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Dans ce cas, la relation entre le plombage de la dent et

l'apparition

de la lésion oculaire est évidente et indiscutable.

Il ne s'agit pas ici d'une simple coïncidence, survenue une fois et par hasard, mais bien d'une relation de cause à effet.

Les troubles oculairesseprésentent deux fois, etd'une manière régulière, après chaque plombage de la dent, et ils disparais¬

sent rapidement, et comme par enchantement, aussitôt que la

dent est débarrassée de son contenu. La marche de la mala¬

die, son apparition brusque, sa guérison rapide, toutindique qu'il n'y a pas eu une simple coïncidence. L'opération den¬

taire a bien été le point de départ des accidents oculaires.

Comment interpréter le développement de la maladie? On

ne le peut qu'en admettant une action réflexe du nerf maxil¬

laire supérieur surla branche ophtalmique de Willis. C'est, du reste, par l'influence du nerf de la cinquième paire qu'on explique les lésions oculaires à la suite d'altérations dentaires.

A côté du fait queje viens de citer, on peut placer ceux

qui

ontété observés par Caffe etpar Galezowski.

M. Caffe a cité un exemple d'un individu qui, ayant une dent molaire supérieure creusée par la carie, devenait

immé¬

diatement amaurotique de l'œil du côté correspondant à cette

dernière toutes les fois qu'une parcelle alimentaire

entrait

dans la cavité. De même, l'amaurose cessait dès qu'à

l'aide

d'un corps quelconque il avait récuré la dent et nettoyé sa cavité (Mauzini, Lancette française, 1839).

Une dame avait perdu le pouvoir de lire depuis le

moment

une dent lui avait été plombée. On enlève le métal, et

la

malade reprend l'usage de sa vue. La dent est replombée et

la

malade perd encore une fois la vision. Enfin, la guérison

est

obtenue par l'arrachement de la dent (Galezowski,

Recueil

d'ophtalmologie, 1886, p. 432).

Dans ces deux cas, il n'est pas question de la nature

de la

maladie oculaire.

Chez ma malade, il y avait une choroïdite, et cegenre

de

maladie, survenantà l'occasion d'un plombage

dentaire, n'a

pas été signalé dans ces circonstances. A mon avis,

il consti¬

tue donc un cas nouveau et non encore mentionné.

Observation III

Choroïdite séreuse à répétitions coïncidant avec des poussée>

d'ostéo-périostitealvéolo-dent aire.

(FromagetetUlry, Journal de médecine de Bordeaux, juin 1897.)

J'ai l'honneur de présenter à la Société d'anatomie, au nom de

M. Fromagetet au mien,un maladevenu le 1er mai à la consultation

de M. le Dr Badal, se plaignant d'une diminution considérable de la

vision de l'œil droitsurvenuetrès rapidement.

Son acuité visuelle était, en effet, réduite à moins de 1/10. Il existait une légère injection périkératique etun fin pointillé siégeantà la facepostérieure de la cornée, symptômes insuffisants pourexpliquer

les troubles subjectifs de la vision. A l'examen ophtalmoscopique, on constatait un trouble du corps vitré, trouble très fin et diffus, qui empêchait devoir le fond de l'œil. En raison de ces symptômes, nous

portonsle diagnostic de choroïdite séreuse; mais rien dans les antécé¬

dents du malade ne nous permettait de remonter à la cause de

l'affection: pas de syphilis ni de blennorragie, aucune maladie infec¬

tieuse, pasde vice de réfraction.

En procédant à un examen attentif de notre malade, nous consta¬

tâmes une tuméfaction peu marquée et diffuse, siégeant au niveau du

maxillaire supérieur droit, tuméfaction due à une ostéo-périostite développéeautour de la canine; la dent était profondément cariée et la gencive environnante criblée de fistules. Le malade, interrogé, se

souvint alors que savision avait, àdeux reprises successives, la première

fois en 1893, la deuxième en1895, présentéles mêmestroubles, et que les symptômes oculaires avaient chaque fois coïncidéavec une fluxion de

lamêmedent.

L'extraction de ladent,conseilléecommetouttraitement,estpratiquée

le matin même.

Le malade revient le 4. Son acuité est presque normale; le pointillé cornéen a à peu près disparu, et le trouble du corps vitré,

presque nul, permettrès bien l'examen du fond de l'œil, qui n'offrerien

de particulier.

M. Fromaget insistesur la relation des deux affections. La première

observation dece genre aétépubliée parM. le Dr Sous il y a quelques

années. Ils'agissait d'une malade qui avait des poussées de choroïdite chaque fois qu'onlui plombait une dent.

Ce qui est difficile, c'est d'expliquer la pathogénie de l'affection. II faut

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repousser l'idée d'une métastase en raison de la bénignité des lésions oculaires etde leur si rapide guérison.

L'idée d'une toxémie est plutôt en rapport avec la bénignité et la disparition rapide des accidents. Mais il doit exister une cause pour

expliquer pourquoi la choroïdite seproduit, toujours du même côté que la périostitealvéolo-dentaire.Voicila théoriequi paraît la plus plausible:

lorsqu'on irrite les terminaisons du trijumeau, il se produit une vaso¬

dilatation réflexesur les autres territoires de ce nerf. Lors donc qu'il

est irrité par la périostite alvéolo-dentaire, il se produit une vaso¬

dilatation réflexe, marquée surtoutsur la choroïde du même côté. Il y a donc de ce fait un appel plus direct, un terrain plus favorable pour l'affection. Aussi, lorsqu'on guérit l'affection dentaire, la choroïdite guérit. D'après Ziem, la théorie réflexe n'aurait pas de raison d'être;

l'infection seule suffirait pour tout expliquer. Mais cette théorie n'expliquepas pourquoi la choroïdite existe toujours du même côté.

M. Arnozan. La relation des deux affections avaitdéjà été remar¬

quée par Cusco; car je me souviens qu'à l'époque j'étais son interne il envoyait d'abord chez le dentiste les malades atteints d'affectionsoculaires qui avaient de mauvaises dents.

Observations IV etV Deux cas de choroïdite métastatique.

(F. Mittendorf,MédicalRecordofNew-York, 27 août1892)

Cas I. M. U..., laboureur, quaranteans, était admis àl'hôpital de

Bellevue à cause de l'articulation du genou, qu'il avait enflée et doulou¬

reuse. On croyait à une origine rhumatismale, car, dans son histoire,

on ne relevait aucune lésion. L'homme avait un degré de fièvre assez modéré et était dans un état un peu affaibli. L'affection du genou ne s'améliora pasetla température restaélevée. Legenou fut ouvert, et la présence depus prouva quel'on avait affaire à une affection purulente

de l'articulation. Pendantunenuit, quelques semaines aprèsl'opération,

le malade se plaignit, disant qu'il avait la sensation d'éclairs et qu'il éprouvaitunegrande douleurdans sonœil gauche. Le lendemainmatin,

il trouva qu'il ne pouvait pas bien voir. Il y avait à peine quelques signes d'inflammation nette, mais la douleurpersista,augmentapendant

le jour, et, le matin suivant, le globe de l'œil apparut rouge et

enflammé. La paupière supérieure était quelque peuenflée etl'œil était légèrement proéminent, Descompressesde glace furent alorsappliquées,

f

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mais la douleur et les autres symptômes d'inflammation augmentèrent constamment, et le malade ne put bientôt même plus distinguer la fenêtre avecl'œil malade. Troisjours après quele maladeeut commencé à souffrir de son œil, je fus appelé, dans l'après-midi, pourl'examiner.

Je trouvai ungonflementtrès marqué des paupières, du chémosis, de la

dilatation pupillaire, occasionnéspar une participation de la capsule de

Tenon. Lacornée était un peu trouble etla pupille présentait ce reflet blanc jaunâtre qui dénoted'une façon si caractéristique la présence de

pus dans l'intérieur de l'œil, spécialement dans l'humeur vitrée. Les souffrances étaient devenues excessives et la température très élevée.

Durant la nuitet le matin précédantma visite, lemalade avait présenté desfrissons, et il n'avait plus, danscet œil, la plus petite perception de

lumière. Je reconnus que la vision ne pouvait jamais être rétablie, et

comme le pauvre individu éprouvait de très vives douleurs, je pensais

que l'énucléationétait le moyen le plus rapide de lui apporter quelque soulagement. Cependant, les parties environnantes de l'œil, en fait,

tout lecontenu de l'orbite, étaient si enflammés, queje résolus de ne pas opérer. J'ordonnai des injections hypodermiques pour calmer la douleur, et des applications chaudes sur l'œil. L'atropine avait été employée auparavant; mais, n'ayant pas réussi àdiminuer la douleur, je l'avais faitcesser. Ce traitement par les injections hypodermiques et les applications locales d'eau chaude fut continué pendant trois jours, lorsque la présencede pus dans le sac conjonctival indiqua que l'abcès

s'était ouvert. Ce pus avait fusé dans la région scléro-cornéenne, à la partie supérieure et externe de l'œil. Lasouffrance diminua bientôt, les symptômes del'inflammation s'améliorèrent, et, quelque temps après,je

cessais mes visites. Cependant le malade ne recouvrit jamais le plus petit degré d'acuité, etl'œil devint phtisique.

Cas ILX...,charpentier, trente-sixans,habitantunedespetitesvilles

voisines. Il heurta son coude droit et il en résulta unecontusion insi¬

gnifiante. Il ne fit pas d'abord beaucoup attention à son bras, mais bientôt son inhabileté à s'en servir, la grande enflure de l'articulation

et une grande prostration le conduisirent à consulter le docteur de sa

famille, qui appliqua un bandageet ordonna lerepos etles toniques.

Cependant, le malade n'allait pas mieux et avait à prendre de la morphine constamment pour calmer la douleur du bras. Environ deux semaines s'étaient passées dans cet état, quand le docteur commença à apercevoirun gonflement de la glande parotide droite, qui futtraité par des applications d'iode. Une semaine plus tard, l'œil droit devint douloureux et rouge. La douleur était profondeetd'un caractère aigu et lancinant, et lavue diminuarapidement,au point qu'il pouvait à peine

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voir lalumièred'unelampe. Gommeles souffrances dansl'œil devenaient