II. MATERIELS ET METHODES
II.2. PHYSICOCHIMIE
II.2.2. CARACTERISATION DES PROPRIETES ANTIOXYDANTES
L’activité antioxydante d’une substance peut se mesurer par sa capacité à inhiber l’oxydation
d’un système choisi comme référence. Nous utiliserons au cours de ce travail deux systèmes de
mesure différents. L’un est basé sur l’oxydation de l’acide linoléique, l’autre sur la vitesse de
transfert d’un atome d’hydrogène mobile de la substance à étudier à un radical libre, le
2,2-diphényl-1-picrylhydrazyle ou DPPH.
II.2.2.1. Méthode expérimentale utilisant l’oxydation du linoléate de méthyle
a) Principe
Les acides gras polyinsaturés s’oxydent lentement à l’air et à température ambiante. La
réaction peut cependant être accélérée en augmentant la température et en utilisant un amorceur
radicalaire. Ce dernier facilite la chaîne d’oxydation.
Le dispositif expérimental est constitué de deux parties : la station de vide et de stockage de
l’oxygène d’une part et la partie réaction d’autre part. Les réactions d’oxydation ont lieu dans un
réacteur en pyrex à double enveloppe thermostaté. Un tube capillaire plonge dans le réacteur pour
assurer, par l’intermédiaire d’une pompe, l’agitation et la saturation en oxygène de la phase liquide.
Le réacteur est surmonté d’un réfrigérant à 4°C pour condenser le solvant. Le volume de la phase
liquide est de 4 cm
3, celui de la phase gazeuse d’environ 100 cm
3. La consommation d’oxygène est
suivie expérimentalement par la mesure de la pression surmontant le mélange réactionnel. Notons
que l’azote libéré par l’AIBN étant formé en très faible quantité, la pression mesurée est
pratiquement égale à celle de l’oxygène.
Le protocole expérimental utilisé au laboratoire concerne l’oxydation du linoléate de méthyle
(LH), amorcée par l’azobisisobutyronitrile (AIBN), le solvant étant le butan-1-ol et la température de
la réaction étant fixée à 60°C. L’effet de substances antioxydantes sur la réaction d’oxydation peut
être schématisé de la manière suivante (Figure 46) :
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COOMe H H (LH) N N NC CN ∆ (AIBN) CN 2 + N2 AEn absence d'antioxydant :
AIBN 2A + N2 A + O2 AOO AOO + LH AOOH + L L + O2 LOO LOOH + L LOO + LHOxydation du substrat avec
consommation d'oxygène
( )
En présence d'antioxydant (φH) :
LOOH + L LOO + LH
Rupture de la chaîne d'oxydation
du substrat fonction du rapport
k
II/k
ILOOH +
φ
LOO +
φH
(I)
(II)
Figure 46. Effet de substances antioxydantes sur l’oxydation du linoléate de méthyle
Dans les deux cas (avec ou sans antioxydant) les réactions d’oxydation sont amorcées par la
décomposition de l’azobisisobutyronitrile, qui va entraîner la formation d’hydroperoxydes et par
l’oxydation du linoléate de méthyle, qui va assurer la propagation du processus d’oxydation avec
consommation d’oxygène. En présence d’antioxydant (φH), la réaction d’oxydation (I) se trouve en
compétition avec la réaction (II), qui, si le radical φ
.formé est stable, va inhiber la réaction
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b) Conditions expérimentales de la mesure du pouvoir antioxydant en utilisant la méthode
au linoléate de méthyle
Dans un réacteur thermostaté sont introduits successivement 1 mL de butan-1-ol, dans lequel
sont solubilisés 4 équivalents de composé antioxydant (φH) à tester, 1 mL d’une solution de linoléate
de méthyle (LH) 0,4 M dans du butan-1-ol ou 2 mL d’estorob (mélange d’esters d’acides gras
insaturés contenant majoritairement du linoléate de méthyle à environ 75 %) et 2 mL d’une solution
d’AIBN (azobisisobutyronitrile) 9,3 mM dans du butan-1-ol. La réaction est laissée sous agitation
durant 3 heures à une température de 60°C sous une pression initiale de 150 Torrs. L’évolution de la
pression dans le réacteur au cours du temps est directement proportionnelle à la quantité d’oxygène
consommée au cours de la réaction. Les données sont enregistrées automatiquement par un système
informatisé doté d’un logiciel OXY BAR.
II.2.2.2. Méthode utilisant le DPPH
a) Principe
Une autre méthode de la mesure de l’activité antioxydante est l’étude de la réactivité des
composés en question avec un radical libre choisi. Un de ces radicaux est le DPPH
(2,2-diphényl-1-pycrylhydrazyle), commode à utiliser en raison de sa couleur violette (absorbance maximale vers 520
nm) et de sa disponibilité dans le commerce. La réaction de certains antioxydants avec le DPPH est
assez rapide et nécessite l’utilisation de la technique de l’écoulement bloqué (Stopped flow) dans
laquelle le mélange des réactifs est effectué en quelques millisecondes à l’entrée d’une cellule
d’analyse, ce qui permet l’étude des réactions de temps de demi-réaction aussi petits que 10 ms.
La réaction de phénols ou d’autres molécules donneuses d’un atome d’hydrogène avec le
DPPH est couramment utilisée pour évaluer le pouvoir antioxydant (ou antiradicalaire) de ces
molécules en solution homogène. On conçoit, effectivement, que la mesure de la constante de vitesse
de la réaction puisse constituer une estimation de la mobilité de l’atome d’hydrogène de ФOH
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DPPH +φ
OH DPPHH +φ
O O2N NO2 O2N N (C6H5)2N (DPPH )avec
Figure 47. Réaction entre les phénols et le radical DPPH
La cinétique des réactions du DPPH avec différents phénols ou extraits de bois a été
rapportée par Diouf (1999,2002) en utilisant la technique de l’écoulement bloqué, qui mélange
rapidement dans des temps inférieurs à 20 ms les réactifs dans une cellule permettant l’analyse par
absorption UV-visible ou par fluorescence.
L’évolution de la concentration du radical DPPH au cours du temps permet de quantifier le
pouvoir antioxydant des différents produits. Ce dernier est évalué en mesurant le temps de demi vie
(t
1/2), temps au bout duquel la moitié du radical DPPH initialement présent a disparu (Figure 48).
0 0 , 1 0 , 2 0 , 3 0 , 4 0 , 5 0 , 6 0 , 7 0 , 8 0 2 0 4 0 6 0 T e m p s ( s e c ) A6 2 0 n m to AD P P H + Ae x t r a i t s Ae x t r a i t s = c o n s t a n t e t1 / 2 + to
Figure 48. Détermination du temps de demi-réaction de la réaction du radical du DPPH avec
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b) Conditions expérimentales de la mesure du pouvoir antioxydant en utilisant la méthode
au DPPH
Une solution de DPPH à 2.10
-4M et une autre contenant une dilution du composé à tester sont
placées dans les seringues du système de mesure. Ces solutions sont poussées par deux pistons
actionnés simultanément à la main vers l’entrée de la cellule d’observation photométrique où elles
sont rapidement mélangées. Le mélange est poussé par la suite vers la seringue d’arrêt. Pendant le
remplissage de la seringue d’arrêt, l’expérience est constamment répétée avec différentes dilutions.
Le mélange réactionnel reste constamment renouvelé dans la cellule d’observation et le temps zéro
de réaction correspond à l’arrêt brusque du fluide « Stopped flow ». Le schéma de l’appareillage est
représenté par la Figure 49.
La mesure de l’activité antioxydante des molécules étudiées se fait par détermination de la
concentration nécessaire pour atteindre un équilibre avec une consommation de 50 % en DPPH. Plus
la concentration nécessaire en composé phénolique pour atteindre cet équilibre est faible et plus
celui-ci est efficace.
Lumière Cellule d’analyse Seringue d’arrêt Poussoir Mélangeur B A
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II.3. ESSAIS BIOLOGIQUES
Dans le document
Tensioactifs antioxydants originaux pour la formulation de produits de préservation du bois
(Page 95-100)