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Chapitre 2 Evolution paysagère du bassin d’Agoufou 34

I. Site d’étude et données 34

1. Le bassin d’Agoufou (Gourma, Mali) 34

1.1. Contextes géographique et climatique

Le bassin versant d’Agoufou (15.34°N, 1.48°O) d'une superficie moyenne de 245 km², est localisé dans la région du Gourma au nord-est du Mali, comprise entre la boucle du Niger et la frontière Burkinabée (Figure 12).

Situé dans la moitié nord de la zone soumise à la mousson Ouest-Africaine, le bassin d’Agoufou est caractérisé par un climat semi-aride tropical avec un régime de précipitation de type unimodal. La saison des pluies comprise entre début juin et début octobre est suivie par une longue saison sèche. Le bassin d’Agoufou a connu une forte variabilité des précipitations annuelles depuis les années 1930 (Figure 13), similaire à ce qu'à connu l'ensemble du Sahel (Figure 3), avec la succession d’une période humide qui s’étend de 1950 à 1970 et d’une longue période de sécheresse jusque dans les années 1990 avec un phase extrême entre 1982 et 1987 (pluie moyenne annuelle estimée à 215 mm). Depuis lors, des années humides et des années sèche se succèdent avec des années très déficitaires telles que 2004 ou encore 2014. La pluviométrie annuelle moyenne estimée à la station météorologique de Hombori (15.3°N, 1.7°O) entre les années 1930 et 2015 est de 375 mm avec une température moyenne de l'air

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Figure 12: Site d’étude situé dans la ceinture sahélienne au Mal (identifié en rouge sur la carte d’Afrique de l’ouest à gauche). Le bassin d’Agoufou tel qu'il est aujourd'hui, est représenté à droite de la figure avec son réseau hydrographique et son exutoire, le lac d'Agoufou (en bleu).

Figure 13: Anomalie des précipitations annuelles (SPI) à la station météorologique de Hombori entre 1930 et 2015 issues des données AMMA-CATCH.

1.2. Hydrologie et économie

Le bassin d’Agoufou est un bassin endoréique qui ne reçoit pas d’eau provenant du fleuve Niger et ne contribue pas non plus à ce dernier. Du fait de la géologie de la région, les eaux souterraines sont très peu présentes, peu exploitables et peu exploitées (peu de puits). Les eaux de surface, qui dépendent essentiellement du ruissellement de surface de type Hortonien, constituent des ressources en eaux très

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importantes dans la région. Deux systèmes hydrologiques, fonctions du substrat, caractérisent la zone d’étude. Sur les sols sableux, le système hydrologique est dit endoréique local et fonctionne sur de courtes distances allant des pentes de dunes aux dépressions inter-dunaires. Sur les affleurements et sols peu profonds, le système hydrologique fonctionne sur de plus longues distances avec un ruissellement en nappe et concentré qui s'écoule ensuite dans un réseau de drainage (Hiernaux, Diarra, et al. 2009; Mougin et al. 2009; Timouk et al. 2009). Sur le bassin d'Agoufou, ce réseau alimente quelques mares temporaires intermédiaires ainsi que le lac d’Agoufou, exutoire du bassin versant. Le lac d’Agoufou, devenu permanent depuis les années 1990 (Laurent Kergoat et al. 2015; Gardelle et al. 2010) occupe actuellement une superficie maximale de près de 3 km², et représente aujourd'hui une des principales ressources en eau pour la population locale et pour le bétail. L'activité économique de la région étant dominée par le pastoralisme ainsi que par quelques rares cultures de mil (Figure 14), cette "nouvelle" ressource en eau permanente est particulièrement fréquentée notamment durant la période sèche afin d'abreuver le bétail (Hiernaux et al. 2015). La modification de la disponibilité de la ressource a entrainé l’implantation du village d’Agoufou aux abords immédiats du lac. Ces changements ont profondément modifié les relations entre les différents groupes fréquentant la mare, comme l’a analysé Cold-Ravnkilde (2012).

Figure 14: Photos représentant les activités économiques de la région: a) l'élevage qui est l'activité principale de la région, b) les quelques champs de mil sur les zones sableuses et c) la pisciculture sur le lac d'Agoufou, plus marginale (Photos prises par Pierre Hiernaux en 2007 et 2009 et Laurent Kergoat).

1.3. Géologie, topographie et états de surface

La géologie du site comprend des grès fracturés et des schistes érodés du précambrien (Grimaud et al. 2014). La topographie générale de la région est particulièrement plane avec des altitudes moyennes comprises entre 290 et 330 m et une pente moyenne de 1 à 2 %.

Les surfaces érodées se sont formées au cours de la période humide du Quaternaire, mais la majeure partie du bassin est recouverte par des dunes profondes et stables déposées durant les périodes arides. Le site a également hérité, des périodes humides du Quaternaire, des restes de systèmes alluviaux et des dépressions lacustres. D’après Mougin et al. (2009), sur la base de la capacité d'infiltration, les sols du site peuvent être regroupés en trois catégories principales: les sols sableux qui occupent la majeure partie de la surface totale du bassin, les sols à texture fines (limon et argile) et les affleurements (rocheux ou latéritiques) parfois associés à des ensablements de surface.

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effectuée à partir d'images Landsat, met en évidence ce gradient nord-sud marqué.

Figure 15: (a) Carte des principaux types de sols caractéristiques du bassin d'Agoufou issue de la classification supervisée d'images Landsat. Quelques exemples de sol sont illustrés par des photos: (b) affleurement schisteux, (c), cuirasse, (d) plage limoneuse, (e) sol sablo-limoneux, (f) bas-fond argileux et (g) sols sableux. Ces photographies ont été prises sur différents sites du Gourma similaires à la zone d'étude (Agoufou, Bangui Mallam, Tin Adjar) par P.Hiernaux et L.Kergoat.

Concernant la végétation, celle-ci est majoritairement sous la contrainte du type de substrat, principalement de la texture du sol, qui, combiné à la topographie, détermine sa variabilité spatiale (Dardel, L. Kergoat, et al. 2014; Hiernaux, Diarra, et al. 2009).

Ainsi, on retrouve des tapis d'herbacées sur les zones sableuses profondes et superficielles, presque exclusivement composée de plantes annuelles, parmi lesquelles dominent les graminées. Ces sols sont parsemés de quelques arbustes. La densité de la couverture ligneuse est particulièrement faible avec une moyenne de 100 ligneux par hectare (Hiernaux, Diarra, et al. 2009). La distribution spatiale est très variable, avec des densités plus élevées dans les zones riches en argile telles que le long du réseau de drainage ou dans les dépressions.