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Source : Wikipedia (n/d)

D’un point de vue démographique, la région amazonienne n’a pas été touchée par des migrations métisses importantes jusqu’au boom pétrolier qui commence en 1972 (les premières découvertes de gisements se font en 1968) (Ayala Mora 2008 : 69). Ce n’est qu’en 1977 que l’État équatorien engagea des politiques de colonisation sur ce territoire-là, telles que la « loi de colonisation de la région amazonienne équatorienne » ou la création de l’Institut de colonisation de la région amazonienne équatorienne (INCRAE).

Le but de cette migration était de rendre productive cette terre en développant l’élevage et des activités agricoles de monoculture. Cependant, l’effet produit n’a pas été celui attendu : l’impact culturel des populations “colonas” (les personnes qui n’étaient pas originaires de cette zone et qui sont arrivées lors de cette vague migratoire) a influencé les pratiques des gens autochtones de la région qui ont commencé à changer leurs dynamiques productives traditionnelles pour les remplacer par l’élevage et la monoculture (Ruiz Mantilla 2000 : 52).

De 1950 à 2001, la population urbaine passe de 0 à 152.696 habitants (jusqu’à cette date il n’y avait aucune ville construite dans cette région), avec un pic à partir des années soixante- dix, lié au boom pétrolier. De même, la population rurale passe dans cette même période de

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46.471 à 395.723 habitants. En cinquante ans, la population s’est accrue de 1180%, avec la construction de pôles urbains importants, autrefois inexistants.

Tableau 1 : Tableau sur les dynamiques démographiques rurales et urbaines en Équateur de 1950 à 2001.

Source : Carlos Larrea 2005 : 53 (INEC : recensements 1950, 1962, 1974, 1982, 1990 et 2001).

Un autre impact écologique du boom migratoire est la contamination produite par les fuites de pétrole qui a altéré les écosystèmes, mais qui a aussi touché des populations résidant dans les zones voisines. L’Amazonie est une zone d’une très importante pluviosité ce qui rend la terre mauvaise pour l’agriculture. Par conséquent, les producteurs – colons ou natifs – se sont retrouvés avec des terres infertiles, déforestées et dévastées. Les colons suite à cela sont souvent repartis. La déforestation ne s’est pas fait sentir uniquement par rapport aux activités agricoles, mais aussi par la construction de voies d’accès que ce phénomène migratoire impliquait et bien évidemment pour permettre le transport du produit exploité pour son exportation (Larrea 2005 : 84).

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De 1948 à 1980, l’Amazonie passe d’une zone inaccessible (0 km de route) à un réseau routier de 2035 km. Les travaux commencent pendant les années 1960, mais on note une intensification de construction des voies d’accès dans les données de 1980, c’est-à-dire après le début du boom pétrolier (de 1962 à 1980, il y a eu 1533% de voies d’accès en plus). Les petits chemins, jusqu’en 1980, ne représentent que 12,48% des voies construites, ce qui montre que la finalité ultime jusqu’à cette époque n’était pas de faciliter la communication des villes et villages entre eux, mais de construire des voies d’accès pour le transport des produits issus de l’Amazonie.

Tableau 2 : Tableau sur l’évolution des axes de transport (grands axes et petites routes) de 1948 jusqu’à 1980.

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À partir du mandat de Lucio Gutiérrez, il y a beaucoup plus d’investissements dans l’Amazonie. À l’heure actuelle, le Ministère de Transport et d’œuvres publiques de l’Équateur estime qu’il y a 2.184 km de grands axes dans l’Amazonie équatorienne (MTOP 2014).

Après ces vagues migratoires, il est important de faire un bilan de la composition ethnique de la province de Pastaza, ce qui éclairera les dynamiques interculturelles dans les quatre terrains présentés dans le chapitre suivant.

Les deux groupes ethniques les plus représentatifs dans la province sont les indigènes (17%) et les métis (76%). D’autres groupes culturels, même s’ils existent, ne sont pas très nombreux. Les indigènes font partie des populations autochtones existantes ou sont venus de Napo, la province au Nord de Pastaza, tandis que la plupart des métis arrivent après les politiques de colonisation de l’Amazonie (INEC 2010).

À l’analyse de la configuration de ce 17% de population indigène, on constate que la plupart sont des Kichwas (52,85%), suivis de très loin par les Shuars (14%), puis des Achuars et des Huaoranis qui constituent respectivement 5,4% et 5% de cette population. Les autres nationalités ne sont pas fortement représentées dans ce territoire.

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Tableau 3 : Tableau sur la distribution de la population indigène en Équateur par provinces.

Source : Chisaguano (2006 : 33).

Une fois défini le contexte géographique, historique et démographique du terrain de recherche, je présente plus en détail le contexte spécifique et les acteurs. Il est primordial de décrire les différents cadres culturels qui entourent les pratiques et les représentations thérapeutiques qui seront évoquées dans des chapitres ultérieurs. La recherche en Équateur s’est déroulée en quatre lieux différents : la cabecera cantonal de Arajuno, celle de Santa Clara, la Ville de Puyo qui est la capitale de la province de Pastaza et dans le cantón Taisha dans une zone de frontière avec le Pérou. Dans ces lieux, j’ai rencontré différents groupes culturels : les métis, les Kichwas, et aussi de façon assez rapide les Shuars et les Achuars, ce qui donne un éventail de pratiques, de représentations et de cosmovisiones multiples sur l’accouchement et l’allaitement.

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1.1.2. Santa Clara, l’agglomération des frontières

D’après le site de la Préfecture de Pastaza25, le peuplement de cette zone a commencé à

partir de la construction des autoroutes Baños-Puyo en 1947 et Puyo – Napo en 1949, ce qui a permis un accès plus facile. Elle est devenue une paroisse officiellement en 1966. Santa Clara se trouve à 595 mètres d’altitude et présente une végétation de la forêt humide de l’Amazonie (son taux d’humidité est de 87%-89%), avec une température qui varie entre 18 et 24 degrés et une moyenne de pluviosité annuelle de plus de 3000 mm. Elle se place « au kilomètre 40 de l’autoroute Puyo Napo »26. Le cantón a 3.565 habitants (selon le recensement du 2010)

(INEC 2012) et une superficie de 400,2 km2. Il rassemble plusieurs villages. Le village lui- même est composé d’une dizaine de rues direction Nord-Sud et d’une autre dizaine de rues direction Est-Ouest.