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Ce chapitre est divisé en deux sections. La première section traite de quatre courants théoriques dans le champ de la sociologie des mouvements sociaux, soit les théories du comportement collectif, la théorie du choix rationnel, la théorie de la mobilisation des ressources et la théorie des nouveaux mouvements sociaux. La deuxième section présente le concept, les dimensions et les indicateurs de notre cadre d'analyse.

2.1 Les théories des mouvements sociaux

Il existe une diversité importante d'approches théoriques à l'intérieur du champ de la sociologie des mouvements sociaux. Comme le mentionne Noiseux (2004), celles-ci peuvent être classées en quatre grands courants : les théories du comportement collectif, la théorie du choix rationnel, la théorie de la mobilisation des ressources et la théorie des nouveaux mouvements sociaux. Dans les prochaines lignes, nous présenterons donc une revue de ces quatre grands courants théoriques des mouvements sociaux avant d'introduire la posture théorique que nous adopterons pour répondre à notre question de recherche.

2.1.1 Les théories du comportement collectif

Bien que le courant du comportement collectif soit composé d'une diversité importante de travaux, il repose essentiellement sur l'idée que les comportements collectifs sont le résultat d'une agrégation de décisions individuelles liées à des facteurs psychosociaux (Fillieule et Péchu, 2000). Ce courant théorique demeure fondamentalement attaché à un type d'analyse microsociologique à l'intérieur duquel les facteurs explicatifs de l'action collective se trouvent dans la psychologie des individus, même si on admet que le comportement des acteurs puisse aussi être expliqué par des facteurs structurels (Fillieule et Péchu, 2000). Selon Neveu (1996):

[Les théories du] comportement collectif éclairent les mobilisations par une psychosociologie de la frustration sociale, la prise en compte du pouvoir explosif des aspirations et des désirs frustrés (p.40).

Selon Neveu (1996), la cohérence des cadres d'analyse du courant des comportements collectifs réside à l'intérieur de quatre changements principaux par rapport aux théories de la contagion. Le premier consiste en l'abandon graduel d'une vision héritée de la psychologie des foules qui souligne que les mobilisations sont de l'ordre exclusif du pathologique et de la spontanéité. Un deuxième changement réside dans le fait qu'on glisse désormais d'une vision centrée sur le potentiel destructeur des mouvements sociaux vers une prise en considération de leur impact positif sur les croyances, les valeurs et les modes de vie. En troisième lieu, la logique de la contagion des comportements collectifs est remplacée par une logique de convergence entre les croyances et les frustrations des individus. Enfin, l'analyse du comportement collectif se situe au niveau des dispositions individuelles à s'engager dans un mouvement social.

Quatre critiques principales ont été élaborées par rapport aux théories du comportement collectif. D'abord, la plupart des auteurs s'attachent en priorité aux explications individuelles au détriment des explications structurelles. Ensuite, les auteurs de ce courant théorique refusent d'aborder l'analyse de la mobilisation sous l'angle des phénomènes politiques. Troisièmement, elles se caractérisent par le refus d'attribuer un comportement stratégique fondé sur un calcul rationnel des acteurs sociaux. Enfin, elles sont fondées sur un a priori implicite selon lequel l'action des mouvements sociaux se situe essentiellement dans le champ non institutionnel. En effet, selon ce courant théorique, l'action des mouvements sociaux est fondamentalement irrationnelle et spontanée comparativement à l'action démocratique inscrite dans un cadre institutionnel qui, elle, est perçue comme légitime (Fillieule et Péchu, 2000).

En somme, le courant théorique du comportement collectif conçoit l'individu comme un acteur irrationnel qui, dû à des frustrations et des privations, décide spontanément de s'engager dans des mouvements sociaux. Cette conception de l'action collective se modifie avec l'arrivée de la théorie du choix rationnel qui marque un changement important dans le champ de la sociologie des mouvements sociaux. Il s'agit d'une première rupture dans l'évolution de la théorisation des mouvements sociaux (Noiseux, 2004).

2.1.2 La théorie du choix rationnel

La parution en 1965 de La logique de l'action collective de Mancur Oison constitue un point tournant dans la façon d'appréhender l'analyse des processus de mobilisation à l'intérieur des mouvements sociaux. En effet, avec la parution de cet ouvrage, on passe d'une analyse psychosociologique à une analyse essentiellement économique des comportements sociaux, ce qui aura une influence marquante, non seulement dans le champ restreint des mouvements sociaux, mais sur l'ensemble des objets d'étude en sciences sociales (Neveu, 1996).

La théorie du choix rationnel part du postulat fondamental de la rationalité de l'acteur, lequel affirme qu'un individu prend des décisions et agit à partir d'un calcul coûts/bénéfice par rapport à un éventail de possibilités d'action qui lui est disponible à un moment donné. L'identification de ce postulat de base souligne un paradoxe fondamental de l'action collective : même s'il peut être avantageux pour un individu de s'impliquer dans un mouvement social, celui-ci choisit rarement de le faire parce qu'il est tenté d'adopter une stratégie dite de free riding. En d'autres termes, l'individu rationnel fait systématiquement le choix de ne pas se mobiliser dans la mesure où ses intérêts sont de toute façon comblés par les membres déjà mobilisés du mouvement social dans lequel il projette de s'engager (Fillieule et Péchu, 2000).

De plus, Oison (1971) démontre que seules certaines conditions peuvent résoudre le problème du free riding. D'abord, les individus qui sont membres de petits groupes peuvent avoir intérêt à soutenir seuls les coûts de l'action collective alors que dans les grands groupes, il est nécessaire de mettre en place des mesures d'incitation sélective à l'action, qu'elles soient positives (en abaissant les coûts individuels de participation) ou négatives (en augmentant les coûts de non-participation). Deuxièmement, il doit exister des bénéfices (matériels ou autres) pour chacun des membres du groupe. Enfin, le groupe doit disposer de privilèges qui laissent présager un dénouement positif pour l'action collective (Noiseux, 2004).

Malgré les mérites indéniables de l'angle d'analyse suggéré par Oison (1971), cette théorie contient plusieurs limites. L'une d'entre elles est l'absence de prise en considération des dimensions symboliques et identitaires qui peuvent avoir un impact sur le maintien de l'engagement au sein d'un mouvement social. Selon Filleule et Péchu (2000), l'individu engagé ne peut être réduit à une machine à calculer, le chercheur doit aussi analyser les facteurs symboliques et identitaires qui agissent sur le maintien de son engagement.

En somme, la théorie du choix rationnel a été construite à partir du postulat selon lequel les individus sont fondamentalement des acteurs qui décident ou non de s'engager à partir d'un calcul rationnel coûts/bénéfices. Ce postulat de base de la théorie du choix rationnel a eu un impact indéniable sur le développement d'un autre courant théorique fondamental dans le champ de la sociologie des mouvements sociaux, soit celui de la mobilisation des ressources.

2.1.3 La théorie de la mobilisation des ressources

Apparue au début des années soixante-dix dans la mouvance des mouvements pacifistes, écologistes et féministes, la théorie de la mobilisation des ressources s'inscrit en continuité avec la théorie du choix rationnel. En fait, pour les théoriciens de ce courant, il s'agit de s'appuyer sur le modèle de l'individu rationnel et matérialiste développé par Oison (1971) tout en le surpassant par l'intégration de déterminants méso-sociologiques dont la théorie du choix rationnel fait largement abstraction. Pour ce faire, l'objet principal d'analyse se déplace des individus vers les organisations en tant qu'entités qui structurent l'action collective et qui rassemblent des ressources (temps, militants, argent, experts, accès aux médias) pour maximiser l'efficacité et l'impact de leurs actions.

Selon les théories issues de ce courant, l'objectif fondamental des mouvements sociaux est de comprendre comment les groupes sociaux et militants rassemblent et utilisent leurs ressources et leurs réseaux afin d'atteindre leur objectif ultime, soit celui d'influencer la politique institutionnelle. De plus, il ne s'agit plus de se demander pourquoi les individus et les groupes se mobilisent « mais comment se déclenche, se développe, réussit ou échoue la

mobilisation » (Neveu, 1996, p.53). Parmi les différents modèles théoriques issus du courant de la mobilisation des ressources, deux retiennent plus particulièrement notre attention, soit le modèle des réseaux sociaux et le modèle de l'analyse des cadres.

2.1.3.1 Le modèle des réseaux sociaux

Le principal apport d'Oberschall (1973) aux théories de l'action collective est d'avoir ajouté des déterminants mésosociologiques (forme et nature des réseaux de sociabilité) à l'explication de la mobilisation. En premier lieu, Oberschall (1973) démontre que les groupes sociaux et militants s'inscrivent dans des réseaux de sociabilité qu'ils influencent et qui les influencent. Ces réseaux sont aussi interdépendants entre eux. Par conséquent, toute analyse des mouvements sociaux nécessite de s'attarder aux réseaux préexistants de solidarité, c'est-à-dire aux réseaux qui gravitent autour des groupes militants (Neveu, 1996).

De plus, lorsqu'il analyse les réseaux sociaux, Oberschall (1973) ne prend pas seulement en considération les groupes secondaires (associations, groupes communautaires) mais aussi les groupes primaires (les ethnies, les villages, les familles nucléaires et élargies) qui peuvent, eux aussi, former des groupes d'action sociale à la poursuite d'intérêts et de buts communs. Chacun de ces groupes possède un capital de ressources (nombre de militants, intensité des liens, force du sentiment identitaire, ressources financières, etc.) dont ils disposent pour faire progresser leurs intérêts. Par ailleurs, un autre élément s'ajoute à son modèle, c'est-à-dire le niveau de segmentation des groupes par rapport aux élites et aux centres du pouvoir qui contrôlent les ressources et les processus décisionnels. Ainsi, plus un groupe est privé de liens avec les centres du pouvoir et entretient de forts liens associatifs, plus les actions de ce groupe ont une force importante (Fillieule et Péchu, 2000).

McAdam (1988), quant à lui, a identifié trois facteurs microsociologiques importants de l'engagement militant. Selon lui, la probabilité qu'un individu maintienne son engagement

familiales et lorsque ses projets d'engagement reçoivent l'aval de ceux dont il est affectivement proche. Somme toute, selon McAdam (1988), la variable la plus importante pour comprendre le maintien de l'engagement d'un militant serait le soutien de ses proches (parents, famille, amis), c'est-à-dire le réseau social primaire dans lequel il s'inscrit. Ainsi, si la personne engagée ne rencontre pas une trop forte opposition de la part des personnes avec qui elle est en lien de façon significative et s'ils expriment de la sympathie envers cet engagement, les probabilités que cette personne reste engagée sont beaucoup plus élevées. Le soutien du réseau social primaire serait donc un facteur stratégique du maintien de l'engagement militant (McAdam, 1988).

2.1.3.2 Le modèle de l'analyse des cadres

À la suite des critiques qui ont été formulées envers la théorie de la mobilisation des ressources à l'égard de son incapacité de tenir compte des représentations sociales, un nouveau modèle inspiré des travaux d'Erving Goffman a fait son apparition, soit celui de l'analyse des cadres {framing analysis). Une des idées fondamentales de ce modèle est celle d'intervenir sur les cadres de perception individuels pour en faire des cadres collectifs. L'efficacité des activités de mobilisation intentées par un groupe passe par la persuasion de l'individu. Il est donc nécessaire pour les groupes qui composent les mouvements sociaux d'agir sur le cadre d'interprétation que possèdent les militants et sur le sens qu'ils donnent à leurs actions. Deux importants théoriciens de ce courant, Snow et Benford, utilisent les cadres de perception pour analyser le lien entre scheme individuel d'interprétation et scheme collectif d'interprétation. Selon eux, la traduction des schemes individuels d'interprétation en des schemes collectifs d'interprétation comporte les éléments suivants :

[...] identifier un problème, le qualifier en termes politiques, désigner des responsables, proposer une solution au problème, persuader que cette solution peut être obtenue par l'action collective (Fillieule et Péchu, 2000, p. 164).

En d'autres termes, le schéma d'interprétation de la réalité privilégiée par le groupe doit entrer en résonance avec celui des militants. À ce sujet, Snow et Benford (1988) écrivent :

Il nous semble que l'un des déterminants clés du succès relatif des cadres d'interprétation réside dans le degré de résonance ; plus le degré de résonance augmente, plus grande est la probabilité que le schéma d'interprétation soit relativement efficace [...]. Si l'on tient compte de cela, il apparaît nécessaire de porter une attention plus soutenue qu'auparavant non seulement à la nature du travail interprétatif et aux ressources des organisations de mouvement social, mais aussi au degré de congruence entre les cadres résultant de ce travail et de la situation, l'idéologie des membres potentiels (notre traduction, p.477).

Selon eux, pour comprendre les facteurs du maintien de l'engagement, il est donc nécessaire d'évaluer le niveau de résonance des valeurs, des croyances et de l'idéologie véhiculée par une organisation avec celle des membres qui la composent. De plus, pour que la mobilisation des groupes soit efficace, l'identité des militants doit être compatible avec l'identité collective du groupe qui les accueille en son sein. L'engagement et son maintien passent donc par un processus d'ajustement des cadres que doivent effectuer les leaders d'un groupe, lequel lie l'identité des membres du groupe avec l'identité de l'organisation dans lequel ils militent (Duperré, 2002). Havard Duclos et Nicourd (2005) définissent ce processus de la façon suivante :

Tout comme la vocation n'est pas le simple produit d'une volonté, d'un élan, d'un choix personnel, mais le résultat d'un ajustement entre histoire sociale personnelle et institution qui là suscite et la reconnaît, dans des conditions sociales et historiques particulières, de même nous avons cherché à montrer comment les personnes qui s'engagent aujourd'hui ne peuvent le faire que dans des collectifs en adéquation avec leurs attentes (Havard Duclos et Nicourd, 2005, p. 197-198).

Les auteurs qui adhèrent à ce modèle ont mis en évidence l'influence des structures et des pratiques organisationnelles sur le développement des formes identitaires des militants (Stangherlin, 2005). L'organisation comme lieu de sociabilité produit une certaine identité collective qui doit correspondre à celle des militants afin de s'assurer du maintien de leur engagement. En ce sens, le rôle de l'organisation est de promouvoir, retravailler et maintenir l'engagement (Dauvin et Siméant, dans Stangherlin, 2005). Havard Duclos et

La motivation ou le manque de motivation de nos contemporains à s'engager est donc une piste insuffisante pour comprendre comment la fidélité ou la versatilité dans l'engagement se construisent. Pour que l'activité bénévole soit justifiée et se maintienne dans la durée, les associations doivent entretenir les

vocations, limiter les défections [...] 0pl93).

Duperré (2002), pour sa part, mentionne que les identités individuelles et collectives se forment par l'entremise de la relation avec l'autre, ce qui implique qu'elle change constamment avec le temps. Si on prend en considération que la construction identitaire est le résultat de l'interaction de l'individu ou du groupe avec son environnement à un moment précis de son histoire, il en résulte que le processus d'ajustement des cadres est essentiellement interactif et itératif puisqu'il doit être effectué de façon cyclique de manière à prendre en considération le changement des cadres dans le temps. Comme le mentionne Duperré (2004) :

[...] on peut dire que le premier jalon de la constitution de l'identité de l'acteur collectif se situe dans l'identité de chacun de ses membres. [...] lors de périodes subséquentes, cette connaissance des trajectoires individuelles demeurera tout aussi importante. Elle permettra de procéder à une jonction entre les valeurs propres des individus et celles de l'acteur collectif, et ainsi de procéder à sa construction ou à sa pérennisation (p.44).

Les leaders des organisations doivent donc comprendre l'importance de leur rôle en ce qui concerne l'ajustement de l'identité collective de leur organisation et celle des individus qui la composent. Or, l'ajustement de l'identité collective et des identités individuelles passe par la connaissance de la trajectoire biographique des militants et du sens qu'ils donnent à leur engagement. Cette connaissance permet d'ajuster les cadres d'un groupe militant aux cadres des militants qui en sont membres.

En résumé, un des intérêts du modèle de l'analyse des cadres est de souligner l'importance de la réutilisation des croyances, des referents historiques et des savoirs partagés à travers l'histoire d'un groupe. Toutefois, bien qu'il élargit de façon considérable l'angle d'analyse du courant théorique de la mobilisation des ressources sur les mouvements sociaux en se

n'aborde pas de façon explicite les dimensions symboliques et identitaires des mouvements sociaux. C'est pourquoi nous nous tournons maintenant vers la théorie des nouveaux mouvements sociaux qui place ces dimensions au centre de son analyse.

2.1.4 La théorie des nouveaux mouvements sociaux

Alors que le courant théorique de la mobilisation des ressources a majoritairement été élaboré en Amérique du Nord, la théorie des nouveaux mouvements sociaux s'est surtout développée en Europe (Noiseux, 2004). Outre les barrières créées par la langue, cette différence s'expliquerait surtout par l'orientation prise par les mouvements sociaux américains par rapport à ceux provenant de l'Europe. Alors qu'aux États-Unis, les mouvements sociaux ont préféré éviter une polarisation entre eux et l'establishment, les mouvements sociaux européens étaient plus enclins à défier les élites politiques (Lemay, 2007).

Selon Touraine (1978), les sociétés postindustrielles auraient succédé aux sociétés industrielles suite à la transition vers un mode de production fondé sur l'appropriation de l'information et du savoir. Pour Melucci (1994), dans ces sociétés, le pouvoir est ancré dans la capacité d'informer, laquelle devient une ressource symbolique que tous essaient de s'approprier. Ainsi, l'ère de l'information dans laquelle nous vivons favoriserait une circulation plus intense de l'information, ce qui lierait le monde plus intimement, mais créerait aussi des conflits quant au contrôle de l'information et à sa diffusion. De plus, alors que dans les sociétés industrielles, le contrôle des moyens de production et la distribution de la richesse constituaient les enjeux majeurs, le contrôle des codes culturels devient l'enjeu central autour duquel les conflits sociaux s'articuleraient au sein des sociétés postindustrielles. Or, de nouveaux mouvements sociaux seraient nés de cette transition entre sociétés industrielles et postindustrielles (Lemay, 2007).

d'un type de société fondé sur les rapports entre classe ouvrière et bourgeoise à une société où l'identité ne passe plus nécessairement par la classe sociale, mais plutôt par plusieurs types de construits sociaux (appartenance au genre, à la nation, à l'ethnie, etc,), les mouvements sociaux se sont aussi transformés. Les « anciens » mouvements sociaux, issus des sociétés industrielles, étaient fondés sur des revendications axées sur les conditions de travail et l'emploi tandis que les nouveaux mouvements sociaux, issus des sociétés postindustrielles sont fondés sur des revendications symboliques et identitaires. Ainsi, les revendications des nouveaux mouvements sociaux ne se définissent plus en termes de classes ou de catégories socio-professionnelles, mais de façon pluridimensionnelle. De plus, ils ne visent plus la conquête du pouvoir d'État par l'entremise d'une association avec les partis politiques et les syndicats, mais plutôt à proposer un modèle de société à l'extérieur du cadre de la politique institutionnelle.

Selon Neveu (1996), il existe quatre dimensions qui distinguent les nouveaux mouvements sociaux de ceux qui les ont précédés : une structure décentralisée, peu hiérarchique et peu institutionnalisée fortement axée sur l'autonomie de la base, l'accent mis sur la résistance au contrôle social et l'affirmation d'une identité alternative au modèle dominant plutôt que sur la redistribution des richesses, le désir de constituer des espaces d'autonomie et de sociabilité à l'extérieur de l'État plutôt que la volonté de le défier ou de s'en emparer et enfin, la revendication d'une identité sur la base d'autres principes que ceux de classe ou de catégories socioprofessionnelles. De plus, les nouveaux mouvements sociaux s'inscrivent dans une nouvelle ère sociale, une ère postindustrielle, dans laquelle les besoins matériels

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