A) Analyse globale des réponses reçues
6- Avis sur les propositions d’autres types d’aménagement
· Les autres dispositions spatiales.
Sur ce point, le modèle qui a été le plus choisi est la disposition multiple avec
73 professeurs des écoles qui auraient envie de la mettre en œuvre à l’avenir. Cette partie
comprenait également une question visant à connaitre l’avis des professeurs des écoles
concernant l’influence de l’espace sur les apprentissages. 41,8% pensent que la mise en œuvre
de ces modèles exerce assurément une influence sur les apprentissages des élèves. 45,4 %
partagent ce point de vue mais soulignent l’importance de faire varier ces modèles en fonction
des modalités de travail. 12,5 % ont répondu « peut-être » et 1 seul participant a répondu que
seuls la pédagogie, les supports et les activités jouaient un rôle dans les apprentissages. Ce
dernier, enseignant dans une classe de grande section, aménage pourtant sa classe en
optimisant l’espace et en créant différents coins favorisant les apprentissages et l’autonomie
de l’élève mais il ne pense pas que « cela soit déterminant pour les apprentissages ». Par
rapport à notre problèmatique, les professeurs des écoles interrogés pensent pour la plupart
que l’aménagement de la salle de classe joue un rôle dans les apprentissages de leurs élèves
mais beaucoup ne l’utilisent pas comme un véritable outil au service des apprentissages.
· La pédagogie Montessori :
D’après les résultats de notre questionnaire, la pédagogie Montessori a été
appliquée par 22,4 % des répondants et 47,8 % ne l’ont jamais appliquée mais
pourraient l’envisager. 29,8 % des questionnés ne l’envisagent pas.
Les limites pouvant être rencontrées lors de la mise en œuvre de cet
aménagement sont les suivantes. La taille de la pièce constitue, selon les personnes
interrogées, un frein majeur lors de la mise en œuvre de cette pédagogie. En effet, 89,5
%, soit 246 personnes ont choisi ce critère. Pourtant, cette disposition peut être mise
en œuvre dans une salle de classe classique mais le nombre d’élèves à accueillir est
aussi à prendre en compte.
La seconde limite mise en évidence est les moyens financiers. La pédagogie
Montessori demande en effet une quantité de matériel importante afin de permettre les
activités de manipulation. Cet aspect peut être un frein à la mise en place de cette
pédagogie car ce matériel est souvent onéreux. Ainsi, plusieurs enseignants ayant
adopté ce mode de fonctionnement créent une partie de ce matériel à partir de
matériaux bruts et d’objets de récupération afin de limiter les coûts.
La troisième limite qui ressort concerne le suivi des élèves et la gestion de
classe. En effet, la pédagogie Montessori prônant l’autonomie de l’élève et son libre
choix dans les activités d’apprentissages, cela peut effrayer certaines personnes.
L’enseignant devra alors modifier sa posture, son rôle et devenir plutôt un guide pour
l’élève.
La quatrième limite qui est mise en évidence est l’âge des élèves : 26,5 %, soit
73 professeurs des écoles pensent que la pédagogie Montessori ne s’adapte pas à tous
les âges. Or, cette pédagogie peut être proposée à des élèves de tous âges. En effet,
même si l’on connait surtout des classes Montessori pour jeunes enfants de 2 à 6 ans,
les classes d’enfants plus grands existent également, avec un matériel différent.
Les autres limites proposées ont été choisies en minorité :
- La nécessité de répondre aux instructions officielles constitue une limite pour 15,3 %
des professeurs des écoles ayant participé.
- La réaction des parents (13,5 %), des élèves (5,1 %), de l’administration (6,9 %) et
des collègues (4,7 %).
D’autres limites ont également été soulevées par quelques participants à travers
les remarques et avis suivants :
- Le nombre d’élèves dans la classe : « Il ne faut pas oublier que dans ce type
d'école, il y a très peu d'élèves par adultes », « Le nombre d'élèves et le nombre de
maître sur la classe (sur les 6 classes de l'école, un seul enseignant à temps plein sur
une classe) », « Le nombre d'élèves par classe et la progression de tous les élèves »,
« Cette pédagogie est souvent utilisée en maternelle dans le système ordinaire. Par la
suite, je trouve qu'elle est plus difficile à utiliser car le suivi des élèves me semble plus
difficile surtout par rapport au nombre d'élèves dans les classes. ».
- Un « phénomène de mode » : « Le fonctionnement "MONTESSORI" est très, très en
vogue actuellement mais ne peut pas être appliqué partout ; ne serait-ce que par la
participation financière demandée aux parents. », « On affiche le mot "Montessori" à
tout va, ça fait moderne et se veut à la mode. ».
- Les caractéristiques de la pièce, le mobilier et le matériel à disposition : « La
quantité (longueur) de murs, indépendamment de la taille de la pièce », « Les meubles
mis à disposition par la Mairie. », « Trouver du matériel adapté à cette méthode pour
des élèves de cycle 2 ou 3 ».
- La position des élèves : « Il faut apprendre à se tenir assis (selon moi) », « Je
demande systématiquement à mes élèves d'être assis correctement face à leur cahier et
à leur livre pour protéger leur dos, je ne me vois pas laisser des élèves travailler par
terre en étant allongés. ».
- L’adaptation de certains élèves : « J'ai des élèves qui s'ils ne sont pas motivés ou
stimulés peuvent ne rien faire pendant plusieurs heures... », « Certains élèves qui sont
scolaires ont du mal avec trop de libertés et d'autonomie », « La gestion des élèves qui
présentent des TCC. », « Le fait que cela ne convienne pas à tous les élèves. ».
- La quantité de travail pour l’enseignant : « Les effectifs et le travail initial pour
tout préparer est énorme. Suivre les élèves est très difficile. Les enseignantes qui l'ont
tenté en gardent certains éléments mais revoient leurs ambitions à la baisse. Certains
types d'ateliers peuvent être intéressants... ».
- Le fonctionnement de la classe : « La gestion du bruit et des déplacements
(l'organisation et la mise en place des activités et des groupes doivent être réfléchies
et rigoureuses avec des règles de fonctionnement) ».
- La pédagogie et sa mise en œuvre : « Ne pas faire uniquement du Montessori »,
« Pédagogie à actualiser », « La cohérence entre situations, modalités de travail et
pédagogie », « Une classe n'est pas une somme d'individualités qui évoluent chacune
à son rythme selon son bon vouloir surtout avec deux niveaux et des effectifs
important, le collectif est important également. ».
- L’enseignant(e) : « L'incompétence des enseignants qui croient faire de la
pédagogie Montessori et font vraiment du bricolage pédagogique », « Savoir "lâcher
prise" soi-même », « Le temps qu'on passe à intégrer une nouvelle façon de
fonctionner et à se l'approprier. ».
· L’utilisation des nouvelles technologies :
Les réponses obtenues dans ce questionnaire nous permettent de voir que
l’utilisation des nouvelles technologies à l’école primaire est très variable. En effet, le
diagramme ci-contre nous montre une grande variété de réponses. Environ un tiers des
professeurs des écoles interrogés n’utilisent jamais ou rarement les nouvelles
technologies dans le cadre de leur enseignement : 12,7 % (soit 35 personnes) ne les
utilisent jamais, 21,8 % (soit 60 personnes) les utilisent rarement. On peut nuancer ces
pourcentages car les classes de TPS, PS et MS sont moins amenés à les utiliser (mais
cela reste possible et intéressant pour projeter des photos ou des images par exemple).
34,9 % (soit 96 personnes) des personnes interrogées les utilisent de temps en temps et
30,5 % (soit 84 personnes) les utilisent quotidiennement.
Concernant l’impact des nouvelles technologies sur la manière d’enseigner et
l’organisation de l’espace, les réponses sont partagées selon les enseignants et les
pratiques. Concernant l’impact des nouvelles technologies sur la manière d’enseigner,
on peut regrouper les réponses comme suit :
- 139 participants, soit 51 %, n’ont pas modifié leur façon d’enseigner. Les
raisons évoquées sont en grande partie une absence d’équipements
informatiques et des problèmes techniques, puis un manque de
compétences dans ce domaine, des élèves trop jeunes ou encore le danger
des ondes électromagnétiques.
- 108 participants, soit 39 %, ont modifié leurs pratiques d’enseignement
avec les nouvelles technologies. Ils mettent en évidence la possibilité de
projeter des documents, la facilité d’effectuer des recherches en tous
genres, une augmentation des interactions en classe et une diversification
des supports.
- 28 participants, soit 10 %, sont partagés ou ne se prononcent pas.
Concernant la modification de l’organisation de l’espace suite à l’arrivée des
nouvelles technologies, on peut effectuer les regroupements suivants :
- 152 participants, soit 55 %, n’ont pas modifié l’espace de leur classe
suite à l’arrivée des nouvelles technologies (absence d’équipements,
contraintes spatiales, utilisation inexistante ou restreinte).
- 70 participants, soit 26 % ont modifié leur organisation de l’espace suite
à l’arrivée des nouvelles technologies (coins informatique, visibilité pour
le tbi, disposition des branchements).
- 53 participants, soit 19 %, sont partagés ou ne se prononcent pas.
· Le concept de la classe inversée :
Les résultats montrent que le concept de la classe inversée était connu pour
56,7 % des professeurs des écoles interrogés. 43,3 % ne connaissaient pas cette
méthode d’enseignement.
Ici, concernant la mise en œuvre de cette méthode d’enseignement et des
dispositions qui la rendent possible, les résultats sont très différents de ceux de la
pédagogie Montessori. En effet, 165 professeurs des écoles interrogés, soit 60,7%, ne
peuvent pas envisager la mise en œuvre de cette méthode d’enseignement dans leur
classe. 99 personnes, soit 36,4% pourraient l’envisager et seuls 8 (2,9%) professeurs
des écoles interrogés l’ont déjà appliquée.
Figure 52 : Résultats de l'enquête : partie 6.
Concernant l’influence des dispositions spatiales utilisées dans le cadre de cette
méthode sur les apprentissages des élèves, 40,4 % des enseignants pensent que ces
dispositions ont une influence positive. 57,4 % des participants ont répondu « Je ne
sais pas » et 2,2 % pensent que ces dispositions n’exercent pas une influence positive
sur les apprentissages des élèves.
Les limites choisies sont également beaucoup plus nombreuses que pour la
pédagogie Montessori : l’âge des élèves (pour 42,6 % des participants), la gestion de
classe et le suivi des élèves (41,8 %), les moyens financiers (38,4 %), la réaction des
parents (36,9 %), la taille de la pièce (20,9 %), la réaction des élèves (12,9 %), la
nécessité de répondre aux instructions officielles (9,5 %), la réaction de
l’administration (5,7 %) et la réaction des collègues (4,2 %).
A travers les remarques supplémentaires, d’autres limites ont été mises en évidence :
- Un « phénomène de mode » : « C'est un dispositif parmi d'autres très à la
mode en ce moment ».
- L’autonomie et la motivation des élèves : « La capacité de travail en
autonomie », « motivation et investissement de tous les élèves »,
« L'implication des élèves dans leurs apprentissages (le temps passé à
apprendre à la maison). », « Pour cela il faut une certaine autonomie cf.
temps hors de la classe. Hors aujourd'hui nombre d'élèves ne font plus
aucun devoir (lecture, apprentissage de poésies ou leçons) à la maison.
Donc je doute de leur implication et de celle de leurs parents dans cette
méthode. », « le peu d'investissement des élèves dans le travail hors de la
classe. », « L'implication des élèves ».
- La langue : « La plupart de mes élèves ne parlent pas français à la
maison et ne peuvent recevoir aucune aide d'un adulte. ».
- La quantité de travail des enseignants : « quantité de travail pour
l'enseignant », « temps de préparation des modules de cours », « la
lourdeur de la mise en œuvre », « le temps de préparation et d'expertise que
cela demande », « le temps passé en dehors des heures de classe pour
préparer, analyser,... ».
- Le niveau des élèves et le handicap : « Gestion des difficultés et des
besoins pour des élèves de segpa », « le handicap de mes élèves », « la
difficulté pour des élèves de primaire, en Rep, en ULIS école, avec des
parents peu présents de reprendre seuls un travail. », « Peu adapté à un
enseignement en éducation prioritaire avec des élèves allophones et en
grande difficulté ».
- L’absence de formation
34des enseignants : « l'absence de formation de
l'enseignant », « Mes compétences », « la formation des enseignants », « les
compétences de l'enseignant, en informatique notamment », « ma "nullité"
en matière de nouvelles technologies. ».
34 La formation des enseignants à ce sujet est en effet très mince. On peut également ajouter que l’utilisation
de l’espace classe (aménagement, disposition, organisation) est un thème très peu travaillé lors de la formation initiale des enseignants : son impact sur les apprentissages des élèves n’est donc pas abordé autant qu’il le faudrait et le modèle frontal continue de perdurer, même dans les classes des enseignants nouvellement formés.
- Le fonctionnement de cette pédagogie : « pour le primaire, il est
essentiel de manipuler des objets réels. Je trouve donc essentiel de faire la
partie "découverte d'une nouvelle notion " en classe. Je réserve à la maison
la partie "mémorisation" ou" entrainement" car sinon, certains parents
donnent des idées fausses aux enfants et il est alors difficile de lutter
contre »
- Les inégalités entre élèves, l’équipement des familles en nouvelles
technologies et le travail à la maison : « comment s'informer avant la
classe quand les parents n'ont pas d'ordinateur », « l'accès par tous à
internet et le temps disponible à la maison », « la disparité des milieux
sociaux (famille sans ordinateur, sans accès internet, parents dans
l'incapacité d'aider les élèves à la maison) », « Ce qui me gêne c'est le fait
que les élèves doivent travailler la notion en amont à la maison et que tous
ne le font pas ou n'ont pas le matériel nécessaire. », « élèves en milieu
défavorisé », « aucun suivi pour certain à la maison », « La possession d'un
ordinateur », « les inégalités de suivi hors la classe », « De plus en plus de
parents refusent tout travail à la maison (même une lecture ou la relecture
d'une leçon) alors travailler une notion nouvelle me parait délicat et en
contradiction avec les instructions officielles. », « travail à la maison
insuffisant », « l'implication des parents sur le travail à la maison»,
« Certains élèves ne sont pas du tout suivis à la maison et ne se prennent
pas encore seuls en charge pour découvrir une notion seul hors de la classe
! Et tous ne sont pas équipés numériquement car viennent d'un milieu très
modeste », « Il faut que tous les élèves disposent d'un ordinateur chez eux et
que les parents suivent de très près les devoirs car si la notion n'est pas
travaillée à l'avance cela risque d'handicaper l'élève. », « accès internet
obligatoire pour tous les élèves à la maison et plus de postes en classe »,
« la place des nouvelles technologies dans les familles », « la possibilité de
découvrir et s'approprier hors de la classe les éléments d'apprentissage de
façon égalitaire entre tous les élèves. », « accessibilité par les élèves qui
n'ont pas tous un ordinateur (si si !) ni l'accès à internet », « L’utilisation
des écrans à la maison. La possibilité d'avoir accès à la maison à un
ordinateur ou tablettes. », « l'accès à internet dans le milieu familial », « les
activités "hors de la classe" nécessite le matériel suffisant pour chaque
élève », « L'implication des parents », « Le non suivi des élèves à la
maison », « le travail personnel hors de l''école accentue les inégalités »,
« Le travail à la maison pas toujours accompagné par les parents », « cela
peut accroitre les inégalités », « des problèmes de connexion et le fait que
certaines familles vont pouvoir favoriser les apprentissages de leur enfant
alors que d'autres non », « on doit limiter la charge de travail en dehors de
la classe pour réduire les inégalités sociales. », « la participation effective
et efficace des parents », « la possibilité pour les familles d'utiliser un outil
informatique », « tous les enfants ne seraient pas égaux face à cette façon
de travailler. Moyens financiers et présentiels dans les familles », « la
disponibilité des savoirs hors de la classe car pas d'accès internet pour
tous », « L'injustice face à des familles qui ne seraient pas équipées
correctement et qui ne pourraient pas inciter leur enfant à faire ce travail
en amont. », « les dispositions matérielles des familles, la découverte hors
la classe ne peut pas être assurée », « les moyens personnels des élèves mis
à disposition ».
- La présence de nouvelles technologies dans l’école : « la présence ou
non de tablettes à l'école peut-être mais je n'ai jamais testé cette
pédagogie », « l'accès inégal aux nouvelles technologies (selon les écoles) »
- Le nombre d’élèves : « le nombre d'élèves », « le nombre d'enfants ».
- Le groupe d’élèves : « le climat de la classe, certaines cohortes sont plus
"explosives" que d'autres ».
Dans le document
L'aménagement de la salle de classe à l'école primaire
(Page 49-57)