• Aucun résultat trouvé

Cadre équivariant

SoitXune variété de dimension (réelle)detϕun plongement deX dansRn. On noteth(νϕ)l’espace de Thom du fibré normal deX dansRn et Th(νϕ) le spectreΣd−nΣth(νϕ). La normalisation est telle que la classe de Thom dans la cohomologie deTh(νϕ) soit en degré0.

Sim > n, on considèreRncomme le sous-espace deRm via l’inclusion standard. Siϕest un plongement dansRn, on noteϕ× {0}le plongement dansRm associé. On a alors un homéomorphismeΣm−nth(νϕ)≃ th(νϕ×{0}). Soientϕetψ deux plongements quelconques deX dans Rn. Sim est suffisamment grand,ϕ

etψ sont isotopes dans Rm. Une telle isotopie induit une équivalence d’homotopie th(νϕ)≈th(νψ). Ceci montre le spectre Th(νϕ) ne dépend que de X (et pas du plongementϕ).

Définition D.1.10. Le spectre de la discussion précédente est appelé spectre de Thom de X et noté

Th(X).

Proposition D.1.11. Soit X une variété de dimension (réelle) d. Alors on a une d-dualité

Dd(Xb)≃Th(X) . Corollaire D.1.12. Soit X une variété de dimension réelle d.

– SiX est compacte, on a une d-dualité

Dd(X+)≃Th(X) .

– SiX est stablement parallélisable, on a une d-dualité

Dd(Xb)≃X+ .

Démonstration du Corollaire D.1.12 — C’est un conséquence de l’homéomorphisme canonique

b

X ≃X+ lorsqueX est compacte et de l’équivalence de spectresTh(X)≃Σ(X+) lorsqueX est

stable-ment parallélisée.

Démonstration de la Proposition D.1.11 — Soient X une variété de dimension d et ϕ : X ֒→

Rn+1 un plongement propre de X dans un espace euclidien. Puisque ϕest propre, il se prolonge en une application ϕb:X ֒b →R\n+1 ≃Sn+1. Dans la suite, on omet de mentionner ϕ et l’on considère X comme une sous-variété fermée deRn+1. On considère égalementXb comme un sous-espace deSn+1. Pour montrer la proposition, on va montrer que l’on a une(n+ 1)-dualité

Dn+1(Xb)≃th(νX) .

D’après la Proposition D.1.8, on a une n-dualité

Dn(Xb)≃Rn+1−X .

Soit C la cofibre homotopique de l’inclusionY =Rn+1−X ֒→Rn+1. PuisqueRn+1 est contractile, on a une équivalence d’homotopie stableC st ΣY (une suspension suffit).

D’autre part, soit T un voisinage tubulaire (ouvert) standard (c’est-à-dire donné par l’exponentielle de la métrique euclidienne) de X dansRn+1. L’inclusionRn+1−T ֒→Rn+1−X est une équivalence d’ho-motopie et l’inclusion Rn+1−T ֒→ Rn+1 est une cofibration. L’espace C a donc le type d’homotopie de l’espace quotient Rn+1

/(Rn+1−T) = th(νX).

Ceci montre la dualité annoncée.

D.2 Cadre équivariant

Soit G un groupe fini. On présente dans ce paragraphe la notion de dualité de Spanier-Whitehead

Convention: Convenons que, dans ce paragraphe, lesG-espaces topologiques notésX etY sont pointés2

et ont le type d’homotopie G-équivariant d’unG-CW-complexe fini.

Notations:

– SiX etY sont deuxG-espaces topologiques, on note[X, Y]Gles classes d’homotopieG-équivariante d’applications G-équivariantes entreX et Y.

– Il est commode de fixer un système de représentants des classes d’isomorphisme de représentations (réelles) irréductibles de G, disons V = {V1, . . . , Vr}. On note 1 la représentation triviale (c’est-à-dire R muni de l’action triviale) et n la somme directe 1⊕ · · · ⊕1 de n exemplaires de cette représentation.

– Pour toute représentation V V de G, on note SV le G-espace pointé Vb et ΣV le foncteur

X7→SV ∧X.

– Pour tout V V et pour tous G espaces X et Y, on dispose d’un morphisme de suspension

[X, Y]G −→[ΣVX,ΣVY]G.

– Soit V la catégorie dont les objets sont les sommes directes finies d’éléments de V et dont les morphismes sont donnés par les inclusions.

– Pour tous G-espaces X et Y, on définit l’ensemble des classes d’homotopie stables d’applications équivariantes

{X, Y}G:= colim

W∈ V WX,ΣWY]G ,

la colimite étant prise sur les applications de suspension. – Pour tout sous-groupe H G, on note Sn

H la G-cellule Sn∧ G/H

+. Par définition un G-CW complexe s’obtient en recollant de telles cellules.

– Pour toutG-espace X,ΣVX désigne le G-spectre de suspension de X.

a) Définition

Définition D.2.1. Soit V ∈ V une représentation deG. Une V-dualité de X est la donnée d’un G-CW complexe fini et pointéY et d’une application stableG-équivariante

ε:X∧Y−→| SV

telle que pour toutq Zet tout sous-groupeH, l’application canonique

ε : {SqH, Y}G −→ {SqH∧X,SV}G ϕ 7→ ε◦(1X ∧ϕ)

soit un isomorphisme. On dit alors que Y est un V-dual deX et l’on note3 Y =DVX.

Remarque D.2.2.

– Dans le cas oùG={1}, on retrouve la notion de dualité du paragraphe précédent. – SiY est unV-dual de X, alors pour toutW ∈ V,ΣWY est un(V ⊕W)-dual de X. De même que dans le cadre non équivariant, on a les lemmes suivants.

Lemme D.2.3. Soit ε: X∧Y |−→SV une V-dualité. Alors, pour tous G-CW-complexes finis Z et T, l’application canonique {T, Z ∧Y}G −→ {ε T∧X, Z∧SV}G est une bijection.

On a la caractérisation suivante desG-dualités.

2

Le point base est supposé fixe sous l’action deG.

3

D.2. Cadre équivariant 137 Lemme D.2.4. Une application stableε:X∧Y−→| Sn est une V-dualité si et seulement s’il existe une

G-application stable η: SV−→| X∧Y telle que les diagrammes suivants commutent :

SV ∧X η∧1X// τ ' ' N N N N N N N N N N N X∧Y ∧X 1X∧ε◦τ X∧SV et Y ∧SV 1Y∧η// τ Y ∧X∧Y ε◦τ∧1Y SV ∧Y σ∧1 Y / /SV ∧Y .

De plus, si η est comme ci-dessus, alors, pour tousG-CW-complexes finisZ etT, l’application canonique

η :{T∧X, Z}G−→ {T, Y ∧Z}G est un inverse de l’application ε.

Corollaire D.2.5.

– SiY est un V-dual de X, alors X est un V-dual de Y.

– SiY1 est un V-dual de X1 et Y2 est un V-dual de X2, alors Y1∨Y2 est un V-dual de X1∨X2. – SiY1 est unV1-dual deX1 etY2 est un V2-dual deX2, alorsY1∧Y2 est un(V1⊕V2)-dual deX1∧X2. La proposition suivante est remarquable en ce qu’elle donne un critèrenon équivariant pour reconnaˆıtre une G-dualité. Il s’agit du Théorème 3.6 de [LMSM86].

Proposition D.2.6. Une G-application stableε:X∧Y−→| SV est uneV-dualité si et seulement si pour tout sous-groupe H ⊂G, l’application restreinte aux points fixes

εH :XH ∧YH−→| SVH

est une dim(VH)-dualité (non équivariante).

Corollaire D.2.7. SoientX un CW-complexe (non équivariant) etY un d-dual (non équivariant) de X. On considère X et Y comme munis de l’action triviale de G. Alors,Y est un d-dual équivariant de X.

Définition D.2.8. On note FG(X) le G-dual fonctionnel de X (dans la catégorie des G-spectres). Par définition, FG(X)est le G-spectre formé des espaces(mapG(X,SW))W et desG-applications

SVi∧map(X,SW) //map(X,SW⊕Vi) (t, f) //(x7→(f(x), t)) .

Proposition D.2.9. Soient V ∈ V une représentation de G et Y un V-dual de X. Alors on a une équivalence d’homotopie (faible) de G-spectres

ΣY −→ ΣVFG(X) .

En particulier, le type d’homotopie G-équivariant stable d’un V-dual de X ne dépend que du type d’ho-motopie équivariant (stable) de X.

b) Détermination de G-duaux

Voici l’analogueG-équivariant de la Proposition D.1.8. Il s’agit du Théorème 4.1 de [LMSM86].

Proposition D.2.10. Soient V ∈ V une représentation de G et X un sous-G-espace de RV rétracte d’un voisinage ouvert G-équivariant (G-ENR). Soit également A un sous-G-espace fermé de X tel que l’inclusion A ֒→ X soit une cofibration. Alors, les mapping cônes C(X, A) et C(SV −A,SV −X) sont

V-duaux.

En particulier, pour X un G-CW-complexe fini non vide pointé plongé dans RV1 et A son point base, on a une V-dualité

Corollaire D.2.11. SoientXun sous-G-CW complexe ouvert de l’espace euclidienRV1 etZ :=RV1

X le G-espace complémentaire. Alors on a une V-dualité

DVX≃Zb .

(Ci-dessus Zb est le compactifié d’Alexandroff, muni de sa structure naturelle de G-espace).

Voici l’analogue équivariant de la Proposition D.1.11 pour le calcul du dual d’uneG-variété.

Soit X une G-variété de dimension (réelle) d, V ∈ V une représentation de G et ϕ un plongement équivariant de X dansRV. On noteth(νϕ) l’espace de Thom du fibré normal deX dansRV. Cet espace est naturellement muni d’une action de G. On noteTh(νϕ)le G-spectreΣd⊖VΣVth(νϕ).

SiW est une autre représentation deG, on considèreRV comme le sous-G-espace deRV⊕W via l’inclusion standard. Siϕest un plongement dansRV, on noteϕ× {0}le plongement dansRV⊕W associé. On a alors un homéomorphismeG-équivariantΣWth(νϕ)≃th(νϕ×{0}). Soientϕetψdeux plongements quelconques de X dansRV. SiW est suffisamment « grand »,ϕetψ sontG-isotopes dansRV⊕W. Une telle isotopie induit uneG-équivalence d’homotopie th(νϕ)≈th(νψ).

Ceci montre le G-spectreTh(νϕ)ne dépend que de X (et pas du plongementϕ).

Définition D.2.12. Le spectre de la discussion précédente est appelé G-spectre de Thom deX et noté

ThG(X).

Proposition D.2.13. Soit X une G-variété de dimension d. Alors, on a une d-dualité

Dd(Xb)≃ThG(X) .

Démonstration — La démonstration est mutatis mutandis la même que celle de la Proposition D.1.11. Nous indiquons juste des références pour les adaptations techniques relatives à l’action de G.

– Une G-variété se plonge proprement dans un G-espace euclidien RV (c.f. [Bre72] Chapter II, Corollary 10.2).

– Une sous-G-variété d’uneG-variété admet un voisinage tubulaireG-équivariant (c.f. [Bre72] Chap-ter VI, Theorem 2.2 ).

– SiA−→X−→C−→ΣA−→. . . est une suite cofibrée deG-espaces telle queXsoitG-contractile, alors l’application C−→ΣA induit uneG-équivalence d’homotopie stable.

Corollaire D.2.14. Soit X une G-variété de dimension d. – SiX est compacte, on a une d-dualité :

DdX+ ≃ThG(X) .

– SiX est stablement G-parallélisée, on a une d-dualité :

DdXb X+ .

Documents relatifs