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CHAPITRE 1. La contraception : une invention improbable

1. Benjamin Weill-Hallé : un prophète en mission

B. Weill-Hallé est né le 14 mars 1875 à Versailles. Il est le troisième fils d’une famille de neuf enfants. Ses parents appartiennent à l’importante communauté juive alsacienne qui a migré en région parisienne après la guerre de 1870. Son père est un rabbin issu d’un milieu modeste (son père est épicier) qui connaîtra une trajectoire d’ascension dans les institutions du judaïsme : nommé rabbin à Versailles, il devient adjoint au grand rabbin de Paris à partir de 1876, participe à la création de l’association des rabbins français, occupe le poste de vice-président du tribunal rabbinique et siège à la direction de plusieurs organisations comme la Société de secours aux juifs victimes de la guerre en Russie, la Ligue franco-sioniste, ou encore les Amis de Sion, ce qui lui vaudra en 1905 la Légion d’Honneur3. Sa mère appartient à une longue lignée de rabbins. Par le jeu des alliances matrimoniales et une ascension favorisée par la certification scolaire, les enfants du couple poursuivront à la génération suivante un déclassement par le haut qui les intègre à la fois à la bourgeoisie sacerdotale et à la bourgeoisie juive industrielle et financière4.

1 Boris Gobille, « La vocation d’hétérodoxie » in Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti et Bernard Pudal (dir.), Mai Juin 68, Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier, 2008, p. 274.

2 Pierre Bourdieu, Méditations Pascaliennes, Paris, Le Seuil, 1997, p. 187. Dans le même sens, Bernard Lahire souligne à propos de Franz Kafka que « toutes ces crises existentielles [auquel celui-ci se trouve confronté] sont autant de désajustements et de décalages qui rompent l’adhésion immédiate, préréflexive que vivent celles et ceux qui sont à leur place et ont, du même coup, l’impression d’être « à leur affaire » et de faire ce qu’ils ont à faire » et constituent alors « un puissant levier d’interrogation et de mise en doute » (Bernard Lahire, Franz Kafka.

Éléments pour une théorie de la création littéraire, Paris, La Découverte, 2010, p 358-359).

3 Ces informations sont tirées de : « Emmanuel Weill » in Dictionnaire biographique des rabbins français et autres

ministres du culte israélite France Algérie. Du Grand Sanhédrin (1807) à la loi de séparation (1905), Paris, Berg

International, 2007, p. 738-740.

4 Fille aînée du couple, Rachel Weill (1869-1951) épouse Charles Baur (1862-1927) qui prospère dans la finance en exerçant l’activité de « coulissiers » dans une affaire avec ses frères. Parmi leurs enfants, on distingue Thérèse Baur (1902-1995) dont le mariage avec Raymond Lindon (1901-1992) la rattache à la famille Citroën (la mère de ce dernier est la sœur de l’industriel André Citroën), André Baur (1904-1944), président de l’Union Libérale Israélite de France au cours des années 30, qui jouera un rôle controversé pendant l’Occupation comme vice-président de l’Union Générale des Israélites de France, et Marcel Baur (1896-1962), qui sera élu au consistoire de Paris en 1939. Deuxième fils du couple Weill, Julien Weill (1873-1950) effectue une brillante carrière de rabbin. Il prend d’abord la suite de son père à Versailles avant de devenir grand rabbin de Paris en 1933 après le décès de son oncle maternel Jacques-Henri Dreyfuss. En 1902, il se marie avec Hélène Kahn (1881-1970) et devient le gendre de Zadoc Kahn, grand rabbin de France. Par cette alliance, il est également le beau-frère de Israël Lévi (1856-1939) qui occupera le même poste : gravement malade, ce dernier sera contraint de se retirer, et c’est Julien Weill qui assurera entre 1935 et 1939 l’intérim en compagnie de Maurice Liber. Marthe Weill (1881-1971),

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De ce point de vue, on peut suppose que B. Weill-Hallé a hérité du « franco-judaïsme » que les élites juives cultivent depuis la fin du XIXème siècle. Émancipés par la Révolution en 1791, celles-ci font ainsi preuve d’une loyauté et d’un patriotisme sans défaut à l’égard d’une République perçue comme universaliste. Ce soutien s’exprimera tout particulièrement lors de la Première Guerre Mondiale1. De ce point de vue, on peut faire l’hypothèse que, pour une part au moins, cet ensemble partagé de croyances et d’inclinations sera au principe du comportement exemplaire que B. Weill-Hallé observera durant le conflit : en effet, il sera promu chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire en 1917 et terminera la guerre au grade de médecin major de 2ème classe avec plusieurs citations. De la même façon, après avoir été rayé des cadres de la réserve en 1936, il sera engagé volontaire pendant la « drôle de guerre »2. Par ailleurs, il semble que sa socialisation primaire ait eu pour cadre un judaïsme plutôt libéral cherchant à s’adapter aux effets produits par l’émancipation au sein de la communauté juive. Sans appartenir aux fractions les plus « modernisatrices » qui se recrutent plutôt chez les laïcs, son père paraît avoir été enclin à l’aménagement de la tradition : venu d’Alsace (à cette époque, bastion du judaïsme traditionnel) pour être formé à Paris et y rester, proche des instances dirigeantes du consistoire central défendant des positions plutôt « moderniste », il fréquente en effet quelques cercles libéraux3. De ce point de vue, on peut faire l’hypothèse que cette manière d’être juif caractérisée par un certain souci de la « modernité », a imprégné l’ensemble des membres de la configuration familiale. En ce sens, le frère rabbin de B. Weill-Hallé est décrit comme ayant « des positions aussi bien religieuses que vis-à-vis du sionisme [qui] ne s’écartaient pas non plus des positions consistoriales de la génération précédente et faisaient de lui un exact

l’avant-dernière fille du couple, se mariera avec le rabbin Albert Manuel (1871-1960) qui sera secrétaire général du consistoire de Paris puis du consistoire central pendant l’Occupation. Quant au fils aîné, Félix Weill (1871-1948), après l’obtention d’une licence de lettres classiques en Sorbonne, il enseigne le français, le grec et le latin à l’Institut Commercial de Paris avant d’être professeur au City College de New-York et d’occuper le poste de secrétaire de la Fédération des Alliances Française aux États-Unis durant l’entre-deux-guerres. NB : Les informations qui suivent à propos de la fratrie de B. Weill-Hallé ont été constituées à partir d’un arbre généalogique intitulé « Descendance de Emmanuel et Adèle Weill réalisée par Emmanuel Meillan le 22 avril 1996 » trouvé dans : Institut Pasteur, Fonds Weill-Hallé, WEI 1.

1 Philippe Landau note que « nourris d’une éducation républicaine, soucieux de recouvrer les provinces perdues et animés d’un patriotisme sans faille, les juifs allaient ardemment participer au premier conflit mondial » (Philippe Landau « « La patrie en danger » d’une guerre à l’autre » in Pierre Birnbaum (dir.), Histoire politique des juifs en

France, Paris, Presses de Sciences Po, 1990, p. 77).

2 Quoique n’appartenant pas à la même fraction des élites et n’ayant pas la même trajectoire, on peut faire ici un parallèle avec Marc Bloch. Dans L’étrange défaite, ce dernier illustre parfaitement le fort attachement patriotique que les élites juives – en particulier lorsqu’elles étaient issues de la communauté alsacienne – ont manifesté à l’égard de la France au cours des guerres depuis la Révolution : « Je suis juif, sinon par la religion, que je ne pratique point, non plus que nulle autre, du moins par la naissance. (…) Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d’un antisémite. Mais peut-être les personnes qui s’opposeront à mon témoignage chercheront-elles à le ruiner en me traitant de « métèque ». Je leur répondrai, sans plus, que mon arrière-grand père fut soldat, en 93 ; que mon père, en 1870, servit dans Strasbourg assiégé ; que les deux oncles et lui quittèrent volontairement leur Alsace natale, après son annexion au IIème Reich ; que j’ai été élevé dans le culte de ces traditions patriotiques, dont les Israélites de l’exode alsacien furent toujours les plus fervents mainteneurs ; que la France, enfin, dont certains conspireraient volontiers à m’expulser aujourd’hui et peut-être (qui sait ?) y réussiront, demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’y suis né, j’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux » (Marc Bloch, L’étrange défaite in Marc Bloch, L’Histoire, la Guerre, la Résistance, op. cit., p. 524-525).

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représentant de l’israélitisme français : attachement à la religion juive entendue plus comme une morale et une culture que comme un ensemble de rites contraignants, universalisme humaniste »1. À l’évidence, ces prises de positions ne sont pas l’actualisation directe d’un héritage paternel ; toutefois, de la part d’un rabbin qui s’inscrit dans la continuité du père en reprenant son poste, on peut penser qu’elles expriment des tendances primitivement acquises dans l’univers familial et renforcées à la faveur de socialisations institutionnelles secondaires dans plusieurs espaces du judaïsme français. Partant, on peut également supposer que celles-ci ont été inculquées à B. Weill-Hallé, même si tout indique que, dans son cas, elles se sont combinées à d’autres expériences socialisatrices dont un des effets a été de transformer durablement son rapport à la foi. Au final, on peut faire l’hypothèse que, au cours de sa socialisation primaire, le type de judaïsme auquel il a été exposé a produit chez lui certaines incitations et dispositions indissociablement morales et politiques : en particulier, il a façonné une inclination au patriotisme, à l’attachement républicain, à l’universalisme, susceptible d’être converti en injonction au « sens du devoir » et à l’engagement dans des circonstances exceptionnelles comme les deux guerres mondiales, et à faire ainsi la preuve de son « assimilation » au groupe national. Par ailleurs, dans le cadre d’une trajectoire marquée par une pluralité d’inscriptions, l’exposition à un judaïsme à connotation modérément libérale, a pu aussi fonctionner comme une incitation à l’abandon de croyances et de pratiques traditionnelles pour intégrer pleinement la « modernité » et d’autres groupes sociaux2, sans toutefois renoncer complètement à l’identité juive et entretenir le sentiment d’appartenance à une minorité. Ainsi, dans les années 30, au moment où les idées sionistes trouvent un certain écho en France sous l’effet des tensions internationales, il préside le comité central du Keren Hayessod (fonds créé en 1920 pour la construction d’Israël), participe en 1936 au Congrès des médecins juifs à Tel-Aviv, fait partie en 1937 de la délégation française au Conseil de l’Agence juive pour la Palestine, préside le comité d’organisation pour l’hôpital Bikour Holim de Jérusalem, ou encore, participe en 1939 au comité consultatif de l’Agence juive lors de la conférence de Londres entre juifs et arabes3. Pendant l’Occupation, il est membre du conseil d’administration de l’Union Générale des Israélites de France (UGIF) pour la zone Nord aux côtés d’un de ses neveux. Dans ce cadre, il aura la responsabilité du secteur médical et comptera parmi les quelques médecins autorisés à tenir une permanence lors de la rafle du Vél’ d’Hiv’ en juillet 19424. Bref, ces investissements attestent son attachement à la communauté juive et la possession, dans cet espace, d’un volume important de ressources susceptibles de lui garantir l’accès à des positions dominantes.

Les informations dont nous disposons pour expliquer la vocation médicale de B. Weill-Hallé sont réduites. Dans la notice nécrologique qu’il lui consacre, Raymond Turpin indique que

1 « Julien Weill » in Dictionnaire biographique des rabbins, op. cit., p. 746.

2 Sa fille résume en entretien : si B. Weill-Hallé n’« était pas juif pratiquant, (…) il était d’une famille très pratiquante » (Entretien avec Andrée Weill-Hallé).

3 Michel Laffitte, Un engrenage fatal. L’UGIF face aux réalités de la Shoah (1941-1944), Paris, Liana Lévi, 2003, p. 40-41.

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celui-ci évoquait parfois « l’atmosphère patriarcale et austère dans laquelle s’était écoulée son enfance, sous la direction sans faiblesse de son père, futur rabbin du consistoire de Paris, et de l’affectueuse sollicitude de sa mère »1. Cet extrait permet de supposer que le cadre familial formait un « climat » propice à la transmission et à l’acquisition de dispositions ascétiques et rationalisatrices favorables à l’investissement scolaire. Ce travail d’inculcation et d’imprégnation sont d’autant plus probables que le père semble avoir eu lui-même un goût pour l’étude et la question pédagogique. Si, d’une façon générale, le judaïsme est porteur d’un intellectualisme qui tend à façonner chez ses membres – et tout particulièrement dans le rabbinat – un « rationalisme dialectique »2 forgé dans l’apprentissage intensif de la casuistique, la trajectoire du père comporte également un ensemble d’expériences spécifiques qui, chez lui, atteste la présence d’inclinations pour l’éducation et le travail intellectuel : E. Weill a en effet été délégué à l’enseignement religieux israélite des écoles municipales par la grand rabbin de France ; par ailleurs, sa thèse pour l’obtention du second degré rabbinique lui a valu une présentation à l’Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres et une citation à la Société Asiatique dont le secrétaire était Ernest Renan ; enfin, il fut investi dans la Société des Études Juives et y occupa un temps le poste de vice-président3. On peut penser que, pour une bonne part, ces dispositions de lettré se sont constituées au fil de sa socialisation au métier de rabbin et que, par la suite, cet héritage a été approprié de manières variées à la génération suivante. En réalité, tout se passe comme si les dispositions à l’étude produites dans le cadre familial s’étaient combinées avec un projet d’ascension sociale collectif. De façon plus générale, la fin du XIXème

siècle constitue « un glorieux âge d’or pour les juifs en France »4, qui accèdent en nombre à des professions prestigieuses. La médecine en fait partie où ils tendent à être surreprésentés5. Dans ces conditions, étant donné la socialisation primaire à laquelle B. Weill-Hallé a été soumis et la position de sa famille dans l’espace social, on peut faire l’hypothèse que cette vocation faisait partie des possibles qui s’offraient à lui et qu’il était enclin à percevoir positivement. Après l’obtention du baccalauréat, il s’inscrit à la Faculté de Médecine de Paris. En 1900, il devient interne des hôpitaux6. L’année passée auprès d’Antoine Marfan, un des pionniers de la pédiatrie française, semble l’avoir décidé à choisir cette spécialité encore nouvelle. Ayant soutenue une thèse sur « le développement de l’hystérie dans l’enfance », il occupe le poste de chef de

1 Raymond Turpin, « Benjamin Weill-Hallé, 1875-1958 », La Semaine des Hôpitaux, n°32-33, 1958, p. 1933.

2 M. Weber observe à ce sujet : « Pour le juif, en revanche, comme pour le puritain, l’Écriture Sainte est une Loi qui lie l’individu : il doit la connaître et l’interpréter correctement. De là découle chez les Juifs l’apprentissage, exceptionnellement intensif, de la connaissance et de l’interprétation casuistique de la Thora (…) : cela engendre un disciplinement de la pensée qui favorise indubitablement la mentalité économique rationnelle et, chez les Juifs, ce rationalisme dialectique qui les caractérise » (Max Weber, Sociologie des religions, Paris, Gallimard, 1996, p. 313-314).

3 « Emmanuel Weill », op. cit.

4 Michael Marrus, Les juifs de France à l’époque de l’affaire Dreyfus, Bruxelles, Éditions Complexe, 1985 cité in Bruno Halioua, Blouses blanches, étoiles jaunes. L’exclusion des médecins juifs en France sous l’Occupation, Paris, Liana Levi, 1999, 285 p.

5 Bruno Halioua, Blouses blanches, étoiles jaunes..., op. cit., p. 17-24.

6 Sauf mention contraire, toutes les indications biographiques qui suivent sont tirées de : Raymond Turpin, « Benjamin Weill-Hallé… », op. cit. ; Raymond Benda, « Benjamin Weill-Hallé (1875-1958) », La Presse

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laboratoire de la diphtérie à l’Hôpital des Enfants-Malades et devient médecin des hôpitaux en 1911. Pendant la Première Guerre mondiale, il sera successivement chef de laboratoire du camp retranché d’Épinal et chef de laboratoire au Val-de-Grâce. À partir de 1917, il est chargé de la création du laboratoire de la base américaine de Saint-Nazaire pour dépister les maladies contagieuses présentes chez les troupes américaines qui arrivent en France.

Chez B. Weill-Hallé, c’est d’abord dans l’univers professionnel que l’on observe la manifestation d’une disposition durable à l’hétérodoxie qui fera de lui un novateur. Au sortir de la guerre, il se lance dans une série d’opérations qui, vont le transformer en véritable entrepreneur institutionnel et scientifique. Son action comporte deux dimensions : d’une part, la lutte pour la reconnaissance d’un univers spécialisé de savoirs et de savoir-faire – celui de la puériculture – à travers la création de l’École de Puériculture ; d’autre part, une série d’innovations techniques dans le cadre de la lutte contre la tuberculose. Portée activement depuis la fin du XIXème siècle par le Pr A. Pinard (dont on a vu qu’il s’était opposé à la loi de 120), la puériculture est un domaine toujours à la recherche d’une légitimité scientifique au début du siècle. Dans ce contexte, B. Weill-Hallé va faire preuve d’un certain sens du placement et exploiter les opportunités qui s’offrent à lui à la fin de la guerre. Affecté, on l’a vu, à Saint Nazaire en 1917, il travaille au contact du bureau des enfants de la Croix-Rouge américaine. Les responsables de ce dernier lui font alors part de leur intention de créer en France une fondation en souvenir de leur action pendant la guerre. Doté « de la très nette intuition de l’importance et de l’avenir de la puériculture »1, B. Weill-Hallé suggère la création d’un établissement dédié à son enseignement. Pour cela, il obtient le concours de la Faculté de Médecine de Paris qui accepte le rattachement de la future institution2. L’École est alors rapidement habilitée à délivrer un diplôme universitaire. En outre, à partir de 1928, B. Weill-Hallé obtient la création et la charge d’un cours de puériculture à la Faculté. Comme il l’observe lui-même, cet ensemble d’inventions institutionnelles donnent « enfin à la Puériculture (…) une consécration définitive » en tant que nouveau domaine de savoir « qui aurait pour objet de compléter l’éducation du futur médecin »3. Les « efforts persévérants » et la « volonté d’aboutir »4 qu’il déploie à cette occasion pour imposer un corpus de connaissances encore largement marginalisé5 trouve pour une part leurs conditions de possibilité dans une propension

1 Raymond Turpin, « Benjamin Weill-Hallé... », op. cit., 1933.

2 On devine le tact et le sens de l’à-propos dont celui-ci a dû faire preuve pour parvenir à ses fins. En 1929, il se remémore l’épisode en ces termes : « Je ne voudrais faire à aucun doyen du passé ou de l’avenir nulle peine, mais je crois bien que le projet se fût encore heurté à des difficultés peut-être insurmontables, si celui d’alors n’eût pas été le professeur Roger auprès de qui j’ai en toutes circonstances trouvé, pour notre action commune à l’École de Puériculture, depuis la fondation jusqu’à ce jour, le conseil le plus avisé, l’appui le plus libéral et le plus bienveillant. Il serait injuste de ne pas associer à es souvenirs, qui méritent de demeurer, le nom du professeur Vaquez, dont l’intervention auprès du Conseil de Faculté ne fut pas sans passer heureusement sur la décision finale ; enfin celui du professeur Couvelaire, qui s’acquitta avec son talent habituel de l’élaboration du rapport, sanctionné en Juillet 1919 par la Fondation Franco-Américaine de l’Association-mère de l’École de Puériculture » (Benjamin Weill-Hallé, La puériculture et son évolution, Institut Pasteur, Fonds Weill-Hallé, WEI 1).

3 Benjamin Weill-Hallé, La puériculture et son évolution, Institut Pasteur, Fonds Weill-Hallé, WEI 1.

4 Raymond Benda, « Benjamin Weill-Hallé... », op. cit., p. 1034.

5 En 1929, il rappelle : « La puériculture devenue science officielle : le fait eût semblé révolutionnaire en 1865. De cette époque pourtant date le néologisme qui conserva longtemps un caractère d’étrangeté non seulement parmi les profanes, mais même auprès des clercs » (Benjamin Weill-Hallé, La puériculture et son évolution, Institut

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à la certitude de soi que R. Turpin décrit de la façon suivante : « Il puisait sa confiance dans la certitude de ne pas s’être trompé dans le choix des activités auxquelles il s’attacha durant sa carrière »1. L’inclination à l’assurance accompagnée d’une tendance à s’investir dans des choix risqués au regard des normes dominantes qui organisent un univers – en l’occurrence ici, l’univers médical – se repèrent également dans ses recherches. Il est en particulier le premier à