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DE LA CAMPAGNE DU SONDERBUND

Dans le document S E P T A N T I E ME ANNEE FRIBOURG (Page 157-174)

D'APRÈS QUELQUES LETTRES ADRESSÉES A LOUIS HARTMANN PAR SES FRÈRES FRÉDÉRIC ET JOSEPH i

Les lettres publiées ci-dessous et dont l'orthographe originale n'a pas été respectée ont été trouvées dans des papiers que Louis Hartmann abandonna à son fils, mon grand-père.. Elles sont d'une inspiration prosaïque, sans aucun soin ni élégance de style, et leurs termes sont très communément choisis.

J'ai essayé d'ajouter à ces textes toutes les notes néces-saires pour les mieux comprendre, et d'en faciliter l'intelli-gence en expliquant quelques expressions peu connues.

Mais je n'ai pas toujours réussi à élucider certains détails, à interpréter certaines allusions dans ces lettres parfois intimes; je m'en excuse d'avance auprès de mes lecteurs.

Cette publication est précédée d'une brève exposition de la situation générale des troupes fédérales devant la ville de Fribourg que le colonel de Maillardoz était chargé de défendre.

' Joseph Hartmann (18G6-1882) était tenancier de l'ancien Hôte) des Bains sur l'emplacement duquel tut construit l'actuel Hôtel des Postes.

Louis Hartmann (1812-1889), son frère, était le père de M. Edmond Hartmann, ancien secrétaire de ville adjoint. Négociant et industriel, il fut conseille): communal et syndic de Villars-sur-Glâne, dès 1847, administra-teur du couvent de la Visitation depuis 1848, receveur de l'hôpital

bourgeoi-«ial et administrateur des domaines de cet. établissement, tl transforma en 1864 l'ancien Hôtel des Merciers, à Fribourg, en un grand hôtel moderne, l'Hôtel National. Propriétaire, dès 1850, des scieries et moulins de Sainte-Apolline, il les transforma en fabrique de pâtes alimentaires. Vice-président

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C'est un grand malheur quand la moitié d'une nation est méprisée par l'autre.

JouherU

« Fribourg, écrit le professeur Gaston Castella dans son Histoire du Canton de Fribourg, n'avait pas attendu le dernier moment pour préparer sa défense. » Le gouver-nement avait nommé une commission de défense qui fit élever, d'après les plans du major du génie Perrier ^, des redoutes du côté de Berne, (Caty-Heitera-Brûnisberg-Schôn-berg), à Torry, au Guintzet et à Bertigny (le fort de St-Jacques). La première ligne défensive avait été établie du côté de Berne sur la rive droite de la Sarine, et la seconde, la principale et la plus étendue, faisait face au canton de Vaud, sur la rive gauche de la Sarine. Le fort le plus avancé de ce côté était celui de Bertigny, appelé aussi «fort St-Jacques. »

La ville de Fribourg est bâtie sur une colline qui descend d'un plateau supérieur à occident, à la Sarine à orient.

Celui qui occupait ce plateau commandé justement par cette ligne de redoutes était maître de Fribourg.

Le colonel Philippe de Maillardoz fut nommé comman-dant en chef de l'armée du Sonderbund, et comprenait trois brigades dirigées par les colonels Schaller, Albiez et Moret.

Elle comptait en tout 5115 hommes d'élite et de land-wehr ; le landsturm, « de peu d'utilité pour le service de campagne, de l'aveu même de Maillardoz, était fort de 5 à 7000 hommes dont le tiers était armé de fusils, le reste de faux, de lances, de fourches, etc. Le nombre des pièces d'artillerie avec lesquelles il avait fallu armer les

fortifi-honoraire étranger de l'Académie nationale française dès 1859, Jieutenant-colonel fédéral, il fut commandant de brigade de cavalerie en 1864. Etant officier de l'armée fédérale, pour ne pas combattre contre sa ville et ses concitoyens frib'ourgeois, il obtint pendant le Sonderbund un congé de plu-sieurs mois.

Frédéric Hartmann (1816-1874), frère des deux précédents, lut un des chefs de l'opposition à Fribourg, et prit une part active aux événements de 1847.

Nommé commandant de gendarmerie par le gouvernement provisoire, il fonctionna, dès 1850, comme major instructeur fédéral de carabiniers, puis comme lieutenant-colonel.

1 Voir Annales frib. 1921, t. IX, p. 108.

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cations et former les batteries de campagne ne dépassaient pas trente-cinq...

« Les troupes croyaient fermement à la victoire, continue plus loin l'auteur de l'Histoire du Canton de Fribourg. Elles avaient foi en leur cause et grande confiance dans les mé-dailles bénites « que portaient, écrit Schaller, tous les offi-ciers et soldats de la division ». Elles avaient occupé en bon ordre les positions qu'on leur avait assignées, mais les détachements de landsturm n'avaient pas respecté les-consignes et un grand nombre de ces soldats s'étaient rendue à Fribourg où ils stationnèrent dans l'inaction jusqu'au moment du combat. Ils avaient pourtant reçu l'importante mission d'inquiéter la marche de l'adversaire et d'occuper les points fortifiés. »

Le général Dufour, voulant frapper tout d'abord Fri-bourg, attaquer ensuite Lucerne et réduire enfin le Valais,, fit marcher, par un mouvement concentrique contre l'armée fribourgeoise, environ quatre divisions, soit 38 000 hommes-et 70 canons.

Les troupes fédérales occupèrent à la distance d'une ou deux lieues de la capitale un territoire délimité à peu près-par une ligne près-partant du pont actuel de la Glane, passant par Villars-sur-Glâne, le bois de Moncor, Givisiez, Granges-Paccot, l'ermitage de la Madeleine, Garmiswil, St-Loup-et Maria-Hilf.

Telle était la situation dans ses grandes lignes lorsque les-troupes fédérales entrèrent en contact avec leurs confédérés-fribourgeois.

Fribourg, le 18 novembre 1847, Cher Frère !

...Enfin, après toutes mes pérégrinations, je t'écris de-la capitale de notre canton désonderbondé ^. J'y suis rentré dimanche passé avec la l''^ division vaudoise commandée-par M. Rilliet ^ à l'Etat-Major duquel j'étais attaché comnae^

' Fribourg capitula devant l'armée fédérale le dimanche 14 nov.

1847.-^ Louis miliel, officier au service de Napoléon, puis capitaine dans la garde-suisse de Louis XVIII, quitta le service de France en 1822. Lieutenant-co-lonel dans la milice genevoise il devint membre du Conseil de guerre de 1*

Confédération et colonel fédéral, puis commandant de la première division, dans la guerre du Sonderbund, contre Fribourg et le Valais dont il s'empara^

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secrétaire. Mais c'était plutôt en qualité de guide et pour donner des indications sur la nature du terrain que j'étais

•employé. Nous avons bivouaqué deuxr nuits à Matran ^.

Ta cave, à la Glane, est restée intacte^ ; par contre les paons,

•dindes et poules de Jean, à Cormanon, ont perdu la vie

•et ont passé par les entrailles vaudoises ^. Comme tu sauras sans doute, il y a eu le samedi une affaire près de Cormanon et au bois de Peraulaz *. Les Vaudois ont perdu 40 à 50 hommes, tués ou blessés, les landsturms une bonne quantité, surtout dans les bois ; il y a eu dans cette troupe modèle un sauve-qui-peut général. Les Vaudois se battaient comme des lions: c'est au pied de la redoute ^ qu'ils ont perdu leur monde; sans la nuit ils la prenaient^. Leurs cadavres que j ' a i vus étaient tous frappés en face ', ceux du landsturm, dans les reins ; un est mort de peur sans une seule blessure.

^ H. de Schaller, Souvenirs d'un officier fribourgeois, p. 207: «Le colonel Rilliet était arrivé le 12 novembre au soir à Matran avec la brigade Bour-geois... » Cf. note 3, p. 39.

' Louis Hartmann à qui est adressée cette lettre habitait pendant l'été .la propriété qu'il possédait à Ste-ApoUine, à 3 km. de Villars, au fend de

la vallée de la Glane, sur la rive gauche de la rivière.

' Jean-Théobald Hartmann (1802-1885), leur frère aîné, notaire, juge au tribunal de la Sarine, député au Grand Conseil, conseiller communal et syndic de la ville de Fribourg, lieutenant-colonel d'Etat-Major, habitait toute l'année sa propriété de Cormanon, à la jonction de la route de Villars

•et de celle rejoignant la route de la Glane.

* Ce bois de Peraulaz (Peraules, PéroUes) s'avançait, en face du Château -de Pérolles, à l'emplacement actuel de la Fonderie. Schaller, dans ses Sou--venirs..., p. 207, affirme que « Rilliet comptait attaquer, le 13 au matin, le

«hâteau de Pérolles... Et Rilliet lui-même, dans Fribourg, Valais el la pre-mière division, p. 21, comptait « faire porter à droite la prepre-mière brigade en -se dirigeant sur le château de Pérolles, pour tourner la redoute de Bertigny...»

^ Cette redoute de Bertigny (ou fort St-Jacques), n'avait que « deux

•pièces de canons de 4 français et 1 obusier de 12 livres », et était occupée par 33 fantassins qui furent appuyés vers la fin de l'action par un demi-bataillon de landwehr. Voir Annales frib. 1921, p. 122 et 133.

" H. de Schaller, Souvenirs..., p. 210-211 : « Le combat de St-Jacques avait

•c*sé avec la nuit ».

Rilliet, Fribourg, Valais et..., p. 30: «Voyant l'inutilité de notre tir et la nuit étant venue..., nous prendrons notre revanche, ce qui, je crois, pourra mieux se faire de jour ».

' Analogie curieuse ! « Frappez au visage ! », criait déjà César à ses vété-rans en engageant la bataille contre Pompée et ses jeunes patriciens, à Phar-sale, en 48 av. J.-C.

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Des atrocités jésuitiques ont été commises sur les Vaudois, On a mutilé un cadavre, on lui a coupé le nez et arraché les yeux. Le fait est certain i.

Le dimanche matin, la ville a capitulé ; c'était superbe de voir entrer les troupes fédérales au nombre de près de 30 000 hommes et 80 canons dont 4 batteries de 12 livres.

On ne voit plus un seul ristou ^. Les prisonniers ont été délivrés par les libéraux ^. Ils étaient au nombre de huit.

Pour moi, j'ai éprouvé un grand plaisir de rentrer dans notre ville pitodière en uniforme, le brassard au bras, après en être sorti en proscrit *. Les Bernois ont pillé et saccagé complètement le pensionnat^, le collège, les Liguoriens,

les-'Cf. note 1, p. 41.

" Dici. du Béarnais ei du Gascon modernes : {ristou, a-ristou-crate).

Dict. hisl. du parler neuch. et suisse romand : « Ristou, corruption du mot

« aristo » désignant les prétendus aristocrates ou réactionnaires... » « Pour le-pauvre, un ristou, c'est l'homme dans l'aisance ; pour l'ignorant, c'est-l'homme de science; pour le perturbateur, c'est l'ami de la loi ».

Van Muyden, 1840, env. :

« En un mot c'est toujours de ceux dont on est jaloux.

Qu'au temps où nous vivons on appelle ristous. »

' H. de Schaller, Souvenirs..., p. 217: «L'arrivée de bandes indisciplinées-qui suivaient l'armée dan,s l'espoir du pillage, et l'entrée en ville d'une com-pagnie de réfugiés politiques Iribourgeois..., mirent le comble au désordre..

Les réfugiés se rendirent aux prisons, afin de délivrer les insurgés de jan-vier... »

* Frédéric Hartmann, Extrait d'un Mémoire sur parchemin, de 1864: «En 1847 j'ai été huit mois en prison et un mois aux arrêts forcés, pour avoir tenté d'aider à renverser le gouvernement des Jésuites et du Sonderbund. J'ai pu m'évader et ai fait campagne contre le Sonderbund... »

Frédéric Hartmann, Souvenirs de 1847...: «Arrêté, j'ai subi huit mois de-prison, puis un mois d'arrêts forcés chez moi. Mes souvenirs de de-prison, écrits pendant ma détention, font connaître ce qu'on y a enduré. Rien n'a été épargné, On a enduré le froid, le chaud, la fumée à asphyxie, la faim, la soit...

De tous les prisonniers de la ville je suis le seul survivant... » Cf. notes 1 et 2, p. 36.

' H, de Schaller, Souwenirs..., p. 207: «Ce même bataillon Ganguillet (Seeland bernois) avait pillé le château de Rosières et il se rendit tristement célèbre par le sac du pensionnat des Jésuites.

Constant Borgeaud, colonel. Mes souvenirs du Sonderbund, p. 27: « Au pensionnat des Jésuites, il se passa quelques faits regrettables qui s'expli-quent par la surexcitation des soldats contre les Jésuites qu'on accusait de

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Augustins ; ils ont laissé couler tout le vin. Les maisons de campagne de quelques-uns de nos matadors ont subi le même sort ^ La cause primitive de ces dégâts est que les Augustins et Liguoriens ont mal reçu les soldats. Ce qui

«st mauvais, c'est qu'on a pillé l'église des Liguoriens ^. La maison du fameux Fournier a été abîmée par la jeunesse de St-Gervais (Neuveville).

Le landsturm a voulu massacrer les chefs ; enfin tout est sens dessus dessous. La ville est en état de siège parce qu'on a tiré sur des patrouilles dans les rues. On fusillera les coupa-ides. Un prêtre nommé Wuilleret, frère de l'avocat, a été

tous les maux. La lingerie fut souillée, quelques setiers de vin lurent bus sans distribution régulière ; mais l'ordre fut vite rétabli. »

Rilliet, Fribourg, Valais et..., p. 48: « Nous venons de visiter le pension-nat des Jésuites et nous sommes affligés du spectacle qu'il présente dans ce moment. Tous les appartements sont ouverts et le mobilier, les habillements, les livres, les tableaux, tout enfin gît pêle-mêle à la merci des militaires et même des bourgeois qui en foulent une partie aux pieds. »

Extrait des Annales Fribourgeoises, 1923, Le Combat du Fort de St-Jac-ques, près Fribourg, le 13 novembre 1847, p. 95: « ...le collège et le pensionnat sont pillés avec tous les effets laissés par des élèves... ; les pianos et instru-ments de musique sont brisés et foulés aux pieds ; les instruinstru-ments de phy-sique, d'histoire naturelle subissent le même sort... ;

Gaston Castella, Histoire du Canton de Fribourg, p. 557: « Dutour, in-digné des « désordres sans exemple » qui avaient été commis à Fribourg, ajoutait dans une lettre à Rillet: «Je ne crois pas qu'une bataille perdue nous eût fait plus de tort ».

' Revue hist. vaud., Edouard Burnand, colonel. Souvenirs personnels sur la campagne du Sonderbund, p. 169: «Nous remontons à Rosières... Une compagnie de carabiniers zurichois forme le cercle autour d'une bande de dindons ; le cercle se resserre ; on tire les couteaux de chasse et les pauvres dindes sont prises, plumées, rôties... Des Bernois découvrent la cave aux fromages ; en un clin d'œil elle est vidée. Des fromages frais roulent au bas des pentes ; d'autres sont emballés, chargés et conduits à Morat où ils sont vendus... On partage le reste et on en fait de la soupe, mais on n'avait pas de sel. Nous autres, officiers d'artillerie, nous entrons dans le château;

11 est intact, sauf un tableau percé d'un coup de baïonnette... L'esprit pil-lard des Suisses commence à se manifester. » ; p. 170: « Vers minuit, nous en-tendons des pas dans l'escalier conduisant de la cave au premier étage....

L'aumônier et le chirurgien avaient découvert le passage et rentraient chargés de bouteilles ».

' Le Combat du Fort de Sl-Jacques..., p. 95: «Le Lycée est dévasté, le médailler emporté, les collections précieuses jetées par les fenêtres, les égUses du collège St-Michel et des Liguoriens sont dévastées, une partie des vases sacrés enlevés et l'autre jetée dans la rue... »

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arrêté au moment qu'il voulait poignarder un factionnaire ; il a été terriblement battu. Les libéraux sont dans la joie, les aristocrates dans la terreur. On ne voit plus de prêtres.

Les Jésuites ont filé ^. On a établi un Gouvernement pro-visoire et rétabli l'ancien Conseil communal... C'est le mon-de renversé. Telles sont les nouvelles du jour; j'en omets plusieurs, ce sera pour une autre fois. On a pendu un cha-pelain ^ et fusillé un autre individu qui avait tiré sur les I3ernois dans le district allemand. On désavoue toute la population sans exception. J'oubliais de te dire que je suis l'auteur d'une terrible charge exécutée près de Cormanon par une compagnie de cavalerie vaudoise sur une centaine de landsturms et de landwehrs qui partaient avec leurs armes. Le résultat a été le désarmement de la bande et un sauve-qui-peut général^...

Ton dévoué, Frédéric H.

Fribourg, le 5 décembre 1847.

Cher Frère,

Je viens de recevoir ta chère lettre du 4 courant, soit de hier, et m'empresse d'y répondre... Pour ce qui se passe ici à Fribourg, il y aurait tant à raconter que je ne puis l'entreprendre et t'invite à ce sujet à lire les papiers...

'• Constant Borgeaud colonel. Mes souvenirs..., p. 25: «Toute la nuit du treize au quatorze on entendit rouler les voitures sur le pavé de Fribourg avec un vague brouhaha ; c'étaient les Jésuites et leur pensionnat qui démé-nageaient... »

Revue hist. vaud., Edouard Burnand, colonel, Souvenirs personnels sur...

p. 167: « Avenches ! bivouac sur la place d'armes; ville remplie de soldats...

Voici le pensionnat des Jésuites qui a évacué Fribourg et se dirige sur Esta-vayer ».,

^ H. de Sehaller, Souvenirs..., p. 219: «Le meurtre dil chapelain Duc, à Villars-Ies-Joncs, par les soldats de la brigade Bontems..., »

' Constant Borgeaud, colonel, Mes souvenirs..., p. 17: «Le bois des Dail-lettes était dangereux..., mais il était sans valeur une (ois sa lisière supérieure

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L'on croyait avoir des troupes fédérales à recevoir qui respecteraient leurs proclamations et leurs promesses, et qui sont arrivées, surtout les Bernois, les Argoviens et les Zurichois, comme des freischarren et des brigands, cassant,, pillant et saccageant tout, partout où il passaient ; quelques compagnies vaudoises ont suivi le bel exemple ; mais il n'en fut pas de même de la généralité des Vaudois et des Genevois, qui surpassaient en bons procédés le brigandage de leurs devanciers.

Le pensionnat, le lycée, le collège, les caves de l'hôpital, etc., etc. ! ont été pillés, tout y a été cassé, brisé, emporté ; le cabinet d'histoire naturelle, celui de physique, etc. sont dévalisés ; rien n'avait été retiré à l'avance ^. Plus de 1600O pots ^^ dans la cave seule de l'hôpital..., ont coulé en pure perte dans la rue; dans la cave on marchait dans le vin jusqu'au dessus du molet; il faisait ruisseau dans la rue ^.

Impossible de décrire ce qui s'est passé au pensionnat où j'ai été remplacer Pierre depuis le 14 à midi jusqu'il la fin novembre ^: il faut voir pour le croire... Il vient de

occupée par nos troupes... Ce bois était occupé par cinq à six cents landsturms qui se retirèrent en tiraillant. »

Philippe de Maillardoz, Mémoire sur ma participation aux événements de Fribourg en 1847, p. 68: « ...mais je fus profondément affecté d'apprendre aussi qu'à l'extrême gauche de la position, au bois des Daillettes, notre Landwehr avait faibli, s'était non pas retirée, mais sauvée à toutes jambe»

vers la ville, et que l'ennemi installé sur ce point... Dans cette déplorable retraite... »

' Cf. notes. 5, p. 29 et 2, p. 30.

' Dict. hist. du parler neuch. et suisse romand: «Pot = s. m., unité de»

mesures de capacité, le double de la bouteille. Le pot fédéral officiel de 1848 à 1878 vaut 1 '/.^ litre. »

^ F. Perrier, Quelques mois sur les Journées des 13 et 14 novembre 1S47, p. 20: « ...me chercher pour essayer d'empêcher le pillage des caves de l'hô-pital dont des soldats bernois et vaudois avaient enfoncé les portes, pour aller boire, disaient-ils, le vin des Jésuites. Le vin coulait à flots des tonnes... f

Le Combat du Port de St-Jacques..., p. 95: « ...les tonneaux des caves en-foncés ; même ceux de l'hôpital, où le vin coulait à ruisseaux par terre au point qu'un officier supérieur qui s'était rendu en toute hâte pour arrêter le désordre fut obligé, en sortant, de changer de chaussures, tant ses bottes étaient pleines de vin. »

' Le B. P. Jésuite Pierre Hartmann (1810-1887), frère des sieurs Hartmann^

ci-dessus nommés, était à cette époque administrateur-procureur du pension-nat et du collège St-Michel à Fribourg et, sous un déguisement, passa en

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paraître aujourd'hui un décret qui déclare coupables du crime de haute trahison 82 —; je dis quatre-vingt-deux — personnes qui, toutes, sont ou étaient du haut bord, seront traduites devant les tribunaux, perdent leurs droits politi-ques. Je ne saurais te donner ici tous les noms..., tous ceux qui ont voté l'alliance des Jésuites, la majorité du Conseil d'Etat déchu, la majorité du Grand Conseil, le Con-seil diplomatique en entier, de même que le ConCon-seil de de guerre du Sonderbund, tous les chefs du Landsturm...

enfin tous ceux qui ont pris une part active dans la Guerre

enfin tous ceux qui ont pris une part active dans la Guerre

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