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L'élevage ovin français représente un cheptel total de 7,2 millions de têtes dont 5,5 millions de brebis et agnelles (Interbev 2015) (sources Enquêtes SSP novembre 2014, BDNI et Races de France 2014). La filière ovine française représente 65 547 élevages allaitants, 5 615 élevages laitiers et 860 élevages mixtes. Environ 50 races ovines à viande, d’effectifs très différents, sont recensées en France (Pellicer-Rubio et al., 2009).

Ainsi, la filière est le 1er secteur agricole en terme d’emplois (500 000 emplois directs ou indirects estimés) (sources Etats Généraux de l’Interprofession Bétail et Viande & Coop de France 2014).

En France, les systèmes de production d’agneaux sont d’une très grande diversité. Cela est dû au rythme de reproduction rapide de cette espèce, à l’aptitude de certaines races au désaisonnement et à un temps court et modulable nécessaire à l’engraissement final des agneaux.

L’élevage ovin français s’articule autour de 2 filières :

- la viande : cette production concerne 90% des exploitations en France. Les agneaux sont élevés dans l’exploitation dans laquelle ils sont nés. Selon la région, l’élevage se fera en plein air ou en bergerie. Mais entre ces 2 systèmes d’exploitation, d’autres intermédiaires sont possibles.

- le lait : cette production concerne environ 10% des exploitations, essentiellement présentes dans le rayon de Roquefort (Aveyron, Lozère, Tarn), les Pyrénées Atlantiques et la Corse. Dans ces élevages laitiers, le lait permet la fabrication de fromage. Les agneaux, sont vendus non sevrés, aux alentours de 45 jours à Noël ou à Pâques, ce sont les agneaux de lait ou agneaux légers.

Compte tenu de ces données (Interbev 2015), l'élevage ovin français représente un pan important, d'un point de vue économique, des filières viande et lait. Afin de rester concurrentiel économiquement, l’élevage subit un important renouvellement de ses effectifs par de nombreuses naissances nécessaires pour remplacer les animaux alimentant les marchés de la consommation.

Afin d’optimiser les rendements, il est indispensable de comprendre et de maitriser les étapes de la fécondation, savoir détecter les réussites ou échecs de celle-ci, et de comprendre et maitriser au mieux le déroulement de la gestation.

   

Figure 1 Disposition du système reproducteur de la brebis, indiquant la situation des

différents organes et glandes dans l'abdomen (Boukhliq 2002)

I- Un peu de physiologie de la reproduction chez les ruminants

Parmi les différentes composantes qui, depuis la production des gamètes jusqu’à la parturition, contribuent à la fertilité, les interactions entre l'embryon et l’utérus au cours de la période péri-implantatoire représentent une étape clef dont le déroulement conditionne l’issue de la gestation (Forde et al., 2012). Chez les ruminants, il est établi que la mortalité embryonnaire est la cause principale des échecs de gestation. Cette mortalité embryonnaire précoce est, par exemple, à l’origine de la baisse de fertilité observée au sein des élevages bovins laitiers dont les conséquences économiques sont importantes pour la filière dans les pays industrialisés.

L’établissement de la gestation est associé à de nombreux événements physiologiques qui se déroulent au cours de la période péri-implantatoire. Chez les espèces ruminantes, l’implantation tardive (deux à trois semaines post-fécondation) s’accompagne d’un important changement de taille du conceptus (élongation) au sein duquel se mettent en place les différenciations cellulaires essentielles pour le développement de l’unité fœto-placentaire. Cette période péri-implantatoire correspond également à la phase de reconnaissance maternelle de la gestation, au cours de laquelle l’endomètre préparé par les stéroïdes ovariens (c'est la réceptivité utérine) réagit à une grande variété de signaux moléculaires produits par le conceptus. Réciproquement, les signaux d’origine utérine vont exercer un contrôle sur le développement du conceptus. Ces signaux sont de nature variée et ils sont soumis à l’influence des conditions environnementales dans lesquelles l’animal évolue, notamment celles liées à l’alimentation.

Chez les mammifères, la coordination de ces événements met en jeu des cascades de gènes complexes et finement régulées impliquant une multitude de facteurs sécrétés, membranaires et intracellulaires.

Les travaux effectués au laboratoire visent à déterminer : (i) les mécanismes moléculaires et cellulaires qui gouvernent le développement des tissus embryonnaires et extra-embryonnaires composant le conceptus et contrôlent sa morphogenèse; (ii) la préparation et l’adaptation de l’environnement maternel à la présence du conceptus, aux niveaux local et systémique; (iii) les conséquences sur les interactions conceptus-utérus d’altérations affectant le conceptus (ex : capacité de développement à terme) mais également l’organisme maternel (ex : contraintes métaboliques).

La maîtrise de la reproduction des animaux d’élevage passe donc par une connaissance des phénomènes moléculaires associés à la mise en place de la gestation pour un maintien et un développement pérenne de l’embryon in utero.

Les interactions moléculaires et cellulaires entre l'embryon et l'utérus maternel sont de diverses natures mais la médiation lipidique, lors d’un tel événement, reste un phénomène très important.

1. Anatomie utérine des ruminants (Castonguay 2012)

L'utérus est l'organe reproducteur chez la plupart des espèces de mammifères. C’est l'organe de la gestation, l'implantation et le développement du fœtus s’y déroulant. Son rôle est d’assurer le développement du fœtus par ses fonctions nutritionnelles et protectrices. Chez la brebis, l’appareil génital, situé dans la cavité abdominale, peut être divisé en six parties principales : la vulve, le vagin, le col de l’utérus, le corps utérin, l’oviducte et les ovaires (voir Figures 1 et 2). Les dimensions du système reproducteur varient d’une brebis à l’autre.

La première partie de l’utérus se nomme le corps et a une longueur d’à peine 1 à 2 cm. L’utérus se divise ensuite en deux parties pour former les cornes utérines d’une longueur de 10 à 15 cm. Les cornes utérines sont côte à côte sur une bonne partie de leur longueur et leur partie libre, dirigée latéralement, s’atténue en circonvolution (voir Figure 3 Photo A). D’une largeur d’environ 10 mm, elles s’effilent vers l’oviducte où leur diamètre n'atteint plus

Col Corps jaune Ovaire Cornes utérines

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