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2. TRAUMATISME DES CAMPS DE CONCENTRATION : TRAUMATISME EXTREME, REPRESENTABILITE ET FIGURABILITE

2.1. Les camps de concentration nazis envisagés comme des situations

« extrêmes »

Le contexte des conditions de vie concentrationnaires, dépeint dans la partie précédente, a été décrit par de nombreux auteurs, dans des champs variés autour de la psychiatrie, et de la psychanalyse, sous diverses appellations qui sous-tendent autant de conceptions qui présentent toutes leurs intérêts et leurs limites nécessaires.

432 Comme je l’ai annoncé dans l’introduction de cette thèse.

On retrouve par exemple souvent dans des articles de référence anglo-saxons l’adjectif

« massive »433. Jaffe (1968, p. 312) et Krystal (1968, p. 327-384) qualifient ainsi ce traumatisme dont les origines sont des « actes d’agression massifs » chez Laub et Auerhahn (1993, p. 301) par exemple434. Du côté de la psychanalyse française, citons Zaltzman (1998, p. 138) qui reprend l’expression de Blanchot « expérience-limite »435, pour décrire un vécu psychique lié à « une situation expérimentale d’urgence à laquelle un être humain se trouve rivé, qu’il ne peut surmonter sans dommage mortel, qu’il ne peut pas ne pas affronter », où il existe une mainmise sur la vie mentale et physique de l’être humain, qui l’exproprie d’un

« droit impersonnel à la vie », le prive de ses défenses, et l’expose à une possibilité constante de mort, et dont il n’a pas les moyens de se dégager ou le pouvoir de la modifier. Ce vécu peut tenir pour elle à un réel physique naturel extrême (par exemple le milieu de vie des Esquimaux), mais aussi naître d’un environnement politique et social, dans un totalitarisme destructeur, dont l’exemple extrême est celui du camp de concentration et d’extermination.

Ce dernier qualificatif d’« extrême » est utilisé, différemment, en psychanalyse, par d’autres auteurs dans des contextes théorico-cliniques différents. Il me semble pertinent d’utiliser l’expression « situation extrême » pour parler du contexte réel, de l’ordre de l’irreprésentable dans lequel se trouve le déporté dans un camp de concentration.

Un rapide survol sémiologique, et étymologique436 pose une base de compréhension de ce choix avec les jalons suivants :

« Extrême » vient du latin extremus, superlatif de exter (extérieur) qui signifie : « le plus à l’extérieur », « le dernier », « le pire ».

Le mot est polysémique et peut signifier en français : « qui est tout au bout », d’un espace ou d’une durée ; « qui est au plus haut degré », d’importance par exemple, « qui excède la mesure ordinaire », « qui est au-delà des autres, au point de comporter des risques, du danger », « qui est éloigné de la modération », « limite ultime des choses », « au plus haut point ».

Ce mot peut donc indiquer à la fois ce qui est tout proche d’une limite, et ce qui en est déjà au-delà, qui la dépasse. Les notions de temps, d’espace en tant que pouvant être ces limites, dépassables, sont mentionnées. L’idée de danger, de quelque chose de négatif est également

433 « massif ».

434 Noté par Waintrater in Waintrater, R. (2003). Sortir du génocide. Témoigner pour réapprendre à vivre. Paris, France : Editions Payot et Rivages.

435 In Blanchot, M. (1969). L’entretien infini. Paris, France : Gallimard.

436 Etabli d’après le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales du C.N.R.S. : http://www.cnrtl.fr/definition/extrême et http://www.cnrtl.fr/etymologie/extreme.

présente avec aussi le caractère exceptionnel, non ordinaire, inhabituel, de cette position. La dimension de la temporalité, du dépassement des limites communes, du danger de l’« extrême » cadrent particulièrement bien avec l’idée que l’on peut se faire de la situation concentrationnaire (mais pas uniquement celle-ci) comme on a pu le voir dans la partie 1.4.

Dans le fil de cette réflexion sur l’opportunité de penser ainsi l’expérience concentrationnaire, partons de Freud (1930, p. 32) qui nous donne un premier repère : « Si fort que soit l’effroi qui nous fait reculer devant certaines situations, celle du galérien de l’Antiquité, du paysan de la guerre de Trente ans, de la victime de la Sainte Inquisition, du juif qui s’attend au pogrom437, il nous est malgré tout impossible de nous mettre par empathie à la place des ces personnes, de deviner les modifications qu’ont entraîné l’état originel de stupeur hébétée, l’hébétude progressive, la cessation des espérances, les modes plus ou moins grossiers ou plus ou moins raffinés de narcotisation en ce qui concerne la réceptivité aux sensations de plaisir, et déplaisir. Dans le cas d’une possibilité de souffrance extrême, des dispositifs de protection animiques déterminés sont aussi mis en activité. Il me paraît stérile de s’attacher plus avant à cet aspect du problème. »

Cerf de Dudzeele (1999, p. 109) note, à propos de cette citation, que Freud, même n’ayant pas eu accès aux écrits concentrationnaires, évoque la possibilité de situations de

« souffrance extrême », ainsi que de l’existence, en pareil cas, de moyens possibles de défense psychiques sur lesquels il ne s’attardera pas. Le camp est pour elle (Ibid. p. 123) un lieu possible de cette « souffrance extrême ».

Benslama (2001, p. 450), dans une réflexion sur les camps et la Shoah, commente ce même extrait en soulignant, d’une part l’impossibilité de mise en place d’une empathie, obstacle à la transmission de l’expérience des camps et, d’autre part ce qui « […] désigne cela même qui s’effondre dans l’univers concentrationnaire : un commun avec les autres hommes. »

Un autre passage de l’œuvre freudienne peut nous guider vers la nature de cette situation de souffrance extrême de l’individu dans les camps. Il est signalé par Cupa (2007, p. 148) :

« Dans « Considérations actuelle sur la guerre et la mort » (1915, p. 133) S. Freud repère que pendant la première guerre mondiale, « l’Etat, censé être le gardien de la justice pratique toutes les violences. Du coup, là, où le blâme de la part de la collectivité vient à manquer, la compression des mauvais instincts cesse et les hommes se livrent à des actes de cruauté et de perfidie, de trahison et de brutalité qu’on aurait cru impossibles à en juger uniquement par leur niveau de culture. » (Freud, 1915, p. 241) « Il y a en l’homme une aptitude à la vie

437 On ne peut s’empêcher de noter ce que cette remarque à propos du pogrom avait de prophétique…

civilisée constituée par la transformation libidinale de ses pulsions cruelles et égoïstes et par les contraintes qu’exerce sur elles l’appareil social par les interdits. En période de guerre, l’homme retrouve ces comportements primitifs d’autant plus que la communauté est permissive et n’oppose pas d’interdit. » (dit-elle, reprenant Laval, 2004) ».

En résumé, il y a déjà, dans la pensée de Freud438, des moments, des situations, des évènements particuliers, des contextes (guerres, tortures…), durant lesquelles une souffrance extrême peut advenir sous le coup d’actes perpétrés par d’autres hommes, qui peuvent apparaître lorsque les interdits sociaux sont levés par l’institution même qui les promeut (« l’Etat »), entraînant l’homme à la régression vers des conduites primitives. Ils peuvent apparaître, en « temps normal », comme « impossibles » (inimaginables ? irreprésentables ?), et empêchent la mise en empathie de ceux qui ne les vivent pas. Nous avons là, en germe, une première esquisse de la situation concentrationnaire « avant l’heure ».

L’expression « situation extrême », pour désigner les conditions de vie dans un camp de concentration est utilisée par Bettelheim (1952 et 1960)439, à partir de sa propre expérience.

Cette dernière n’est pas pour lui seulement le risque de mort imminente, de la confrontation au réel de sa propre mort, qui est le propre du traumatisme de guerre. Elle est plus pernicieuse car elle tend à détruire, dans le sujet, sa dignité, son humanité. Nous avançons donc vers la définition de cet environnement traumatique singulier où il y a plus que la simple confrontation avec sa propre mort, mais où est engagée également quelque chose d’une destruction de l’humanité chez un sujet.440

De son côté, Waintrater (2003, p. 12, et 2005) utilise très régulièrement, dans ses travaux sur les camps de concentration et d’extermination, le témoignage, le mot « extrême » pour désigner notamment la violence psychique née de la négation du pacte social dans les camps et de la perte de la croyance en un environnement secourable (qui entraîne une attaque du concept même d’appartenance à l’espèce humaine). Le terme s’applique donc plutôt, me semble-t-il, chez cet auteur, aux effets traumatiques des conditions de vie concentrationnaires plus qu’à la situation concentrationnaire elle-même. Ainsi, pour Waintrater (2003, p. 72), ce

438 A une époque où Freud faisait l’expérience de son cancer…

439 Bettelheim, B. (1952). Survivre. Paris, France : Editions Robert Laffont, 1979, p. 66-105 et Bettelheim, B.

(1960). Le cœur conscient. Paris, France : Robert Laffont, 1972, cités dans Bertrand, M. (2004). Trois défis pour la psychanalyse. Clinique, théorie, psychothérapie. Paris, France : Dunod, p. 30 et Bertrand, M. (2007).

Situations extrêmes : le difficile chemin de la subjectivation. In Aubert A., Scelles, R., Dispositifs de soins en regard des situations extrêmes (p. 25-32). Toulouse, France : Erès, 2007, p. 28.

440 Question abordée au chapitre 2.3.1.2.

sont des vécus psychiques qui relèvent « d’états de traumatismes extrêmes » « dont on ne peut venir à bout ». Waintrater (2003, p12) : La négation du pacte social est une forme de

« violence extrême », une « catastrophe qui va laisser des marques indélébiles dans leur psychisme [celui des déportés]. »

Bertrand (2004, p. 8) retrouve quant à elle les caractéristiques des « traumatismes primaires »441 « chez les personnes ayant vécu des situations extrêmes, comme celles que suscitent les guerres et les génocides. ». Elle va faire appel, dans de nombreux articles, et ouvrages sur le traumatisme, à cette expression qu’elle ne réduira pas à la seule expérience des camps de concentration. Les situations extrêmes ne sont en effet pas « homogènes », les unes sont liées à des évènements collectifs, d’autres peuvent être de nature accidentelle, catastrophique. Elles ont en commun de comporter un même danger potentiel : « danger vital, atteinte, ou menace d’atteinte à l’intégrité physique ou psychique de la personne. »442.

Ainsi, parlant des évènements de guerre, attentats, comportements de violence, abus sexuels, accidents de la route, ou du travail, elle écrit qu’« […] il convient de prendre en compte la violence de ces situations extrêmes, en ce qu’elles sont susceptibles de mettre en danger tout sujet […] que l’on ne doit pas minimiser l’impact psychique traumatique de telles violences, qu’il y a des situations réellement traumatogènes »443, et qu’il faut les prendre en compte dans le traumatisme dans une approche complexe et nuancée de ses causes et manifestations psychiques. C’est pourquoi, dans ce fil de pensée, j’ai tenu à décrire précisément les conditions de vie dans les camps de concentration.

Ces situations sont pour elle d’immenses effractions, un traumatisme violent en termes économiques : « […] il est bien certain que dans certaines situations extrêmes, que l’on affronte par exemple en temps de guerre de façon plus cruelle en cas de génocide, ou de torture, beaucoup subissent des effractions si considérables, qu’ils ne peuvent trouver d’issue spontanément et doivent être aidés. »444, il lui semble, par ailleurs, que beaucoup de traumas psychiques à l’heure actuelle semblent reliés à des expériences vécues de situations extrêmes445. Pour cet auteur, ces situations sont des situations extrêmes c'est-à-dire des moments où, dans la menace de mort imminente notamment, est réactivé ou activé un trauma

441 Terme qu’elle emprunte à Roussillon, voir à ce propos chapitre suivant 2.2.

442 Bertrand, M. (1997). Les traumatismes psychiques, pensée, mémoire, trace. In Doray, B., Louzoun, C. (dir.), Les traumatismes dans le psychisme et la culture (p. 37-46). Toulouse, France : Erès, 1997, p. 37.

443 Bertrand, M. (1996). Pour une clinique de la douleur psychique. Paris, France, Montréal, Canada : L’Harmattan, p. 85-87.

444 Bertrand, M. (2004). Op. cit. p. 8.

445 Bertrand, M. (2000a). Les enfants dans les situations extrêmes : l’exemple des Grands Lacs africains.

Cliniques méditerranéennes, 61, p. 185.

primaire446 : « […] primaire en ce sens qu’il ébranle la certitude d’être, la sécurité intérieure sur lesquelles le sujet avait jusqu’alors fondé sa vie. » Elles « mettent hors jeu la représentation d’une temporalité parce que l’imminence d’un danger de mort rend cette représentation invalide »447. Le sujet est ramené ou se constitue une expérience d’agonie avec perte de la croyance acquise de son immortalité. La douleur mélancolique peut survenir avec une telle expérience. Elle précise une partie des raisons de l’irreprésentable : « Les personnes ayant vécu des situations extrêmes ne peuvent pas se les représenter. Ce n’est pas seulement l’effroi et la sidération qui s’emparent du sujet lorsqu’il se voit dans l’imminence de sa propre mort ; c’est autre chose : le surgissement de l’inhumain en l’homme. […] C’est le non-sens absolu. »448. La disparition des repères ôte tout sens à un monde devenu étranger et rend l’expérience incommunicable : « Comment communiquer aux autres ce qui semble si impossible qu’on ne peut arriver à le croire soi-même ? Jamais le clivage entre savoir et croire n’est poussé à un tel point. »449 Dans le cas du génocide, la défaillance des moyens d’élaboration mentale n’est pas que momentanée, mais peut durer et être détruite450. En effet, (Bertrand, 2006, p. 215) la situation extrême « tue » les acquis dits « secondaires », les organisations antérieurement acquises et notamment ces capacités de symbolisation et de mentalisation. Bertrand signalera plus tardivement dans son élaboration (2007, p. 28-29) son intention de limiter sa définition de « situation extrême » aux situations où existent non seulement le danger pour le sujet de perdre sa vie mais aussi le danger d’une destruction au niveau du psychisme, d’une partie ce qui a été acquis au cours du développement psychique, dans le cas des camps, « un meurtre psychique ».

Arrivé à ce stade de mon élaboration, il me semble opportun de tenter un résumé définissant les « situations extrêmes » à partir des relectures de ces auteurs. Cette délimitation s’inspire très précisément des propositions de Bertrand qui me paraissent particulièrement pertinentes dans ce cadre de recherche. Ainsi :

Les situations extrêmes représentent l’ensemble des conditions matérielles et psychologiques, isolables dans le temps et dans l’espace, dans lesquelles un, ou plusieurs sujets, expérimente(nt) des conditions de vie tout à la fois psychiques, physiques,

446 Concept que j’examine dans le chapitre suivant.

447 Bertrand, M. (2000a). Op. cit. p. 185.

448 Bertrand, M. (2000b). La mélancolie des personnes ayant vécu des situations extrêmes. In Weil, D. (dir.), Mélancolie : entre souffrance et culture (p. 9-17). Strasbourg, France : Presses Universitaires de Strasbourg, p.

10 ; les italiques sont de l’auteur.

449 Id.

450 Ibid, p. 10-11.

environnementales, subjectives et intersubjectives, créées par d’autres hommes intentionnellement ou non qui :

- Visent sa ou leur destruction, à la fois physique et psychique, en tout ou en partie, dans une mort vécue comme toujours imminente ou possible.

- Détruisent les acquis des processus secondaires, la confiance en soi et la capacité à qualifier ses ou leurs propres perceptions par des attaques aux liens précoces, aux relations, constitués dans le cadre des processus primaires451.

- Le ou les confrontent à des effractions économiquement considérables contre des structures archaïques452 : notamment l’autoconservation et le narcissisme.

- Entraînent une désintrication pulsionnelle importante avec une mise hors jeu de l’Eros.

- Tendent, par l’humiliation, le rabaissement permanent, vers la déshumanisation.

- Défont les liens sociaux et la croyance dans un environnement secourable.

- Détruisent la croyance en l’immortalité.

- Désinsèrent le ou les sujets de la temporalité « commune », le sujet devient « tuable »453, et ne peut vivre que dans l’instant présent, sans certitude de survivre l’instant d’après.

- Plongent dans une absence et/ou une perversion du sens.

- Attaquent les capacités de penser et de représenter, et donc relèvent de l’irreprésentable, de l’indicible.

- Freinent gravement les possibilités pour les sujets du groupe qui n’a pas vécu ces situations de se mettre en empathie, d’imaginer, de se représenter l’expérience.

Je propose donc, à la suite de ces auteurs, de considérer les conditions de vie dans les camps de concentration nazis comme relevant de ces situations extrêmes. Je rappelle toutefois, avec Bertrand (2004, p. 29 et 31) et Chafai-Sahli (2003) qu’elle cite (ibid., p. 31), que ces situations extrêmes ne sont pas spécifiques des camps de concentration nazis et qu’elles peuvent se rencontrer notamment en temps de guerre et/ou dans les génocides.

Si, au départ, ces développements peuvent paraître fastidieux pour le lecteur ou la lectrice, ils mettent en lumière pour moi plusieurs éléments indispensables pour une compréhension du traumatisme des camps de concentration nazis :

451 Bertrand, M. (2004). Op. cit. p. 8.

452 Plus archaïques que dans les traumatismes de nature névrotique.

453Au sens de l’Homo sacer repris par Zaltzman (1999b).

Premièrement, le poids de la réalité et l’importance de la décrire finement, et, j’ajouterai, de l’inscrire, la saisir historiquement, la contextualiser dans la mesure où, justement, elle nous échappe plus que jamais.

Deuxièmement, dans la mesure où j’aborde ici quelque chose de l’ordre de l’indicible, de l’irreprésentable, il me paraît plus que jamais important de bien définir les termes avec lesquels je me propose de mener cette recherche.

Enfin, et cette observation donnera l’occasion d’introduire la partie qui va suivre, il est intéressant de noter que l’emploi du mot « extrême » chez les quelques auteurs que j’ai cités est usité tantôt pour décrire plutôt le contexte extrême (« les situations extrêmes ») tantôt, le vécu psychologique (« souffrance extrême » chez Freud par exemple, cf. supra) et/ou ses conséquences dans un « traumatisme extrême ». Cet oscillement sémantique me semble mettre en relief combien la problématique, très classique en psychanalyse, de dire si c’est l’évènement (ici la situation en tant qu’elle dure dans le temps) qui est à lui seul traumatique454 et/ou si il (ou elle) entre en résonance avec la trame psychique du sujet, et ne devient traumatique après-coup est… extrême… dans ce cas455.

2.2. Du traumatisme au traumatisme extrême : problématiques

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