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(2010)

2.1.1 Le contexte de la réforme

Le problème des retraites touche nombre de pays développés atteints

par le vieillissement de leur population.

71

Le gouvernement est parti de la

conception selon laquelle l’augmentation progressive de la durée d’activité était

le seul moyen qui pourrait assurer le financement du système sans pénaliser le

niveau de vie des Français au niveau des cotisations et pensions.

Les deux principales mesures sont :

le relèvement progressif en six ans, à raison de quatre mois par an, de

l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans ;

le relèvement de 65 à 67 ans de l’âge à partir duquel ne s'applique plus

71 Le Japon a également connu des révisions de régimes de retraite dans plusieurs domaines entre 2004 et 2008.

le mécanisme de décote, dans le cas où un salarié n'a pas cotisé le

nombre de trimestres requis pour obtenir une retraite à taux plein

Ces inflexions résultant d’un calcul apparemment logique et objectif pouvant

être compris et accepté par tous, le gouvernement a décidé de communiquer

sur la nécessité de la réforme autour de 3 axes mus par un raisonnement

lo-gique :

-

de l’augmentation de l’espérance de vie…

-

découle la nécessité d’agir afin de maintenir l’équilibre financier du

système français par répartition en repoussant de 2 ans l’âge

mini-mum de liquidation de pension ;

-

à ces paramètres, le gouvernement ajoute la nécessité d’agir vite

dans une conjoncture dégradée par la crise mondiale, où le nombre

grandissant de chômeurs entraîne une baisse importante des

coti-sations.

Toutefois, l’impact négatif sur les citoyens de la réforme est minimisée,

et les situations individuelles sont prises en compte. Le récapitulatif du

calendrier de cette réforme est dense. Il se présente ainsi :

2007 : la réforme figure dans le programme du président Sarkozy.

72

La loi du 21

octobre 2007 sur les régimes spéciaux (SNCF, Poste...) complète les lois

Balladur (1993) et Fillon (2003). Le gouvernement exprime l’intention d’aborder

la réforme en profondeur du système de retraites (alignement de la Fonction

72 Le Guide des réformes et des mesures 2007-2008, pp. 28-29,

publique sur le privé, assouplissement des dates de départ en retraite...).

12 avril 2010 : le gouvernement lance une concertation avec les partenaires

sociaux et les partis politiques.

14 avril 2010 : le Conseil d’orientation des retraites (COR) rend son rapport.

16 mai 2010 : Éric Woerth, ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction

publique, indique les pistes privilégiées pour assurer le financement des

régimes de retraites.

16 juin 2010 : Éric Woerth rend public l’avant-projet de loi sur les retraites qui

reporte l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Le ministre est affaibli

par l’affaire Bettencourt qui l’implique directement.

73

A cette époque, l’affaire

des Roms occupe la scène médiatique et N. Sarkozy n’apparaît pas sur le

devant de la scène au sujet de la question des retraites mais préfère exposer

son ministre.

74

62 à 70% des Français ne lui font pas confiance à cette

époque

75

.

7 septembre 2010 : Éric Woerth défend la réforme à l'Assemblée nationale.

Entre-temps s’est développé un important mouvement social (journées d’action

du 24 juin et du 7 septembre).

26 octobre 2010 : adoption de la loi par le Sénat par 177 voix contre 155 et par

l’Assemblée nationale par 336 voix contre 23.

9 novembre 2010 : décision de conformité à la constitution rendu par le conseil

constitutionnel

73« La chronologie de l’Affaire Bettencourt (archive) », Le Parisien, http://www.leparisien.fr/politique/la-chronologie-de-l-affaire-woerth-bettencourt-06-07-2010-991213.php (accédé le 14 avril 2011)

74 Jean Français RAUX, « la réforme des retraites : les Trois Problèmes de la France », Le Monde (chronique d’abonnés), accessible en ligne : http://www.lemonde.fr/teaser/?url_zop=http%3a%2f

%2fabonnes.lemonde.fr%2fidees%2fchronique%2f2010%2f10%2f24%2fla-reforme-des-retraites-les-trois-problemes-de-la-france_1430628_3232.html (accédé le 7 mai 2011)

10 novembre 2010 : promulgation de la loi n°2010-1330 du 9 novembre 2010

portant réforme des retraites.

2.1.2 Trois vagues de spot s radio et télédiffusés comme outils de

communication

La réforme des retraites en France rappelle la réforme postale du Japon

dans le sens où elle ne répond pas une attente de l’opinion mais est imposée

par les paramètres de l’évolution des sociétés. Elle s’est heurtée initialement à

un climat défavorable – « le gouvernement serait ainsi seul à porter le poids

d’une réforme qui s’annonce très impopulaire à en croire tous les sondages »

76

– mais a abouti à un succès, au moins sur le plan législatif. Elle s’inscrit en

France dans une revue des politiques publiques adaptées aux nouvelles

contraintes, et peut être assimilée, parce qu’elle touche aussi 5,9 millions de

fonctionnaires, à une réforme de l’État.

La communication a été pensée très étroitement en liaison avec les

éléments de fonds de la réforme. La ligne officielle à relayer a été décidée à

l'Élysée par le président de la République ou par ses proches conseillers dans

le but de maîtriser la communication et tenter de gagner la bataille de l'opinion,

en particulier au vue de l’affaiblissement du principal ministre chargé de porter

la réforme. Des éléments de langage ont été définis et diffusés aux ministres ou

aux porte-paroles de l'UMP pour homogénéiser la communication.

Pour maîtriser sa communication, le président de la République, à la

76 « La réforme des retraites : le gouvernement français brouille sa communication » Tribune de Genève, le 3 mai 2010. http://www.tdg.ch/actu/monde/gouvernement-francais-envoie-message-contradictoire-age-depart-retraite-2010-05-03 (accédé le 4 avril 2011)

suite de réunions en cercle restreint (F. Fillon, E. Woerth, le secrétaire général

C. Guéant et le conseiller social Raymond Soubie), a décidé de gérer en direct

les interventions des responsables de l'UMP.

77

La stratégie gouvernementale suivie a été de limiter les marges de

manœuvre interprétatives et de contrôler les fuites éventuelles

d’information. Ainsi le 16 juin 2010, le texte de l’avant-projet était diffusé dès 8

heures du matin. L’espace médiatique a ensuite été occupé pour l’expliquer et

le défendre : Éric Woerth est intervenu sur TF1 le 16 juin au soir, le 17 juin sur

RTL puis sur Europe 1 ; on entendait le secrétaire général de l'UMP Xavier

Bertrand sur Europe 1 le 16 juin, et sur RTL et France 3. Nicolas Sarkozy a,

quant à lui, préparé lui-même le terrain avec les médias en recevant les chefs

des rédactions à qui il a répété que la réforme serait « dure », sans rien livrer

du contenu. Il s’était réservé également la possibilité d'intervenir publiquement

pour faire de la pédagogie.

Les éléments de langage ont été largement utilisés : lors de sa

présentation du projet de réforme des retraites, Éric Woerth répète plusieurs

fois le mot « juste ». A la sortie du Conseil des ministres, Christian Estrosi, seul

ministre acceptant de répondre aux questions de la presse, et le porte-parole

de l'UMP, Frédéric Lefèbvre, ont également prononcé ce mot, imitant en cela

Nicolas Sarkozy. Le chef de l'État avait en effet répété le 16 juin à l’issue du

conseil des ministres, qu'il voulait une réforme « juste » et « efficace ». Ses

termes ont été repris par le journal télévisé de TF1 à 13h, avec ceux de Pierre

77 « Retraites : le plan com de Sarkozy », Le Parisien, 16 juin 2010,

http://www.leparisien.fr/economie/retraites-le-plan-com-de-sarkozy-16-06-2010-966083.php (accédé le 4 avril 2011)

Méhaignerie, président UMP de la commission des Affaires sociales de

l'Assemblée nationale, estimant à son tour qu’il s’agissait d’une réforme

« parfaitement juste et équilibrée ».

Le ministère du Travail a lancé avec la collaboration de la Caisse

natio-nale d’assurance vieillesse (CNAV),

78

dès le mois d'avril 2010, la "première

vague" d'une campagne visant à persuader les Français de la nécessité de

réformer. Diffusée dans la presse écrite, à la radio, à la télévision et sur

inter-net, elle est estimée avoir coûté 5 M€ d’après les chiffres du ministère du

Tra-vail rapportés par le Nouvel Observateur (1.8 M€ selon la présidente de la

CNAV pour sa campagne).

79

Elle a été également déclinée sous forme

d’inser-tions dans la presse quotidienne nationale et régionale, les journaux gratuits et

la télévision.

Parallèlement, le ministre du Travail a organisé une série de réunions,

rue de Grenelle à Paris, sur la réforme des retraites.

80

"Une seconde vague" est intervenue fin juin 2010 à la radio et à la

télévision dans un contexte où, plus de la moitié des Français (56%) étaient

encore hostiles à la réforme des retraites et où les deux-tiers (67%)

78 La caisse est régie par un système paritaire patronats/syndicats.

79 A. COLLIN, « Communiquer sur la réforme des retraites : Une publicité qui coûte trop cher », NouvelObs.com, 7 juillet 2010,

http://tempsreel.nouvelobs.com/article/20100701.OBS6518/communiquer-sur-la-reforme-des-retraites-une-publicite-qui-coute-tres-cher.html (accedé le 25 janvier 2011)

80 « Eric Woerth lance les mercredis des retraites », Figaro.fr, 18 avril 2010,

http://www.lefigaro.fr/politique/2010/04/18/01002-20100418ARTFIG00242-eric-woerth-lance-les-mercredis-des-retraites-.php (accédé le 2 février 2011)

considéraient la politique économique du gouvernement comme

« mauvaise ».

81

A cette occasion, deux spots télévisés de 30 secondes clairement

gouvernementaux

82

ont été lancés avec le message « pour sauver nos

re-traites, le gouvernement a choisi d'augmenter l'âge légal de départ à la retraite

à 62 ans ». Diffusés pendant quinze jours, deux spots télévisés ont souligné les

éléments avancés de reconquête de l’opinion publique : « le relèvement de

l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans se fera progressivement »

83

et

« qu'en est-il de compensation de la pénibilité du travail »

84

avec une image de

deux femmes suscitant la proximité et l’identification chez le grand public.

A ce stade, les éléments précis du dispositif étaient moins bien définis

que les campagnes qui sont intervenues en septembre. Le texte devait encore

être discuté au parlement. Le spot se termine sur une note solidaire et

réconfortante, axée sur la justice : « réussissons pour une réforme juste », et

incite le public à se rendre sur le site internet « reforme2010.fr ». D’après

Françoise Barquin, directrice de Lobby&com, agence spécialisée dans la

communication politique, « ce type de message a servi de teasing, pour

préparer l'opinion »

85

.

Parallèlement à ces deux campagnes télévisés sur la réforme, le

81 Selon un sondage réalisé par l’Institut BVA par téléphone les 18 et 19 juin auprès d’un échantillon représentatif de 1010 personnes.

82 Les spots précisent à la fin qu’il s’agit d’un « message du gouvernement »

83 http://www.gouvernement.fr/gouvernement/enjeux-de-la-reforme-des-retraites-relevement-de-l-age-legal-de-depart-a-la-retraite-a- (accédé le 25 mars 2011)

84« Enjeux de la réforme des retraites : Dispositifs de prévention et de compensation de la pénalité »

http://www.gouvernement.fr/gouvernement/enjeux-de-la-reforme-des-retraites-dispositif-de-prevention-et-de-compensation-de-la-pe (accédé le 25 avril 2011)

gouvernement a diffusé sur le même site gouvernemental un autre spot

concernant les mesures plus détaillés relatives aux retraites complémentaires.

Les images ont simplifié un message complexe, portant sur l’Association pour

le régime de retraite complémentaire des salariés (ARRCO) et l’Association

générale des institutions de retraite des cadres (AGIRC).

La troisième vague de communication est intervenue après la

promulgation de la loi le 10 novembre 2010. Quatre spots radio de 30 secondes

ont étudié les conséquences de la réforme selon différents situations concrètes

de la vie professionnelle. Réaliste, la présentation de chaque cas particulier

était censé correspondre à la variété de cas rencontrée par le public qui pouvait

prendre conscience de la nécessité, de la justesse de la réforme et de son

impact mesuré, en regard de ces principes, sur sa propre situation.

Cette vision a été parfois directement critiquée par les syndicats : ainsi

la CFDT aurait préférer insister sur la règle commune qui faisait qu’après 2018

les travailleurs ne pourront partir qu'à 62 ans en ayant cotisé 41 ans et un

trimestre.

86

La stratégie inverse a été volontairement suivie par le

gouvernement, qui a préféré axer son message sur les exceptions plutôt que

sur la règle. Il lui était en effet plus facile de démontrer qu’il avait su prendre en

compte ces cas spécifiques et donc rassurer les personnes concernées.

La troisième campagne de spot radio a mis surtout l’accent sur la

86 D. PERROTIN, « Réforme de retraites une com’ d’approximation et d’omission », Rue89 , le 24 novembre 2010, ,

http://www.rue89.com/2010/11/24/reforme-des-retraites-une-com-dapproximations-et-domissions-177500 (accédé le 14 avril 2011)

personnalisation de la réforme en s’intéressant à quatre cas particuliers :

1) une mesure transitoire pour ceux qui partent en retraite

dans les prochaines années, intitulée « 3 mois sur 4 ans » ;

2) les personnes avec de nombreux problèmes de santé

qui bénéficieront des régimes d’incapacité ;

3) les personnes aux carrières longues représentées par

une personne qui a commencé à travailler à l’âge de 17 ans ;

4) et les jeunes inquiets d’avoir connu des périodes de

chômage.

Certes, ces efforts n’ont pas épuisé les critiques syndicales, qui ont

souligné la rigidité des conditions d’incapacité mobilisées dans le deuxième

cas, ou l’ambiguïté de la notion de chômage pour les primo-demandeurs

d’emploi qui n’ont jamais travaillé et, du coup, ne peuvent figurer ni dans la

catégorie de chômeur non-indemnisé ni de chômeur indemnisé.

Cet effort n’est pas sans conséquence financière

87

: le seul coût de

pro-duction des spots télévisés est de plus de 200,000€ et celui des spots radio de

près de 40,000€, auquel s’ajoutent les prestations de l'agence de réalisation et

le prix des achats d'espace pour la diffusion de ces spots à des heures de

grandes audiences. Selon le ministère de Travail, le coût d’achat de l’espace à

la télévision a été de plus d’1M€ et à la radio de plus de 730.000€. Le coût total

toutes campagnes confondues serait de plus de 7 M€.

2.1.3 Les effets de la communication

Par ces spots, le gouvernement a surtout construit une

communication pédagogique pour s’adresser à la raison des Français,

mais aussi à leur intérêt personnel.

L’objectif du gouvernement de convaincre chaque Français sur les

bienfaits de la réforme a été atteint seulement en partie par le biais de la

communication. A l’horizon de l’élection présidentielle de 2012 et inscrite dans

la priorité de la deuxième moitié du quinquennat de Nicolas Sarkozy,

88

le

gouvernement a mis en avant ses propres messages soumis à l’avis des

représentants élus des citoyens plutôt que de les discuter préalablement avec

ces derniers. L’ampleur des journées de mobilisation, qui ont rassemblé jusqu’à

2 millions de personnes selon les organisateurs, a bien montré à la fois les

limites et la nécessité de cet exercice.

En cette matière, d’autres pays précurseurs qui avaient entamé une

ré-forme de leur système de retraite avaient entrepris une communication similaire

mais qui mettait plus l’accent sur une vision complète de la réforme. En général,

la communication gouvernementale, au Japon par exemple, tournait les esprits

vers l’avenir et la nécessité de mieux préparer l’avenir des enfants qui

n’au-raient pas ainsi une trop lourde charge à porter. Au contraire, les explications

pédagogiques utilisées en France ont recouvert plutôt les effets directs de

88 Dépêche de l’AFP, « Le gouvernement prépare une campagne d’information sur les retraites », 6 avril 2010

la réforme au niveau individuel sans peut-être consacrer suffisamment de

temps au principe et aux causes de la réforme.

Sachant qu’il est difficile de rappeler l’essence d’une réforme dans le

temps réduit d’une demi-minute, et qu’il est préférable d’inciter les citoyens

d'étudier plus avant individuellement la question sur le site dédié retraite2010.fr,

Il faut noter que la communication pédagogique menée en France visait en fait

plus à rallier ceux qui avaient déjà un préjugé favorable quant à la réforme

entreprise – en particulier les électeurs UMP – afin qu'ils ne soient pas affectés

par les manifestations et les mouvements contre la réforme. En catégorisant les

situations variées des personnes, le gouvernement anticipait et répondait à

leurs questions à distance. Ce qui a pu servir, effectivement, pour dissiper des

inquiétudes mais n’a pas servi une véritable compréhension des usagers ; ce

qui dénote, peut-être, une conception du Français non comme citoyen

éclairé et acteur du débat, mais comme bénéficiaire d’une prestation

pé-cuniaire dont les règles s’imposent à lui et qui, s’il proteste, est mû par la

revendication d’un droit individuel plutôt que par le jeu de choix collectifs

essentiel. Nous sommes ici loin du citoyen français dont les penchants à la

rai-son, à la conviction et au débat public étaient supposés plus haut dans ce

mé-moire.

Une communication plus complète aurait pu avoir l’ambition d’apporter

une réponse à la manière de bâtir une protection sociale pérenne face aux défis

de la mondialisation et au regard des spécificités de la France dans les

décennies à venir. L’action entreprise aurait pu s’inspirer de la réforme des

régimes spéciaux de retraites en 2003. Caractérisés par la prééminence des

syndicats de la fonction publique, les enjeux étaient de bâtir un dispositif pour

rassurer et prévenir les réactions de blocage. A cette époque, un important

dispositif de communication décentralisé auprès de différentes catégories de

fonctionnaires avait accompagné l’information sur la réforme. Un groupe

d’écoute et d’analyse avait été installé pour permettre aux fonctionnaires

de s’exprimer. Une interface téléphonique dédiée et l’organisation de

réunions sur terrain pour répondre aux questions spécifiques

complétaient le dispositif.

89

Dans ce cas précis, le fait de donner aux

fonctionnaires le sentiment qu’il étaient écoutés avait préparé l’acceptation de la

réforme.

2.2 Le cas de la réforme de la Poste – Japon

(2005)

2.2.1 Réformer au Japon

Le Japon connaît un régime parlementaire dans lequel le gouvernement

est responsable devant la Diète.

Tout en respectant ce système, et si nous examinons l’histoire

japonaise contemporaine, il existe un autre Premier Ministre qui a consisté une

exception par ses manières « top-down » similaires à celles de J. Koizumi.

Yasuhiro Nakasoné (novembre 1982 – novembre 1987), également connu

comme nationaliste, a rappelé lors du mandat de J. Koizumi que ce dernier

engageait « la deuxième liquidation complète de la privatisation de la politique

d’après-guerre ». Y. Nakasoné a comparé les réformes administratives à un

planeur : on ne peut pas survoler ce paysage accidenté sans vent. En

privatisant Japan Rail

90

lors de son mandat, il a cherché appui sur la « logique

de vente » pour gagner le public à ses vues.

Au contraire, J. Koizumi a utilisé la « logique du cerf-volant », en

poussant la réforme contre le vent et en dénommant « force de résistance »

tous ceux qui s’élevaient contre « sa » réforme postale. En renforçant sa

posture de défense contre des députés opposants, il a réussi à obtenir le

soutien de l’opinion publique.

91

Après deux postes ministériels – santé et poste –, J. Koizumi, devenu

Premier Ministre, a aussi renouvelé son image d’homme politique moderne en

créant son propre magazine électronique « Lion’s heart ».

92

Ceci a beaucoup

alimenté la visibilité du site officiel du cabinet du Premier Ministre, par ailleurs

limité au niveau du contenu, où figurent uniquement quelques discours officiels

du chef de l’exécutif et du Secrétaire général.

93

Cette image moderne, à

90 Equivalent japonais de la SNCF

91 T. UJI, « Le crime officiel de la logique de cerf-volant et de dichotomie », Recherche des journaux, octobre 2006, n°661, pp. 10-13

92 Pour un exemple de ce mail magazine,

cf.http://www.kantei.go.jp/foreign/m-magazine/backnumber/koizumi/2005/0210.html (extrait du site officiel du cabinet du Premier Ministre, accédé le 7 mai 2011)

l’initiative de J. Koizumi et de son secrétaire, est intervenue au moment où les

citoyens avaient soif, après cinquante ans de gouvernance du PLD, de

nouveauté : ils ont choisi le changement dans la continuité. Le Premier Ministre

élu n’a jamais caché vouloir réformer le PLD, « même s’il fallait le faire

exploser ».

94

Rappelons que le PLD connaîtra en 2009 une défaite historique

face au Parti Démocrate du Japon (PDJ).

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