblement moins difficilement gérées que le manque d’hygiène par les médecins interrogés, et donnent moins lieu à des ressentis différents.

Ensuite, ce sont le tabagisme et l’alcoolisme qui ont été les plus cités : respectivement 34 et 23 occurrences. Les causes d’origine comportementale représentent donc le trio de tête des causes de mauvaises odeurs évoquées. La prise en charge de ces addictions est désormais bien codifiée, et l’odeur est même citée comme une opportunité d’évoquer le problème avec le patient, même si elle peut-être désagréable, en particulier à domicile en ce qui concerne le tabac.

La transpiration (21 occurrences) est souvent évoquée dans le cadre des patients qui vont chez le médecin en sortant de leur travail ; elle est mieux tolérée et acceptée car souvent le patient s’excuse spontanément pour son odeur.

Les couches pouvant gêner lorsqu’elles restent au cabinet dans la poubelle, certains médecins prennent donc le parti de les rendre aux parents. Cependant ils conviennent en général qu’il ne s’agit pas de l’odeur la plus dérangeante ; elle est toutefois citée 20 fois, probablement compte tenu de sa fréquence dans un cabinet de médecine générale.

La iatrogénie a été évoquée à 19 reprises : un médecin a eu un cas d’halitose sévère chez une jeune femme sous Zocor (Simvastatine), qui cédait à l’arrêt du traitement, un autre a suspecté des neuroleptiques, et deux médecins différents ont évoqué la vitamine B12 en mésothérapie (qui ne se fait plus cependant), qui générait une très forte odeur.

L’halitose est souvent jugée très désagréable voire insupportable par les médecins ; elle a été évoquée 18 fois. L’un d’entre eux signale avoir été sensibilisé par une patiente qui avait de gros problèmes gingivaux, et adresse donc rapidement ses patients au dentiste.

L’excès de parfum est ensuite cité 16 fois en tant que cause incommodante pour le médecin. Certains signalent que l’excès de parfum peut masquer un défaut d’hygiène ou des odeurs qui auraient pu être utiles au diagnostic.

Les vomissements (16 occurrences également) peuvent être très pénibles à supporter pour certains, jusqu’à parfois susciter des « phobies », mais les médecins s’accordent à dire qu’ils font partie du métier…

Enfin, les médecins citent 15 fois les personnes âgées comme source de mauvaise odeur, en apportant parfois certaines précisions : il s’agit d’une mauvaise odeur plutôt bien tolérée, jugée « pas forte » mais « particulière », et souvent liée aux difficultés des patients âgés à se doucher lorsqu’ils vivent seuls chez eux.

c. Une cause non évoquée

La triméthylaminurie n’a jamais été citée, dans aucun focus groupe, laissant supposer que cette cause est méconnue et probablement sous-diagnostiquée. Ceci dit, on pourrait peut-être la rattacher à ce que les médecins ont appelé « des causes endocrinologiques » dans le deuxième focus groupe, précisant qu’ils n’en connaissaient pas, se demandant même s’ils les avaient manquées. Dans un autre groupe, certains médecins ont nommé « odeurs corporelles sui generis » des mauvaises odeurs dégagées par des patients pourtant propres, sans qu’une cause évidente soit identifiée. Il n’est donc pas impossible que certains aient déjà croisé des patients atteints de cette pathologie sans la diagnostiquer.