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CHAPITRE 1 : CADRE DE L’ETUDE

1.14. Cadre géologique

La partie congolaise des plateaux batékés occupe essentiellement le centre du territoire national où elle est en partie recouverte par les alluvions de la Cuvette congolaise. Sa bordure Sud-Ouest est très découpée par des escarpements ravinés dominant le Chaillu et le bassin du Niari. Au Nord, les formations des plateaux batékés sont en contact avec celles de Sembé-Ouesso et les grès de Carnot qui seraient l’équivalent du Stanley-Pool (Boudzoumou et al, 1993).

La série des Plateaux batéké est subdivisée en deux ensembles (Fig. 1.18) : les grès polymorphes en profondeur qui affleure en bordure du Fleuve-congo à Brazzaville et les

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sables ocres ou limons sableux qui constituent les couches supérieures. La couche des grès polymorphes, dont l’épaisseur varie de 50 à 300 m, comprend des grès tendres à grain fins et réguliers. Vers le sommet de cette couche apparaissent en bancs lenticulaires discontinus, des niveaux silicifiés et quartzitiques de couleurs variées. La stratification entrecroisée et l’étude microscopique de ces grès démontre leur origine éolienne. La couche des limons présente une épaisseur variant entre 40 à 90m et repose en concordance sur les grès polymorphes dont la constitution et la granulométrie est similaire (Dadet, 1969).

Selon Le Marechal (1966); les grès polymorphes se distinguent de haut en bas comme suit :  grès tendres de teinte blanche donnant par désagrégation des sables blancs ;

 grès durs silicifiés, quartzitiques de teinte claire, blanche, brune ou rosée pouvant passer latéralement à des roches silicifiées diverses : calcédoines, calcédoines gréseuses, grès à nodules calcédonieux avec nombreuses petites géodes de quartz. C’est la variété d’aspect de ces roches qui leur a valu la qualification de polymorphes ;  grès tendres blancs jaunâtres et gris par altération et grès rouges. Ce niveau a quelques

dizaines de mètres d’épaisseur.

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1.14.2. Lithostratigraphie

Les roches qui composent les « Sables Batéké » se sont accumulées depuis le secondaire dans l’aire de subsidence de la cuvette congolaise. A la base de cette formation, et reposant sur les grès précambriens de l’Inkissi, se trouve la série du Stanley-Pool, jurassico-crétacée à faciès grèso-argileux. Au dessus, on distingue la série des Plateaux Batéké, subdivisée en un niveau éogène de grès polymorphes, et en un manteau supérieur néogène argilo-sableux. La puissance globale de ces deux formations est d’environ 420m. La série du Stanley-Pool aurait une cinquantaine de mètres d’épaisseur, celle des grès polymorphes éogènes, 280m, et le recouvrement argilo-sableux, 90m. Un léger pendage en direction du Nord-Est, correspondrait à la disposition structurale de l’ensemble de la formation sédimentaire, incliné vers la cuvette congolaise (Le Marechal 1966).

A. La série du Stanley-Pool (SP)

L’extension des affleurements du Stanley-Pool se limite essentiellement au fond des vallées qui entaillent la série des plateaux batékés (Dadet, 1969). La série du Stanley-Pool est bien connue à Brazzaville où elle est largement visible et discordante sur l’Inkisi (Giresse, 1982 et Mouyoungou, 1990). Elle represente l’équivalent de la série du Kwango (RD-Congo) d’âge Crétacé (Lepersonne, 1960).

Elle comprend trois niveaux qui sont de bas en haut :

 niveau inférieur (SP1) : il débute par un conglomérat de base (discordant sur l’Inkisi). Ce conglomérat est visible dans le ravin de Makélékélé à Brazzaville et est surmonté par des argilites silteuses finement stratifiées (alternance de lits rouges et de lits jaune ocre) riches en fossiles lagunaires.

 niveau moyen (SP2) : il est constitué par des grès fins blancs feldspathiques localement silicifiés formant des dalles (dalles de Makélékélé). Ce niveau présente des stratifications obliques au sommet.

 niveau supérieur (SP3) : il est formé par des grès blancs silteux très tendres, riches en kaolinite et à stratifications entrecroisées.

B. La série des Plateaux Batékés (Ba)

Elle s’étend en continu de Brazzaville jusqu’en bordure ouest de la Cuvette congolaise. Au Sud et au Sud-Ouest de Brazzaville, elle apparait en lambeau au-dessus des formations de

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l’Inkisi (Dadet, 1969). Elle repose en discordance sur le Massif du Chaillu au Sud-Ouest et sur les formations du bassin du Niari au Sud.

La série des plateaux batékés est constituée de grès et de sables d’environ 400 m d’épaisseur. Elle est subdivisée en deux unités lithostratigraphiques : une unité inférieure de grès polymorphes (Ba1) et une unité supérieure de sables ocres (Ba2).

 Les grès polymorphes (Ba1 de l’Eocène)

La limite inférieure qui les sépare du Stanley-Pool est très mal cartographiée au Congo. Par contre en RD-Congo, les géologues belges ont observé une surface d’érosion au contact du Stanley-Pool (Mortelmans, 1946). Les grès polymorphes sont datés Eocène.

Ils comprennent de bas en haut :

 un niveau inférieur (d’assise non observée) à grès blancs tendres et friables à laminations obliques. Dans ce niveau, on peut observer des tâches grises ou mauves manifestement liées à l’altération.

 un niveau moyen auquel la formation du Ba1 doit son qualificatif de grès polymorphes (Le Marchal, 1966). Il est constitué d’une alternance de bancs de grès blancs lités relativement friables et de grès silteux mauves ou blanc jaunâtre plus indurés (silicification) et à stratifications obliques.

 un niveau supérieur constitué de grès tendres blancs qui se désagrègent en sable blanc. L’alternance de ces niveaux contrôle l’évolution morphologique des grès batékés et particulièrement la formation des falaises qui sont bien visibles sur les rebords des plateaux (Djambala, Koukouya,…).

Les niveaux indurés sont constitués de grès calcédonieux avec des microgéodes de quartz. L’épaisseur moyenne des grès polymorphes avoisine 300 m.

Le caractère relativement grossier des sables, la faible teneur en éléments fins et le degré d’arrondi des grains sont en faveur d’une origine éolienne même si la nature stratifiée des dépôts ainsi que la présence des lentilles des grès silicifiés indiqueraient des épisodes d’humidité relative.

 Les sables ocres (Ba2 du Néogène)

Ils constituent les parties hautes des falaises sur l’ensemble des plateaux (Dadet, 1969). L’épaisseur moyenne est de 90 m et s’amenuise progressivement au Sud-Est au Nord-Ouest. Les caractères spécifiques de ces sables datés Néogène sont (Dadet, 1969):

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 l’absence de stratification de ces sables limoneux tenant bien en parois raides ;

 l’extrême uniformité de la composition aussi bien sur le plan vertical que sur le plan horizontal sur toute l’étendue du bassin ;

 la couleur ocre à rouge brun qui passe au sommet à une décoloration en jaune ocre ou gris clair, ceci à cause de l’altération ;

 l’absence presque de silicification qui n’existe qu’en quelques rares endroits.

D’une manière générale, le Ba2, comporte deux parties assez bien différenciées par leur couleur (Dadet, 1969):

 la partie inferieure débute par un niveau grossier de galets et de graviers à enduits ferrugineux liés par le phénomène de latérisation issu de l’altération des grès du niveau supérieur de l’unité des grès polymorphes. Ce niveau grossier est surmonté par au moins 50 m de sables argileux rouges ocre.

 la partie supérieure est plus argileuse. Sa couleur jaune ocre à gris clair traduit le lessivage du fer.

Les caractéristiques de cette unité excluent une origine éolienne, d’où sa différence par rapport au grès du Ba1.

Les sables ocres recouvrent uniformément la surface des plateaux. Au cours de leur formation, ils auraient subi 2 cycles complexes de remaniement (Dadet, 1969):

i. transport par le vent ---˃ formation des dunes ---˃ consolidation en grès polymorphes ---˃ effondrement de la partie centrale et démantèlement des pourtours ;

ii. transport par l'eau ---˃ dépôts Fulvio-lacustres ---˃ soulèvement et assèchement.

1.14.3. Cadre géodynamique

L’analyse tectonique des plateaux batékés est basée essentiellement sur l’étude des photographies aériennes et des levers aéromagnétiques réalisée par la société Hydro-Congo (Dadet, 1969).

L’étude morphologique des formations des plateaux batékés fait apparaître deux principales directions de linéations NE-SO et NO-SE qui correspondent aux tracés des cours d’eau.

 la direction NE-SW est dominante et marquée par des vallées très encaissées qui font découvrir la série sous-jacente su Stanley-Pool. Elle caractérise des linéations de grandes extensions telles que la faille qui se prolonge jusqu’en bordure SE du Massif du Chaillu. Cette faille est confirmée en profondeur par l’Airmag et correspond au

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grand accident passant par l’axe Djambala-Oka-Abala-Owando qui s’étend sur plus de 600 km.

 la direction NO-SE constitue une famille de linéations moins étendues mais assez fréquentes en bordure du socle.

Les deux directions sont bien visibles dans les formations sous-jacentes du socle. La structuration du socle a ainsi influencé la couverture sédimentaire des Plateaux Batékés.

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