2.3 Phase SrCrO 3
4.0.2.2 Caractérisation électrique
Les mesures de résistance électrique (Figure 4.0.19) montrent un comportement isolant
des quatre phases :SrCrO
3(échantillon Sr113-HP), une phase substituée Ti (Sr(Cr
0.9T i
0.1)O
3)
et deux phases substituées V (Sr(Cr
0.9V
0.1)O
3etSr(Cr
0.8V
0.2)O
3) sur toute la gamme de
température 4-300K. Concernant les phases Sr(Cr
1−xV
x)O
3, on remarque que même si
les deux phases x(V)=0.1 et x(V)=0.2 sont plus isolantes que la phase pure SrCrO
3, le
comportement isolant de la phase x=0.2 semble moins prononcé que celui de la phase
x(V)=0.1. C’est pour cette raison qu’une synthèse x(V)=0.3 a été tentée pour
confir-mer ou non cette affaiblissement du régime isolant des phases de la sérieSr(Cr
1−xV
x)O
3,
mais non mesurée car multiphasique. La phase SrCr
0.9T i
0.1O
3étant plus isolante que la
phase pure Sr113 et connaissant le comportement fortement isolant de la phase SrT iO
3,
l’échantillon SrCr
0.8T i
0.2O
3n’a pas été mesuré en résistance électrique.
Figure 4.0.18 – Evolution des paramètres de maille des phases SrCr
1−xT i
xO
3en
fonc-tion du taux de substitufonc-tion.
4.0.3 Conclusion
Les substitutions par du titane ou du vanadium en site de chrome n’ont jamais
per-mis d’atteindre un régime métallique ou même d’affaiblir le caractère isolant des phases
Sr
3Cr
2O
7et SrCrO
3à basse température. Ces substitutions sont à réaliser sur la phase
Sr
2CrO
4. Par ailleurs, on peut observer un effet sur les propriétés magnétiques, l’ordre
AFM semble affecté pour les substitutions inférieures à 30%. A l’avenir, des substitutions
par des éléments alcalins comme le potassium en site de strontium sont à envisager mais
ces synthèses sont relativement plus compliquées à réaliser.
Synthèse et études sous pression du
composé CrSb
2
5.1 Introduction
En Juin 2014, l’équipe de Wu et al.[71] découvre (confirmé en juillet par Kotegawa H.
et al.[72]) que le composé CrAs est supraconducteur sous pression :T
c−max=2.2K à P=0.9
GPa. C’est la première fois qu’on observe la supraconductivité dans un composé à base de
chrome. De structure orthorhombique 3D de type MnP, la phase CrAs est
antiferromagné-Figure 5.1.1 – (a) Structure magnétique à double hélices de CrAs[73] (b) Diagramme de
phase P-T de CrAs[72]
tique à T
N´eel=265K. Des mesures de diffraction de neutrons[73] mettent en évidence une
structure magnétique à double hélices se propageant suivant l’axe orthorhombique c
(Fi-gure 5.1.1a) avec un moment porté par le Cr de 1.7µ
bessentiellement dans le planab. Les
travaux de Shen et al.[74] montrent que CrAs admet une réorientation de spin du plan ab
vers le planacavec une chute abrupte du vecteur de propagation magnétique à la pression
critique de P
c=0.6 GPa (Figure 5.1.2a). Cette transition coïncide avec l’émergence de la
Figure 5.1.2 – (a) Dépendance en pression et température du vecteur de propagation
ma-gnétique (b) Diagramme de phase structural et mama-gnétique de CrAs[74]
supraconductivité (Figure 5.1.2b), une preuve directe de la connection entre magnétisme
et supraconductivité. En augmentant la pression, l’ordre magnétique disparait totalement
à une température proche de la T
C(P=0.94GPa). De plus, les auteurs montrent que les
moments magnétiques du Cr entre proches voisins tendent à s’aligner antiparallèlement
en augmentant la pression vers la pression optimale du régime supraconducteur,
suggè-rant que les fluctuations AFM sont cruciales quant à l’apparition de la supraconductivité.
Dans ce contexte, nous avons cherché d’autres composés AFM à base de chrome avec
une T
N´eelrelativement haute et de moment magnétique modéré. Nous avons choisi de
travailler sur le composé CrSb
2. Le diagramme de phase de Cr-Sb[75] montre deux
com-posés définis : CrSb (de type NiAs) et CrSb
2(de type marcasite). Dans la phase CrSb
2de type marcasite (orthorhombique, P nnm) les atomes de Cr
4+sont en environnement
octaédrique distordu, entourés de six atomes d’antimoine (Figure 5.1.3a). Cette phase
Figure 5.1.3 – (a) Structure cristallographique de type marcasite (P nnm) et (b) de type
CuAl
2(I4/mcm)[76]
appartient à la catégorie des marcasites dites « ordinaires » (ratio c/a ∼ 0.53−0.57 et
c/b ∼0.48), différenciées des marcasites dites « irrégulières » (ratio c/a ∼0.73−0.75 et
vue cristallographique (groupe d’espaceP nnm) mais, comme pour CrAs, elle possède une
structure de bande quasi-2D, calculée par Kuhn et al.[77] et par nos calculs de DFT[78, 79]
(Figure 5.1.4). Beaucoup d’études ont été réalisées sur un composé de structure similaire
F eSb
2[80, 76, 81, 82, 77, 43] mais très peu sur CrSb
2. Ces deux composés sont connus
Figure 5.1.4 – Structure de bande quasi-2D de CrSb
2(de type marcasite) calculée par
DFT (Wien2k[83])
pour être des semiconducteurs à faible gap à conditions ambiantes (E
g≈0.1 eV). La
phase CrSb
2s’ordonne magnétiquement[84, 85] à T
N´eel=273K (de moment magnétique
∼1.9µ
b[84, 85]) avec une structure magnétique doublée selon les axes b et c par rapport
à la maille nucléaire (Figure 5.1.5), au contraire de F eSb
2non magnétique à basse
tem-pérature. Concernant F eSb
2, des calculs ab initio prédisent une transition de la phase
marcasite vers une phase tétragonale de type CuAl
2(Figure 5.1.3b) à P=38 GPa[76]
accompagnée d’une transition métal-isolant. Même si cette transition métal-isolant a été
obtenue par des substitutions chimiques[86, 87, 88, 89, 90] elle a été observée
expérimen-talement pour la première fois dans le composé pur par Mani et al.[80] à P=8.8 GPa par
des mesures de transport sous pression. Aucune transition vers une phase tétragonale (de
Figure 5.1.5 – Structure nucléaire et magnétique de CrSb
2(type marcasite)[85]. Les
sphères rouges/vertes repésentent les atomes de Cr et les bleues les
atomes de Sb (présents que pour les trois mailles unitaires de droite)
et les flèches les spins. Constantes d’échange J
c≈36meV, J
a≈
ment, une étude de DRX et de Raman sous pression[81] semble apercevoir la présence de
la phase tétragonale dès P=14.3 GPa au sein d’un échantillon nanostructuré (synthèse
ball-milling).
Pour revenir à la phaseCrSb
2, le caractère 1D de la structure magnétique a été
démon-tré par Stone et al.[85] par une expérience de diffusion inélastique de neutrons. Les fortes
intéractions magnétiques quasi-1D (chaînes AFM parallèles à l’axe c) sont inattendues
pour un semi-conducteur intermetallique (Figure 5.1.5). Cette structure magnétique a été
confirmée par les calculs (GCA[77] et LSDA[85]), et prédisent, comme pour F eSb
2, une
transition vers une phase de type CuAl
2métallique[77]. Finalement, Takizawa et al.[92]
ont réussi à synthétiser sous haute pression et haute température une phase tétragonale
CrSb
2(de type CuAl
2). Cette phase, prédite par les calculs, se forme dès P=5.5 GPa et
T= 700°C, est métallique et ferromagnétique à la température de Curie de 160K. Nous
avons donc entrepris des études de transport et de DRX sous pression sur la phase CrSb
2ce qui, contrairement à F eSb
2[80], n’avait pas encore été réalisé jusqu’à présent.
Dans le document
Synthèse et propriétés physiques sous haute pression de composés à base de Cr4+
(Page 174-181)