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VI. Première analyse. Les perceptions des éducateurs :

6.2. Bob

En ce qui concerne le contexte de travail dans lequel se trouve cet éducateur, celui-ci travaille dans deux écoles. Il dit entretenir de bons rapports avec les équipes enseignantes, qu’il décrit comme motivées et disponibles pour la collaboration. Il a également effectué sa formation à l’IES.

6.2.1. Les perceptions

Selon Bob, les professeurs attendent de lui :

a) qu’il intervienne dans les familles dont les parents ne viennent pas aux entretiens fixés par les enseignants ;

b) qu’il intervienne dans leur classe lorsqu’il y a des bagarres ou des conflits entre élèves ;

c) qu’il intervienne dans les cas de violences venant des parents ; d) qu’il les soutienne lors d’entretiens de parents difficiles à gérer ; e) qu’il soit disponible pour gérer tout type de problème ;

f) qu’il appelle les parents des élèves, pour leur parler des problèmes que l’enseignant rencontre avec leur(s) enfant(s) ;

g) qu’il intervienne auprès des parents qui font du bruit dans le préau, après 16h ; h) qu’il intervienne auprès des enfants qui se disputent dans le préau et dans les

cortèges ;

i) qu’il fasse des retours sur son travail avec les partenaires du REP.

A présent, voici la vision du type de travail que Bob pense devoir effectuer. Dans le cadre de son activité de travailleur social dans une école du REP, il pense devoir :

j) être un soutien pour les enseignants ;

51 k) gérer la violence ou l’agressivité, des élèves et/ou des parents d’élèves ;

l) intervenir en classe lors de conflits d’élèves, et désamorcer les situations conflictuelles ;

m) travailler avec les partenaires du REP : le SSJ (le Service de la santé et de la jeunesse), le SPMi (le Service de la protection des mineures), et la maison de quartier ;

n) être une personne de relai entre le SPMi et l’OMP, et les enseignants ;

o) favoriser et intégrer des enfants à travers la socialisation et les apprentissages ; p) amener une autre posture réflexive ;

A présent, les jugements du travailleur social concernant les attentes des enseignants qu’il a perçues vont être présentés.

6.2.2. Les jugements

Tout d’abord, Bob juge qu’intervenir dans les familles est inadapté. En effet, selon lui, ce souhait des enseignants est disproportionné. Le travailleur social serait disposé à faire cela uniquement dans des cas d’urgence.

En ce qui concerne l’intervention lors des bagarres, l’éducateur juge que cette attente est adaptée à son champ d’action. Elle rejoint sa vision du travail. En effet, que ce soit pour la gestion de problèmes d’ordre général ou pour des bagarres entre élèves d’une même classe, le travail avec les partenaires du REP lui permet d’intervenir.

Concernant la part de travail qu’il dit effectuer avec les professeurs, le travailleur social explique que les enseignants et leurs attentes peuvent souvent être en contradiction avec sa vision du travail. Plus précisément, lorsqu’il s’agit d’un travail de type éducatif, l’éducateur ne donne pas de retour à l’enseignant.

Puis, en ce qui concerne l’intervention auprès des mères bruyantes et des élèves en conflits dans les cortèges, Bob juge ces attentes inopportunes. Selon lui, elles s’apparentent à du « sale boulot », et se manifestent à travers des demandes inadéquates des enseignants. Ainsi, il pense qu’il n’a pas à être disponible pour régler tous les types de conflits.

Par contre, il est d’avis qu’il dot intervenir pour les cas de parents violents, c’est son travail.

Même si un enseignant ne fait pas appel à lui pour le cas d’un parent d’élève ou celui d’un enfant agressif, Bob lui offre son aide.

52 6.2.3. Les stratégies et comportements

En premier lieu, l’éducateur a expliqué que, selon lui, il faut avant tout créer un lien en discutant avec les parents, aux abords de l’école ou passer par la direction (le directeur ou la directrice), afin qu’une convocation officielle d’entretien soit écrite et adressée aux parents.

Ensuite, concernant les conflits entre élèves, il estime que le suivi d’un élève se fait toujours en collaboration avec l’enseignant. Il lui est arrivé qu’un enseignant ne passe plus par lui, pour un cas d’élève en difficulté comportementale et contacte directement le SPMi. Pour ce type de cas qui concerne uniquement des problèmes relevant du travail éducatif, l’éducateur a expliqué qu’il est dérangeant que l’enseignant fasse cavalier seul. En revanche, il pense que pour des problèmes scolaires (du travail d’instruction), le praticien n’est pas tenu d’informer l’éducateur d’un quelconque suivi.

En somme, c’est l’éducateur qui doit prendre en charge le travail de lien entre les élèves et/ou les familles, et les différents services publics. Il peut, par la suite, faire un retour à l’enseignant concerné. D’ailleurs, à ce propos, s’il y a un entretien au SPMi, où le professeur n’est pas convié, Bob lui donne un retour oral à propos des éléments qui auraient étés discutés avec les spécialistes de ce service.

Puis, pour ces cas de conflits entre élèves, l’éducateur explique qu’il est mieux équipé que l’enseignant pour aborder les problèmes de comportements des apprenants. C’est en discutant avec les élèves concernés qu’il peut avoir accès à leur(s) ressenti(s) et aborder les problématiques qui les touchent.

Dans ce sens, il pense que son statut implique qu’il soit dans la transmission de valeurs plutôt que dans la transmission de savoirs. Son travail porte essentiellement sur le « vivre ensemble ». Et, selon lui, c’est à ce niveau qu’il est un soutien pour les enseignants.

D’ailleurs, ce soutien fait partie des attentes des enseignants.

Ensuite, en ce qui concerne l’intervention auprès des parents agressifs, Bob pense que c’est grâce à sa posture qu’il est en mesure de ne pas entrer en symétrie avec un individu agressif.

Par exemple, il peut trouver des stratégies pour « désamorcer » une situation conflictuelle entre un enseignant et un parent d’élève agressif, entre autres. Plus concrètement, dans ces cas-là il propose au parent de venir dans son bureau pour discuter, afin que celui-ci puisse avoir un espace de parole pour exprimer ses frustrations.

Finalement, en ce qui concerne sa disponibilité pour tous les types de problèmes, son intervention auprès des parents bruyants dans le préau et les conflits entre élèves dans les cortèges, Bob considère cela comme « du sale boulot ». Il ne traite pas ces types d’attentes, car dans un premier temps, il n’a pas le temps de considérer toutes les demandes des enseignants qui s’y rattachent, et dans un second temps, il pense qu’il n’est pas là pour effectuer ce type de travail. C’est pourquoi il a passé une grande partie de son temps, au début de sa prise de fonction, à « apprendre à fixer » ses limites. De plus, selon lui, la part de travail

53 qui est difficile à gérer pour les enseignants n’est pas, dans l’absolu, du « sale boulot ». Ainsi, pour certaines de leurs demandes, il explique aux professeurs que ce travail, bien qu’il soit difficile, appartient à leur champ de compétences (c’est à eux de prendre en charge ce travail).