HAL Id: hal-02366085
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Marine Troncin
To cite this version:
Marine Troncin. L’aménagement de la salle de classe à l’école primaire. Education. 2017.
�hal-02366085�
Mémoire
présenté pour l’obtention du Grade de
MASTER
“Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation”
Mention 1
erDegré Professeur des Ecoles
sur le thème
L’aménagement de la salle de classe
à l’école primaire.
Projet présenté par
Marine Troncin
Directrice de mémoire
Maitre de conférences Sophie Mariani-Rousset (UFC – UFR SLHS)
Descriptif du mémoire :
Champ(s) scientifique(s) : Géographie et Sociologie.
Objet d’étude : L’aménagement de la salle de classe à l’école primaire.
Méthodologie : Questionnaires à destination des professeurs des écoles de l’académie de
Besançon.
Remerciements
Tout d’abord, je tiens à remercier ma directrice de mémoire, Mme Sophie
Mariani-Rousset, pour son aide précieuse et ses conseils avisés.
Je remercie également l’ensemble des professeurs des écoles ayant participé à
ma recherche : ceux ayant répondu à mon questionnaire en ligne, et ceux qui ont
accepté de me donner des renseignements supplémentaires ou qui m’ont invitée dans
leur salle de classe.
De plus, j’aimerais remercier l’ensemble des professeurs de l’ESPE de
Besançon et de l’ESPE de Vesoul qui sont intervenus dans le cadre de ma formation
de future professeure des écoles.
Mes remerciements se tournent aussi vers mes collègues de travail pour leur
aide et leur soutien tout au long de cette année de stage où j’ai pu avoir une approche
concrète des différentes possibilités d’aménagement d’une salle de classe.
Pour terminer, je tiens à remercier ma famille et mes proches, qui ont été
présents tout au long de ce travail de recherche.
Table des matières
Remerciements ... 3
Introduction ... 6
I) Partie théorique et bibliographie commentée. ... 7
A) Première approche de l’aménagement de l’espace scolaire. ... 7
1- Définition des termes du thème de mémoire. ... 7
2- L’aménagement de l’espace scolaire. ... 8
3- L’aménagement de la salle de classe. ... 8
B) La salle de classe : un espace aux multiples facettes. ... 9
1- La salle de classe : un espace construit. ... 9
2- La salle de classe : un espace aménagé. ... 12
3- La salle de classe : un espace perçu. ... 18
4- La salle de classe : un espace habité ... 20
5- La salle de classe : un espace en pleine mutation. ... 20
C) Problématisation et hypothèses ... 22
1- Problématique. ... 22
2- Hypothèses. ... 22
II) Méthodologie ... 23
A) Choix de mener une recherche par questionnaires. ... 23
1- Pourquoi ? ... 23
2- Plateforme utilisée. ... 23
B) Structure choisie ... 23
1- Première partie : « Votre profil et votre situation professionnelle ». ... 23
2- Deuxième partie : « Votre salle de classe : perceptions ». ... 25
3- Troisième partie : « Votre salle de classe : équipements ». ... 26
4- Quatrième partie : « Votre salle de classe : organisation spatiale. ». ... 27
5- Cinquième partie : « Votre expérience concernant l’aménagement de la salle de classe. ». .. 29
6- Sixième partie : « Proposition d’autres types d’aménagement. ». ... 30
7- Septième partie : « Remarques complémentaires ». ... 32
C) Envoi du questionnaire et prolongements. ... 33
1- Population visée et envoi. ... 33
2- Réception des résultats. ... 34
3- Prolongements. ... 34
III) Analyse des résultats. ... 35
1- Profil des participants. ... 35
2- Perceptions de la salle de classe ... 41
3- Equipements de la salle de classe ... 43
4- Organisation spatiale du mobilier ... 45
5- Expérience concernant l’aménagement de la salle de classe. ... 47
6- Avis sur les propositions d’autres types d’aménagement. ... 48
7- Remarques complémentaires. ………..56
B) Quelques exemples intéressants ... 58
Conclusion : réponse à la problématique et aux hypothèses ... 65
Bibliographie et Sitographie. ... 68
Table des figures. ……….70
Annexes ... 72
Résumé ... 378
Introduction
Dans l’exercice du métier d’enseignant, les professeurs des écoles doivent
maitriser plusieurs paramètres pour favoriser au maximum les apprentissages de leurs
élèves : gestion du temps, de l’espace, démarche pédagogique, modalités de travail,
climat de classe bienveillant et bien d’autres encore. L’aménagement de la salle de
classe est l’un de ces paramètres et constitue un véritable outil au service des
apprentissages. En effet, les différentes recherches sur le sujet ont montré que la façon
d’organiser sa salle de classe avait un impact sur les apprentissages des élèves.
Néanmoins, l’utilisation de cet outil particulier doit se faire en prenant en
compte de nombreux critères. En effet, la salle de classe est un espace complexe, à
organiser avec soin. Il s’agit tout d’abord d’un espace construit : les particularités
physiques de la pièce peuvent avoir un impact sur la disposition choisie par
l’enseignant. C’est ensuite un espace aménagé avec un type de mobilier plus ou moins
modulable en fonction des écoles. La salle de classe est également un espace perçu,
traité différemment par les filtres perceptifs de chaque individu. Il s’agit aussi d’un
espace habité : l’enseignant doit donc prendre en compte tout un ensemble de
d’informations pour adapter l’organisation de sa salle de classe au public accueilli et
aux méthodes d’enseignement qu’il a choisi de mettre en œuvre. Pour terminer, la
salle de classe est un espace en pleine mutation, bouleversé peu à peu par l’arrivée du
numérique.
Cette complexité concernant l’aménagement de la salle de classe conduit à
s’interroger sur l’organisation de cet espace clé, théâtre des apprentissages et de la vie
de classe. En effet, comment organiser sa salle de classe pour favoriser les
apprentissages, encourager l’entraide et la coopération entre pairs, et renforcer
l’estime de soi des élèves ? Comment adapter l’organisation spatiale du mobilier aux
activités et modalités de travail proposées par l’enseignant ? Comment faire face aux
différentes limites qui influencent le choix des dispositions du mobilier dans la salle
de classe ?
Ces interrogations montrent que l’organisation de la salle de classe doit être
réfléchie pour s’adapter au mieux aux caractéristiques de chaque classe. A travers ce
mémoire de recherche, nous observerons comment les enseignants appréhendent cet
espace spécifique et si ils ont conscience que l’espace est un outil majeur au service
des apprentissages de leurs élèves.
Tout au long de ce mémoire, je présenterai mon travail de recherche en traitant
tout d’abord de mes recherches bibliographiques, de la méthodologie choisie, et des
résultats de cette enquête.
I) Partie théorique et
bibliographie commentée.
A) Première approche de l’aménagement de l’espace
scolaire.
1- Définition des termes du thème de mémoire.
L’intitulé du thème de mémoire que j’ai choisi est le suivant : « Aménagement
du temps et de l’espace scolaire ». Dans un premier temps, j’ai défini chaque terme de
cet intitulé afin de bien cerner les trois premiers concepts en jeu : le temps,
l’aménagement et l’espace scolaire.
Le temps, d’après le dictionnaire Larousse
1, est défini ainsi : « Mouvement
ininterrompu par lequel le présent devient le passé, considéré souvent comme une
force agissant sur le monde, sur les êtres ». La gestion du temps est une
problématique importante à l’école primaire. Chaque enseignant doit en effet organiser
au mieux le déroulement des différentes activités pour chaque journée de classe, afin
de favoriser les apprentissages des élèves.
L’aménagement est l’un des concepts majeurs de la géographie. Pour le définir,
on peut s’appuyer sur la définition donnée par Santamaria (2004)
2: « L’aménagement
est l’action volontaire d’un groupe social pour organiser, voire transformer l’espace
dans le but de générer des effets positifs sur la société. […] L’aménagement recouvre
un ensemble d’actions qui concernent à la fois la création d’équipements,
l’organisation institutionnelle d’un espace, la promotion du développement d’un «
territoire », la compensation des inégalités spatiales et la protection des patrimoines
culturel et naturel. »
L’espace scolaire désigne l’ensemble des espaces que l’on peut trouver dans
les établissements scolaires : salle de classe, cour de récréation, préau, gymnase,
bibliothèque, salle informatique et autres salles spécifiques, salle des maîtres, bureaux,
cantine scolaire, sanitaires, etc. C’est cet ensemble de lieux spécifiques qui permet la
qualité des apprentissages.
Titulaire d’une licence de géographie et désireuse d’intégrer une dimension
spatiale à mon objet d’étude, j’ai choisi d’axer mon travail principalement sur
l’espace. Or, il s’est avéré tout au long de ce travail de recherche que l’espace et le
temps sont fortement liés et la dimension spatiale ne peut pas être traitée en ignorant la
dimension temporelle. Par exemple, dans le cadre de l’aménagement de la salle de
1
Dictionnaire Larousse [en ligne], http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/classe/16403, consulté le 14 avril 2017.
2
Santamaria Frédéric, Aménagement, HyperGéo [En ligne], disponible sur : http://www.hypergeo.eu/spip.php?article474#, 2004.
classe, plusieurs dispositions spatiales sont possibles (frontal, groupes, en cercle…). Il
est fondamental de faire varier ces dispositions dans le temps, en fonction des
modalités de travail mises en œuvre dans les différents moments d’une journée de
classe. Ainsi, le temps et l’espace sont deux entités très différentes mais qui
entretiennent d’étroites relations. De ce fait, bien que la notion d’espace soit centrale
dans ce travail de recherche, la notion de temps est également très présente.
Après cette première phase de réflexion sur ces quelques notions, j’ai voulu
définir plus précisément mon objet d’étude. J’ai donc effectué des recherches
préliminaires afin d’étudier les aspects généraux de cette thématique, à l’aide de
quelques ouvrages.
2- L’aménagement de l’espace scolaire.
L’espace scolaire est donc un ensemble d’espaces, tous organisés différemment
: la disposition du mobilier dans une salle de classe n’est pas la même que dans une
salle de cantine scolaire par exemple. Le type de mobilier varie également en fonction
de ces espaces. De plus, l’organisation de l’espace scolaire peut être très différente en
fonction des écoles. Par exemple, la plupart des écoles rurales ne possèdent pas autant
de salles spécifiques que les écoles urbaines : certaines écoles de campagne se
composent parfois d’une seule salle de classe, d’une cour de récréation et les locaux de
la mairie (salle des fêtes par exemple) sont utilisés pour les séances de sport et de
motricité. L’espace scolaire est donc aménagé différemment en fonction des
caractéristiques physiques de l’école (bâtiment, superficie, forme des locaux, nombre
de pièces, etc.) mais d’autres facteurs peuvent également entrer en jeu : financier,
volonté de mettre en place une pédagogie nécessitant des types d’aménagements
spécifiques…
L’aménagement de l’espace scolaire est donc un thème vaste qui rassemble de
nombreux types d’espaces, et donc de nombreux types d’aménagement. L’espace
scolaire n’a pas la même composition selon les écoles et l’absence de salles
spécifiques dans certaines écoles a un impact sur l’organisation de la salle de classe,
qui doit alors pouvoir accueillir l’ensemble des activités : bibliothèque, peinture,
informatique, etc. Ainsi, l’aménagement de la salle de classe est fortement lié à
l’espace scolaire et peut être très variable.
3- L’aménagement de la salle de classe.
Ces premières recherches sur l’aménagement de l’espace scolaire m’a
particulièrement intéressée, et j’ai fait le choix de poursuivre ce travail en ciblant plus
précisément mon objet d’étude. L’aménagement de la salle de classe, espace central
faisant parti de l’espace scolaire, est le sujet que j’ai finalement choisi pour ce
mémoire de recherche. J’ai donc concentré mes recherches sur cet espace clé, théâtre
des apprentissages et de la vie de la classe : la salle de classe.
B) La salle de classe : un espace aux multiples facettes.
Après avoir lu des ouvrages traitant plus spécifiquement de l’aménagement de la salle
de classe, j’ai pu mettre en évidence 5 aspects majeurs concernant cet espace
spécifique.
1- La salle de classe : un espace construit.
La salle de classe est en premier lieu un espace construit. En effet, cette
dimension est la plus visible lorsque l’on s’intéresse aux définitions de la salle de
classe. Le dictionnaire Larousse propose sur son site en ligne
3la définition suivante :
« Salle occupée par les élèves d'une division. ». Dans son dictionnaire de pédagogie et
d’instruction primaire
4, Buisson (1911) définit les salles de classe ainsi : « locaux
servant à faire la classe ». Pour terminer, on trouve une définition similaire aux deux
précédentes sur la plateforme collaborative encyclopédique Wikipedia
5: « Une salle
de classe (ou salle de cours) est une salle où l'on pratique l'enseignement dans une
école ». Ces trois citations nous montrent que par définition, la salle de classe est
d’abord une salle, un local et donc un espace bâti.
Grezes-Rueff et Leduc (2007)
6présentent l’histoire de ces bâtiments scolaires
et des différentes lois et circulaires affectant l’architecture scolaire ou l’organisation
des pièces dans les maisons d’école. Ils mettent en évidence une certaine
uniformisation des salles de classe françaises, tant au niveau du mobilier, qu’au niveau
de l’architecture de la pièce. Par exemple, de nombreuses écoles urbaines ont fait
l’objet d’une construction semblable : des salles de classes alignées le long d’un grand
couloir, des fenêtres classiques d’un côté, petites et hautes de l’autre (donnant sur le
couloir), une porte donnant sur le couloir au plus près du tableau.
Forster (2004)
7traite également de ce
phénomène : après avoir retracé l’histoire de
l’architecture des établissements scolaires à
travers les différents courants architecturaux et
l’évolution des pratiques pédagogiques, elle
montre que le bâtiment scolaire a tendance à
s’uniformiser avec les autres bâtiments alors qu’il
avait autrefois une identité spécifique, témoignant
de sa fonction particulière. En effet, le bâtiment
scolaire d’antan possédait une identité propre et sa
fonction, vue de l’extérieur ne faisait aucun doute.
On peut penser par exemple aux écoles en pierre à
la construction souvent symétrique, parfois dans le
même bâtiment que la mairie dans les campagnes :
comme l’école rurale de Laissey, dans le Doubs
(Figure 1). Dans les communes urbaines, ces bâtiments à l’allure symétrique étaient
3
Dictionnaire Larousse [en ligne], http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/classe/16403, consulté le 14 avril 2017.
4
Institut français de l’éducation [en ligne], http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=2345, consulté le 14 avril 2017.
5
Wikipédia l’encyclopédie libre [en ligne], https://fr.wikipedia.org/wiki/Salle_de_classe, consulté le 14 avril 2017.
6
Grezes-Rueff François et Jean Leduc. Histoire des élèves en France. De l'ancien régime à nos jours. Armand Colin, 2007, 451p.
souvent segmentés en deux parties avec sur la façade d’un côté « Ecole de filles » et
de l’autre « Ecole de garçons ». C’était le cas de l’école de Ceyzériat, dans l’Ain,
comme le montre la figure 2.
Figure 2 : Ecole de Ceyzériat (Ain).
De nos jours, les bâtiments
scolaires se distinguent moins des
autres bâtiments et l’architecture
scolaire est désormais centrée sur
l’enfant et ses apprentissages. On
peut citer l’exemple de la Maison
des Trois Espaces (comme les trois
cycles de l'école primaire) de
l’école de Saint-Fons dans le Rhône
présenté par Vacheresse (2011)
8.
Cette
école
à
l’architecture
moderne et travaillée s'étend en
longueur avec une grande allée
centrale (Figure 3). Les classes sont
placées de part et d'autre de cette
allée de façon chronologique :
d'abord les classes de maternelle, de
cycle 2, puis de cycle 3 avec au bout de l'allée une verrière avec vue sur le collège.
Cette école accueille 314 élèves (2017) et l'allée centrale représente un lieu
d'ouverture, avec de chaque côté de grandes baies vitrées offrant une bonne visibilité
7
Forster, Simone. «Architecture scolaire : regard historique tourné vers l’avenir ». Bulletin CIIP. No 15 (12/2004). Disponible sur :
http://publications.irdp.relation.ch/ftp/1169016882forster_bulletinciip_15a.pdf
8
Grellier, Yves. Cap Infos Primaire. L’aménagement du temps et de l’espace à l’école. Capcanal, 2011. (Remarque : le reportage dont il est question ici est présenté par Hervé Vacheresse.)
Figure 3 : Vue aérienne de l'école de Saint Fons (Rhône) et photographie de l'allée centrale.
sur l’ensemble des salles de classe, qui disposent de pièces annexes, utiles à la mise en
place de travaux en autonomie.
L’architecture des bâtiments scolaires a donc évolué dans le temps et les
bâtiments scolaires construits récemment ne ressemblent plus aux anciens. En
Franche-Comté, on peut prendre l’exemple du pôle éducatif de Montbozon, en
Haute-Saône. Inauguré en 2011, ce pôle éducatif accueille aujourd’hui 173 élèves
9, répartis
en 8 classes (3 classes en maternelle, 5 en élémentaire). On observe que cette école,
initialement construite pour accueillir 6 classes, a été conçue avec une prise en compte
des besoins des élèves : une partie du bâtiment est consacrée à la maternelle (à
l’origine : 2 salles de classe, une salle de sieste, une salle de motricité, des sanitaires),
l’autre à l’élémentaire (4 salles de classe à l’origine, des sanitaires). La partie centrale
du bâtiment comprend une salle des maîtres, un hall d’accueil, un bureau pour la
direction, un local pour le RASED et une salle informatique. Au moment de sa
conception, cette partie centrale comprenait également une salle BCD et une salle
d’arts plastiques. Cette dernière a été supprimée pour pouvoir installer la 7éme classe
(côté maternelle), et la
BCD a été déplacée dans
le hall d’accueil lors de
l’ouverture d’une 8éme
classe à la rentrée 2016.
Un autre bâtiment est
consacré au périscolaire
(cantine
et
salle
d’activités).
Ce
pôle
éducatif
a
une
architecture
moderne,
avec des lignes courbes
et de larges baies vitrées
permettant une grande
luminosité.
On peut aussi observer cette évolution de l’architecture scolaire en prenant
l’exemple de l’école de Roulans, dans le Doubs. Cette école était composée
initialement d’un bâtiment rectangulaire. Suite à une hausse des effectifs d’élèves,
l’école de Roulans (137 élèves en 2017) a été agrandie en 2015 : une extension de
500m
2a été construite. Ce nouveau bâtiment comprend « deux classes primaires de 60
m
2chacune,
une
classe
d’adaptation de 30 m
2, un bureau
de direction, une entrée, un
dégagement, des vestiaires, des
sanitaires, une cuisinette, un abri
préau extérieur pour 100 enfants
de 100 m
2». Ainsi, vue de
l’extérieur, cette école possède
deux architectures différentes et
témoigne donc de l’évolution de
l’architecture
des
bâtiments
scolaires au fil du temps.
9
Données 2017.
Figure 4 : Photographies du pôle éducatif de Montbozon.
Figure 5 : Ecole de Roulans (ancien bâtiment à droite, extension récente à gauche).
Le construit est donc un élément majeur de la salle de classe mais il peut aussi
constituer une limite dans son organisation spatiale. En effet, certaines salles trop
petites empêchent la mise en place de certaines modalités. Car la salle de classe, en
plus d’être un espace construit, se doit d’être fonctionnelle. C’est donc également un
espace aménagé, pour permettre aux élèves de travailler dans des conditions
optimales, favorisant leurs apprentissages.
2- La salle de classe : un espace aménagé.
Une autre dimension majeure de la salle de classe est qu’il s’agit d’un espace
aménagé. En effet, pour rendre cet espace fonctionnel, son aménagement est
nécessaire pour permettre de répondre à la fonction première et primordiale d’une
salle de classe : rendre possible et favoriser les apprentissages des élèves. Les
différentes lectures que j’ai pu avoir à ce sujet ont montré qu’il existe une grande
variété d’aménagements possibles dans une salle de classe, principalement au niveau
de la disposition spatiale du mobilier.
Un premier aspect de cette diversité est la différence d’aménagement qui existe
entre une salle de classe maternelle et une salle de classe élémentaire.
On retrouve le plus souvent, en classe de cycle 1, un aménagement adapté au jeune
âge des enfants accueillis : coin jeux, coin dinette, coin ferme, coin bibliothèque et
tables d’ateliers par exemple. Cette organisation spatiale témoigne du mode de
fonctionnement de l’école maternelle : les activités se déroulent le plus souvent en
ateliers, par petits groupes et l’espace doit donc comporter plusieurs autres petits
espaces, également appelés « coins », pour pouvoir accueillir une grande diversité
d’activités. Vacheresse (2011)
10a défini et analysé une salle de classe en maternelle :
« espace soigneusement pensé, qui doit être fonctionnel pour permettre à la maîtresse
de gérer facilement son groupe de jeunes enfants. Il doit aussi pouvoir s’agencer ou se
transformer tout au long de la journée en fonction des moments et des activités qui se
jouent. Plus que jamais, l’enfant fait de l’espace de sa classe un repère quotidien dans
son développement. ».
En maternelle, la salle de classe doit être bien structurée et comprendre des
espaces bien identifiés permettant aux élèves de se repérer et d'être autonomes. En
effet, faire en sorte que les élèves construisent des repères dans la salle de classe va
permettre de les sécuriser. Il est également important que cet espace majeur pour
l'enfant soit évolutif et modulable pour permettre des modalités d'apprentissage
variées.
En classe d’élémentaire, l’aménagement
est différent : les coins sont beaucoup moins
présents pour laisser la place, la plupart du
temps, à des rangées de tables et de chaises,
alignées le plus souvent face au tableau. Cette
disposition présente l’avantage d’assurer à tous
une bonne visibilité du tableau et de limiter les
bavardages
entre
élèves.
Ce
modèle
« classique », utilisé dans les salles de classe
depuis des dizaines d’années, présente donc
10
Grellier, Yves. Op. cit.
Figure 6 : Photographie d'une salle de classe d’antan.
des avantages mais aussi des inconvénients : les interactions entre pairs ne sont pas
favorisées et c’est l’enseignant, placé devant les élèves, qui diffuse le savoir. Or, ce
modèle très transmissif commence peu à peu à être remis en cause et certains
enseignants d’élémentaire choisissent d’autres dispositions, voire même un
fonctionnement en ateliers comme en maternelle, ce qui modifie l’organisation
spatiale de leur salle de classe. Parmi les lectures que j’ai effectuées, de nombreux
auteurs ont listé et analysé les modèles d’organisation spatiales de la salle de classe en
écrivant leurs principaux avantages et inconvénients.
L’alignement des tables en
rangées, adapté à un cours magistral
(ou au travail individuel) est le miroir
d’une
pédagogie
transmissive.
Guichenuy (2010)
11a étudié les
différents pôles présents dans une
salle de classe, ainsi que les
interactions entre l’enseignant et ses
élèves. Concernant ce type de
disposition spatiale, il souligne qu’il
résulte du modèle transmissif un pôle
unique et permanent : l’enseignant,
placé en face des élèves et à proximité
du tableau. Ainsi, les interactions entre
pairs ne sont pas favorisées et on peut mettre en évidence un clivage enseignant /
élèves avec deux espaces bien définis.
La disposition en ilots, qui
permet la mise en place de travaux de
groupes rend possible le travail
collaboratif et les échanges entre
élèves. L’enseignant passe dans les
différents groupes, ce qui multiplie
les interactions possibles. Selon
Guichenuy
(2010)
12,
cette
configuration transforme la salle de
classe en un espace multipolarisé,
théâtre de nombreux flux favorisant
les apprentissages de tous les élèves.
Cette disposition montre encore une
fois que la salle de classe est un espace
de vie et d’interactions aux multiples dynamiques. Pour représenter ces dynamiques
de la salle de classe, Marcel (1999)
13a créé différents types de chorèmes permettant de
produire des cartes témoignant des dynamiques spatiales de la salle de classe. Cet
11
Guichenuy, Robert. «Positions géographiques et dynamique du groupe-classe», Cahiers pédagogiques. 481 (04/2010), p.28-29.
12
Ibid.
13
Marcel, Jean-François. « Espace et action enseignante. Eléments pour une chorématique de la salle de
classe ». M@ppemonde n° 55, 1999.3, p. 6-9. Disponible sur :
http://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M399/Marcel
Remarque : l’illustration est également tirée du document ci-dessus.
Figure 7 : Représentation d'une organisation frontale du mobilier.
Figure 8 : Représentation d'une organisation du mobilier en ilots.
outil est très intéressant pour analyser de manière visuelle l’organisation de la salle de
classe, ainsi que les interactions spatiales entre les individus qui l’occupent.
D’autres modèles existent. Capacchi (2008)
14aborde par exemple la
disposition des tables en carré (mieux adaptée pour la mise en place d’activités orales
comme les débats par exemple), en fer à cheval, en rangées face à face, etc. Elle ajoute
également un élément majeur dans son propos : l’importance de faire varier les
modalités d’apprentissage, et donc les modèles d’organisation spatiale, dans le cadre
d’une même séquence : « On peut […] envisager trois moments : enseignement,
apprentissage et évaluation. A chacun de ces moments une ou plusieurs configurations
pertinentes peuvent être associées ». En effet, il est nécessaire de faire varier les
modalités de travail des élèves afin d’éviter qu’une sorte de lassitude se mette en
place. Il est donc primordial de faire varier les situations d’apprentissage. Cependant,
pouvoir changer de disposition spatiale nécessite la présence d’un mobilier léger,
facile à déplacer et modulable, ce qui est loin d’être le cas dans toutes les salles de
classe.
L’aménagement est donc étroitement lié au type de mobilier présent dans les
classes et à sa quantité. Or, cela varie d’une classe à l’autre et peut constituer une
limite à la réorganisation spatiale de la salle de classe : certaines écoles ont la chance
d’avoir du mobilier léger, fonctionnel et surtout modulable qui permet la mise en place
de modalités de travail variées. D’autres ont moins de moyens financiers et le mobilier
peut être peu pratique pour la mise en place d’autres modalités : grandes tables,
chaises et tables attachées ensemble, etc. De plus, pour optimiser les apprentissages, le
mobilier doit être adapté à la taille et à l’âge des élèves accueillis, pour permettre à ces
derniers d’avoir une bonne posture de travail. Le tableau ci-dessous a été réalisé de
façon à adapter au mieux la taille du mobilier scolaire en fonction des élèves
accueillis.
14
CAPACCHI, Françoise Maria. «La salle de classe, ressource pour apprendre», Cahiers pédagogiques. 461 (03/2008), p.61-62
Figure 10 : Tableau présentant la taille idéale du mobilier en fonction de l’âge des élèves.
Pour conclure, cette organisation du mobilier témoigne de la pédagogie mise en
place par l’enseignant : par exemple, une disposition frontale des tables est le miroir
d’une pédagogie transmissive, où c’est l’enseignant qui dispense le savoir à ses élèves.
Ce modèle montre une séparation nette entre l’espace des élèves et l’espace de
l’enseignant. Néanmoins, d’autres dispositions existent et permettent de mettre en
place des modalités d’enseignement variées (travaux en petits groupes, débat, etc.). Un
autre aspect de l’aménagement de la salle de classe est le mobilier présent dans la
pièce : on peut en effet se demander si il est le même dans toutes les salles de classe
(ancien, récent, modulable, coloré, etc.). De plus, l’aménagement de la salle de classe
doit aussi prévoir d’autres espaces : bibliothèque, bureau de l’enseignant, matériel
d’arts et de musique, coin calme ou encore espace jeux de construction et coin dinette
pour les classes de maternelle. L’aménagement de la salle de classe est donc très
variable, selon les caractéristiques de la pièce (superficie, forme, espaces
ouverts/fermés), la pédagogie mise en place par l’enseignant et l’importance donnée à
la dimension spatiale de la salle de classe dans les apprentissages. L’aménagement de
la salle de classe s’adapte également à l’âge des élèves : une salle de classe de
maternelle, composée de multiples espaces, est très différente d’une salle de classe
d’élémentaire, où les « coins » sont très souvent abandonnés, alors qu’il serait pourtant
intéressant de créer différents espaces dans la classe.
Afin de rendre plus claires les différentes possibilités de disposition spatiale
dans une salle de classe d’école primaire, j’ai choisi de proposer la synthèse suivante
comprenant les principaux modèles d’aménagement rencontrés dans les ouvrages lus
précédemment :
· La disposition frontale avec des tables
individuelles.
Chaque élève dispose d’une
table individuelle, face au tableau.
Exemple d’une situation d’apprentissage
adaptée à cette disposition : l’évaluation écrite
individuelle.
· La disposition frontale avec des tables
doubles.
Les élèves sont par deux, face
au tableau.
Exemple d’une situation d’apprentissage
adaptée à cette disposition : exercices
individuels ou par deux.
· La disposition frontale avec des tables
doubles et quelques tables de groupes.
Les élèves sont face au tableau
et peuvent participer de temps en temps à des
travaux de groupes.
Exemple d’une situation d’apprentissage
adaptée à cette disposition : exercices
individuels et groupes en activité de
différentiation.
· La disposition en groupes.
La classe est composée de
plusieurs tables de groupes.
Exemple d’une situation d’apprentissage
adaptée à cette disposition : activité de
recherche en groupes.
· La disposition face à face, en débat.
Deux rangées de tables se font
face, de part et d’autre d’une allée centrale.
Exemple d’une situation d’apprentissage
adaptée
à
cette
disposition
:
débat
· La disposition en U.
Les élèves sont disposés en
U, certains face au tableau, d’autres sur le
côté.
Exemple d’une situation d’apprentissage
adaptée à cette disposition : présentation
orale.
· La disposition en carré (ou en cercle).
Les élèves sont placés dans
un cercle fermé. Ils peuvent tous se voir.
Exemple d’une situation d’apprentissage
adaptée à cette disposition : conseil
d’élèves.
· La disposition en ateliers et en frontal,
avec coin regroupement.
La classe est organisée avec
des tables groupées, des tables face au
tableau, un espace pour se regrouper.
Exemple d’une situation d’apprentissage
adaptée à cette disposition : écriture et
activités en ateliers.
· La disposition en ateliers avec coin
regroupement.
La classe s’organise avec
des tables groupées et un espace pour se
regrouper.
Exemple d’une situation d’apprentissage
adaptée à cette disposition : activités en
ateliers.
· La disposition multiple.
La classe comporte à la fois
des tables en face du tableau, des tables
individuelles, des tables de groupes, etc.
Exemple d’une situation d’apprentissage
adaptée à cette disposition : activités et
ateliers autonomes.
3- La salle de classe : un espace perçu.
La salle de classe est également un espace perçu. En effet, chaque individu a
une idée, une image personnelle de la salle de classe. Comme tout espace, la salle de
classe est perçue de différentes façons. Ces perceptions sont construites tout d’abord
par la vision de la salle de classe (organisation, décoration, etc.). Ces éléments visuels
sont ensuite traités par chaque individu grâce à des filtres perceptifs propres à chacun,
en lien avec sa culture, son vécu, ses goûts, etc. Ainsi, une même salle de classe peut
être perçue positivement par une personne et négativement par une autre. Ces
perceptions jouent un grand rôle dans l’aménagement de la salle de classe car chaque
enseignant va organiser sa classe en fonction de celles-ci.
De plus, j’ai relevé dans mes différentes lectures une perception très forte de la
salle de classe dans la société actuelle, plusieurs auteurs ayant souligné l’importance
majeure accordée à cet espace particulier. En effet, la salle de classe est perçue comme
lieu central des apprentissages scolaires, bien qu’elle ne soit pas le seul lieu où les
élèves apprennent. Vacheresse (2011)
15souligne que « la salle de classe reste le pivot
du savoir : un espace imaginé comme un cocon qui permettra à l’enfant d’aller sans
crainte à la découverte de la lecture ou de la numération. L’école doit être rassurante
pour permettre à l’enfant d’apprendre dans de bonnes conditions. ».
Heinz (2013)
16montre bien cette place centrale de la salle de classe dans les
établissements scolaires : dans le cadre d’un projet de création d’un espace parents et
d’agrandissement de la salle des professeurs, la suppression d’une salle de classe (pour
la transformer en une nouvelle pièce non destinée aux élèves) a été très mal acceptée.
Cela montre bien que la salle de classe est perçue comme l’élément central de l’école,
et en quelque sorte comme un espace sacré : lieu de vie et d’apprentissages, elle
constitue un repère capital pour l’élève. Néanmoins, la salle de classe ne peut être
extraite de l’école dont elle fait partie. En effet, les interactions entre la salle de classe
et les autres entités de l’espace scolaire sont nombreuses : les apprentissages des
élèves, pendant le temps scolaire, ne se font pas qu’à l’intérieur de la salle de classe
mais aussi dans la cour de récréation, dans le gymnase ou encore dans les salles
spécifiques. La salle de classe est donc un espace fondamental au sein de l’école, mais
qui doit cependant être étudié en prenant en compte son intégration dans l’espace
scolaire. Ces relations entre salle de classe et autres lieux de l’espace scolaire sont
aussi abordées dans certains articles du périodique Diversité (2015)
17. En effet, les
nombreux articles de ce numéro traitent ce thème par une approche très géographique
qui met donc en avant « les liens et les interactions entre les lieux, leurs habitants, et
les usages divers qu’ils peuvent en faire ».
Tratnjek (2013)
18propose une autre manière de percevoir la salle de classe :
l’idée d’un lieu d'enfermement avec les murs et la porte, qui peuvent être perçus
différemment selon les individus : sécurité et protection ou séparation et division. La
salle de classe est donc considérée par certains élèves comme lieu d'enfermement ou
15 Grellier, Yves. Op. cit. 16
Heinz, Gérard. «Changer l'espace pour changer les pratiques», Cahiers pédagogiques. 509 (12/2013), p.53.
17
Habiter l’école. Lieu ouvert, lieu fermé ?. Scéren, «Diversité», 179, 2015, 159p.
18
Tratjnek, Bénédicte. Dans ma salle de classe, quelle géographie ! [en ligne]. http://cafe-geo.net/article_2652/ [23/03/2016].
lieu d'évasion. C’est là encore des perceptions différentes de la salle de classe, qui
auront sans doute un impact plus ou moins fort sur les apprentissages de ces élèves.
Les perceptions des enseignants peuvent aussi être des limites dans
l’aménagement de la salle de classe : en effet, la non-perception que l’espace est un
outil majeur dans les apprentissages de leurs élèves peuvent les inciter à ne rien
changer, à choisir le modèle « classique », c’est-à-dire disposer les tables en lignes
deux par deux face au tableau. Ce modèle frontal est donc très présent sur le terrain
mais également dans les mœurs et dans les représentations de la salle de classe qu’à la
population. On peut également souligner la prédominance de ce modèle dans les
représentations individuelles en recherchant des images sur un moteur de recherche
19et en écrivant dans la barre de recherche : « salle de classe ». On observe que sur les
18 premiers résultats, une seule photographie ne correspond pas à une salle de classe
en disposition frontale.
Cette prédominance du modèle frontal est devenue une disposition «normale»
pour une salle de classe et la mise en place d’autres dispositions pourrait peut-être
provoquer des réactions de l’administration, ou de la hiérarchie. De plus, comme nous
l’avons vu précédemment, la disposition frontale présente également quelques
avantages et certains enseignants s’en contentent et adoptent rarement d’autres
modèles. Néanmoins, les recherches tendent à penser que le modèle frontal n’est pas le
mieux adapté pour favoriser les apprentissages des élèves. En effet, les dispositions
permettant le travail en groupes, et donc la mise en œuvre d’une co-construction du
savoir à l’aide d’interactions entre pairs, provoqueraient une influence positive sur les
élèves et leurs apprentissages : motivation, intérêt, coopération et entraide. De plus, la
variation des dispositions spatiales semble également être très importante. Il faut donc
varier les types d’aménagement de la salle de classe en fonction des temps de la classe
et des modalités de travail : en groupes pour les travaux de recherche, en cercle pour
les débats et en frontal pour le travail individuel par exemple. Les différentes
recherches sur l’aménagement de la salle de classe prouvent donc que l’espace a une
influence sur les apprentissages des élèves. C’est donc un élément important à prendre
en compte.
Mais certains enseignants peuvent avoir des craintes dans la mise en place de
certaines dispositions et préfèrent garder une disposition du mobilier traditionnelle,
19
Ici, il s’agit d’une recherche réalisée en novembre 2016 sur le moteur de recherche Google, disponible sur Google.fr.
devant le tableau : la disposition en îlots par exemple pourrait provoquer des
bavardages entre élèves, etc… Il est important de souligner également que
l’organisation spatiale de la salle de classe est indissociable de la pédagogie mise en
œuvre : la disposition du mobilier doit donc correspondre à la manière d’enseigner de
l’enseignant.
4- La salle de classe : un espace habité
A travers mes différentes lectures, j’ai pu aussi mettre en évidence que la salle
de classe était un espace habité. L’aménagement de cet espace doit donc répondre à
des besoins : transmettre des connaissances aux générations futures et permettre aux
élèves de les intégrer dans de bonnes conditions, dans un espace adapté à leur âge. La
disposition du mobilier doit également correspondre à la pédagogie de l’enseignant et
aux activités qu’il propose.
Cette notion d’espace habité est mentionnée par exemple par Tratnjek
(2013)
20: « L’espace de l’école est un élément à part entière dans les pratiques et les
imaginaires spatiaux des élèves : leur (im)mobilité (selon les rythmes scolaires, mais
aussi les choix pédagogiques) et leur (non-)attention dans la salle de classe
s’inscrivent dans la salle de classe comme espace habité. ». La salle de classe est donc
un espace aménagé, un espace habité et vivant, théâtre de nombreuses interactions
entre utilisateurs et espaces. L’aménagement de la salle de classe doit donc se faire au
service de ses occupants et a pour objectif de favoriser les apprentissages des élèves,
ainsi que la pratique de l’enseignant.
De nombreux auteurs ont démontré que l’aménagement de l’espace avait une
influence sur les apprentissages des élèves. La publication Diversité (2015)
21mentionne également le fait que l’organisation spatiale de la salle de classe peut avoir
un impact très positif sur les apprentissages des élèves et souligne que la plupart des
enseignants n’en ont pas pleinement conscience, et n’utilisent donc pas l’espace en
tant qu’outil au service des apprentissages. Capacchi (2008)
22souligne également
l’importance de la salle de classe en tant que ressource pour apprendre et pose là aussi
la question de savoir si cet outil majeur est perçu en tant que tel par les enseignants.
Vacheresse (2011)
23insiste lui aussi, dans le cadre de son documentaire, sur le fait
qu’il est nécessaire de considérer l’espace en tant qu’allié éducatif. D’après les
recherches de plusieurs scientifiques, l’organisation spatiale de la salle de classe a
donc une influence sur les apprentissages des élèves et doit donc être un outil
important pour l’enseignant.
5- La salle de classe : un espace en pleine mutation.
Ce travail de recherche peut aussi permettre d’en savoir plus sur l’impact des
nouvelles technologies sur l’aménagement des salles de classe. En effet, depuis
quelques années, le numérique fait son entrée dans les écoles et modifie peu à peu les
pratiques d’enseignement et les façons d’organiser l’espace classe.
20
Tratnjek, Bénédicte. Op.cit.
21
Habiter l’école. Lieu ouvert, lieu fermé ?. Scéren, «Diversité», 179, 2015, 159p
22
Capacchi, Françoise Maria. Op. cit.
23
Grâce à ces nouveaux outils, une autre manière d’apprendre devient possible.
La philosophie des classes inversées en est un bon exemple. Ce système permet la
mise en place d’un travail plus collaboratif entre élèves. La partie magistrale de
l’enseignement s’effectue par le visionnage de courtes capsules vidéo, au domicile de
l’élève. Le temps scolaire est ensuite consacré à la réalisation d’exercices, au travail de
groupes et à la réalisation de projets pédagogiques motivants pour les élèves. Ainsi,
l’enseignant sert de tuteur, de guide dans l’apprentissage et peut consacrer plus de
temps à chaque élève. La plateforme Prezi
24propose une présentation du principe de
la pédagogie inversée. Cette nouvelle méthode d’enseignement a également fait l’objet
d’une expérimentation dans 11 classes du CP au CM2 dans l’académie de Reims en
mars 2013
25.
Certains enseignants choisissent aussi par eux-mêmes d’adopter ce mode de
fonctionnement : c’est le cas de Soledad Messiaen
26qui enseigne avec la pédagogie
inversée depuis 2013, avec sa classe de CM1/CM2. Ainsi, ses élèves étudient les
leçons avec des vidéos à la maison, puis répondent à un questionnaire en ligne pour
vérifier leur compréhension. L’enseignante crée ensuite des groupes de besoin et
élabore des ateliers en fonction des difficultés de chaque groupe. Les élèves changent
d’atelier toutes les 20 minutes. Ce fonctionnement en ateliers rappelle celui de l’école
maternelle et modifie donc l’espace de la salle de classe : le modèle frontal n’est pas
présent et la salle est composée de « coins » et de tables en ilots pour le travail de
groupes. Elle souligne que cette nouvelle manière d’enseigner à partir des TICE
permet une meilleure implication des élèves et rend possible une meilleure
différenciation, ce qui multiplie les chances de réussites de chacun. Ce mode de
fonctionnement modifie donc l’organisation spatiale de la salle de classe : d’un
modèle frontal propice à l’enseignement magistral, on passe à une organisation en
ateliers : tables pour travail en groupe, tapis de sol, coin bibliothèque, espace
multimédia… pour permettre un travail plus collaboratif.
On peut aussi s’intéresser aux « pédagogies nouvelles » et à leur relation à
l’espace. En effet, les salles de classe en école Montessori ne ressemblent pas aux
salles de classe « classiques ». Avec la pédagogie Montessori, la salle de classe doit
être aménagée de manière à permettre une autonomie totale de l’élève dans ses
apprentissages : le mobilier est bas et le matériel accessible. L’espace est clair et aéré
pour pouvoir disposer des tapis au sol.
L’apport des pédagogies nouvelles et des nouvelles technologies sur l’espace a
eu une place importante dans mon travail de mémoire car ces deux domaines sont en
train de modifier peu à peu l’espace scolaire, pour mettre en place des dispositions
spatiales mieux adaptées au développement de l’enfant et et tenter d’apporter une
réelle plu value aux apprentissages.
24
Prezi, La pédagogie inversée. Disponible sur : https://prezi.com/5w6ckvg3y-7r/la-pedagogie-inversee/, consultée en décembre 2016.
25
Eduscol : Expérithèque, Mars 2013: Pédagogie inversée à l'école élémentaire. Disponible sur : http://eduscol.education.fr/experitheque/fiches/fiche8680.pdf, consulté en novembre 2016.
26
Travaux de Messiaen Soledad, disponibles sur : http://madameflip.com/ et
http://www.vousnousils.fr/2015/04/30/la-classe-inversee-nest-possible-que-si-lenseignement-est-une-passion-567987.
C) Problématisation et hypothèses
1- Problématique.
Ces nombreuses lectures m’ayant permis de mieux cerner mon sujet de
recherche, j’ai décidé de consacrer mon mémoire à la problématique suivante :
Les professeurs des écoles ont-ils conscience que
l’aménagement de la salle de classe est un véritable
outil au service des apprentissages ?
2- Hypothèses.
En réponse à cette problématique, on pourra émettre les hypothèses suivantes :
· Les professeurs des écoles sont encore peu nombreux à avoir conscience que
l’aménagement de la salle de classe est un véritable outil au service des apprentissages
des élèves.
· La plupart des professeurs des écoles utilisent encore des dispositions spatiales dites
« classiques » : organisation en ateliers en maternelle et organisation frontale pour
l’élémentaire.
· Certaines pédagogies nouvelles et l’arrivée du numérique dans les classes a modifié
les pratiques et l’organisation de l’espace.
II) Méthodologie
A) Choix de mener une recherche par questionnaires.
1- Pourquoi ?
Afin de répondre à cette problématique, j’ai choisi de mener une recherche par
questionnaires, en interrogeant des professeurs des écoles, afin d’avoir des
informations quantitatives sur le sujet. Deux possibilités s’offraient à moi : proposer
un questionnaire sous format papier, à renvoyer ou à réaliser avec les professeurs des
écoles interrogés, ou un questionnaire sous format numérique, à envoyer par email.
J’ai choisi cette deuxième solution afin de me permettre un gain de temps et donc une
chance d’obtenir un plus grand nombre de réponses. J’ai donc recherché les différentes
manières de diffuser un questionnaire numérique.
2- Plateforme utilisée.
Après avoir vu quelques sites en ligne, j’ai choisi la plateforme « Google
Forms »
27qui propose des outils pour créer des questionnaires en ligne. L’utilisation
de ce site présente l’avantage d’une diffusion rapide et simultanée de l’ensemble des
questionnaires par email. Les réponses reçues sont également analysées par la
plateforme qui présente automatiquement les statistiques de base concernant les
résultats de la recherche (pourcentages, nombre et choix de réponses pour chacune des
questions). Cette possibilité m’a donc paru intéressante, c’est pourquoi j’ai réalisé le
questionnaire à l’aide de cet outil, en me basant sur les grands concepts et
connaissances acquis lors de ma recherche bibliographique.
B) Structure choisie
Pour créer mon questionnaire, j’ai d’abord listé les grandes idées et les
questions clefs tirées de mes précédentes lectures. J’ai ensuite organisé l’ensemble en
sept parties différentes.
1- Première partie : « Votre profil et votre situation
professionnelle ».
Le questionnaire débute donc par quelques questions informatives ayant pour
objectif de cerner le profil de la personne interrogée : sexe, âge, durée d’exercice,
département et commune d’affectation, niveau(x) de classe et importance donnée à
différents critères en lien avec l’enseignement et les apprentissages.
27
Google Forms, création de questionnaires en ligne, disponible sur : https://docs.google.com/forms/u/0/, consulté entre mars et mai 2017.
Figure 12 : Capture d'écran de la première partie du questionnaire.
J’ai
ensuite
proposé,
pour compléter ce profil, deux
questions avec un tableau à
compléter afin de connaître le
point de vue des participants
concernant
l’importance
de
plusieurs critères, à classer par
ordre d’importance :
- Une bonne gestion du temps.
- L'entraide et les interactions
entre pairs.
- Des activités concrètes et des
projets motivants pour les
élèves.
- L'utilisation des nouvelles
technologies.
- Une organisation de l'espace
fonctionnelle et agréable.
- Une démarche pédagogique
efficace.
- Un climat de travail bienveillant
et une bonne attention des élèves.
- Des objectifs clairs et précis énoncés aux élèves avant chaque activité.
- Des modalités de travail variées et stimulantes.
Figure 13 : Capture d'écran de la première partie du questionnaire.
Le deuxième
tableau à compléter
s’attache également
à l’importance de
critères, cette fois-ci
à définir en fonction
de l’importance : de
« aucune
importance »
à
« très important ».
2- Deuxième partie : « Votre salle de classe : perceptions ».
La
deuxième
partie du questionnaire
est
consacrée
aux
perceptions
des
professeurs des écoles
vis-à-vis de leur salle de
classe.
Une
première
question vise à recueillir
la satisfaction générale
des
participants.
J’ai
souhaité
ensuite
demander des adjectifs
afin
de
mettre
en
évidence
ceux
qui
ressortent le plus. Pour
terminer, je pose la
question
de
ce
qui
pourrait être changé dans
leur salle de classe.
Figure 14 : Capture d'écran de la première partie du questionnaire.
3- Troisième partie : « Votre salle de classe : équipements ».
J’ai consacré la
troisième
partie
au
mobilier présent dans les
salles
de
classe
des
personnes
interrogées.
Elle a pour objectif de
m’apporter
des
informations
sur
le
mobilier de la salle de
classe et un premier
aperçu de l’organisation
et de l’équipement de la
pièce. Dans un premier
temps, le questionné doit
donner
les
caractéristiques
du
mobilier présent dans sa salle de classe en complétant un tableau : qualité,
fonctionnalité, ancienneté, modularité, esthétique et adaptabilité. Les deux questions
suivantes portent sur la place du bureau de l’enseignant dans la salle de classe et de
l’utilisation qui en est faite. J’ai ajouté ensuite deux questions concernant les « coins »
spécifiques de la salle de classe. Pour terminer, la dernière question vise à connaitre,
pour chaque salle de classe, la nature de l’équipement en nouvelles technologies.
Figure 17 : Capture d'écran de la troisième partie du questionnaire.
4- Quatrième partie : « Votre salle de classe : organisation
spatiale. ».
Pour la quatrième partie, j’ai choisi de proposer les principaux modèles
d’organisation spatiale d’une salle de classe. Il était important de proposer ces modèles
après avoir eu les informations demandées dans les parties précédentes afin de ne pas
influencer les participants. Pour construire cette partie du questionnaire, j’ai réalisé
une schématisation de chaque modèle d’aménagement (schémas présentés également
en partie I pages 16 et 17) à partir du logiciel Microsoft Publisher
28. Cela permet aux
questionnés de mieux visualiser les modèles proposés et de choisir facilement celui
qui se rapproche le plus de sa salle de classe.
Dans un premier temps, le participant sélectionne donc le modèle qui se
rapproche le plus de l’aménagement qu’il a mis en œuvre dans sa salle de classe parmi
les dix modèles proposés. Dans le cas où la disposition spatiale qu’il a choisi serait
trop éloignée des schémas, j’ai ajouté une proposition de réponse « autres » permettant
aux participants dans ce cas de présenter leur propre organisation.
Figure 18 : Capture d'écran de la quatrième partie du questionnaire.
Les participants sont ensuite questionnés sur la raison de leur choix de
disposition et doivent répondre à la question « Selon vous, est-ce que la mise en œuvre
d’une seule disposition suffit ? ». Pour terminer cette partie, j’ai inséré une question
pour savoir si les professeurs des écoles interrogés modifiaient leur disposition de
classe au cours de la journée ou de la semaine.
28
Figure 19 : Capture d'écran de la quatrième partie du questionnaire.
En fonction de cette dernière question, les participants sont dirigés vers une
partie du questionnaire différente. Les personnes ayant sélectionné une des trois
options « Parfois », « Souvent » ou « Quotidiennement » sélectionnent à nouveau des
modèles parmi ceux proposés précédemment : cette fois pour donner les dispositions
spatiales qu’ils utilisent lorsqu’ils modifient la disposition habituelle de leur salle de
classe.
Les personnes ayant répondu « Jamais » ou « Rarement » n’accèdent pas à
cette question et sont dirigés directement vers la cinquième partie du questionnaire.
5- Cinquième partie : « Votre expérience concernant
l’aménagement de la salle de classe. ».
La cinquième partie de mon
questionnaire
vise
à
obtenir
les
témoignages des professeurs des écoles
par rapport à leur expérience en lien avec
l’aménagement de leur salle de classe.
Cette partie débute par une première
question ayant pour objectif de proposer
aux participants des questions en
fonction de leur réponse à la question :
« De vous-même, avez-vous déjà tenté de
réorganiser la disposition habituelle de votre
salle de classe ? ».
Les professeurs des écoles ayant
répondu « Oui » sont dirigés dans une
section comprenant quatre questions
les invitant à raconter leur expérience
en
explicitant
la
raison
de
la
réorganisation de leur salle de classe, la
procédure mise en œuvre, les limites ou
difficultés rencontrées et les résultats
obtenus. A la fin de cette section, j’ai
proposé aux participants de laisser leur
email afin de me faire partager
(éventuellement)
davantage
leur
expérience. Cet élément me permettra
de recontacter les personnes si j’ai
besoin de plus de renseignements et je
pourrai
également
envisager
la
réalisation d’entretiens avec certaines
personnes ayant expérimenté des types
d’aménagement
spécifiques
ou
innovants.
Les professeurs des
écoles
ayant
répondu
« Non » sont dirigés quant à
eux
vers
une
section
comprenant
une
seule
question leur permettant de
justifier cette réponse ou
d’ajouter
des
éléments
d’information.
Figure 21 : Capture d'écran de la cinquième partie du questionnaire.
Figure 22 : Capture d'écran de la cinquième partie du questionnaire.
Figure 23 : Capture d'écran de la cinquième partie du questionnaire.