Les causes d’une diminution du nombre d’apprenants en FLE

Si nous observons avec attention les résultats de ces trois classes, nous remarquons que la majorité n’envisage pas une poursuite d’étude du FLE à la fin du premier niveau du secondaire. Serait-ce dû à un manque de motivation, à un cours de FLE qui aurait trop souvent failli aux attentes des apprenants ?

Observons tout d’abord les chiffres de la Realschule.

73 _{Question n°1 : Tu es… une fille / un garçon ? Question n°2 : Quelle(s) est/sont ta/tes langue(s) maternelle(s) ?} Quelle(s) langue(s) parles-tu à la maison ?

74 _{Présence masculine dans les cinq classes suivantes : 6F6 Groupe 1 = 70% de garçons, 7F6 groupe 2 = 69,2%,} 8F6 groupe 3 = 60%, 9F6 = 55%, 9D = 55%.

Question : « Vas-tu continuer à apprendre le français après la « Realschule ? »

Résultats de la classe 10FS – Graphique 1

Seulement une personne sur neuf envisage la poursuite du FLE après avoir quitté l’école. Observons maintenant les chiffres du Gymnasium.

Question : « Vas-tu continuer à apprendre le français au lycée ? »

Résultats de la classe 9F6 – Graphique 2

Question : « Vas-tu continuer à apprendre le français au lycée ? »

Résultats de la classe 9D – Graphique 3

Sur 40 apprenants du Gymnasium (graphiques 2 et 3), 31 ont décidé de ne pas poursuivre leur apprentissage du FLE. Sur les trois classes des deux formes scolaires, nous remarquons que le nombre d’apprenants chutent brutalement. Nous avons par conséquent cherché à comprendre

les raisons de cet abandon en examinant les justifications des apprenants. (Voir tableau 1 ci- dessous75).

Résultats des deux classes 9 (Gymnasium) – Tableau 1

Je continue le FLE J’abandonne le FLE

Utile (famille) : 3

Aime découvrir de nouvelles langues : 2 Bonne expérience avec les enseignants : 1 Bonne expérience avec l’échange scolaire : 1 Le français est ma langue maternelle : 1

Langue trop compliquée pour moi : 11

Problèmes liés au cours de FLE (structure du cours, ennui) : 6

Je n’aime pas la langue française : 5

Je n’aime pas les autres matières proposées : 4 J’ai choisi une autre matière : 4

Mauvaise expérience avec les enseignants de FLE : 2 Pas d’intérêt pour les langues : 2

Trop de vocabulaire : 1 Pas de motivation : 1

Réponses incodables : 4

Après l’examen des réponses, nous nous rendons compte que le choix de ne pas poursuivre l’apprentissage du FLE est principalement lié à trois facteurs :

1) La notion de perception de compétence à réussir dans cette matière est faible.

2) L’apprentissage du FLE n’a pas répondu aux attentes des apprenants (facteurs liés à la classe : méthodes et pratiques d’enseignement jugées ennuyeuses et avec un manque de structure, l’enseignant lui-même).

3) Les représentations des apprenants sur la langue française ne sont pas positives.

Autrement dit, les facteurs externes liés à la classe, et qui sont en lien avec la dynamique motivationnelle des apprenants, pèsent dans l’intention de choix du FLE. Il en va de même avec l’une des trois sources de motivation intrinsèque que citait Viau, la notion de perception de compétence, qui joue également un rôle déterminant. Concernant les représentations que portent les apprenants sur la langue française, nous pouvons simplement affirmer que celles-ci

75 _{Nous avons réuni les réponses des deux classes 9 du Gymnasium dans le tableau 1 et celles des 9 apprenants} de la Realschule dans le tableau 2.

ne sont pas uniquement véhiculées par de tierces personnes (famille, médias, etc.) puisque les apprenants ont suivi eux-mêmes quatre années d’apprentissage du FLE. Ainsi, nous supposons que leurs représentations sur la langue sont très certainement liées à leur expérience vécue en cours ou leur perception à réussir à apprendre le français. Les données recueillies ne nous permettent cependant pas de l’affirmer.

Concernant les apprenants souhaitant poursuivre leur apprentissage du FLE au lycée, nous observons que ce désir est particulièrement lié à l’importance et l’utilité portée à la langue, des raisons familiales sont invoquées.

Intéressons-nous maintenant aux apprenants de la Realschule.

Résultats de la classe 10 (Realschule) – Tableau 2

Je continue le FLE J’abandonne le FLE

J’aime la langue 1 Plus de plaisir à apprendre la langue 2 Plus envie d’apprendre en général 1 Langue trop compliquée pour moi 1 Pas d’intérêt pour la langue 1 Je préfère l’anglais 1

J’arrête l’école 1

Je vais peut-être continuer d’apprendre en autonomie 1

Réponse incodable : 1

Les raisons d’abandon des apprenants de la Realschule sont plus variées qu’au

Gymnasium. Contrairement à leurs camarades, les apprenants de la Realschule n’évoquent pas

directement des facteurs en lien avec la classe. En revanche, nous notons le manque d’enthousiasme à apprendre qui ne concerne pas uniquement le FLE. La seule élève qui souhaite poursuivre son apprentissage démontre une image positive de la langue. Toutefois, elle précise que « le français est une langue difficile » et situe ses compétences en français « en dessous de la moyenne ». Nous notons que sa perception de compétence à réussir en FLE, pourtant faible, ne l’a pas freiné dans son intention de poursuivre l’apprentissage de la langue. À la lecture de ses énoncés, nous constatons également, outre une représentation positive de la

langue, qu’elle juge « la langue utile et importante » et a apprécié « le climat favorable au sein de la classe76 ».

Nous sommes désormais en mesure d’affirmer qu’après quatre ou cinq ans d’apprentissage du FLE au Gymnasium et à la Realschule, il existe une réelle baisse du nombre d’apprenants dans les classes de FLE. Après examen des résultats que nous avons recueillis, nous nous sommes rendue compte des facteurs jouant un rôle majeur dans l’intention de choix de la LV2. Nous en retiendrons trois :

1) Les facteurs de motivation liées à la classe (notamment les méthodes et pratiques de classe) avec la notion de plaisir ou de mécontentement en arrière-plan

2) La perception d’une compétence à réussir 3) Le poids des représentations sociales

Quelle est la situation dans les trois classes 6 de la Realschule ? Nous avions émis l’hypothèse que la majorité des apprenants des classes 6 choisissent d’arrêter leur apprentissage du FLE après une année. Pour quelles raisons ?