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INTÉRIEURS ET EXTÉRIEURS : FORME ET APPROPRIATION

10. BILAN ET APPRÉCIATION DU LOGEMENT

Au terme des entretiens, les résidentes rencontrées se sont dites satisfaites de leur logement, à des niveaux cependant variables, la cote qu’elles lui attribuent allant de 5 à 9 sur 10. Cependant, la cote la plus faible est compensée par l’insertion urbaine du projet, qui est jugée, par toutes, excellente. Toutes soulignent les atouts du quartier, que ce soit pour les services qu’il offre, son caractère urbain ou l’accès à des espaces verts et naturels – parcs et Mont-Royal.

Outre l’insertion urbaine, les résidentes rencontrées soulignent la qualité physique des logements qu’elles occupent. La qualité de l’air, la luminosité (au moins pour les logements aux étages), le fait que chaque enfant dispose d’une chambre à soi, sont des éléments valorisés souvent en comparaison avec les conditions de logement passées, lorsqu’elles impliquaient de résider dans des logements plus anciens.

Autre élément valorisé, la formule coopérative qui permet à la fois de bénéficier d’un logement neuf à un prix en dessous du prix moyen du marché et de développer des relations sociales à l’échelle du projet.

Ces différentes constatations doivent cependant être nuancées selon que le logement se trouve ou non en « demi sous- sol ». En effet, la résidente rencontrée qui occupe une unité en « demi sous-sol », même si elle donne une cote élevée à son logement (8 sur 10), n’en précise pas moins, comme nous l’avons vu, que la luminosité et la ventilation ne sont pas, tant s’en faut, parfaites. La construction d’un sentiment d’intimité y est aussi plus difficile en raison de la localisation du logement par rapport à la rue et à la cour.

Enfin, malgré le fait qu’il soit situé en « demi sous-sol », la résidente rencontrée a mentionné que le logement n’est pas plus frais en été, mais qu’il est par contre plus difficile à chauffer en hiver.

Si les participantes à la recherche sont plutôt satisfaites de leur logement, elles voient aussi qu’il y a place à l’amélioration. Cette opinion est partagée par l’architecte et le gestionnaire rencontrés, qui ont tous les deux aussi participé à la conception du projet. Toutefois, tous ces acteurs sont aussi conscients que les éléments perfectibles sont associés à des contraintes budgétaires qui ont obligé à sacrifier certains aspects prévus par la programmation.

Un premier point concerne le manque d’espace de rangement. Comme nous l’avons déjà mentionné, cette question a occupé une partie significative des entretiens. L’absence de stationnement ou d’espaces de rangement au sous-sol, comme prévu au début du projet, se fait ici sentir. Un deuxième point se rapporte à l’insonorisation. D’après le gestionnaire rencontré, le bruit constitue le facteur d’inconfort dominant. Ce participant à l’étude note que cet inconfort peut être exacerbé par les attentes élevées que le projet a pu susciter chez certains locataires, l’entrée dans des logements neufs sur le Plateau Mont-Royal étant pour eux synonyme d’une qualité supérieure de construction. Un troisième point touche aux activités que devrait accueillir un logement. Sur ce point, le manque d’une pièce pouvant être dévolue à un bureau ou un espace de travail, laisse penser aux participants que la famille ne soit pas encore perçue comme compatible avec le travail autonome ou à domicile dans l’esprit des décideurs et promoteurs de logements pour famille.

Quant à leur avenir résidentiel, deux des trois résidentes interrogées se voient habiter dans le projet pour plusieurs années, et ne comptent pas chercher un logement ailleurs. Pour l’ensemble du projet, la mobilité

résidentielle a été très faible, deux logements sur 36 s’étant libérés en deux ans d’opération.

11. CONCLUSION

Le projet de coopérative Marie-Anne a fait l’objet d’une planification ciblant les familles, et ce, dès le début. Toutefois, les contraintes de coûts liées au programme de subvention ont limité la prise en compte de cette clientèle dans le design final des immeubles. La présence des familles ne ressort d’ailleurs pas tellement dans le design proposé, lequel est relativement conventionnel par rapport à ce que l’on trouve dans les secteurs centraux de l’île de Montréal en termes de cadre bâti.

Ce caractère standard du design aurait néanmoins été moins prononcé si le projet avait pu bénéficier d’un financement plus généreux. Les plans initiaux comportaient en effet un espace en sous-sol reprenant des stationnements et des espaces de rangement additionnels, une meilleure insonorisation des immeubles et un aménagement paysager attractif, autant de critères qui favorisent l’installation durable des familles dans un projet résidentiel. Ils n’ont cependant pu être atteints faute de moyens financiers.

En ce qui a trait au plan des logements, leur caractère traversant constitue un des aspects positifs du projet, parce qu’il permet une meilleure ventilation naturelle et un accès à plusieurs sources de lumière naturelle. En revanche, leur superficie réduite pèse sur leur habitabilité, en particulier pour les unités résidentielles comptant trois chambres à coucher. Ce manque relatif d’espace se traduit principalement par des difficultés en termes de rangement et par une faible individualisation possible des activités à l’intérieur du logement. Le manque d’une pièce supplémentaire pouvant servir de bureau ou d’espace de détente ou de jeux ainsi que le plan de plain-pied des unités d’habitation pèsent négativement sur la capacité qu’ont les membres d’un ménage à habiter leur logement de manière satisfaisante.

Il ressort également de l’étude que les logements en « demi sous-sol » semblent peu adaptés pour les familles. Ils soulèvent en effet des problèmes d’intimité, en particulier lorsqu’il existe peu de retrait entre la façade d’un immeuble et l’espace de la rue. Ils présentent aussi une moins bonne qualité physique, l’accès à une source de lumière naturelle étant le principal problème.

Les différentes limites précédentes sont en partie compensées par le mode de gestion de la coopérative. Il permet de mieux prendre en considération les attentes des uns et des autres dans l’immeuble, d’aplanir certaines tensions autour du bruit ou de l’usage des lieux communs et, enfin, de corriger certaines déficiences relevées suite à la prise de possession des lieux. La forte présence de familles dans la clientèle du projet favorise aussi la participation active des membres de la coopérative aux tâches d’entretien et leur fournit un commun intérêt quant à l’usage des lieux et à la vie sociale dans le projet.

Enfin, l’accès à un espace extérieur privé et l’insertion urbaine du projet sont des points jugés très positivement par les acteurs rencontrés. L’accessibilité du projet en améliore significativement l’attractivité et la qualité au regard des résidents, au point que certains revoient l’appréciation qu’ils en ont à la hausse en raison de ce critère. Ce projet souligne ainsi l’importance de cette dimension dans la planification et la réalisation de projets résidentiels destinés aux familles.

HABITATIONS ROLAND-BOUCHARD (OMHMS

T

-L

OUIS

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