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Le dimorphisme sexuel chez les espèces du genre Lygus est peu important et peu intégré dans les clés d’identification car il concerne la couleur et quelques rares données morphométriques, caractères sujets à une variabilité individuelle et saisonnière très forte qui en définitive masque les différences entre sexes. Sauf mention contraire les caractères décrits ci-dessous concernent de manière identique les deux sexes.

1. Ponctuation des hémélytres (Figure 28) : corie avec une ponctuation uniforme et dense, sans espaces brillants non ponctués, versus partie distale de la corie avec une ponctuation moins dense et plus irrégulière que la partie basale, avec parfois des espaces lisses et brillants non ponctués. Ce critère est basal dans toutes les clés consultées et permet de séparer L. rugulipennis/L. pratensis/L. wagneri des

Clé L. gemellatus L. italicus L.maritimus L. pratensis L. punctatus L. rugulipennis L. wagneri

Wagner (1952) X X X X X

Stichel (1956) X X X X X X X

Southwood & Leston (1959) X X X X X

Wagner & Weber (1964) X X X X X X X

Wagner (1971) X X X X X X X

Vinokurov (1979) X X X X

Vinokurov et al. (1988) X X X X

Schwarz & Foottit (1998) X X X X X X X

Zheng et al. (2004) X X X X X

Aglyamzyanov (2006, 2009) X X X X X X X

Rinalta & Rinne (2011) X X X X X

Skipper (2013) X X X X X

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autres espèces. Son appréciation est parfois délicate et dépend beaucoup de l’éclairage, de l’orientation de l’insecte etc.

Figure 28 : Ponctuation hémélytrale régulière et forte chez les 2 premières et plus faiblement marquée sur les deux autres, avec des plages sans ponctuation chez L. gemellatus.

2. Différence de ponctuation entre le pronotum et les cories (Figure 29). Wagner (1971) introduit une différence entre le thorax et hémélytre qui sépare L. rugulipennis des autres espèces : ponctuation des hémélytres serrée sans espace libre, plus espacée sur le pronotum versus ponctuation identique sur le pronotum et les hémélytres. Le souci est que plusieurs espèces sont intermédiaires mais aussi que les populations hivernantes ont tendance à être plus distinctement ponctuées que les populations estivales (Schwartz et Foottit, 1998).

Figure 29 : Ponctuation des pronotums des 7 espèces étudiées du genre Lygus.

3. Longueur et densité de la pilosité (vestiture) (Figure 30) : longue et dense particulièrement visible sur l’hémélytre chez L. rugulipennis qui a de ce fait un aspect mat versus plus fine et plus courte chez les autres espèces qui ont un aspect plus brillant. Schwartz et Foottit (1988) sont plus précis dans leur description de la pilosité dorsale et distinguent trois classes : 1. courte et éparse (les soies adjacentes ne se touchent pas) ; 2. modérément longue et distribuée (les soies adjacentes se touchent mais se chevauchent peu ; 3. longue et dense (les soies adjacentes se chevauchent largement). La difficulté vient de cette seconde catégorie. Si certains

spécimens sont

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clairement assignés à L. rugulipennis d’autres sont difficiles à assigner à une espèce ou à une autre. Des individus de L. pratensis notamment peuvent avoir une pilosité aussi longue et dense que certains L.

rugulipennis. Ceci étant, c’est un caractère souvent pertinent et systématiquement utilisé pour distinguer L. rugulipennis des autres espèces.

4. Eunomie du scutellum (Figure 31). Le terme eunomie est défini pour la première fois par Wagner (1950) puis largement utilisé par Péricart (1990). Je l’utilise ici pour le dessin qui orne la face dorsale du scutellum et qui varie de l’absence totale à un W plus ou moins foncé pouvant occuper quasiment toute la surface du scutellum. Wagner (1964) a dessiné les eunomies des 7 espèces qui nous intéressent (Figure 31). Ce caractère est utilisé par tous les auteurs. Aglyamzyanov (2006) complique encore la situation en plaçant des formes à scutellum tachées d’un W dans l’espèce L.

gemellatus (L. gemellatus forme adspersus voir ma

discussion paragraphe 5 à propos de la synonymie L.

gemellatus = L. adspersus). Ces spécimens auraient été identifiés comme L. punctatus ou L. wagneri

avec les clés de Wagner notamment.

5. La présence ou non d’une tache noire à l’apex du cunéus (Figure 32). Absent chez L. wagneri, présent chez L. pratensis. À noter que Westwood et Leston (1959) utilisent ce critère pour séparer L.

rugulipennis (occasionnellement noir à l’apex) versus presque toujours noir chez les autres espèces (maritimus, pratensis,

Figure 31 : Représentation des différentes eunomies du scutellum chez les espèces de Lygus, à droite, les dessins extraits de Wagner et Weber (1964).

Figure 32 : Illustration de la présence ou absence de tache à l'apex du cuneus en fonction des espèces.

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punctatus et wagneri) en contradiction avec Wagner et Weber (1964) qui notent l’absence de cette tache

noire chez L. wagneri.

6. Coloration générale (Figure 33). La couleur foncière du dessus : rouge brunâtre, grisâtre à noirâtre chez L. punctatus versus gris verdâtre, jaunâtre ou jaune clair souvent avec des dessins rouges chez gemellatus/maritimus/italicus. Southwood et Leston (1959) utilisent aussi beaucoup la coloration

dans leur clé

d’identification avec des descriptions beaucoup plus précises notamment en précisant la disposition des taches sur le pronotum et les élytres. Aglyamzyanov (2006) souligne que la couleur et notamment la répartition des taches sombres (sur la tête, le scutellum, les hémélytres etc.) est importante pour l’identification mais sujette à d’importantes variations individuelles qui rend son utilisation difficile. Il préconise de réaliser systématiquement les identifications sur des séries de spécimens. Le souci est que dans une localité donnée on rencontre très souvent plusieurs espèces en mélange ! Dans le projet IMPULsE, la présence sur une même parcelle de L. rugulipennis et de L. pratensis par exemple a été constatée assez fréquemment (deux espèces assez différentes pour qu’on n’ait pas de doutes). Compte tenu de la variabilité intra-spécifique mais aussi saisonnière, les critères de coloration sont peu fiables mais permettent de faire des groupes de spécimens !

7. Coloration de la partie apicale de l’article II des antennes : largement noire chez L. gemellatus,

versus claire ou étroitement noire chez L. maritimus et L. italicus

8. Tache noire au sommet du tylus (Figure 34) : chez L. italicus versus tylus clair ou seulement légèrement rembruni chez L. maritimus/L.

gemellatus.

Figure 34 : critère de la tache noire sur le tylus des espèces L. italicus, L. maritimus et L. gemellatus. Figure 33 : Représentation de la variation de coloration chez L. punctatus, L. italicus, L.

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7-2 Genitalia des mâles

Figure 35 : pygophore mâle.

1. Les paramères (Figures 35, 36 et 37) sont illustrés par Wagner et Weber (1964). La planche montre que les paramères gauches (Figure 36) sont très semblables entre les espèces et en définitive non utilisables pour l’identification.

Figure 36 : illustrations de quelques paramères

gauches pour une

comparaison avec la clé existante en haut à gauche de Wagner et Weber (1964).

2. Les paramères droits (Figure 37) sont de la même façon très semblables d’une espèce à l’autre et n’apportent pas d’élément diagnostique.

Concernant les deux paramères (Figure 35), plusieurs auteurs ont déjà constaté qu’ils n’étaient d’aucune utilité pour différencier les espèces européennes (Cobben, 1958 ; Schwartz et Foottit, 1998 ; Aglyamzyanov, 2006). Leston (1952) doute de plusieurs espèces européennes notamment parce que leurs paramères sont identiques. Ils sont par contre très homogènes et caractérisent bien le genre Lygus au sens restreint que j’ai adopté (voir paragraphe 6).

3. Le pénis (Figure 38) comprend deux lobes munis d’éléments qui ont des formes complexes difficiles à utiliser pour séparer les espèces entre elles. En revanche, le spicule qui est présent chez toutes les espèces et grandement variable a été abondamment utilisé soit dans les clés, soit en complément des clés par tous les auteurs que nous avons consultés. Wagner (1952) utilise la taille du spicule pour séparer

Figure 37 : illustration de paramères droits sur 6 espèces françaises.

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L. gemellatus de L. pratensis. Pour une fois la

différence semble être suffisamment importante pour pouvoir envisager son utilisation. Bien que la taille, la forme et la présence ou non de spinules à l’apex du spicule paraissent avoir un intérêt pour séparer les espèces (Figure 39), Cobben (1958) puis Aglyamzyanov (2006) signalent une certaine variabilité intra-spécifique notamment chez L. maritimus.

Figure 39 : Différence de longueur et variabilité des spicules en fonction des individus et en fonction des différentes espèces de Lygus.