• Aucun résultat trouvé

Chapitre III. Prises en charge de la plainte subjective de mémoire

III.3. Le programme PrévMém

III.3.3. Caractéristiques du programme PrévMém

III.3.3.1. Cadre du programme

Le programme PrévMém est o pos de i s a es he do adai es d u e du e de deux heures. Il se déroule dans une salle de réunion de l IM A, le mardi après-midi de 14h à 16h.

Le nombre de séances est limité à cinq, afin que les participants puissent assister, dans la mesure du possible, à l e se le du p og a e.

105 Chaque séance est animée par un ou deux professionnels, à l aide d u e p se tatio « PowerPoint » projetée sur grand écran. Un temps consacré aux questions des participants est prévu à la fin de chaque séance.

Les animateurs so t uat e ps hologues de l IM A, un psychiatre et un diététicien de l h pital de la Pitié-“alp t i e ai si u un professeur d'activité physique adaptée de l asso iatio Siel Bleu.

Le programme étant entièrement financé par Malakoff Médéric, aucune participation est de a d e au pa ti ipa ts.

III.3.3.2. Site internet

Un site internet (www.im2a-pes.fr/prevmem/) entièrement dédié au programme a été élabor a e l aide d u e desig e . Les participants peuvent y trouver :

- les supports utilisés lors des conférences - des informations complémentaires - des informations pratiques

- des références bibliographiques - des liens utiles

Ce double mode de transmission des informations permet de renforcer les apprentissages.

III.3.3.1 En groupe

Nous avons opté pour une modalité de groupe plut t u i di iduelle. Chaque groupe comprend 15 à 20 personnes. Le format de groupe a plusieurs avantages.

Tout d a o d, il off e la possi ilit d u soutien mutuel des participants et atténue l isole e t so ial, souvent rapporté par les patients présentant une plainte subjective de mémoire.

Il facilite l i te a ti it e t e l e pe t et les pa ti ipa ts ai si ue les échanges entre participants.

Il permet un apprentissage par modelage. Bandura (1989) précise que les observations i a ia tes et l i flue e du g oupe so t sou es d u eilleu se ti e t d auto-efficacité.

106 Il favorise la décentration requise par les exercices de restructuration cognitive.

Enfin, le format de groupe a aussi un avantage économique, puis u il pe et de p e d e en charge un plus grand nombre de personnes dans une même période de temps.

Concernant plus spécifiquement, la plainte subjective de mémoire, Valentijn et al. (2005) a comparé les deu fo ats, i di iduel e sus g oupe, d u e e i te e tio isa t à réduire la plainte mnésique. Le format « groupe » s est l être plus efficace.

III.3.3.2. Techniques utilisées

Le p og a e s appuie su deux composantes essentielles que sont la psychoéducation et la restructuration cognitive.

III.3.3.2.1. Psychoéducation

L du atio est au œu du p og a e PrévMém.

Il s agit de t a s ett e des i fo atio s afi ue le sujet a ui e de ou elles o aissa es et u il puisse ai si ieu app he de les ha ge e ts li s à l âge. E effet, l a i t peut pa fois t e i put e à u e o aissa e. Á tit e d e e ple, u ou li i peut être interprété à tort comme grave, e aiso d un manque de connaissances au sujet des troubles de mémoire.

Le contenu des séances est présenté dans le tableau 6 (page 112-113).. Les thèmes a o d s so t le ieillisse e t og itif, le fo tio e e t de la oi e, l i flue e des facteurs psychologiques et environnementaux sur la plainte de mémoire, ainsi que les facteurs de risque et de protection des troubles cognitifs.

Le programme PrévMém comporte les trois dimensions de la psychoéducation mentionnées par Goldman (1988) : éducative, psychologique (soutien des pairs) et comportementale (encouragement à mettre en place des nouveaux comportements).

III.3.3.2.2. Restructuration cognitive

Co e ous l a o s u précédemment, la plainte de mémoire peut être associée à des distorsions cognitives atte tio s le ti e e e s l i fo atio e aça te . Celles-ci ont des conséquences émotionnelles et comportementales négatives.

107 Un travail sur les croyances et les biais cognitifs est proposé de manière récurrente dans PrévMém. Ce procédé est cohérent avec les recommandations de Hurt et al. (2011) qui suggèrent de questionner les croyances telles que : « avoir une faiblesse de mémoire est

catastrophique », puisque ce sont les perceptions et les croyances au sujet de la mémoire qui

sont responsables du stress lié à la plainte de mémoire.

La séance sur la dép essio et l a i t o sa e une grande partie, en introduisant les « colonnes de Beck », outil fondamental dans la restructuration cognitive. Voici ci-dessous (tableau 5) un exemple de situation rapportée par les participants, ui peut fai e l o jet d u travail de restructuration cognitive.

Tableau 5. Colonnes de Beck appliquées à la plainte subjective de mémoire

Situation Émotions

Pensées négatives « Catastrophe »

Comportement Pensées plus réalistes

Je suis à un dîner avec des amis et je ne retrouve plus le titre du de ie fil ue j’ai vu au cinéma. Peur Anxiété Angoisse Déception Frustration J ai u p o l e de santé grave. C est la MA. Personne ne me comprend. Retrait social Agressivité

Ce est pas g a e, ela reviendra plus tard.

Cela arrive aussi à d aut es pe so es.

Je me rappelle le contenu du fil , est l esse tiel !

III.3.3.2.3. Techniques émotionnelles

Le programme fait aussi appel à des techniques émotionnelles de gestion du stress : apprentissage de techniques de relaxation et introduction à la pratique de méditation de pleine conscience.

Depuis les années 1980 aux États-Unis (Kabat-Zinn, 1982 ; Kabat-Zinn, Lipworth et Burney, 1985), et un peu plus récemment en France, la méditation, dénuée de références religieuses et philosophiques, a fait son apparition dans les structures de soin selon une approche dite de « pleine conscience ». Celle-ci renvoie à une forme de méditation issue des techniques contemplatives bouddhiques et consiste à : « po te so atte tio d u e e tai e manière : délibérément, au moment présent, sans jugement de valeur su l e p ience

108 vécue » (Kabat-Zinn et Du Luart, 2012). Il s agit do d t e eill et o s ie t de e ue l o fait au moment présent.

Initialement développés pour les troubles liés au stress et aux douleurs chroniques (Mindfulness-Based Stress Reduction ou MBSR) ai si u à la prévention des rechutes dépressives (Mindfulness-Based Cognitive Therapy ou MBCT), les programmes de pleine conscience se sont ensuite étendus à divers troubles psychologiques et somatiques (troubles de personnalité, troubles alimentaires, cancer, cardiopathies, etc.) (Grossman, Niemann, Schmidt et Walach, 2004). La pleine conscience est également appliquée au trouble de déficit de l'attention hyperactivité (TDAH) chez les enfants et chez les les adultes (Mitchell, Zylowska et Kollins, 2015) ai si u à l h po ho d ie (Lovas et Barsky, 2010).

La pratique de la méditation de pleine conscience repose sur un entraînement des capacités attentionnelles. Deu fo es d atte tio so t solli it es : l atte tio fo alis e (attention focalisée de manière soutenue sur un objet) et u e aut e fo e d atte tio appelée « l o se atio ou e te », qui consiste à se focaliser mais de manière non réactive sur le

o te u de l e p ie e su l i sta t p se t (Lutz, Slagter, Dunne et Davidson, 2008).

Gard, Hölzel et Lazar (2014) ont réalisé une métaanalyse des effets de la méditation (différents types de pratique) sur la cognition des sujets âgés. Bien que les études incluses dans leur revue comportent des échantillons de faible taille, les résultats indiquent des effets positifs su l atte tio , les fo tio s e uti es, la oi e, la itesse de t aite e t et l effi ie e og iti e glo ale.

Pour Larouche, Hudon et Goulet (2014), les interventions basées sur la pleine conscience détiennent un fort potentiel protecteur vis-à-vis de la cascade biologique responsable de la MA. La pratique de la méditation aurait un effet bénéfique sur la structure hippocampique, en agissant sur les facteurs délétères tels que le stress, la dépression et le syndrome métabolique. L i pa t de la méditation sur les facteurs délétères serait médié par de multiples voies comme la gulatio des glu o o ti oïdes, de l i fla atio et du ta olis e de la sérotonine.

Bien que les métaanalyses pointent quelques faiblesses méthodologiques dans l évaluation des bénéfices des programmes (Bohlmeijer, Prenger, Taal et Cuijpers, 2010 ;

109 Chiesa, Calati et Serretti, 2011 ; Grossman, Niemann, Schmidt et Walach, 2004 ; Keng, Smoski et Robins, 2011), la pratique de la méditation de pleine conscience apparaît être bénéfique dans de nombreuses situations cliniques et non cliniques.

Ainsi, la méditation de pleine conscience apparaît être d u g a d i t t pou les sujets souff a t d u e plai te si ue. Elle pe et d u e pa t d a lio e les apa it s attentionnelles et de contrôle cognitif, et d aut e pa t de fa o ise u e attitude d a eptatio . Nous pouvons noter que Metternich et al. (2008) ont déjà introduit de la pleine conscience da s so p og a e et ue des e he hes so t e ou s su l effi a it d u p og a e de pleine conscience, dédié spécifiquement à la plainte subjective de mémoire (Smart, 2014).