éthylhexyloxycarbonyl)éthyle]
La surface stabilisée par un « bras » PA2EH est :
3.2.4 Caractérisation par AFM des films issus des dispersions
3.2.4 Caractérisation par AFM des films issus des dispersions
Lorsque deux blocs d’un copolymère sont de natures chimiques différentes, ils sont susceptibles d’induire une séparation de phase à l’échelle nanoscopique sur un film. Ce phénomène est décrit dans la littérature par Leibler137 qui a proposé une théorie prévoyant son apparition, pour des blocs à incompatibilité marquée. Il en ressort, de manière générale, que la séparation de phase intervient lorsque le produit N est supérieur ou égal à 10,5, et ce pour des fractions volumiques similaires en chacun des deux blocs (fv = 0.5)137. N représente le degré de polymérisation moyen en nombre, DPn, du copolymère et le paramètre d’interaction de Flory, qui rend compte du degré d’incompatibilité des deux blocs. Les valeurs croissantes de marquent un caractère incompatible croissant. Lorsque les fractions volumiques deviennent inégales, le produit N critique augmente (Figure 72).
Figure 72 Représentation schématique du diagramme de phases pour des copolymères à blocs, selon la théorie de Leibler137.
Nous cherchons à savoir si les films formés par nos copolymères sont concernés par ce phénomène. Ruzette et al.138 ont déterminé la valeur du pour des copolymères de type poly(acrylate de butyle) b poly(méthacrylate de méthyle) : PABu PMMA = 0,03 à 180°C et PABu PMMA = 0,047 à température ambiante. Le PA2EH PAMe n’étant pas connu, nous prenons la valeur de 0,03. Il ne s’agit certes pas de la valeur exacte pour nos copolymères, mais les natures chimiques sont très proches, et la valeur de 0,03 marque une incompatibilité faible entre les deux espèces ; cette valeur n’est donc a priori pas surestimée, et utilise donc le modèle de prédiction avec les conditions les moins 0 5 10 15 20 25 30 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 N fv séparation de phase Nc pour fv = 0.5
favorables pour une séparation de phase. Par ailleurs, le modèle étant valable pour des diblocs et nos copolymères étant des triblocs PA2EHxb PAMeyb PA2EHx, les calculs sont effectués pour les diblocs équivalents139, à savoir sur des diblocs PA2EHx/2b PAMey/2 virtuels. Les calculs relatifs aux différents triblocs synthétisés sont rassemblés dans le tableau 6.
Tableau 35 Données et calculs concernant la prévision de séparation de phase pour les copolymères triblocs de type PA2EH b PAMe b PA2EH réalisés à partir de PA2EH TTC de DPn variables, par polymérisation de l’AMe en dispersion dans l’isododécane à 80°C.
exp DPnPA2EH TTC DPnPAMe fva Nb Séparation de phase attendue? LH208 43 448 0,79 7 non LH210 71 443 0,69 8 non LH152 102 389 0,58 7 non LH234* 309 456 0,35 23 oui a: fraction volumique occupée par le bloc PAMe dans une chaîne de copolymère ; calculée partir des DPn et en utilisant les densités des polymères : dPA2EH = 0,903 et dPAMe = 1,16. b : N = 0,03 x (DPn PA2EH TTC + DPn PAMe)/2
Au regard de ces calculs, il apparaît que le PA2EH155b PAMe456b PA2EH155 (LH234) est susceptible de donner lieu à une séparation de phase. Afin de la mettre en évidence, le copolymère a été analysé par microscopie à force atomique. Trois modes de préparation des échantillons ont été utilisés afin d’évaluer l’influence de la nature du solvant et de sa vitesse d’évaporation sur la nanostructuration du film. Deux des dépôts ont été réalisés à partir de la dispersion brute diluée dans l’isododécane, l’un a été séché à température ambiante (Figure 73 1), et l’autre à 85°C immédiatement après le dépôt (Figure 73 2). Le troisième a été réalisé à partir d’une solution du copolymère dans le CH2Cl2, bon solvant des deux blocs et très volatil, et séché à température ambiante (Figure 73 3). Les clichés montrent dans les trois cas qu’une séparation de phase nanoscopique existe, comme l’annonçaient les calculs. Pour les deux dépôts réalisés à partir de la dispersion dans l’isododécane, les phases s’organisent de la même manière quelle que soit la vitesse d’évaporation du solvant : on observe des particules sphériques de même taille dispersées dans une matrice continue. Les parties claires correspondent vraisemblablement au PAMe et la matrice sombre au PA2EH. Il est à noter qu’il pourrait également s’agir de cylindres orientés de manière perpendiculaire par rapport à la section observée ; cependant, cette hypothèse demeure
* Cette expérience est présentée dans les tableaux rassemblant les polymérisations présentées dans le
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peu probable dans la mesure où aucun défaut n’apparaît dans cette organisation (aucun cylindre allongé). Pour ce qui est du dépôt réalisé à partir du dichlorométhane CH2Cl2, on observe une organisation en « empruntes » (Figure 73 3). Mais cette différence d’organisation révèle que les dépôts 1 et 2 ne sont pas à l’équilibre thermodynamique, alors que le 3 a une grande probabilité de l’être.
1 solvant : isododécane ; séchage : Tamb. 2 solvant : isododécane ; séchage : 85°C 3 solvant : CH2Cl2 ; séchage : Tamb
Figure 73 Clichés de microscopie à force atomique de films du copolymère PA2EH155b PAMe456b PA2EH155, réalisés à partir de solutions dans l’isododécane (a et b) ou dans le CH2CL2 (c), séchées à température ambiante (a et c) ou à 85°C (b). En conclucion, l’utilisation d’un PA2EH fonctionnalisé TTC à une concentration adaptée, permet le contrôle de la polymérisation de l’acrylate de méthyle en dispersion dans l’isododécane. Les dispersions obtenues sont stables et monodisperses, et les particules sont constituées de copolymères triblocs parfaitement définis (en masse molaire et en composition chimique). Il a par ailleurs été montré concernant ces systèmes, qu’une diminution de la longueur du PA2EH mène à une augmentation de la taille des particules. Enfin, selon les longueurs de blocs, certains des produits donnent lieu à des films avec séparations de phase. L’objectif de contrôle initialement visé est donc atteint, cependant la réussite de ce système pose encore davantage de questions quant aux résultats obtenus en présence du PA2EH DTB. Une comparaison des deux systèmes apparaît alors intéressante.
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3.3 Comparaison des deux systèmes : proposition d’un mécanisme
3.3.1 Introduction
De manière générale, les deux paragraphes développés dans ce chapitre mettent en évidence deux comportements très différents, pour deux systèmes pourtant relativement semblables : ils mettent tous deux en jeu la polymérisation de l’acrylate de méthyle en dispersion dans l’isododécane, en présence d’un poly(acrylate de 2 éthylhexyle) fonctionnalisé thiocarbonylthio. L’un est fonctionnalisé dithiobenzoate en extrémité de chaîne (PA2EH DTB), alors que le second est porteur d’un groupement trithiocarbonate en milieu de chaîne (PA2EH TTC). Les polymérisations en dispersion menées en présence du PA2EH DTB révèlent un effet retard marqué sur la cinétique, une consommation incomplète du macro(agent RAFT) et un caractère non contrôlé de la polymérisation. L’utilisation du PA2EH TTC mène en revanche à des systèmes contrôlés (copolymères triblocs bien définis), dans lesquels le macro(agent RAFT) est totalement consommé, et des conversions supérieures à 90% sont atteintes en moins de 3h. Deux paramètres « évidents » diffèrent d’un système à l’autre, et pourraient donc être responsables de ces deux comportements si dissemblables : la nature chimique de la fonction thiocarbonylthio d’une part, et la longueur des « bras stabilisants PA2EH» d’autre part. Pour ce qui est de la nature chimique de la fonction thiocarbonylthio, compte tenu des valeurs de constantes de transfert d’un DTB face à un TTC14, on attendrait plutôt une meilleure qualité de contrôle pour le système DTB que pour le système TTC. De plus, les espèces moléculaires DTB et TTC utilisées en masse pour l’homopolymérisation de l’A2EH (chapitre 2) se révèlent aussi efficaces l’une que l’autre. Enfin, les extensions de chaîne du PA2EH DTB par l’A2EH menées en masse ou en solution dans l’isododécane sont efficaces : le macro(agent RAFT) est totalement (ou quasi totalement) consommé. Ces trois éléments montrent que la réactivité intrinsèque de la fonction DTB n’est pas responsable des problèmes rencontrés en dispersion.Pour ce qui est de la longueur des « bras PA2EH », il est vrai que les systèmes PA2EH102TTC et PA2EH114DTB ne sont pas rigoureusement comparables ; le PA2EH102 TTC croît de part et d’autre de la fonction trithiocarbonate située en milieu de chaîne et donne donc lieu à des copolymères triblocs. Le PA2EH114DTB croît en extrémité de chaîne, et donne donc lieu à des copolymères diblocs. Ainsi, dans le cas du PA2EH102TTC, les « bras » stabilisants ont un degré de polymérisation moyen en nombre, DPn, de 51, contre 114 pour le PA2EH114DTB. Cette distinction peut elle être à l’origine des différences observées en termes de contrôle macromoléculaire entre les deux