• Aucun résultat trouvé

Bilan sur les thèmes TAL et connaissances

CHAPITRE 7. Bilan et perspectives

7.1. Bilan sur les thèmes TAL et connaissances

Les principaux résultats sur ce thème :

- la validation des propositions de notre thèse (Fougères, 1997 ; Fougères et

Trigano, 1997 ; Fougères et Trigano, 1999) ;

- l’adaptation des travaux précédents au contexte pédagogique (Fougères, 2004), avec la conception d’un prototype d’aide à la conception UML ;

- la proposition d’une démarche d’aide à l’instrumentation participative de type µ-outils (Fougères, 2006).

Dans le chapitre 2, nous avons présenté le domaine du traitement du langage naturel, centré sur la compréhension de textes techniques, puis nous avons décrit nos travaux de recherche sur l’aide à la conception logicielle ; travaux que nous avons poursuivis depuis la soutenance de notre thèse. Nos actions de recherche centrées dans un premier temps sur l’interaction pour concevoir, ce sont ouverts à la coopération dans la conception. Deux types de perspectives se dégagent de ces travaux :

 Des perspectives d’aide interactive à la conceptualisation, pour lesquelles nous définissons trois actions : (1) poursuivre les travaux sur l’aide à la conception objet et agent – l’application à l’enseignement est immédiate ; (2) définir un langage de description tridimensionnelle (structure-fonction-dynamique) ; et (3) faciliter la conception participative (l’informaticien, les experts du domaine et les futurs utilisateurs) en proposant un outil capable de représenter sous forme diagrammatique (diagrammes de classes, d’actions et de séquences) les descriptions de besoin énoncées par le futur

98

Bilan et perspectives

-

114-utilisateur non nécessairement informaticien. Cette dernière perspective, que nous avons commencée à étudier (Fougères, 2006), est développée dans la section suivante. De toute évidence, les systèmes supports à cette conceptualisation participative doivent devenir plus « intelligents » (Morand, 2004) ; des interactions avec leurs utilisateurs dépend la pertinence de l’assistance proposée. Ces systèmes permettraient alors d’accompagner au mieux l’« intelligence humaine dans le travail de conception »

(Deshayes, 2006), en offrant des fonctionnalités de co-construction diagrammatique.

 Des perspectives pour la médiation : améliorer l’usage des logiciels coopératifs et proposer un cadre de communication plus naturel (i.e. à partir d’un langage éventuellement restreint) entre les utilisateurs de ces logiciels et le système de médiation conçu pour faciliter leur coopération. Nous pensons en effet, que les avancées dans le domaine du dialogue homme-machine (Allen et al., 2001 ; Luzzati, 2006) – établissement d’une véritable interaction verbale (écrite ou orale) entre les utilisateurs et le système – devraient améliorer l’interaction entre un groupe d’acteurs et un médiateur artificiel (cf. chapitre 6).

Perspective développée : l’aide à la conception de micro-outils logiciels

Nous développons ici le projet de recherche sur l’assistance à la conception d’applications légères que nous appelons « µ-outils » et qui peuvent être déployés sur une plate-forme coopérative (Fougères, 2004 ; Fougères, 2010). Le concept de µ-outil (Van Handenhoven et

Trassaert, 1999 ; Fougères et Micaëlli, 2006) s'oppose à la tendance actuelle des outils de

conception, souvent lourds, prescriptifs, et parfois peu employés. Il apporte une réponse intéressante au caractère opportuniste du processus de conception (Visser, 2001). Un concepteur peut utiliser certains de ces outils pour réaliser une tâche, mais pas nécessairement. L’usage des µ-outils apparaît alors bien adapté aux activités non routinières, en particulier créatives. Les propriétés de ces outils sont idéalement : faciles à apprendre et à utiliser (quelques minutes), peu complexes, rapidement implémentables et évolutifs. Le développement d’un µ-outil s’inscrit spontanément dans une démarche orientée activité. Nous avons alors défini un processus de développement participatif des µ-outils, appelé ICI (Fougères, 2005). Celui-ci débute par l’analyse de l’activité et aboutit au produit logiciel correspondant, accompagné de documents normalisés qui constituent la mémoire, la « trace détaillée » (Micaëlli et Forest, 2003) de leur conception.

Pour faciliter les interactions entre les différents acteurs impliqués par ces développements participatifs, nous avons conçu des outils basés sur des techniques du TAL. Dans

(Fougères, 2006) nous avons proposé un premier processus d’identification assistée de

µ-outils, partant de l’expression de besoins et permettant de produire des diagrammes sémantiques (orientés description fonctionnelle), de type actigrammes SADT. Pour l’illustrer, nous nous sommes appuyés sur un texte rédigé dans le cadre d’une analyse d’usage d’une machine-outil selon le modèle SACI99 (Rabardel, 2005). Cette analyse permet de traduire une approche en termes d’activité, en une approche en termes conceptuels (concepts logiciels). Ainsi sujets, actions, objets, instruments et interactions, sont respectivement traduits en agents, méthodes, objets, systèmes et associations. Les actions100 recensées sont considérées comme potentiellement instrumentables par des µ-outils. La figure 39 illustre le processus d’identification des µ-outils sur l’exemple de Rabardel. A partir du graphe résultat, les concepteurs et les futurs utilisateurs peuvent discuter de l’intérêt de

99

Situations d’Activités Collectives Instrumentées. Ce modèle permet d’identifier les sujets, actions, objets, instruments et interactions, traduits respectivement en agents, méthodes, objets, systèmes, associations. Il a été proposé dans le cadre d’une théorie instrumentale : l’artefact (matériel ou symbolique) devient instrument lorsque l’acteur l’associe à un ou plusieurs schèmes d’utilisation et qu’il se l’approprie. Nous retrouvons ces éléments dans la théorie de l’activité présentée au § 5.1.1.5. 100

Une fois recensée, il reste alors à identifier la modalité élémentaire de l’action : actionnelle (faire), interactionnelle (faire-faire), épistémique (faire-savoir), transactionnelle (faire-pouvoir), déontique (faire-devoir), volitives (faire-vouloir), illusoires (faire-croire) (Desclés et al. 1998).

Bilan et perspectives

développer ou non un µ-outil. Dans le cas présent, la discussion porterait sur l’instrumentation des tâches « Appuyer/Presser », « Serrer » et « Vérifier/Contrôler ».

En résumé, après avoir spécifié puis développé plusieurs séries de µ-outils, pour assister la conception collaborative, nous proposons de travailler sur la conception d'outils d'assistance au développement de µ-outils. L'activité de développement des µ-outils étant bien appréhendée (processus ICI), nous avons pensé réutiliser le concept de µ-outil pour l'assister. Ainsi, un ensemble de µ-outils, utilisant des techniques du TAL, pourrait permettre à un collectif multi-métiers d’identifier, de concevoir et d’intégrer de nouveaux µ-outils.

Texte de la description de la première tâche

Vue d’écran de l’environnement d’aide à la conceptualisation de µ-outils

Montage : L'opérateur appuie la meule sur le

mors inférieur, il serre le mors avec la main droite tandis qu'il plaque la meule avec la main gauche. Il vérifie le contact entre la meule et les cales.

Actigramme SADT de cette tâche

Figure 39. Résultat partiel de l’analyse d’une activité « Montage » Le thème des connaissances dans les systèmes d’aide et/ou coopératifs

Les principaux résultats sur ce thème :

- la validation d’une approche type SBC pour la réalisation d’un STI pour la formation de régulateurs de trafic (Fougères, 2000 ; 2001) et l’aide à la décision pour la détection d’épidémies (Fougères, 2002 ; 2003) (deux prototypes ont été développés) ;

- la validation de l’approche modélisation de procédés coopératifs pour une assistance dans les EIAH coopératifs (Ospina et Fougères, 2005 ; Fougères

et al., 2007) – les différentes versions de l’environnement iPédagogique ont

été utilisées au département GI de l’UTBM sur la période 2001-07.

- la validation de l’approche connaissances à base de cas pour la médiation coopérative (Fougères et Ospina, 2004 ; Ospina et al., 2005 ; Ospina et

Fougères, 2009).

Dans le chapitre 3, nous avons exposé les différents travaux menés autour du traitement des connaissances dans des systèmes d’assistance ou coopératifs. Nous avons illustré ces travaux avec deux applications : un système tutoriel de formation de régulateurs de trafic et un environnement pédagogique pour la gestion de projets d’étudiants. Les perspectives de

µ-tools identification µ-tools

Bilan et perspectives

-

116-ce dernier travail, outre une meilleure maîtrise des activités coopératives liées à la pédagogie de projets, sont : (1) à court terme, l’enrichissement des connaissances et des compétences d’un système de médiation, pour accroître son champ d’activité, tant sur l’assistance pertinente de la coopération, lors des prises de décision collectives par exemple, que sur l’animation de celle-ci ; (2) à moyen terme, l’utilisation des connaissances acquises ou mises à jour lors d’activités coopératives instrumentées ; nous pensons notamment à l’utilisation des traces d’activité mémorisées qui ne peuvent que faciliter la réalisation des phases de synthèse d’une activité (évaluation, validation, rédaction de compte rendu d’activité, édition de dossier de spécifications, etc.) – ces traces d’activités doivent aussi pouvoir être intégrées dans une mémoire de projets (capitalisation de l’expérience projet et du savoir-faire coopératif), consultable en cours de projet ou à posteriori ; et (3) à plus long terme, l’intégration d’autres dimensions coopératives, comme celles de conscience de groupe et de partage de contexte. Des perspectives qui sont directement issues du travail de thèse de Jing Peng, appliquées à l’architecture et à l’intégration système.