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(pour toute l’équipe : Véronique Arsac, Doris Chauvet, Emmanuelle Enfrin, Lucienne Latecoere, Simon Macaire, Alexandre Pascual, Sylvie Pellerin)

1. Pourquoi implanter le PEC en licence ?

Dans une université où une majorité d’étudiants sont inscrits en santé, la question de l’insertion professionnelle, pour tous ceux qui ont franchi l’obstacle des concours de santé, n’est pas un sujet de préoccupation majeur.

Elle est inévitablement plus prégnante pour les étudiants contraints de se réorienter et d’élaborer un nouveau projet professionnel. Pour ces derniers, ainsi que pour les autres étudiants inscrits en licence, l’insertion professionnelle s’avère plus complexe, avec nécessité d’une construction progressive tout au long du parcours de formation. Parallèlement, le constat d’un nombre important d’étudiants en échec précoce ou fragilisés dès la première année, implique également la mise en place d’un accompagnement de ce public, afin d’améliorer leur réussite et réduire les sorties prématurées sans diplôme.

Dans ce contexte, la démarche et l’outil PEC proposés par le SUIO, ont trouvé un écho favorable auprès de la direction de l’université avec un portage politique qui s’est traduit par l’inscription du PEC dans le schéma directeur d’insertion professionnelle de l’université et dans les actions en lien avec le plan « Réussite en licence ».

2. Comment implanter le PEC en licence ? Avec quels leviers, quels points d’appui ?

Ce portage politique, premier levier décisif pour implanter le PEC en licence, s’est concrétisé par la réponse à l’appel d’offres du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse en 2009 avec 12 autres universités, relayé en interne par un important dispositif de communication dans les instances de gouvernance de l’université (CEVU, CA, comité de pilotage du BAIP, conseils d’UFR).

Le pilotage du PEC en mode projet a également contribué à la réussite de son implantation dans les formations. Un comité de pilotage PEC, composé de l’équipe de direction et des représentants des différentes formations (enseignants-chercheurs) et étudiants, a été mis en place dès le début de l’expérimentation. Il se réunit annuellement pour évoquer bilan et perspectives et est articulé avec le comité de pilotage du BAIP, structure qui fédère différents services et composantes avec un fonctionnement en réseau. La mise en œuvre opérationnelle du PEC est assurée par une équipe projet.

3. Un engagement partenarial important

Pilotée par l’équipe du SUIO/BAIP, l’expérimentation du PEC a été lancée en 2010, sur la base du volontariat, dans trois licences (STAPS, SHS et MASS) avec formation et implication d’enseignants-chercheurs, référents PEC au sein de leur composante. Tous participent à la conception de l’ingénierie de formation et pédagogique ainsi qu’à la mise en œuvre opérationnelle du PEC. Un correspondant informatique et le responsable de l’observatoire des parcours étudiants, chargé de l’évaluation, complètent l’équipe. Ce travail collaboratif nécessite de nombreux temps d’échanges, certes chronophages, mais porteurs de réussite pour la mise en œuvre effective du projet.

Un important dispositif de formation interne a été mis en place à deux niveaux. Dans un premier temps une formation a été organisée à l’échelle de l’établissement afin de permettre, pour tous les acteurs concernés par le PEC, l’appropriation d’objectifs et de concepts partagés. Dans un deuxième temps, des formations plus spécifiques et adaptées à chaque filière de formation (en SHS, en STAPS…) ont été mises en place pour co-construire avec les enseignants concernés les séquences pédagogiques s’appuyant sur la démarche et l’outil PEC.

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L’implantation du PEC en licence a également bénéficié d’un contexte pédagogique favorable avec des acteurs sensibilisés à la démarche. En effet, l’expérimentation du PEC a été mise en place, en prolongement et en complémentarité des enseignements en lien avec le Projet professionnel de l’étudiant (PPE) déjà implantés en licence. Le PEC complète aussi l’approche compétences réalisée par les enseignants dans l’élaboration de leur offre de formation.

4. De l’expérimentation à la pérennisation

4.1 Des mises en œuvre différenciées

L’équipe projet PEC a conçu les schémas opérationnels à partir de ces questions : quels besoins ont été identifiés par les enseignants en lien avec les attentes des étudiants ? Quelles réponses adaptées peuvent être apportées par la démarche et l’outil PEC et avec quels moyens, dans chaque contexte de formation ?

4.2 Expérimentation 2010/2011

- STAPS (L1/S1) : 100 étudiants PEC + 100 étudiants groupe témoin

« Comment aider les étudiants à valoriser les compétences acquises dans différentes expériences professionnelles et personnelles dans l’objectif du choix de la spécialité du parcours en L2 ? » 3x2h TD avec 4 enseignants + 3 personnels SUIO

- MASS (L2/S4) : 75 étudiants

« Comment prolonger la démarche PPE mise en œuvre en L1/S2, pour accompagner les étudiants d’une filière pluridisciplinaire dans le choix d’un parcours de formation et professionnel ? » 4x1h30 TD avec 1 enseignant + 1 personnel SUIO

- Psychologie (L3/S6) : 90 étudiants (option psychopathologie)

« Comment prolonger la connaissance des milieux professionnels initiée en L2/S4 et aider les étudiants dans leur recherche de stage, enjeu primordial en psychologie, en lien avec le choix de la spécialité de master ? » 3x2h TD avec 4 personnels SUIO + 4 étudiantes master 2 psychologie du travail

5. Difficultés, contraintes

Côté étudiants, l’assiduité n’a pas toujours été au rendez-vous et ceci d’autant plus que pour cette première année d’expérimentation du PEC, ces séquences n’étaient pas inscrites dans les maquettes de diplôme et sans attribution de crédits ECTS…

Difficile aussi parfois, surtout pour les plus jeunes (en L1) de s’approprier cette notion de compétences à partir de l’analyse de leurs expériences : « Je n’ai pas compris le but des 2 premières séances : la dernière séance sur le CV était la plus concrète et la plus intéressante ».

Globalement, l’évaluation est plus positive au fur et à mesure de l’avancée dans le parcours de formation, en lien avec la maturité des étudiants et la réponse concrète que constitue l’accompagnement PEC à leurs besoins spécifiques du moment (stage, emploi…) (Cf. 85 % de satisfaits en L3 psychologie).

Côté enseignants, dans certaines composantes où les effectifs étudiants sont importants comme en SHS, il est difficile de mobiliser en tant qu’accompagnateurs PEC, des enseignants qui ont des emplois du temps déjà bien chargés…mais des étudiantes en master 2 psychologie du travail (qui se formaient en même temps) ont permis de pallier cette difficulté !

Pour ceux qui se sont impliqués dans l’accompagnement des étudiants, la posture était parfois difficile à appréhender « La co-animation avec un personnel du SUIO est plus satisfaisante, car complémentaire » mais chronophage pour tous…

Le PEC suscite des questionnements « Avec cette démarche, les étudiants ont questionné les apports de leur

formation en termes de compétences et nous avons été amenés à clarifier nos attentes en matière de stage aux différents niveaux de formation ».

L’évaluation locale menée auprès des étudiants et des accompagnateurs a permis de réajuster les dispositifs, en sensibilisant progressivement les étudiants au PEC dès la L1 et en impliquant les enseignants en amont dans la construction des contenus pédagogiques, même s’ils ne pouvaient pas ensuite directement intervenir auprès des étudiants.

La deuxième année d’expérimentation et le déploiement du PEC en licence ont sans aucun doute bénéficié du contexte de préparation du contrat quinquennal 2011/2015. Ce levier s’est révélé important pour introduire le PEC dans les nouvelles maquettes de diplôme et jouer le rôle de « fil rouge » pour l’étudiant dans la préparation de son insertion professionnelle, tout au long de son parcours de formation ; et ceci d’autant plus que l’université Bordeaux Segalen avait mis en place une auto-évaluation préalable, en lien avec l’AERES, avec des préconisations politiques fortes pour créer des unités d’enseignement permettant aux étudiants de construire progressivement leur orientation et leur insertion professionnelle.

La licence SHS en constitue l’exemple emblématique, avec une formation conçue à partir d’une première année fondamentale puis une orientation et spécialisation progressive jusqu’en L3, avec une unité d’enseignement transverse : la connaissance du monde professionnel (CMP). Les contenus d’enseignement ont été conçus dans le cadre d’un travail en partenariat entre les enseignants et l’équipe projet PEC, afin d’apporter aux étudiants une progressivité et une cohérence sur l’ensemble du parcours de licence. De ce fait, les contenus mixent apports théoriques des enseignants-chercheurs en psychologie sociale et du travail d’une part, et d’autre part, accompagnement méthodologique des étudiants engagés dans une démarche active pour appréhender leurs futurs environnements professionnels, actions articulées autour du PEC.

6. Un portage politique qui s’appuie sur des équipes de formation

En conclusion, cette expérience d’implantation du PEC en licence nous a permis de mettre en évidence trois facteurs majeurs de réussite :

• le portage politique au sein de l’établissement, avec une inscription dans le contrat quinquennal, à échelle élargie actuellement (cf. nouvelle université de Bordeaux), qui permet un ancrage institutionnel favorable au développement de la démarche.

• le déploiement progressif, avec un engagement volontaire d’enseignants et de personnels d’orientation qui co-construisent les séquences pédagogiques dans les UE. L’essaimage se poursuit dans les dispositifs de passerelles proposés aux étudiants de santé qui se réorientent, en master et en doctorat avec des enseignants qui sollicitent l’équipe projet PEC afin de mieux préparer leurs étudiants à l’insertion professionnelle.

• une adaptation du dispositif au contexte des formations, au sein de différentes unités d’enseignement, avec un contenu cohérent tout au long du parcours de formation. Il est opportun de s’appuyer sur des enseignements et un accompagnement méthodologique des étudiants déjà mis en place (PPE, projet tuteuré, stages…). De manière générale, tous les acteurs de la formation, quelles que soient leurs interventions auprès des étudiants, sont impliqués dans l’acquisition de compétences pour favoriser l’orientation et l’insertion professionnelle.

Les équipes de formation, qui associent enseignants, professionnels intervenant dans la mention concernée, étudiants et personnels administratifs, techniques, d’orientation et d’insertion professionnelle, ont certainement un rôle majeur à remplir pour veiller à ce que l’organisation pédagogique garantisse la cohérence des parcours jusqu’à l’insertion professionnelle. Et nul doute que la démarche et l’outil PEC contribuent à assurer cette cohérence pour toutes les actions qui relèvent du développement de la compétence à s’orienter et se former tout au long de la vie.

Chapitre 21 – Le PEC en master à l’université de Poitiers : de l’initiation à

l’intégration