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La base de données archéologiques est riche de 2034 sites, dont 2013 sont des sites d’habitat et des occupations temporaires. En ne conservant que ceux fiables, c’est-à-dire en excluant les doublons, les sites incertains et ceux dont la localisation est imprécise, les effectifs sont de 1658 sites (Fig. 74). L’analyse de la dynamique des peuplements ne peut s’appuyer que sur les sites dont la chronologie est certaine et bien connue, soit 76% de l’effectif total. Leur répartition par période est présentée dans le tableau 5 et sur la Fig. 75. Les fourchettes chronologiques proposées s’appuient sur la littérature de spécialité (Mantu 1998, Lazarovici 2006). Les sites de la fin de l’Enéolithique moldave (Cucuteni B) sont regroupés avec ceux de la phase Cucuteni A-B puisque les caractères discriminants entre ces deux périodes sont, en l’absence d’investigations approfondies, quasiment impossibles à définir sur la seule base du matériel de surface (Tabl. 5). Les chercheurs ont déjà observé que les faibles effectifs pour le Cucuteni A-B (151 sites certains) sont plus le reflet des recherches liées à des difficultés d’identification que le signe d’une rétraction du peuplement (Zaharia et al. 1970, Boghian 2004, Petrescu-Dîmboviţaet Valeanu2004). Parallèlement, la base de données des haches en cuivre (57 objets) a été construite grâce aux ouvrages de référence concernant la métallurgie du cuivre à l’est des Carpates (Mareş 2002, Mareş 2012) et géoréférencée dans le SIG.

n % fouillé N éo lith iq u e I Cris 189 21,7 Boian I 2 100 II Ceram. Lin. 53 34 Boian II-III 6 83,3 Néolithique NR 17 5,9 En éo lith iq u e I Precu 122 43,4 Boian IV 1 100 II Cucuteni A 599 24,4 Stoicani-Aldeni 44 31,8 III Cucuteni A-B 151 41,1 IV Cucuteni B 371 29,1 Enéolithique NR 383 7,3

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Fig. 75. Synthèse de la dynamique du peuplement et de l’exploitation du sel. Les valeurs sont normées (DAO : R. Brigand).

Le secteur de transition entre les Carpates orientales et les sous-Carpates est marqué par l’affleurement des horizons salifères de l’Aquitanien et du Tortonien (Velcea et Savu 1982). Les ressources en sel de cette région (sources chlorurées sodiques, affleurements de sel gemme, sols salés), parmi les plus abondantes de l’Europe (Meruțiu 1912), ont fait l’objet de prospections systématiques et de dépouillements bibliographiques et cartographiques initiés en 2005 (Weller et al. 2007, Weller et al. 2010, Weller et Brigand 2017). À ce jour, 461 points sont documentés. 265 d’entre eux ont été explorés, analysés et géoréférencés par GPS (Tabl. 6).

n % prospecté Sources minérales 98 50 Sources salées 189 89 Sources minérales NR 96 32,3 Sel gemme 19 79 Sols salés 50 4 Halotoponyme sans sel 9 66,5

Tabl. 6. Les ressources en sel de Moldavie roumaine.

Les gisements de sel gemme se situent essentiellement dans la courbure méridionale des Carpates. Les sources d’eau salée, dont les nappes baignent des dépôts salifères sous-jacents et dont la salinité peut atteindre jusqu’à dix fois celle de l’eau de mer, sont distribuées sur l’ensemble des piémonts des Carpates orientales. De nombreuses sources minérales légèrement saumâtres sont documentées dans la plaine moldave. Ces dernières présentent une salinité réduite. Par ailleurs, dans la plaine moldave, différents minéraux solubles (chlorures, sulfates de sodium, calcium et magnésium) issus des marnes et argiles lœssiques, se concentrent en surface et forment des sols salés. Dans cette contribution, nous nous concentrons sur les sources salées d’origine géologique, directement liées aux dépôts des piémonts, dont l’utilisation actuelle (pour la conservation alimentaire, les fourrages, les soins thérapeutiques) est dûment attestée par les enquêtes ethnographiques (Alexianu et al. 2011, Alexianu et al. 2016). Nous excluons la seule source connue de la plaine moldave, à savoir celle située à proximité de la station éponyme de la culture de Cucuteni (Weller et al. 2007). Nos prospections systématiques des ressources en sel des Carpates moldaves ont permis de doubler le

116 nombre de sites préhistoriques d’exploitation du sel connus avant nos prospections (Monah 2002). Sur près de 189 sources salées, vingt-et-un ont livré des vestiges d’exploitations néolithiques ou énéolithiques. Huit gisements demeurent incertains et l’exploitation doit être confirmée par des sondages archéologiques et des datations 14C (Tabl. 7).

n fiable n incertain N éo . I Cris 3 1 II Céram. Lin. 2 0 Néolithique NR 0 2 En éo lith iq u e I Précucuteni 5 0 II Cucuteni A 5 1 III Cucuteni A-B 3 0 IV Cucuteni B 7 3 Enéolithique NR 2 0 Néo-Enéolithique NR 0 1

Tabl. 7. Exploitation du sel par période.

5.1.2. Représentation et fiabilité des données archéologiques

La carte archéologique présentée précédemment (Fig. 74) montre très nettement l’inégalité de la distribution du peuplement néolithique et énéolithique de Moldavie. Il va donc s’agir d’évaluer la fiabilité qu’il est possible d’accorder à ce document avant d’analyser les caractéristiques mêmes des peuplements. En effet, la carte de distribution ne traduit pas de façon objective l’occupation ancienne mais est plutôt un reflet de l’intensité des prospections archéologiques. Aussi, il convient ici de suivre la méthodologie mise en œuvre dans le cadre du collectif de recherche de l’ANR Archaedyn (voir la partie 1.2). Cette méthodologie prévoit la construction d’une carte de confiance (Fig. 76c) suite à la combinaison de deux niveaux d’information constitués par une carte de représentation (Fig. 76a)69 et une carte de fiabilité (Fig. 76b).

La carte de fiabilité reflète ici surtout la nature et l’extension des prospections archéologiques (voir la partie 1.2.2). Elle a été construite à partir de plusieurs variables essentielles : la nature de l’occupation du sol, tout particulièrement la présence de bois et forêts qui interdisent les prospections pédestres (d’après la base Corine Land Cover) ; la distribution et l’intensité des zones prospectées (établies suite à un dialogue avec les archéologues locaux, tout particulièrement G. Dumitroaia, V. Cotiuga et A. Asandulesei) ; la distribution des sites fouillés dont l’environnement immédiat (buffer de 4 km) a été exploré. Trois zones de fiabilité distinctes ont été ainsi proposées (Fig. 76b) : la zone 1 concerne les secteurs très bien prospectés, c’est-à-dire qui ont fait l’objet de prospections récurrentes depuis plusieurs décennies ; la zone 2 concerne des secteurs prospectés plus ponctuellement, sans retour systématique sur le terrain ; la zone 3 concerne les terrains qui

69 La taille de la cellule t est ici de 4700 m. Elle est donnée par la formule suivante : t = √(s/p) où s la superficie de la zone d’étude (46 200 km²) et p le nombre total de points (2034).

117 n’ont pas fait l’objet de prospections archéologiques de la part des institutions muséales ou universitaires.

La carte de confiance (Fig. 76c), ici simplifiée pour une meilleure lecture (les classes de fiabilités haute et moyenne sont rassemblées), permet de visualiser rapidement la validité de la carte archéologique. On notera par exemple que tout le secteur occidental de la zone d’étude est sous- représenté. Cette sous-représentation est peu fiable dans la mesure où ce secteur est extrêmement mal prospecté (couverture arborée dense, altitude supérieure à 600 m). Il demeure ainsi délicat de déduire de la faible occupation de cet espace d’autant plus que là où des fouilles de sauvetage ont eu lieu (autour du lac d’accumulation de Bicaz), deux sites chalcolithiques ont pu être documentés. Des conclusions similaires peuvent être faites à propos de l’espace limité par le triangle Focşani-Bârlad- Galaţi : ce document permet d’interpréter ce vide de l’occupation comme un biais de la recherche archéologique globalement absente de cette région méridionale. Enfin, on observera que les secteurs où le peuplement est surreprésenté et globalement fiable, se situent systématiquement à proximité des principales villes de la région dotées d’une université et/ou d’un service d’archéologie particulièrement actif depuis plusieurs décennies.

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Fig. 76. A- Carte de représentation, B- Carte de fiabilité, C- Carte de confiance (Fond : dep. Géog. Iasi Univ, CAO : R. Brigand 2015).

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