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Deuxième partie Des paysages construits et organisés pour une exploitation extensive des milieu

N © ITEM M-P Lavergne

2. Borde et borde-bordar bases de l’organisation spatiale du « système maison » en Soule

2.2. Le borde-bordar d’altitude ou le prolongement de la maison vers l’estive

La vocation pastorale du borde-bordar ne fait aucun doute au vu des textes et une volonté de peuplement s’affiche dès l’origine. La présence de l’etxola ou olha108qui jouxte la borde au pied de l’estive autorise un habitat temporaire. Cette construction que nous retrouvons aujourd’hui est courante au niveau du bordalte, autrement dit à l’étage où les

bordes d’élevage s’inscrivent dans les terres communes. En d’autres termes, des borde- bordars vont se peupler et se transformer en etxe, alors que d’autres vont se limiter à rester

des extensions de maisons déjà introduites dans les herms de montagne.

L’analyse des sources écrites donne un aperçu de l’origine de quelques possesseurs de fief à la montagne de Larrau.

- Dans la documentation médiévale

Dès le XIIème s., les noms des donateurs à l’abbaye de Sauvelade rappellent leurs origines. Arnaud de Laguinge est du village de Laguinge situé à 14 km de Larrau auquel il donne le nom. Il possède aussi des terres en Cize109. Le nom de Lobaner de Xaver rappelle le village d’Etchebar110 qui est situé à 12 km du bourg de Larrau. Ces deux donateurs figurent dans les écrits de l’historien De Jaurgain111. Enfin Sanche de Larraun cité par l’historien De

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L’assemblée des maisons fixe les dates d’exploitation, de transhumance, de partage des biens et des tâches et règle les différends, tout en maintenant et réactivant leur cohésion. Cursente 1998.

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Les dégairies étaient des réunions de communautés peu importantes. Chaque groupement (il y en avait sept en Soule) était généralement formé par un val. Le degan était chargé de gérer les affaires communes.

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Durand 1900.

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Archive privé Réponse à grief d’appel. Imprimerie et lithographie Veronese. Pau 1873. Cote ITEM. Non classée.

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Source : terrier de Soule de 1675. Liste des affièvements nouveaux. Ibid p 2. note 12.

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L’etxola veut dire ici la « petite maison » et olha s’emploie couramment en Souletin pour signifier la cabane. Lorsque l’ olha est dans l’enclos de la borde, elle prend la forme d’une pièce de petite dimension (6 à 8m² ) avec un emplacement pour le feu et un houteau sur un versant de la toiture pour évacuer la fumée.

109 Legaz 2005. 110 Orpustan 2000. 111 De Jaurgain 1908 / 2005.

Marca112 donne les terres de Larrau à Sauvelade. A ces donateurs se rajoutent d’autres possédants : ainsi le vicomte Arnaud de Soule, fermier du Roi vend en 1110 des estives de Larrau à un espagnol113 !

- Dans la documentation du XVIème s.

Arnaud Xans, Seignor de Larraus à Montory est inscrit comme consort de cayolars114 situés à Sainte-Engrâce dans une liste de fiefs115. Montory est un bourg royal à 19 km de Larrau. Dans la liste de Montory nous trouvons aussi un Noguès dont le nom s’agrège à Borthelle pour donner Pierre de Borthelle dit Noguès116 pour un affièvement de borde-bordar inscrit au censier de 1515. Borthelle donnera le nom à un parsan de Larrau qui englobe la maison Noguès, patronyme qui figure aussi comme notaire royal à Mauléon quant à « Bortele

ez ostau deu rey paster» qui est le seul Borthelle en Soule et « berger du roi » d’après le

censier de 1377 117.

Dans la Sauveté et Grange de Larrau, Marie Lassalle avec sa borde de Lassalle détient le plus de terre : serait-ce la même Marie de la Salle, héritière de la Salle de Sibas ou maison noble de Sibas118 près de Tardets à 20 km de Larrau 119 ou encore une parente du notaire Lassalle cité dans le Contratu Larranequo Fondamena ? Au parsan de Larrau, Berterreche de Lichans, village situé à 14 km, prend des terres en fief en 1517. Dans la sentence arbitrale de 1487 nous retrouvons « Menot de Berterreche notaire royal habitant de Lichans ». En 1574 Iriart de Sonhar120 village aujourd’hui associé à Lichans prend un fief de « 100 arpans » à Larrau121.

Tous ces exemples montrent la tendance affirmée d’anciennes maisons du reste de la Soule à acquérir des parts de montagne et à en disposer. La possession des terres de l’alleu intervient très tôt mais la dispersion géographique des entrants à Larrau reste confinée à une distance n’excédant pas 20 km. Cette distance exclue néanmoins des aller et retour journaliers ; l’affièvement de la borde-bordar s’accompagne nécessairement de l’installation d’un bordier. Nous ne saurons que trop conseiller la lecture des travaux de Michel Duvert sur le sujet, qui fait un tour d’horizon complet sur la nature des bordes et bordiers en Iparralde (Pays Basque Nord). Nous ajoutons que les moines défricheurs des abbayes bénédictines des XIIème et XIIIème s. appelaient bordaries les petites tenures de terre cultivées par les seuls bras des tenanciers, les bordes de la Grange de Larrau, bien que tournées vers l’élevage, pourraient être de ce type. Nous nous contenterons de décrire différents types d’installations visibles de nos jours et ensuite de dégager les particularités de la société montagnarde au travers des maisons atandes qui, d’un point de vue anthropologique, héritent de la « logique » de ces pionniers.

f

112 De Marca 1639. 113

Cote ITEM A 010 Sentence arbitrale du 9 Juillet 1487.

114

Voir note 3 page 1.

115

Cote ITEM AP 0001.

116

Nous ferons la distinction entre la « signature » qui est le nom propre de la personne (Borthele) et le nom d’usage c’est à dire celui de la maison dans laquelle elle habite (Noguès).

117

Cierbide 1994, Orpustan 2000.

118

Sieur Menaud de Muret procureur du Roi en pays de Soule dans son testament de 1538 « prie et exhorte [son

fils] de vouloir prendre pour femme et épouser Marie de la Salle, fille de Marie de Rustigoïty…héritière de la Salle de Sibas » De Jaurgain 1908.

119 De Jaurgain 1908. 120 Sunhar (Cierbide 1994). 121 Cote ITEM AU 0001.