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VI. INDUSTRIES LITHIQUES

VI.4. Cabo Monmouth 20, un campement de plein air à l’Holocène moyen

Les vestiges lithiques que nous avons analysés dans le site Cabo Monmouth 20 totalisent 1203 artefacts : les outils, nucléus et restes bruts de taille conchoïdales représentent 99% (N=1194) et les restes de pierre piquetée comptent une faible quantité d’outils (N=9, 1%; Tableau 18).

Les activités de taille ont été focalisées sur le débitage d’éclats, néanmoins certains des restes bruts et des outils sur lame présentent également un débitage laminaire. On remarque l’absence d’indices de façonnage bifacial et même si on observe la présence d’éclats et de lames de retouche/ravivage, ils sont en rapport avec des outils à bord marginal retouché.

L’état de conservation de la collection est assez bon : 13% des pièces sont entières, 12% fracturés, 53% fragmentés et 22% des artefacts n’ont pas été analysés.

Tableau 18. L’industrie lithique de Cabo Monmouth 20 (nombre et pourcentage).

Catégories Générales Holocène moyen Holocène tardif TOTAL

Outils, pierre taillée

Racloir 9 1,8% 1 0,1% 10

Couteau 1 0,2% 1

Chopper 2 0,4% 2

TOTAL Outils 12 2,4% 1 13

Nucléus et restes bruts

Nucléus 11 2,2% 2 0,3% 13

Éclat 317 63,5% 376 53,4% 693

Lame 13 2,6% 3 0,4% 16

Déchets et frags. indét. 135 27,1% 321 45,6% 456

Galet/bloc fracturé 3 0,6% 3

TOTAL Nucléus et restes bruts 479 96,0% 702 1181

Autres outils

Percuteur 719 1,4% 1 0,1% 8

Enclume 1 0,2% 1

TOTAL Autres outils 8 1,6% 1 0,1% 9

TOTAL 499 100,0% 704 100,0% 1203

41,5% 58,5% 100%

19 Un des percuteurs correspond à ceux décrits comme percuteurs sur arête dans les niveaux de

Les roches les plus taillées dans ce site sont les basaltes et les andésites, de qualité bonne à moyenne. Les roches siliceuses, abondantes aussi, sont très variables comme ensemble de matières premières, et dans leurs propriétés. Les roches des artefacts du site sont très hétérogènes, tant par leur qualité comme par la dimensions des blocs. Dans l’ensemble nous avons identifié : rhyolite, ardoise, quartzite, jaspe et bois fossile, entre autres (Tableau 19). On peut supposer que toutes ces roches sont d’origine locale, obtenues près du site sur les plages de galets érodés.

Tableau 19. L’industrie lithique de Cabo Monmouth 20 : matières premières.

Matières Premières Holocène tardif Holocène moyen TOTAL

Basalte 54 50 104 8,6% Andésite 33 50 83 6,9% Roche siliceuse 93 58 151 12,6% Rhyolite 38 64 102 8,5% Ardoise 30 21 51 4,2% Quartzite 20 13 33 2,7% Sédimentaire 6 10 16 1,3% RGFO * 5 6 11 0,9% Autres roches ** 4 8 12 1,0% Indéterminée 421 219 640 53,2% TOTAL 704 499 1203

* RGFO: roche obscure de grain très fin (voir Charlin 2007). ** Schiste, granite, jaspe et bois fossile.

Les outils dominants sont les racloirs. On a trouvé, exceptionnellement, 2 choppers et 1 couteau. Seules deux de ces pièces utilisent des lames comme support (1 racloir, 1 couteau) ; les autres sont des éclats retouchés et un nucléus.

La variabilité des outils et nucléus présents dans les couches de l’Holocène moyen est plus grande que dans l’occupation de l’Holocène tardif.

La richesse de nucléus et les enlèvements diagnostiques dans le niveau du paléosol (Holocène moyen) ont permis de reconnaitre trois chaînes opératoires de débitage : Levallois, à tendance laminaire, et Chopping tool. On ajoute à ceci un seul remontage de trois artefacts.

Methode Levallois

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La chaîne opératoire liée au débitage Levallois la plus complète est basée sur du basalte, mais on en trouve également sur de la rhyolite. Les trois nucléus montrent un schéma opératoire Levallois récurrent, mais avec différentes modalités d’action par rapport à l’organisation des produits : centripète, unipolaire et bipolaire.

Les critères d’identification technologique sont ceux que nous avons déjà présentés dans les cas de la Grotte Fell et Punta Santa Ana 3, d’après la composition normative de Boëda (1994). La technique d’application de la force est uniquement la percussion directe avec percuteur dur.

Parmi les modalités d’action on trouve dans la méthode Levallois récurrente bipolaire le seul remontage réussi du site. Même s’il n’est composé que de trois restes, il est significatif du point de vue de l’étude technologique. Le remontage comprend le nucléus, un éclat prédéterminant sécant du plan de frappe (Fig. 54 nº3) et un éclat Levallois débordant (Fig. 54 nº8).

Sur deux nucléus (en basalte et rhyolite), on a constaté que la phase d’initialisation du débitage Levallois était élaborée à partir d’éclats corticaux ou semi-corticaux épais (Fig. 55a). Sur les nucléus, la convexité naturelle de l’éclat est mise à profit pour aménager la surface de débitage, les éclats sécants sont utilisés pour améliorer les convexités insuffisantes de la face supérieure de débitage et des enlèvements sécants centripètes sur la face inférieure servent à préparer le plan de frappe.

Les plans de frappe identifiés sur les nucléus Levallois comprennent les types lisse, dièdre et cortical. Les mêmes talons sont observés pour les éclats Levallois. Les angles d’éclatement varient de 65º à 90º (moyenne 78º).

Néanmoins, dans ce site, manquent les outils retouchés sur éclat Levallois ; il est possible, donc, qu’ils aient exportés dans d’autres lieux, ou qu’ils aient été abandonnés dans un zone différente du site (non fouillé).

Débitage À Tendance Laminaire

La collection lithique de CM-20 présente des cas isolés de lames. Les vestiges associés sont des outils, des lames et des éclats à arête (N=30). La plupart de ceux-ci correspondent à des niveaux de fouille de l’Holocène moyen (n=20).

Les matières premières mettent en évidence la suprématie de basaltes, calcédoines, RGFO et différents silex.

Les lames et éclats allongés sont destinés à fournir des supports transformés après retouche en racloir et couteau. Les deux outils retrouvés dans la fouille ont été produits sur lames à dos naturel, ainsi que l’éclat allongé à arête de négatifs bipolaires.

Les restes bruts qui sont liés avec ce débitage sont des lames variées : à dos naturel, semi-cortical, à arête simple, à arête double (bipolaire), angulaire et lisse.

Il n’y a pas d’indices de la phase d’initialisation et le schéma opératoire semble reposer sur la technique de détachement : la percussion tendre (N=9, 50%). Les talons sont, en général préparés lisses (N=7) ou facettés (N=4), et sur deux de ces talons nous avons enregistré de l’abrasion.

Le schéma ressemble de bout en bout à la chaîne opératoire traitée précédemment ; celle-ci appartient à la méthode à tendance laminaire (Schidlowsky 1999).

Figure 54. Cabo Monmouth 20, Holocène moyen : méthode Levallois récurrente bipolaire, remontage de nucléus et deux éclats (nº3 prédéterminant sécant du plan de frappe et nº8 éclat Levallois débordant).

Débitage Chopping tool et autres schémas

Enfin, des pièces presque isolées donnent des informations partielles sur la présence de débitage Chopping tool (2 nucléus, Fig. 55b) et d’autres schémas opératoires.

Les deux nucléus Chopping tool semblent très épuisés, mais ils montrent des critères d’identification. Les autres restes incluent deux

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mais tous sont obtenus par percussion tendre. Certains présentent des traces d’abrasion et/ou doucissage.

Figure 56. Racloirs du site Cabo Monmouth 20 : a) support de débitage à tendance laminaire bipolaire ; b)-c) éclats en tranches sur enclume (sensu Morello 2005) ; d)-e) éclats angulaires.

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VI.5. Quelques éléments technologiques complémentaires