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Caractéristiques du véhicule

2.2 Discussion autour des hypothèses de modélisation

2.2.1 Caractéristiques du véhicule

Prix du carburant

La littérature sur le choix du type du type de motorisation (ou le choix du carburant) montre que ce choix peut être influencé par différents facteurs comme le prix, la fiabilité, la disponibilité du carburant et l’autonomie. Mais la plupart des analyses montrent que dans le choix du carburant, le prix du carburant est un des principaux facteurs déterminants (Bunch et al., 1993; Choo and Mokhtarian, 2004).

Le rôle des prix dans le choix du carburant a surtout été étudié à travers la question de l’impact des taxes sur le prix du carburant sur le choix du véhicule ou encore à travers l’impact des subventions au prix d’achat comme le système de bonus-malus.

D’Haultfoeuille et al. (2014) montrent par exemple, que le système de bonus- malus en France a eu un effet visible sur les décisions d’achat des consommateurs qui se sont tournés vers des véhicules plus propres, entrainant une baisse des émis- sions de CO2 de presque 10% sur le long terme. Leinert et al. (2013) montrent

qu’en Irlande, la mise en place d’une taxe annuelle sur les émissions de CO2

des voitures a renchéri l’utilisation des véhicules à essence et favorisé l’achat des voitures au diesel. Greene (1989) montre aussi une forte élasticité du type de car- burant choisi au prix des carburants. Enfin, Klier and Linn (2013) notent, quand à eux, une forte différence entre leurs estimations pour les États-Unis et celles pour l’Europe, l’effet des prix sur les économies de carburant étant deux fois plus grand aux Etats-Unis.

Cependant, il faut faire remarquer que ces élasticités ne sont pas forcement constantes. L’importance du prix des énergies dans le choix du carburant peut être asymétrique. C’est ce que Gately and Huntington (2002) nous amènent à penser en montrant que la réponse de la demande d’énergie (donc entre autre la demande d’énergie pour le transport) au prix du pétrole, est plus forte en cas de hausse qu’en cas de baisse des prix.

De même, l’importance du prix des énergies dans le choix du type de carburant peut être d’autant plus grande que celui-ci augmente.

Déterminants spécifiques au choix d’un véhicule électrique

Dans le cas du véhicule électrique la technologie n’est pas encore parfaite- ment substituable aux autres, notamment à cause de sa faible autonomie et de la taille du réseau de recharge. Concernant la décision d’achat d’un véhicule élec- trique, le cout n’est donc pas le seul déterminant principal. L’autonomie est aussi un facteur important (Bunch et al., 1993; Axsen and Kurani, 2013). Ewing and Sarigöllü (1998) cherchent les facteurs influençant le choix d’acheter un véhicule propre avec un logit multinomial : outre le coût du véhicule, ils montrent eux aussi l’importance de l’autonomie de la batterie dans la décision d’achat d’un véhicule électrique. En Europe, Tran et al. (2012) rapportent que 74% des consommateurs attendent d’un véhicule une autonomie supérieure à 480km pour faire disparaitre leur anxiété vis à vis des recharges. Ils rapportent aussi que les automobilistes sont prêts à payer pour le développement d’infrastructures de recharge rapide (plus de 50% sont prêts à payer entre 500 et 1000 $ pour diviser par deux le temps de recharge).

L’importance de déploiement du réseau de recharge, notamment de la recharge à domicile, sur le potentiel de demande des véhicules électriques est aussi souligné par les résultats de Lin and Greene (2011)

Enfin Axsen et al. (2009) soulignent l’importance du "neighbor effect", c’est à dire l’impact de la diffusion d’une technologie sur les préférences des agents dans le choix de nouvelles technologies telles que le véhicule électrique, en rappelant que les préférences peuvent évoluer dans le temps.

Nous avons choisi de ne retenir que l’autonomie restreinte de ces véhicules dans les calculs de choix du véhicule. Nos analyses s’intéressent à l’introduction du véhicule électrique dans le parc de véhicule, nous supposons donc qu’à l’ho- rizon temporel de nos analyses (2050), les efforts sur les capacités de recharge auront été suffisants.

Consommation des véhicules et paradoxe de l’efficacité énergétique

Par la suite, certaines analyses se sont appliquées à observer la manière dont les ménages valorisaient le cout d’usage et notamment les économies de carbu- rants. Ces analyses ont donné lieu à de nombreuses estimations parfois diver- gentes, plus connues sous le nom de paradoxe de l’efficacité énergétique.

Le paradoxe de l’efficacité énergétique part du constat que les technologies efficaces mettent du temps à être adoptées, alors qu’elles apportent un avantage financier aux ménages. Jaffe and Stavins (1994) expliquent la lente diffusion des technologies efficaces de deux façons. La première consiste à considérer que les agents ne calculent par parfaitement les bénéfices futurs que leur apporte la tech- nologie. La seconde considère qu’il existe des coûts cachés à l’adoption de cette nouvelle technologie que l’économiste ne parvient à révéler.

Ainsi, concernant la consommation en carburant du véhicule, de nombreuses analyses se sont intéressées à l’existence de ce paradoxe, autrement dit à savoir si les consommateurs sous-évaluent les coûts d’usage d’une voiture lors de son achat.

Ce paradoxe est définit par l’idée que les ménages valorisent mal les futures dépenses en carburant. Ceux-ci sous-évaluent les économies futures qu’ils pour- raient réaliser en achetant un véhicule à faible consommation. Selon les analyses, la disposition à payer aujourd’hui par dollar économisé dans le futur, se situe entre 0,35 et 0,79$. Ceci permet d’expliquer la lente diffusion des technologies les plus sobres (Greene, 2010; Allcott, 2011; Allcott and Wozny, 2013).

Même si beaucoup d’analyses révèlent l’existence de ce paradoxe, d’autres montrent au contraire que les consommateurs évaluent correctement les écono- mies d’énergie des voitures (Espey and Nair, 2005) et que "l’energy paradox" est donc surévalué (Bento et al., 2012).

Turrentine and Kurani (2007) précisent de leur coté, à l’aide d’entretiens avec des ménages, que ceux-ci ne calculent pas les coûts d’usage d’un véhicule avant de l’acheter et quand on leur propose de les calculer ils se trompent en sous-évaluant ou sur-évaluant.

Dans sa revue de littérature sur ce paradoxe, Greene (2010) conclut que les estimations des disponibilités à payer des agents pour une réduction de la consom- mation des véhicules sont trop divergentes pour déclarer si ce paradoxe existe ou pas.

Nous tirons deux enseignements de ces résultats. D’abord les ménages ne cal- culent pas toujours de manière rationnelle les couts d’usage des véhicules. Il parait donc nécessaire d’en tenir compte dans nos simulations futures. Ensuite les mé- nages sous-évaluent peut être les futures économies d’énergie liées à la consom- mation des véhicules, mais celles-ci font tout de même partie des facteurs influen-

çant le choix du véhicule. La consommation des véhicules a donc sa place dans le calcul du choix du véhicule.