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La présente section servira à présenter le cadre de référence de l’étude. D’abord, il sera défini et décrit. Puis une illustration pratique du cadre de référence sera effectuée à l’aide de l’exemple d’un appel téléphonique qu’une infirmière peut traiter dans un contexte réel de soins au service Info-Santé 8-1-1.

Le cadre de référence utilisé pour cette étude est celui de Le Boterf (2011) soit « L’agir avec compétence » tel qu’illustré à la figure 6. Il s’agit d’un modèle expliquant que les professionnels doivent combiner leurs « ressources personnelles » et « externes » pour diriger leurs « situations professionnelles », afin d’atteindre les « résultats attendus » pour un « destinataire ». Ce cadre théorique a déjà été utilisé dans une étude dont le but consistait à développer et évaluer une activité de FC adaptée aux infirmières œuvrant en traumatologie (Marceau, 2009), et a ainsi été choisi pour sa pertinence, pour son aspect pratique, puis pour ses liens étroits avec le but et les objectifs de l’étude. D’ailleurs, une fiche pratique d’ingénierie et d’évaluation des compétences est dédiée à la pratique infirmière dans les travaux de Le Boterf (2011). D’autres modèles de développement et d’évaluation des compétences étaient disponibles, cependant ils s’adressaient à l’évaluation des compétences en milieu scolaire (Perrenoud, 1997; Tardif, 2006), tandis que le modèle conceptuel de développement et d’évaluation des compétences proposé Le Boterf (2011) est adapté à la pratique professionnelle.

Le but et les objectifs de l’étude sont étroitement liés au cadre de référence. En effet, le but de l’étude porte sur la conception et l’évaluation de l’impact d’une activité de FC en GD par et pour les infirmières œuvrant au Service Info-Santé 8-1-1 sur leurs connaissances, leur pratique infirmière et leurs compétences professionnelles. Les objectifs de l’étude portent sur les concepts du cadre de référence utilisé. En effet, l’identification des besoins de FC en GD au service Info-Santé 8-1-1 (objectif 1) concerne les « ressources personnelles » et les « ressources externes » nécessaires aux infirmières – participantes afin d’agir avec compétence et de justifier la pertinence d’une activité de FC. La conception de l’activité de FC en GD sera fondée sur les limites identifiées par les infirmières – participantes dans leurs ressources personnelles et externes ainsi que sur les standards de pratique (objectif 2). L’évaluation des connaissances, des croyances et des perceptions concernant les activités

infirmières en GD (objectif 3) permet de mesurer les « résultats obtenus » par les infirmières – participantes à la suite de la FC. Finalement, l’évaluation de la réponse aux besoins de FC et de la mise en application de leurs connaissances et activités infirmières (objectif 4) permet de décrire l’écart entre les « résultats obtenus » et « résultats attendus » par les infirmières – participantes.

Les « ressources personnelles » se composent de ressources internes propres au professionnel telles que les connaissances générales, les connaissances spécifiques, les savoir-faire, les savoirs relationnels ou même les capacités cognitives. Les « ressources externes » proviennent de l’environnement du professionnel. Par exemple, des protocoles, des algorithmes, des outils d’analyse ou des collègues. Le choix des ressources provient de différents types de « guidage ». Le « guidage » se définit comme : « l’ensemble des opérations de pilotage que le professionnel effectue pour choisir et mettre en œuvre une pratique pertinente et pour construire et mobiliser une combinatoire appropriée de ressources » (Le Boterf, 2011, p.82). La « situation professionnelle » est composée d’une ou des activités prescrites à réaliser et elle est basée sur des critères de réalisation afin d’atteindre des « résultats attendus ». Ils se veulent la finalité d’une pratique professionnelle impeccable au service d’un « destinataire » pour qui le professionnel prodigue une action, un soin. La « pratique professionnelle » se définit par une activité réelle ou une manière d’agir menant à des « résultats obtenus » au service d’un « destinataire »

Ainsi, pour savoir agir et réagir dans une situation de travail donnée, il est proposé qu’une personne soit en mesure de « mettre en œuvre des pratiques professionnelles pertinentes par rapport à une situation professionnelle à gérer composée d’une activité à réaliser » (Le Boterf, 2011, p.26), c’est-à-dire que pour réaliser des activités infirmières d’une façon professionnelle et compétente, l’infirmière doit combiner et mobiliser les « ressources personnelles » et « externes » appropriées.

Figure 6. Savoir agir avec compétence

Tiré de Le Boterf G (2011) Ingénierie et évaluation des compétences (6e éd.). Paris : Éditions d'Organisation

« Avec autorisation de l’auteur » et « reproduction partielle ou totale interdite sans autorisation »

Pour faciliter la compréhension de « L’agir avec compétence », une description à l’aide d’un exemple de situation professionnelle susceptible d’être rencontrée à Info-Santé 8-1-1 sera présentée. Imaginons une mère qui appelle pour son fils de deux ans ayant une douleur à l’oreille gauche. Il est 22 h, nous sommes vendredi. Au regard de la douleur, l’infirmière qui prend l’appel a la responsabilité d’évaluer la douleur à l’oreille de l’enfant et conseiller la mère en ce qui a trait au soulagement de la douleur. Dans ce cas-ci, les « ressources personnelles » et « ressources externes », soit « un double équipement de ressources » (Le Borterf, 2011, p.36), sont mobilisées pour réaliser l’activité de soins. Les « ressources personnelles » sont définies par les « connaissances générales » (standards de pratique), « connaissances organisationnelles » (seule ressource disponible : service des urgences), « connaissances procédurales » (comment effectuer l’évaluation de la douleur), les « savoir- faire opérationnels » (enseignement), et « relationnels » (écoute, compréhension du problème). Quant aux « ressources externes » elles proviennent de l’environnement de la professionnelle (p. ex. : protocole d’otalgie du Service Info-Santé, collègues ou livre de

référence). Dans cette situation, le guidage se divise en « guidage émotionnel » (ressenti de l’infirmière dans la situation), « cognitif » (raisonnement clinique), selon les « règles de l’art » (lignes directrices d’évaluation de la douleur) et « éthique » (valeurs de l’infirmière). Dans l’exemple, l’infirmière a mobilisé les connaissances et les savoir-faire pertinents à l’évaluation et au soulagement de la douleur. La « situation professionnelle » est constituée d’activités prescrites à réaliser (évaluation de la douleur et conseils au niveau du soulagement de la douleur selon des standards de pratique), un ensemble de critères de réalisation souhaitable de cette activité et d’un « résultat attendu » au service du « destinataire » (pratique infirmière idéale ou exemplaire). Ensuite, la « pratique professionnelle » tient plutôt dans l’accomplissement réel de l’activité vers un « résultat obtenu » au service du « destinataire » (douleur d’origine inconnue soulagée par un anti-inflammatoire, identifier l’origine, continuer les mesures de soulagement selon le protocole et consulter si la douleur persiste plus de trois jours). Selon les standards de pratique, la « situation professionnelle » idéale et la « pratique professionnelle » réelle devraient se ressembler l’une et l’autre. Dans la réalité, un écart plus ou moins grand entre les deux concepts peut être observé.

L’utilisation de ce cadre guidera la collecte et l’analyse des données, ce qui permettra l’évaluation des ressources des infirmières et la perception qu’elles ont de leur pratique professionnelle. Le développement de l’activité de FC de la présente étude fondée sur les besoins de FC en GD exprimés par les infirmières – participantes et des ressources déjà en place (formateur, gestionnaire, infirmière et documentation pertinente), servira le besoin d’atteindre les « résultats attendus » et ainsi tendre vers un idéal de pratique infirmière en GD.

À la lumière de tous ces écrits et du cadre de référence qui traitent de l’utilité de la FC, il semble tout indiqué d’identifier les besoins de FC en GD, de prendre en compte les facteurs qui influencent la participation à une FC et de varier les stratégies éducatives dans la planification de l’activité de la présente étude.

TROISIÈME CHAPITRE – MATÉRIEL ET MÉTHODES

Dans ce quatrième chapitre, il sera question du dispositif de recherche, de la population à l’étude, de la méthode associée aux objectifs d’identification des besoins de formation continue en gestion de la douleur et à la conception de l’activité de formation continue en gestion de la douleur. Sera également présentée la méthode associée aux objectifs d’évaluation de l’activité de formation continue en gestion de la douleur. Finalement, le chapitre se terminera par le déroulement de l’étude et les considérations éthiques.