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Les avantages et les limites de Facebook

CHAPITRE 2. L ES UTILISATIONS DU RÉSEAU SOCIAL F ACEBOOK DANS L ’ ENSEIGNEMENT

3. Les avantages et les limites de Facebook

Après avoir développé les possibilités et les utilisations faites du réseau social dans l’enseignement, nous proposons un constat sur les avantages et les limites cités dans les ressources.

2.3.1. Les avantages

Un des premiers avantages est que l’utilisation coutumière de ce réseau par les étudiants, le rend particulièrement attractif et naturel en comparaison à d’autres outils éducatifs (Diakhaté, Akam, 2015, p.16). Parallèlement, les plateformes d’apprentissage à distance leur apparaissent fastidieuses dans la coordination avec le formateur et dans la collaboration entre étudiants. C’est pourquoi, recourir à des applications rapides et populaires du type réseautage social telles que Myspace et Facebook et aux partages multimédia (You-Tube), les séduit davantage pour un apprentissage en ligne (Ben Rebah et Dabove, 2017, p.4). Ce potentiel d’attractivité est renforcé par le fait que Facebook est devenu « un lieu

de présence obligatoire et la meilleure caisse de résonnance pour tous ceux qui veulent se faire entendre » (Mélot et al.

2015, p.13).

La facilité d’accès à Facebook, sur tous les outils technologiques liés à la mobilité (téléphones, tablettes et ordinateurs) couplée à un accès immédiat aux informations grâce aux notifications, est une des raisons du succès du site dans l’apprentissage (Diakhaté etAkam, 2015, p.16, Mélot et al., 2015, p.4 et p.11, Lampe et al. 2010, p.19).

De plus, les professeurs qui ont répondu à l’étude réalisée par Damani et Rinaudo (2011), expriment une liberté pédagogique accrue lorsqu’ils utilisent Facebook. En effet, étant relativement récent, son usage ne répond à aucun critère d’obligation pour l’enseignant, lui laissant ainsi une totale liberté sur les thèmes à aborder ou la démarche à adopter (Damani et Rinaudo, 2011, p.9). Cette liberté est également ressentie par les étudiants interviewés dans l’étude d’Arnaud (2012) qui proposait une utilisation du réseau social peu coercitive. Les résultats ont montré que, premièrement, les apprenants soulignent une autonomie dans la coopération tant qu’elle est fondée sur des bases librement consenties, deuxièmement, que la médiation, inhérente aux interactions des réseaux sociaux, lui confère une image positive qui accroit l’envie d’échanger et de collaborer et troisièmement, qu’une plus grande diversité de profils d’élèves a été intégrée.

La collaboration que permet Facebook est indéniablement un avantage mis en évidence dans l’étude de Lampe et al. (2010). Comme les étudiants sont à l’aise pour communiquer avec cet outil et que les réponses aux questions posées arrivent rapidement, le partage d’informations et la possibilité d’avoir plusieurs avis sur un thème permet un processus collaboratif de co-construction du savoir efficient (Mélot et al., 2015, p.4, 11-13). Pour certains étudiants et professeurs, cet environnement de travail permet d’élargir les discussions sur un plus grand nombre de thèmes que les cours en présentiel (Maisonneuve et al., 2015, p.6). Aussi, selon l'étude de Bai réalisée en 200325, la présence sociale

encourage la coopération. Notons également que le travail collaboratif via Facebook, développe une nouvelle manière d’apprendre par imprégnation. En effet, le processus de copier-coller révèlerait non pas une incapacité à traiter l’information mais au contraire, une manière de conserver l’information pour la ré-agencer ultérieurement, pour la comparer avec les diverses interprétations du groupe, pour la ré-organiser et se l’approprier. Ce sentiment d’appropriation du savoir permet de rassurer l’apprenant (Arnaud, 2012, p.8).

Aussi, pour certains profils d’apprenants tels que des élèves nés entre 1980 et 1992 (la génération Y qualifiée de « digital native »), Facebook apparait être un réseau social totalement profitable. En effet, cette génération qui passent la majorité de son temps libre sur un écran, est caractérisée par « une grande

adaptabilité́ au monde numérique, […] des capacités au travail multitâche ». Elle a une préférence pour « le graphique au textuel, l’interactivité́ au travail solitaire, la saisie sur clavier à l’écriture manuscrite, le faire au savoir »

(Maisonneuve et al., 2015, p.3-4). Par-là même, Facebook est un support pédagogique permettant une grande diversité des ressources, entrainant ainsi une pédagogie active comme par exemple, « l’apprentissage par problème, groupe d’échange de pratique, étude de cas, mise en situation, réalité́ virtuelle, serious

game, jeu de rôle, simulation » (Maisonneuve et al., 2015, p.10).

L’intégration dans un cursus universitaire est également facilitée par le partage d’informations relatives à leurs études qui viennent naturellement à eux ou qui sont plus faciles à trouver par le biais du réseau (Mélot et al., 2015, p.4). Un grand nombre d’étudiants s’inscrit dans des groupes spécifiques à leur formation pour échanger sur les apprentissages sans chercher un soutien d’ordre motivationnel (ibid., p.12).

Techniquement, Facebook est jugé pratique. Tout d’abord, de par sa rapidité mais aussi car il permet une mise au travail immédiate. En effet, le temps nécessaire pour que les enseignants et les étudiants en maitrisent l’usage est minimisé si l’ensemble des acteurs l’utilise régulièrement (Lampe et al. 2010, p. 19). Aussi, il apparait que ce réseau social « ne plante jamais » (Mélot et al., 2015, p.4 et p.11) et ne nécessite pas un contrat de maintenance et d’assistance technique contrairement à d’autres plateformes éducatives en ligne (Lampe et al., 2010, p 19).

L’effet de masse, la rapidité et l’interactivité du réseau social Facebook sont bénéfiques dans une utilisation en présentiel (Diakhaté, Akam, 2015, p.18).

L’outil est également efficace dans une approche pédagogique en classe inversée. L’élève peut préparer sa séance en amont du présentiel par des discussions en ligne ou la prolonger en dehors des salles de cours (Maisonneuve et al., 2015, p.6).

Une des forces de Facebook est de regrouper un ensemble varié d’outils numériques dans un seul espace : « un fil de nouvelles RSS (Really Simple Syndication), un tableau d’affichage électronique, un blogue, un courriel, un forum, une liste de diffusion, une messagerie instantanée avec partage de textes, sons et vidéos, et des podcasts » (Mélot et al., 2015, p.2-3).

Son ergonomie est aussi mentionnée comme un avantage par les étudiants pointant le fait qu’ils peuvent également s’y distraire et que les autres étudiants sont inscrits (ibid., p.5 et p.11).

Nous avons également évoqué en début de chapitre les différentes utilisations de Facebook dans l’enseignement qui sont des avantages indéniables.

2.3.2. Les limites

L’utilisation de Facebook n’est pas innée et pour qu’elle soit optimale, elle doit passer par une phase de préparation, de formation puis d’accompagnement de tous les acteurs enseignants, étudiants et personnels des universités (Diakhaté et Akam, 2015, p.19, Arnaud, 2012, p.4-5, Maisonneuve et al., 2015, p.7). D’abord, pour les étudiants, peu nombreux, non familiarisés avec Facebook, un temps est à prévoir pour une appropriation de l’outil, ce qui entrainerait, le cas échéant, peu d’implication de ces acteurs au début du travail collaboratif (Ben Rebah et Dabove, 2017, p.9). Ensuite, s’assurer de la maitrise des outils du Web 2.0, de l’usage respectueux du lien social et de la capacité de l’apprenant à traiter les informations, est une étape indispensable, pour une plus grande efficacité, avant d’intégrer Facebook dans l’apprentissage (ibid., p.4-5, p.10-11). Pour terminer cette phase initiale, une charte d’utilisation est à établir et le paramétrage des comptes est à effectuer (Diakhaté et Akam, 2015, p.18). Cet avis est partagé par Mickaël Duchiron, qui évoque cette phase préliminaire réflexive sur l’utilisation d’un réseau social « la limite ce serait, que ce soit utilisé à des fins qui n’apportent rien à la création de compétences » (Lignes 45-46, Annexe 2. Verbatim de Mickaël Duchiron). Aussi, mettre en place des « codes » (Ligne 57, Annexe 2. Verbatim de Mickaël Duchiron) à travers une utilisation « accompagnée d’une

responsabilisation » (Ligne 56, Annexe 2. Verbatim de Mickaël Duchiron) permet, d’éviter des dérives.

Notons qu’il est nécessaire d’avoir une certaine maitrise des fonctions de Facebook pour permettre un clivage fondamental entre l’image privée et l’image professionnelle (Maisonneuve et al., 2015, p.8-9, Mélot et al., 2015, p.5). D’ailleurs, d’après Damani et Rinaudo (2011), les réseaux sociaux augmentent la confusion des espaces professionnels et privés par une « dilution de l’espace et du temps professionnels ». Cette dilatation temporelle peut être un obstacle à l’exploitation du réseau dans des situations d’enseignement. En effet, les messages sont souvent envoyés en dehors du temps et lieu scolaire, ce qui engendre une dispersion de la relation pédagogique (Damani et Rinaudo, 2011, p.4) et impose une reconnaissance et une valorisation fondamentales de l’investissement des enseignants et étudiants (Diakhaté et Akam, 2015, p.19).

Aussi, les apprenants estiment que la communication avec l’enseignant est envenimée par l’image émise par leurs profils personnels (Maisonneuve et al., 2015, p.8).

Une autre des nombreuses conditions à assurer pour optimiser l’usage de Facebook en cours est la création de postes de « community manager » qui doit réactiver, réactualiser et contextualiser les notions traitées (Diakhaté et Akam, 2015, p.19). En l’absence de ce type de modérateur, la pérennité du savoir est mise à mal car l’information sur Facebook est très fugace. Le caractère éphémère d’une donnée amène les acteurs à suivre constamment le fil d’actualités des contenus (Diakhaté et Akam, 2015, p.17). D’ailleurs, un des travers à souligner est la pertinence et la fiabilité de l’information dans un réseau social « ouvert à tous et peu contrôlé » (Mélot et al., 2015, p.5) où la tendance constatée est la sacralisation d’un avis d’une personne jugée experte (Arnaud, 2012, p.7-8).

Un des principaux inconvénients est la distractibilité. L’utilisation à des fins personnels est tentante (Maisonneuve et al., 2015, p.7). La possibilité de chatter en parallèle avec ses amis, de regarder des vidéos ou d’autres publications, l’invitation à participer à un évènement ou à un jeu, sont des divertissements offerts nocifs à l’activité (Ben Rebah, Dabove, 2017, p.9, Mélot et al., 2015, p.5., Deschryver et al., 2009, p.3).

Notons aussi que la volonté de l’apprenant nécessaire dans le travail collaboratif est une limite. La collaboration doit être par définition consentie par ses membres. Certains étudiants peuvent se sentir forcés et peuvent être réfractaires à la mise en ligne de leurs productions (Arnaud, 2012, p.8-9). Le travail peut être considéré comme moins personnel et une attitude consumériste des savoirs a pu être constatée. L’utilisation du copier-coller des informations, les publications toujours disponibles peuvent amener à croire à l’inutilité de les mémoriser (Arnaud, 2012, p.5).

De surcroit, les études révèlent aussi que la communication essentiellement écrite engendre des problèmes liés à toutes les correspondances écrites : il est courant de « ne pas comprendre ce qui est écrit », de « considérer ce qui est écrit de manière négative parce que l’intonation n’est pas présente » et de déplorer l’ « absence

de marqueurs personnels » (Mélot et al, 2015, p.5).

Pour les enseignants, l’absence de textes institutionnels sur l’usage des réseaux sociaux, entraine une part de « bricolage » dans les pratiques pédagogiques via le réseau social (Damani et Rinaudo, 2011, p.9). Pour les étudiants, Facebook peut pâtir d’une image négative « ludique » et qui estiment qu’il doit rester un espace de relations sociales de détente et de loisirs (Diakhaté et Akam, 2015, p.14-15) et sont déstabilisés par son exploitation pédagogique (Mélot et al., 2015, p.2-3).

Aussi, l’aspect novateur de l’utilisation du réseau dans l’enseignement peut engendrer des freins auprès des étudiants qui ont peur de « mal s’y prendre » (Ben Rebah et Dabove, 2017, p.9).

Lorsqu’une utilisation de Facebook vient en complément d’une autre plateforme de cours en ligne, des étudiants ont déprécié le fait d’avoir deux endroits distincts où aller (Maisonneuve et al., 2015, p.7), entrainant une division de l’attention en ligne des élèves (Deschryver et al., 2009, p.5). Selon Anderson (2005)26, une application logicielle à base sociale, dont fait partie ce réseau, optimisant la présence

sociale, pourrait être « l’application tueuse » des cours en ligne.

Facebook reste néanmoins un outil qui a des limites en termes de fonctionnalités. Certains étudiants ont eu recours à des logiciels de partage d’ordinateur, comme par exemple « l’option d’édition en synchrone

de TeamViewer ou l’option de partage d’écran disponible sur Skype », pour certains travaux (Ben Rebah et

Dabove, 2017, p.9). Et dans l’enseignement des langues avec Facebook, la production orale n’est pas considérée (Aslan, 2016, p.8) et l’amélioration des compétences est difficilement évaluable (Maisonneuve et al., 2015, p.7-8)

g

Nous avons établi un état des lieux des pratiques pédagogiques intégrant Facebook. La recherche a révélé que ce réseau social est utilisé dans un mécanisme de construction collective des savoirs, comme un moyen de communication et d’échanges, pour organiser les enseignements, comme support pédagogique, pour mieux s’intégrer dans la vie de l’établissement et participe au développement de la motivation. La relation au professeur avec les étudiants, ses interventions, son rôle changent lorsqu’il utilise un réseau social dans son enseignement. Sans changer le paradigme éducatif, l’utilisation de Facebook apporte de nouvelles possibilités pédagogiques mais ne saurait être exclusive. Ces études sont majoritairement des analyses sur le terrain de l’enseignement supérieur. Examinons donc maintenant si l’exploitation de ce réseau en lycée professionnel existe et sous quelle forme.