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Les Bilans Partagés de Médication

Dans le document Les clefs de l’officine de demain (Page 52-56)

PARTIE II : LA PHARMACIE DE DEMAIN, AUJOURD’HUI ?

B. Les Bilans Partagés de Médication

L’arrêté du 9 mars 2018 approuve l’avenant 12 à la Convention Nationale des pharmaciens titulaires d'officine et entérine la mise en œuvre du bilan partagé de médication à l’officine.

Ce dernier se définit d’après la HAS comme « une analyse critique structurée des médicaments du patient dans l’objectif d’établir un consensus avec le patient concernant son traitement, en ayant soin d’optimiser l’impact clinique des médicaments, de réduire le nombre de problèmes liés à la thérapeutique et de diminuer les surcoûts inutiles. Cette démarche impose de mettre en perspective le traitement du patient (issu du Bilan de Médication) en regard de ses comorbidités, d’éventuels syndromes gériatriques, de ses souhaits, et d’outils d’évaluation pharmacologique comme ceux de détection de médicaments potentiellement inappropriés ». Le Bilan Partagé de Médication apparait désormais en France dans le cadre législatif du référentiel de compétences des pharmaciens d’officine avec une rémunération forfaitaire dans le cadre de l’accompagnement des personnes âgées.

2. Avantages pour les patients

Concrètement, ces analyses s’appuient sur un entretien formalisé avec le patient ayant pour but de réduire le risque d’iatrogénie, d'améliorer l'adhésion du patient et de réduire le gaspillage de médicaments. Ces objectifs sont donc en lien direct avec la pertinence, l’efficience et la qualité de la prise en charge médicamenteuse du patient.

Les patients sont de mieux en mieux informés via une multitude de connaissances accessibles simplement avec leur smartphone. Les applications de « santé » ou encore internet, et ses nombreux forums d’experts, les rendent plus attentifs et exigeants sur leur santé. De ce fait, ils doivent être intégrés dans leur prise en charge. Ces actions de responsabilisation et de confiance les rendent véritablement acteurs de leur santé.

3. Avantages pour l’équipe de soins

La réalisation d’un Bilan Partagé de Médication comporte 4 étapes : • La collecte de données,

• L’évaluation et l’analyse pharmaceutique clinique, • La mise en œuvre,

Ces différents temps réalisés par un pharmacien pouvant être assisté par un autre membre de l’équipe officinale (étudiant sixième année en stage de professionnalisation ou un préparateur en pharmacie), reposent sur le partage d’informations et sur une coordination pluri professionnelle, tout particulièrement avec le médecin traitant. En effet, cette coordination pluri professionnelle peut-être, dans certains cas, fondamentale en raison d’un nombre très important d’interlocuteurs : les différents médecins spécialistes (ophtalmologue, cardiologue, pneumologue, etc.) ou encore les équipes de soins à domicile comme les infirmières, les aides- soignants, les masseurs-kinésithérapeutes, etc.

4. Les freins constatés et leurs leviers

Malgré de grandes avancées sur la reconnaissance des Bilans Partagés de Médication et la volonté que ces derniers soient généralisés, de nombreux freins persistent, communs à la grande majorité des nouvelles missions du pharmacien. Toutefois des solutions existent et nous allons lever ces freins progressivement jusqu’à la fin de cet écrit.

• Chronophage : effectivement, cette mission prend du temps. Notamment, lors de sa mise en place car de nouvelles habitudes, de nouveaux réflexes, de nouvelles procédures doivent être intégrés.

§ A long terme, une réorganisation de l’activité officinale dans son ensemble sera nécessaire.

§ A court et moyen terme, la digitalisation de notre métier et l’accès à des outils numériques rendent plus pertinent ce processus tout en réduisant considérablement l’aspect administratif.

Nous pouvons notamment parler des applications : BIMEDOC® et OBSERVIA® qui

permettent de centraliser les différentes étapes du bilan et d’ainsi pré-rédiger les différents comptes rendus, d’accélérer l’analyse pharmaceutique en réalisant une présynthèse, ou encore gérer la télétransmission auprès de l’Assurance Maladie.

• Recrutement : comment identifier les « bons patients » ? Un « bon patient » est un patient qui répond aux conditions d’éligibilité pour une action de pharmacie clinique donnée et qui tirerait un bénéfice d’une telle action.

Une approche informatique : Les LGO permettent d’identifier les patients selon les critères d’éligibilité en quelques secondes apportant un gain de temps considérable.

Une approche humaine au comptoir lors de la délivrance mensuelle des traitements. Dans ce cas, certains médicaments dits réflexes ou encore certains commentaires du patient doivent alerter l’équipe sur l’utilité de ce type d’entretien. « Non, je n’en ai pas besoin merci ! J’ai 2 ou 3 boites d’avance… ». Cette simple phrase qui semble anodine révèle un problème majeur, l’inobservance du patient.

• Relation avec les autres soignants : Ce point est un frein majeur dans l’exercice officinal en général. La relation de confiance et de coopération entre les différents acteurs de santé est cruciale pour une bonne prise en charge. Nous aborderons ultérieurement plus en détails ce sujet et ses solutions.

• Accès aux informations : Les bilans partagés de médication nécessitent par définition un grand nombre d’informations. Malheureusement, le pharmacien ne peut actuellement accéder qu’à un nombre limité de sources plus ou moins fiables.

A moyen, voir long terme, l’accès au Dossier Médical Partagé, si son rôle de bibliothèque de santé personnelle fonctionne, serait une solution particulièrement intéressante pour mener à bien ces bilans.

• Lieu de réalisation :

L’arrêté du 18 mai 2020 a rendu possible la réalisation des entretiens en télésoin à distance (37). Cette évolution majeure nécessite tout de même un premier entretien préalable en face à face, mais nous ne pouvons que saluer et encourager cette initiative. En effet, elle permet d’en faciliter l’accès, aux personnes fragiles ou encore en situation de handicap. De plus, la crise sanitaire actuelle nous a montré l’importance de trouver des solutions pour continuer à échanger malgré la distance.

charge ces travaux ? Permettront-ils à l’officine d’être économiquement viable ? Faut-il rogner sur le front office et perdre des mètres linéaires ou réduire le back office ? Certaines officines ont une superficie extrêmement réduite, ce type de pièce est-il vraiment possible ?

• La rémunération, sera-t-elle la clef de ce changement de paradigme ?

Est-ce que toutes ces actions de santé publique menées à l’officine ont réellement un impact significatif sur les dépenses de santé ? Est-ce que les moyens de financement octroyés par l’Assurance Maladie seront à la hauteur des investissements engagés par les pharmaciens ? Nous n’avons pas à l’heure actuelle en France la réponse à de telles questions. Pourtant, les Bilans Partagés de Médication sont associés dans d’autres pays (comme le Canada, l’Australie, la Norvège, etc.) à une réduction de la polymédication, une amélioration de la qualité de vie des patients et également une réduction des coûts (38).

Dans le document Les clefs de l’officine de demain (Page 52-56)