• Aucun résultat trouvé

Partie II Campagnes expérimentales 37

Chapitre 4 Métrologie 53

4.2. b Opacimétrie et spectrométrie

L’objectif des mesures présentées dans cette section est de fournir des données pour un modèle décrivant l’émission de la flamme, et plus particulièrement des suies23, comme celle d’un milieu homogène et isotherme équivalent (voir Section 2.1.a.i). Pour rappel, dans ce cas particulier la luminance spectrale s’exprime

Lσ = (1 − exp [−κa

σe]) LCN

σ (T ). (c.f. 2.6)

Il faut alors déterminer deux inconnues, à savoir le coefficient d’absorption κa

σ et la tem-pérature T : c’est le rôle des deux mesures distinctes (opacimétrie et spectrométrie) pré-sentées ci-dessous. Certains passages sont tirés de [67, 140], et plus de précisions sont disponibles dans ces références. Ces mesures étant moins courantes que les précédentes, elles sont décrites plus en détails.

23. Pour rappel, le rayonnement est le mode de transfert prédominant pour les feux à moyenne et grande échelle (voir Section 1.2.a et [20-22]), et les suies sont les principaux émetteurs pour ces flammes (voir Section 2.1.a.ii).

4.2. Mesures relatives à la flamme

4.2.b.i Matériel

Opacimétrie Les mesures d’opacimétrie consistaient à déterminer la transmission

de différents lasers monochromatiques à travers la flamme, tel que schématisé sur la Fi-gure 4.3. Ce dispositif vise à répondre à plusieurs objectifs et contraintes. D’une part, il doit permettre de mesurer la transmission à différentes longueurs d’onde à travers des flammes de petite, moyenne et grande taille. D’autre part, il doit collecter la lumière transmise, car elle est déviée lors de son passage dans la flamme, et la séparer du rayon-nement propre de la flamme. Pour répondre à ces besoins, différents éléments ont été mis en œuvre. L’émission est assurée par des diodes lasers, qui offrent un large choix de longueurs d’onde tout en étant peu encombrantes. Afin de séparer les rayonnements lasers de celui de la flamme, les signaux sont modulés à l’aide d’un hacheur optique, puis dé-modulés grâce à un amplificateur à détection synchrone (voir illustration en Figure 4.3). Pour collecter les faisceaux laser malgré leur déviation lors du passage dans la flamme, un miroir parabolique hors axe (20 cm de diamètre, à droite sur la Figure 4.3) est uti-lisé. Une fois collectées dans une sphère intégrante, les différentes longueurs d’onde sont séparées à l’aide de filtres passe-bande avant détection. Pour chaque longueur d’onde, la transmission peut être calculée en divisant l’intensité mesurée en cours d’essai par celle initiale, mesurée avant l’essai.

Miroir

parabolique

hors-axe

Sphère

intégrante

Détecteurs avec

filtres passe-bande

Diodes

laser

Amplificateur

à détection

synchrone

Acquisition

Hacheur

optique

Signal de référence

(modulation)

Figure 4.3 – Éléments du montage opacimétrique.

Deux dispositifs ont été développés suivant les principes décrits ci-dessus, en utilisant quatre longueurs d’onde simultanément : 410 ; 520 ; 785 et 1650 nm pour le premier et 785 ; 1650 ; 2300 et 3800 nm pour le second. Ces valeurs ont notamment été choisies car elles sont situées en dehors des bandes d’absorption des gaz de combustion, c’est-à-dire H2O

et CO2, afin de ne caractériser que les suies. Les mesures étaient faites environ 10 cm au-dessus des foyers de taille intermédiaire, à savoir 30 ; 50 et 70 cm de large, et environ 20 cm au-dessus des foyers plus grands. Un aperçu d’un dispositif d’opacimétrie est présenté en Figure 4.4.

(a) Sources laser (le vert est visible sur une lame du hacheur).

(b) Miroir parabolique hors axe, sphère intégrante et détecteurs.

Figure 4.4 – Dispositif d’opacimétrie : (a) émission, (b) détection.

Spectrométrie infrarouge Un spectromètre infrarouge à transformée de Fourier

(modèle Matrix par Bruker) a été utilisé pour caractériser l’émission des flammes entre 800 et 6000 cm−1 (c.-à-d. 1,67 à 12,5 µm). Les mesures étaient effectuées aux mêmes hauteurs que l’opacimétrie (c.-à-d. 10 ou 20 cm au-dessus des foyers), afin que les données puissent être utilisées ensemble.

4.2.b.ii Exploitation

Dans un premier temps, le principe de l’exploitation des mesures est donné. Dans le paragraphe suivant, une approche plus détaillée, tirée de [140], est décrite.

Principe général Les mesures d’opacimétrie permettent d’obtenir des valeurs de

transmittance T (λi, t) à travers la flamme à plusieurs longueurs d’onde λi. Celles-ci peuvent être traduites en épaisseurs optiques τ selon

τ(λi) = − ln (T (λi)) , (4.2) qui sont directement liées aux coefficients d’extinction β par l’épaisseur physique e du milieu traversé (ici la flamme), à savoir

β(λi) = τi)

e . (4.3)

Les mesures aux différentes longueurs d’onde λipermettent alors de déterminer les valeurs des paramètres C1 et C2 d’un modèle de la littérature [68], propre aux suies, et de la forme

β(λ) = C1

4.2. Mesures relatives à la flamme

Pour le domaine infrarouge considéré ici, la diffusion par les suies peut être négligée [140]. Le coefficient d’absorption κa

σ est alors égal au coefficient d’extinction β(λ) décrit ci-dessus, avec les coefficients C déterminés par opacimétrie. Les mesures de spectrométrie, qui fournissent des valeurs de luminance Lλ, peuvent alors être utilisées pour déterminer l’inconnue restante dans l’Équation 2.6, à savoir la température T . En effet, il est main-tenant possible d’ajuster les valeurs expérimentales de luminance avec une équation de la forme Lλ =1 − expλCC12 e  LCN λ (T ) (4.5) et ainsi de déterminer T .

Approche retenue Une approche équivalente, plus détaillée, peut aussi être

utili-sée [140]. Pour plus de cohérence, les grandeurs seront exprimées en fonction du nombre d’onde σ = 1/λ, qui est l’unité « naturelle » pour utiliser les données de spectroscopie. La dépendance spectrale du coefficient d’extinction β, donnée en Équation 4.4, peut être reformulée en faisant apparaître β0, un coefficient d’extinction à un nombre d’onde de ré-férence σ0, en obtenant ainsi une forme adimensionnelle, et α, un exposant dépendant du combustible qui rappelle d’autres relations de la littérature [68]. Toujours en négligeant la diffusion par les suies [140], on a alors

κa(σ) = β(σ) = β0

σ

σ0

α

. (4.6)

En combinant les Équations 2.6 and 4.6, on obtient

Lσ =1 − exp−β0 σ σ0 α e  LCN σ (T ). (4.7)

Ce modèle fait intervenir trois paramètres : β0, α et T . Pour en déterminer les valeurs, plusieurs approches sont possibles [140] :

1. Fixer β0 et α grâce aux mesures d’opacimétrie, c’est-à-dire ajuster les coefficients d’extinction expérimentaux β(λi) (Équations 4.2 et 4.3) avec l’Équation 4.6, puis ajuster les mesures de spectrométrie (Équation 4.7) pour obtenir la température. Il y a un paramètre libre, à savoir T .

2. Déterminer β0 et α comme précédemment mais ne fixer que α par la suite, et faire l’ajustement des luminances expérimentales (Équation 4.7) pour déterminer T et (recalculer) β0. Ces deux paramètres sont donc considérés libres pour cette approche. 3. Laisser tous les paramètres (β0, α et T ) libres et ajuster les résultats de spectrométrie directement avec l’Équation 4.7 et ses trois inconnues. Cette approche, théorique-ment possible, est moins satisfaisante car elle souffre du couplage entre β0 et α (infinité de couples de solutions).

Une fois les paramètres β0, α et T déterminés pour un combustible, il est possible d’uti-liser l’Équation 4.7 pour prédire la luminance en fonction de l’épaisseur de la flamme