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Mobilier urbain

Dans ses Mémoires, Haussmann définit ce qu’on appelle aujourd’hui mobilier urbain comme “l’ensemble des objets ou dispositifs publics ou privés, installés dans

l’espace public et lié à une fonction ou à un service offert à la collectivité” 7. Dans cette

définition, le Baron met en évidence qu’il s’agit d’un objet au profit des usagers, des citadins.

En 1996, le dictionnaire des Arts Appliqués et du Design énonce que “L’ensemble des

objets installés dans l’espace public et répondant à une fonction et à un usage déterminés - éclairage, abri, repos, propreté, sécurité, jeu ou encore information - constitue le mobilier urbain. Il est parfois nommé équipement ou composant urbain.” 8. Ici , on met l’accent sur

la fonction attribuée aux objets et sur les usages déterminés de ces objets par rapport à cette fonction. Est alors laissé de côté, l’usager en tant que caractéristique sociale.

Deux années plus tard, dans le petit Robert, le mobilier urbain regroupe l’ “Ensemble

des objets ou installations placés sur la voie publique ou dans les lieux publics destinés à assurer la propreté, le confort et la décoration de l’espace urbain” 9, soit les objets permettant d’améliorer la ville.

On voit que la définition pour décrire de tels objets, évolue selon les époques et les volontés politiques pour leur ville.

Cependant, il faut rappeler que le mobilier urbain est public dans le sens où il dépend de l’autorité administrative. Gérard Terrien nous dit que “les contrats de mobilier

urbain, publicitaires ou non publicitaires, incluant ou concernant directement des bancs publics, sont des marchés publics de fournitures (en cas d’acquisition) ou de service (en cas de location-maintenance ou d’intégration dans un contrat publicitaire), associant ou non une convention d’occupation du domaine public (le plus souvent, sans redevance) et ils doivent suivre les règles de passation comme d’exécution fixées par le code des marchés publics.” 10.

7

HAUSSMANN, Georges Eugène. Mémoires du Baron Haussmann. Paris, Victor-Havard Éditeur,

1890, 590 pages.

8

Sous la direction de BARRÉ-DESPOND. Dictionnaire des arts appliqués et du design international.

Du Regard Éditions, 1996, 700 pages.

9

REY, Alain, REY-DEBOVE, Josette. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française.

Le Robert, 1999, 2551 pages.

10

Citation de TERRIEN, Gérard. in Sous la direction de BLAIS, Jean-Paul, LAIZÉ, Gérard. Bancs de

service public. Paris : SEA, Supplément de D’Architectures n°240, 2015, page 37.

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Banc public

Le banc public, sûrement le premier objet du mobilier urbain, est dès son origine durant l’Antiquité, ancré d’un usage collectif, semi-public. Michèle Jolé le décrit aujourd’hui par trois caractéristiques : son usage partagé (accessible à tous et nécessaire pour chacun), son installation dans l’espace public (disponibilité), son statut de service offert aux citadins (gratuité). Gérard Laizé lui accorde “une double fonction indissociable

: offrir un instant de pose pour les passants et créer du lien social, puisqu’on s’y assoit à plusieurs” 11.

Du point de vue juridique, le banc public est reconnu par le juge administratif comme un bien immobilier (s’il est fixé au sol) ou mobilier (s’il n’est pas fixé au sol), propriété de la personne publique qui en est responsable. Cela nous affirme la responsabilité politique de la gestion du mobilier urbain et par extension de la gestion des espaces publics.

Jardin des Plantes, à Nantes, © Agathe Debacker

11

Citation de LAIZÉ, Gérard. in Sous la direction de BLAIS, Jean-Paul, LAIZÉ, Gérard. Bancs de

service public. Paris : SEA, Supplément de D’Architectures n°240, 2015, page 24.

ECOLE

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2. PRINCIPALES RAISONS DE

LA PRIVATISATION

“La privatisation de l’espace public se définit a contrario des qualités généralement associées à cet espace : une propriété aux mains des pouvoirs publics, une gestion et un entretien garantis par les services publics, un libre accès à quiconque souhaite en faire usage. Privatiser un espace public revient ainsi à priver l’espace d’au moins une de ces qualités d’usage.” 12. Cette action de privatisation peut avoir lieu pour différentes

raisons, mais les plus récurrentes sont : la sécurité, la communauté et la rentabilité.

Clôtre Notre-Dame, Chartres, © Agathe Debacker

12

DESSOUROUX, Christian. “La diversité des processus de privatisation de l’espace public dans les

villes européennes”. Privatisation of urban spaces in contemporary European cities. Belgeo, n°1, 2003, pages 21-46, paragraphe 43.

A. Sécurité et danger

Droit civique fondamental, la sécurité est une condition au maintien de l’ordre public et à la redynamisation urbaine au sein de l’espace public. La multiplication des dispositifs sécuritaires de proximité a par ailleurs entraîné des formes ségrégatives d’usages de l’espace. La gestion et le contrôle dans l’espace public pour maintenir cette sécurité tendent à “circonscrire minutieusement les usages tolérés” 13.

Ces dispositifs donnent une vision négative de l’Autre, alors vu comme celui qui pourrait représenter le danger, or on oublie qu’il est essentiel d’avoir une conscience de l’altérité pour faire fonctionner nos villes, car c’est de ce frottement entre inconnus que naît l’urbanité.

B. Communauté versus solidarité

Dans la notion de communauté on peut distinguer deux expressions contradictoires. Le terme communauté est dans un sens synonyme de rapprochement, de sociabilité, lié à une appartenance commune ; mais, ce lien social est paradoxalement conditionné par un enfermement dans une sphère plus restreinte de la société, c’est le deuxième sens de cette notion qui est caractéristique de la privatisation de l’espace. Ainsi, les cellules communautaires ont quelque chose de l’ordre de la ségrégation, puisqu’il y a un enfermement dans un entre-soi.

Si la raison sécuritaire de la privatisation de l’espace, n’est pas conditionnée par ce communautarisme, l’inverse est parfois vrai. En effet, certaines personnes peuvent se sentir plus en sécurité du fait de l’entre-soi, l’inconnu peut faire peur à certains ; mais cela détruit la solidarité.

En outre, il faut mettre en garde sur le fait que la prolifération de ces cellules communautaires entraînerait la discontinuité et le morcellement du tissu urbain, entre différents murs. C’est le cas par exemple des gated communities qui allient communautarisme et sécurité pour vivre dans des espaces privés aux allures publiques, fermés par des arrières et dont l’accès est limité et contrôlé.

Le modèle des gated communities est en train de trouver son équivalent dans l’espace

13

DESSOUROUX, Christian. “La diversité des processus de privatisation de l’espace public dans les

villes européennes”. Privatisation of urban spaces in contemporary European cities. Belgeo, n°1, 2003, pages 21-46, paragraphe 34.

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public de la ville. Définis comme des quartiers résidentiels dont l’accès est contrôlé et interdit aux non-résidents, le terme de “gated communities”, s’applique désormais dans l’espace public. Justifiées par des questions sécuritaires qui passent par l’autodéfense, les gated communities détruisent l’espace public en créant des barrières physiques dans l’espace commun, qui par conséquent devient privé.

C. Marche ou paye : espace public “antichambre