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Cependant, activité physique de loisir et activité physique au travail sont difficilement superposables. Takito et al. souligne l’importance de différencier l’activité physique liée au travail de l’activité physique de loisir ou encore celle liée aux tâches domestiques ou aux trajets domicile – travail (58). En effet, l’activité de loisir est souvent rythmée, régulière, d’une durée inférieure ou égale à 1 heure et offre des temps de récupération significatifs sur le plan cardiovasculaire, tandis que l’activité physique professionnelle présente généralement des variations importantes d’intensité, de durée, de segments de corps mobilisés et s’effectue

35 souvent sous contrainte de temps (43). De ce fait, on ne peut appliquer les conclusions positives de l’activité physique de loisir à l’activité physique liée au travail.

L’activité professionnelle semble être un facteur protecteur vis-à-vis de la grossesse : plusieurs publications concluent par exemple que les femmes qui travaillent sont en moyenne en meilleure santé et ont un risque moindre d’accouchement prématuré par rapport aux femmes sans activité (59–62). D’autres études ne confirment pas cette association mais ne mettent pas en évidence de surrisque de complication de grossesse chez les femmes qui travaillent (63–66). La plupart de ces études ont pris en compte le niveau socio-économique (intégrant notamment le niveau scolaire) des femmes.

Cependant, certains postes de travail peuvent exposer à des facteurs de risque, avérés ou suspectés, sur la reproduction.

En 2010, l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) indiquait que « la majorité des études sur les effets de l’activité professionnelle n’ont pas trouvé de lien avec les [fausses couches] spontanées » (43), tout en notant que certaines activités semblent constituer des facteurs de risque : les femmes travaillant dans le secteur du soin seraient plus souvent sujettes aux FCS, particulièrement celles manipulant des cytostatiques et des produits anesthésiants, ainsi que celles exposées aux rayonnements ionisants. Une récente méta- analyse de 2014 (67) pointait les difficultés de conclure sur l’association entre les conditions de travail (horaires prolongés et travail posté) et la prématurité. La même année, une autre revue de la littérature avec méta-analyse (59) considérait que la charge physique au travail (posture debout, postures contraignantes, soulèvement de charges, cumul de contraintes biomécaniques …) était un facteur de risque d’accouchement prématuré. Pour ces deux études, le niveau d’exposition aux contraintes ainsi que le terme de la grossesse sont probablement des éléments qui influencent le risque de grossesse pathologique mais sont difficilement mesurables.

Des études portant sur les vétérinaires et le risque associé d’accouchement prématuré évoquent le possible rôle de certains gaz anesthésiques et anticancéreux, ainsi que des agents biologiques dont certains bien connus (e.g. agents responsables de la brucellose, de la listériose, de la fièvre Q et de la toxoplasmose) (68,69). Le bruit est également un élément d’inquiétude pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (70). Concernant les contraintes biomécaniques et organisationnelles, le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens

Français (CNGOF) souligne une légère augmentation du risque d’accouchement prématuré

36 de travail physiquement éprouvantes selon un score évaluant la pénibilité au travail » (41). Une récente méta-analyse britannique (71) évoque un rôle possible des horaires prolongés, de la station debout et du travail physiquement exigeant, qui auraient néanmoins un faible impact sur l’augmentation du risque de prématurité. Là encore, aucun niveau d’exposition précis à partir duquel le risque devient significatif n’est identifiable. Les contraintes psychosociales au travail sont également suspectées de participer à l’augmentation du risque d’accouchement prématuré (72).

L’exposition professionnelle aux médicaments anti-cancéreux est associée au petit poids à la naissance, en prenant en considération l’âge gestationnel (43). L’exposition à des conditions de travail physiquement exigeantes (soulèvement de charges lourdes, posture debout prolongée …) paraît être un facteur de risque d’anomalie de croissance, avec cependant une faible augmentation du risque (71). Enfin, tout comme pour le risque d’accouchement prématuré, le rôle du stress professionnel dans l’augmentation du risque de petit poids de naissance est discuté (72).

Il existe de nombreuses études consacrées au rôle des facteurs environnementaux, notamment professionnels, sur le risque de malformations congénitales. Des recommandations européennes (et nationales) visent à réglementer l’exposition des femmes enceintes à des agents incriminés dans l’apparition de malformations congénitales : les principaux agents concernés sont les pesticides, les solvants organiques, les anti-cancéreux, les produits de nettoyage, les métaux et les radiations ionisantes (73). Une étude française de 2009 (74) a étudié l’exemple de l’exposition maternelle aux solvants et mis en évidence un risque de malformation congénitale multiplié par 2,5 ; les secteurs d’activité les plus concernés étaient ceux de la santé, de l’entretien, de la recherche, de l’esthétique et de la coiffure. Deux études récentes se basant sur le registre national américain des anomalies congénitales concluent que les professions les plus touchées, toutes anomalies congénitales confondues, semblent être les femmes de ménage, les techniciennes de laboratoires, les ingénieures, les infirmières, les assistantes maternelles et les institutrices en école maternelle (75,76). Le rôle des contraintes biomécaniques est peu étudié. Le port de charges lourdes ne semble pas augmenter le risque de malformations congénitales (77). Certaines expositions du père sont également mises en cause (78).

Les relations entre troubles hypertensifs pendant la grossesse et expositions environnementales sont peu claires. Un certain nombre d’études évoquent le rôle du travail physiquement exigeant et de l’exposition au risque chimique (notamment solvants organiques

37 et pesticides) dans le développement de l’HTA au cours de la grossesse, mais les résultats sont souvent contradictoires et les mécanismes physiopathologiques incertains (46).

Le lien entre diabète gestationnel et situations de travail semble peu exploré (79). En revanche, le travail de nuit est considéré comme un facteur de risque probable de développer un diabète de type 2 selon une expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) (80).

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