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Chapitre 2 : Problématique

2.1 Persévérance aux études

2.1.2 Caractéristiques de préadmission et persévérance aux études

Des études se sont intéressées au lien entre les caractéristiques de préadmission (contexte familial, caractéristiques personnelles, expérience scolaire antérieure) et la persévérance aux études.

2.1.2.1. Contexte familial et persévérance aux études

Les études ayant porté sur l'influence du contexte familial sur la persévérance aux études ont mis en lien la situation socioéconomique et la persévérance aux études (Chen & Desjardins, 2008; Duru-Bellat, 2003; Kamanzi, Doray, Bonin, Groleau & Murdoch, 2010). Duru-Bellat (2003) montre que les inégalités scolaires en France sont influencées par l'origine sociale. Aux États-Unis, Chen (2008) révèle que pour la rentrée académique 1995-1996, 56% des étudiants issus de familles aisées ont atteint le niveau baccalauréat contre seulement 26% d'étudiants de familles modestes. Kamanzi et al. (2010) soulignent que la persévérance aux études au Canada est influencée par la classe sociale et l’appartenance ethnoculturelle. Par ailleurs, Kamanzi et al. (2010) ont montré qu'au Canada, les étudiants dont les pères occupent un poste de cadre supérieur ou de professionnel ont non seulement plus de chance d'accéder

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aux études universitaires (respectivement de 66% et 74% comparé aux postes techniques et para-professionnels) mais également persévèrent mieux que ceux dont les pères n'occupent pas ce poste. Résider en milieu rural réduit l'accès aux études universitaires de 46% (Kamanzi

& al., 2010). Aussi, 60% des femmes obtiennent-elles leur diplôme contre 52% des hommes.

Dans le contexte Sud-Africain, Van Zyl (2016) mentionne qu'à l'Université de Johannesburg, les étudiants issus de milieux défavorisés ou de familles modestes ont moins de chance de persévérer que ceux issus de familles relativement riches. Au Burkina Faso, Kobiané et Pilon (2013) notent que les étudiants dont le père est salarié (de la fonction publique en général) ont des chances moins grandes d’être promus (39% de chances en moins) à la fin de la première année comparativement aux étudiants dont le père est paysan. À l’opposé, ils courent un risque plus grand de redoubler (3% de chances en plus) et surtout d’abandonner (88% de chances en plus).

Murdoch et al. (2012) mentionnent que la participation aux études supérieures est liée aux acquis et héritages culturels, appréhendés à travers le capital culturel de la famille, le capital scolaire, le métier étudiant et les compétences acquises au collège ou au secondaire. Les travaux de Lohfink et Paulsen (2005), Pascarella, Wolniak, Pierson et Terenzini (2004), montrent qu'un niveau d'études collégiales ou postsecondaires acquis par les parents d'étudiants leur permet de transmettre des informations ou des connaissances pour assurer une transition du secondaire au supérieur. À l'opposée, les étudiants dont les parents n’ont jamais fréquenté un établissement postsecondaire collégial ou universitaire font face à des difficultés qui impactent négativement sur leur persévérance aux études. Des résultats de recherche montrent que le fait d’être issu d’une famille faiblement scolarisée constitue un obstacle à la persévérance aux études (Choy, 2001; Ishitani, 2003, 2006; Lohfink & Paulsen, 2005; Nuñez, Cuccaro-Alamin & Carroll, 1998).

Les résultats de recherche ne convergent pas toujours. Chen et Carroll (2005) ont montré qu'aux États-Unis, les différences entre les étudiants dont les parents ont un niveau d’études postsecondaires et ceux dont les parents n'ayant pas ce niveau, ne sont pas significatives concernant la persévérance aux études dans les programmes de formation de quatre ans. St. John, Kirshein et Noell (1991) ont montré à travers une analyse séquentielle de données longitudinales qu'aux États-Unis, l'effet de variables liées au contexte familial (revenu familial, éducation de la mère, race) sur la persévérance aux études de la première à la

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deuxième année, est médiatisé par le type de programme, les caractéristiques de l'université fréquentée et l'aide financière. De la deuxième à la troisième année, le revenu familial et l'éducation de la mère sont statistiquement significatifs à 1% dans tous les modèles (St. John

& al., 1991). Ces variables prédisent la persévérance aux études de la deuxième année à la

troisième année et non de la première année à la deuxième année. Il en est de même de l'expérience scolaire antérieure. Les facteurs qui prédisent la persévérance aux études de la première année à la deuxième année ne sont donc pas identiques à ceux de la deuxième à la troisième année. Concernant la persévérance aux études de la troisième année à la quatrième année, les résultats diffèrent des deux précédents: le revenu familial est significatif au seuil de 1% alors que l'éducation de la mère l'est à 5%. Ces résultats sont corroborés par Engstrom et Tinto (2008) qui montrent qu'il y a un écart de performance entre les étudiants dont les parents sont riches comparé à ceux dont les parents sont pauvres aux États-Unis et ces écarts sont en augmentation.

2.1.2.2 Caractéristiques personnelles et persévérance aux études

Les caractéristiques personnelles de l'étudiant ont une influence sur la persévérance aux études : St. John, Kirshstein et Noell (1991) ont montré malgré un contrôle avec les variables relatives à l'aide financière, à l’expérience scolaire antérieure, que le genre est significativement associé à la persévérance aux études. Kamanzi, Bastien, Doray et Magnan (2016) ont montré que le taux de diplomation est plus élevé chez les femmes (60%) que chez les hommes (52%) au Canada. Aussi, le taux de diplomation est-il plus élevé chez les étudiants âgés de 26 ans que chez les plus jeunes.

2.1.2.3 Expériences scolaires antérieures et persévérance aux études

La littérature scientifique montre que l’expérience scolaire antérieure des étudiants prédit la persévérance aux études (Birgit, Thierry, et Teboho, 2014; Engstrom et Tinto, 2008; Kamanzi et al., 2016; Kamanzi et al., 2010; Tinto, 1997). Engstrom et Tinto (2008) utilisant le terme « underprepared student » pour désigner les étudiants ayant de faibles performances antérieures, montrent que ces derniers persévèrent moins que ceux ayant des performances élevées ou ayant reçu une préparation pour aborder la formation universitaire : les seconds persévéraient dans 10% à 15% d'écarts comparativement aux premiers. Kamanzi et al. (2010) ont montré que chez les Canadiens âgés de 18 à 20 ans en 1999, l’obtention du diplôme de baccalauréat est liée à l’expérience scolaire antérieure (scores au secondaire, le temps

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consacré aux études et les interruptions, etc.). Les étudiants qui avaient des scores élevés au secondaire consacraient plus de temps aux devoirs et obtiennent leur diplôme au bout de quatre ans. Le taux de diplomation pour ce groupe est de 70 % lorsque la moyenne générale au secondaire se situe entre 90% et 100 %, alors qu’il est de 20 % chez ceux dont la moyenne générale est inférieure à 70 %. En rapport avec le temps consacré aux études, Kamanzi et al. (2010) montrent que pour les étudiants qui consacraient huit heures ou plus aux devoirs par semaine au secondaire, le taux de diplomation est de 63% tandis qu'il est de 28 % chez ceux qui y consacraient moins de huit heures par semaine. L'année d’entrée aux études est la plus importante des variables qui prédisent la persévérance aux études mesurée par l'obtention de diplôme. Le taux de diplomation varie de 61% à 63% chez les étudiants qui ont commencé des études universitaires entre 1997 et 2000, alors qu’il est de 37 % chez ceux qui ont commencé après l’année 2000 (Kamanzi et al., 2016).

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