II.3. Résultats complémentaires
II.4.2. Caractérisation des neurones HGE dans le MBH
8% des neurones du MBH enregistrés en imagerie calcique sont des neurones HGE
présentant une augmentation de leur activité calcique en réponse à l’augmentation de la
concentration de glucose de 2,5 à 10 mM. L’existence et le pourcentage que nous observons
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de neurones HGE dans le MBH sont en accord avec les résultats obtenus par notre équipe en
électrophysiologie (Fioramonti et al., 2004).
II.4.2.1. Détection directe du glucose
Les neurones GS peuvent détecter directement ou indirectement l’augmentation de la
concentration de glucose (Song et al., 2001). Qu’en est-il pour les neurones HGE ? La TTX
(bloqueur la transmission synaptique) inhibe la réponse au glucose des neurones HGE et GE
du NA suggérant qu’ils détectent directement l’augmentation de la concentration de glucose
(Fioramonti et al., 2004). Néanmoins, la TTX ne bloque pas la transmission d’informations
entre les cellules gliales et les neurones. Notre équipe et d’autres ont montré que des
astrocytes et les tanycytes du NA sont activés lors d’une augmentation de la concentration
cérébrale en glucose (Frayling et al., 2011; Guillod-Maximin et al., 2004; Orellana et al.,
2012). De plus, GLUT2, qui serait le transporteur de glucose clef de la détection d’une forte
augmentation de la concentration en glucose, est principalement exprimé au niveau glial et
neuronal dans l’hypothalamus (Arluison et al., 2004a, 2004b; Orellana et al., 2012). Ainsi, un
couplage fonctionnel cellule gliale / neurone pourrait rendre compte de l’excitation des
neurones HGE en réponse à l’augmentation de la concentration de glucose. Nous montrons
pour la première fois, sur culture de neurones isolés où les connexions entre cellules sont
absentes, que les neurones HGE détectent directement les variations de la concentration en
glucose. Des résultats similaires ont déjà été obtenus pour les neurones GE/GI du VMN
(Le Foll et al., 2009b; Kang et al., 2004). Ces données sont en accord avec la littérature qui
présente le MBH comme capable de détecter directement les paramètres métaboliques
circulants (voir pour revue (Morton et al., 2014)).
II.4.2.2. Nature et rôles physiologiques des neurones HGE
Dans notre étude, l’altération métabolique, pharmacologique ou génétique de la
réponse au glucose des neurones HGE est corrélée à l’altération de la sécrétion d’insuline et
de la prise alimentaire en réponse à l’hyperglycémie cérébrale (Carneiro et al., 2012). Ces
résultats permettent d’attribuer, pour la première fois, un rôle physiologique aux neurones
HGE dans ces deux réponses.
L’identification de la nature des neurones HGE permettrait de confirmer ces rôles
physiologiques et de déterminer s’ils contrôleraient d’autres fonctions comme par exemple la
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production hépatique de glucose (Lam et al., 2005). Comme évoqué précédemment, la
sensibilité au glucose de neurones POMC reste controversée. En utilisant les mêmes souris
que celles utilisées dans les études d’Ibrahim et coll. et Claret et coll. (Claret et al., 2007;
Ibrahim et al., 2003), pour qui les neurones POMC sont GS, nous démontrons, par imagerie
calcique qu’aucun neurone isolé POMC n’est GS. Ce résultat conforte les données
précédentes obtenues ex vivo et in vivo par notre équipe montrant que les neurones POMC ne
répondent pas au glucose (Fioramonti et al., 2007). De plus, les neurones POMC n’expriment
pas le canal TRPC3 (Qiu et al., 2010) alors que nous montrons qu’il est impliqué dans la
réponse au glucose des neurones HGE. Par ailleurs, l’implication des neurones POMC dans la
sécrétion nerveuse d’insuline n’avait jamais été explorée. En collaboration avec Z. Andrews
(Université Monash, Australie), des données non publiées montrent que l’invalidation
génétique de la carnitine acyltransférase (CRAT) dans les neurones POMC (souris
CRAT
POMCKO) qui bloque leur sensibilité au glucose, n’a aucun effet sur la sécrétion
nerveuse d’insuline mais abolit l’effet anorexigène du glucose en réponse à l’hyperglycémie
cérébrale. Ainsi, l’ensemble de ces données nous permettent de montrer de manière non
équivoque que les neurones POMC ne participeraient pas à la sécrétion nerveuse d’insuline,
ce qui ne coïncide pas avec le rôle physiologique des neurones HGE. L’ensemble de ces
résultats suggèrent donc que les neurones HGE ne sont pas des neurones POMC.
Les neurones HGE du MBH pourraient rendre compte des effets anorexigènes de
l’hyperglycémie via la libération d’autres neuropeptides que l’α-MSH. La neuromédine U, la
nesfastine-1 et la kisspeptine sont d’autres neuropeptides anorexigènes synthétisés par des
neurones du NA (Pałasz et al., 2012; Stengel et al., 2011; Wren et al., 2002). De plus, aucune
donnée n’a suggéré un lien entre leur expression et des variations de la concentration en
glucose ou qu’ils soient GS dans le NA. Toutefois, les neurones à nesfastin-1 du PVN sont
des neurones gluco-sensibles de type GE (Gantulga et al., 2012). Par ailleurs, l’expression des
canaux TRPC impliqués dans la réponse au glucose de neurones HGE n’a pas encore été
recherchée dans ces 3 populations neuronales à l’exception des neurones à kisspeptine qui
expriment le canal TRPC4 (Qiu et al., 2011). Ainsi, nous pouvons imaginer que les neurones
HGE du NA soient une de ces trois populations neuronales.
Par ailleurs, nous ne pouvons pas exclure que les neurones HGE expriment un
neurotransmetteur non peptidergique tel que le GABA ou le glutamate. Dans ce cas, les
neurones sensibles au glucose pourraient jouer le rôle « d’interneurone » modulant l’activité
et la libération de neuropeptides capables de réguler la prise alimentaire et/ou l’activité du
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GABAergiques dans le NA qui se placent en amont des neurones NPY et POMC conforte
cette hypothèse (Liu et al., 2012; Vong et al., 2011; Yang et al., 2011). Ainsi, nous proposons
que les neurones HGE soient des neurones GABA qui inhibent les neurones NPY ou bien des
neurones glutaminergiques qui activent les neurones POMC, aboutissant à la diminution de la
prise alimentaire. Pour démontrer cette hypothèse, il serait intéressant de déterminer, par
électrophysiologie, si la fréquence de courants pré-synaptiques excitateurs ou inhibiteurs est
modifiée sur les neurones POMC ou NPY en réponse à l’augmentation de la concentration de
glucose.
Nous sommes actuellement en train de mettre au point la PCR sur cellule unique post
imagerie calcique pour déterminer le/les neuromédiateurs exprimés dans les neurones HGE
(nesfastine-1, neuromedine-U, kisspeptine, GABA, glutamate…). Les neurones HGE et non
gluco-sensibles ont déjà été prélevés à l’aide d’une micropipette et l’expression des
neuromédiateurs dans les neurones HGE et non-gluco-sensibles sera comparée pour
déterminer si ce neuromodulateur peut-être un marqueur des neurones HGE.
Dans le document
Un nouvel acteur dans la détection hypothalamique du glucose : les canaux Transient Receptor Potential Canonical (TRPC)
(Page 126-129)