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AUX FRONTIÈRES DE L’EUROPE AVEC LES MIGRANTS

Dans le document rapport complet (Page 73-76)

GROENLAND

Revendiqué par le Chili Revendiqué par le Chili ROYAUME-UNI Revendiqué par l'Argentine AUSTRALIE AUSTRALIE NOUVELLE-ZELANDE

C H I L I FRANCE

STATISTIQUES D’ACCUEIL 2018 SECOURS CATHOLIQUE – CARITAS FRANCE

la Méditerranée centrale mais aussi de l’Europe de l’Est, l’Espagne est devenue la troisième route d’entrée principale dans l’UE alors même que les personnes souhai-teraient rejoindre la France, l’Allemagne, etc. En 2018, 64 298 personnes ont traversé la frontière sud, soit une augmentation de 131 % par rapport à 2017. Cette hausse des passages s’accompagne d’une hausse en-core plus importante du nombre de décès sur cette route : ils sont passés, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), de 202 en 2017 à 784 en 2018, soit une aug-mentation de 288 %. Ce chiffre représente une estimation basse puisque l’Association de droits de l’homme andalouse considère que, sur la même période, 1 064 personnes ont perdu la vie sur cette route.

La majorité des personnes qui arrivent en Es-pagne par la frontière sud veulent continuer leur parcours parce qu’elles ont comme desti-nation finale un autre pays européen. Pourtant, elles rencontrent là encore de nombreuses difficultés pour poursuivre leur route. À la frontière franco-espagnole, selon la police aux frontières française, les refus d’entrée sont passés de 26 en 2015 à 4 411 en 201784. Cette augmentation résulte du rétablissement des contrôles aux frontières intérieures depuis 2015 : les autorités ont utilisé une procédure pensée pour l’identification de potentiels ter-roristes afin de repousser les personnes mi-grantes. Cette situation se concentre surtout dans la région des Pyrénées et a eu comme conséquence une augmentation du nombre de migrants très vulnérables sur la région espagnole du Pays basque (principalement Bilbao et San Sebastián).

LES ACTIVITÉS DE CARITAS ESPAGNE AUX FRONTIÈRES

Présente sur l’ensemble du territoire, Cari-tas Espagne accompagne les personnes les plus vulnérables ou exclues de la société, quelle que soit leur origine, leur religion, leur situation administrative ou leur nationalité.

En 2018, 3,08 millions de personnes ont été accompagnées socialement ou administra-tivement par les 5 000 salariés et les 84 000 bénévoles de Caritas Espagne. Si la part des personnes migrantes accueillies par Caritas Espagne est importante, notamment celles des personnes déboutées de l’asile, sans papiers ou victimes de traite, elle n’est pas majoritaire. Outre les missions d’ac-compagnement, Caritas Espagne mène des actions de sensibilisation et de plaidoyer sur la base des difficultés administratives et juridiques qu’elle constate chaque jour au

côté des personnes migrantes, notamment aux frontières avec le Maroc.

Aux frontières maritimes et terrestres du sud de l’Espagne, l’augmentation des arrivées s’est accompagnée d’une augmentation des violations des droits, notamment du droit à demander l’asile et de la protection des en-fants, ainsi que de décès. 6 800 personnes ont tenté de rejoindre l’UE via les enclaves de Ceuta et Mellila en 2018, et nombre d’entre elles ont été refoulées collectivement sans examen de leur situation. Depuis la loi sur la sécurité des citoyens en 2015, les enregistre-ments vidéo de la frontière sont interdits, ce qui rend difficile la collecte de preuves pour défendre les droits des personnes migrantes.

En conséquence, Caritas Espagne a engagé un travail de recueil de témoignages des personnes qui ont subi des refoulements, parmi lesquelles celui d’Ibrahima, refoulé à la frontière puis battu par la police marocaine alors qu’âgé de 15 ans.

Caritas Espagne mène également, avec d’autres organisations d’Église réunies sous le nom « Migrants avec des droits », un plaidoyer pour changer cette loi qui, à leurs yeux, est illégale puisqu’elle permet des expulsions collectives sans identifica-tion possible des mineurs ou des potentiels demandeurs d’asile.

CARITAS ITALIE

L’Italie que l’on connaît aujourd’hui est l’aboutissement, en 1870, de l’unification de différents territoires. Elle est composée du continent mais aussi d’une multitude d’îles situées dans la mer Méditerranée et notam-ment à proximité des côtes tunisiennes. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’actuelle république parlementaire dirigée par le Premier ministre est instaurée et la fin de l’empire colonial italien, qui com-prenait notamment la Libye, la Somalie et l’Érythrée, officiellement actée.

Pendant près de cinquante ans, la démo-cratie chrétienne, alliée à d’autres partis du centre et de gauche, gouverne la Répu-blique italienne. L’alternance qui prévalait alors a pris fin au printemps 2018 avec la constitution d'un gouvernement de coalition composé du populiste Mouvement 5 étoiles et du parti xénophobe de droite, la Ligue85. En matière économique, depuis plusieurs décennies, et d’autant plus depuis 2008, l’économie italienne est en berne. En 2018, la croissance du produit intérieur brut (PIB)

italien était la plus faible de l’ensemble des pays de l’UE. Un cinquième de la popula-tion italienne vit aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 60 % du revenu médian du pays.

POLITIQUE MIGRATOIRE

Selon les données de résidence collectées par les municipalités (Istat, 2018), l’Italie comptait 5 144 440 ressortissants étrangers résidant au 1er janvier 2018, soit 8,5 % de la population totale du pays. Ironiquement, mais sans surprise, le nombre d’Italiens à l’étranger, au 31 décembre 2017, corres-pond presque parfaitement à ce chiffre, soit 5 114 469 personnes, un nombre qui a augmenté considérablement au cours de la dernière décennie en raison de la persistance de la crise économique. Fait inquiétant, 65 % des nouveaux émigrants ont entre 18 et 49 ans (Istat, 2017).

Selon le rapport annuel sur les étrangers dans le marché du travail publié par le mi-nistère italien du Travail (2018), « sur les dernières années, la composante étrangère est devenue la clé de l’économie italienne, non seulement à cause de l’importance que les travailleurs étrangers ont eue et conti-nuent d’avoir dans l’exécution de tâches spécifiques, mais aussi par vertu de l’effet compensatoire qu’ils représentent […].

Jusqu’en 2015, tant la main-d’œuvre de l’UE que celle hors UE a été en mesure de compenser la contraction de l’emploi qui caractérise l’économie italienne ». En 2017, la population étrangère en âge de travailler en Italie représentait une part équivalant à 10,5 % de l’emploi total, soit un peu moins de 4 millions de personnes.

La majorité des travailleurs migrants occupe des emplois de travail domestique ou d’assistance, dans l’agriculture ou la construction, généralement en deçà de leurs compétences et qualifications. Selon le ministère du Travail, 70 % des étrangers occupent des métiers manuels et selon la Fondazione Moressa, les travailleurs étrangers composent 74 % de la main-d’œuvre domestique et 51,6 % des vendeurs de rue alors qu’ils représentent moins de 1 % des postes de managers, de professeurs ou d’ingénieurs. Selon la Banque d’Italie, plus de 5 milliards d’euros ont été envoyés par des travailleurs étrangers en Italie vers leur pays d’origine en 2017.

En 2016, les entrées légales pour l’emploi ne représentaient que 5,7 % du total

tan-© STEVEN WASSENAAR / SCCF

dis que les raisons familiales étaient les moteurs principaux d’entrée avec 45,1 % des entrées. Les mêmes données montrent également une augmentation spectaculaire des permis humanitaires puisqu’ils repré-sentaient alors un tiers des entrées. En effet, en 2016, l’Italie a enregistré 126 500 demandes d’asile, faisant du pays le troi-sième de l’UE accueillant le plus de per-sonnes exilées. Pourtant, depuis 2018, le nombre de personnes demandant asile en Italie ne cesse de baisser sous l’effet des mesures italo-libyennes communes visant à bloquer les départs de migrants d’Afrique du Nord, la fermeture des ports italiens par le ministère de l’Intérieur ainsi que les dé-crets Salvini aboutissant à la suppression presque totale de la protection humanitaire.

Ainsi, moins de 60 000 personnes ont dépo-sé une demande d’asile en Italie en 2018.

Conséquence de l’émigration, du vieil-lissement démographique et de la faible fécondité ainsi que du ralentissement de la population étrangère, la population ita-lienne diminue ces dernières années.

L’ACTION DE CARITAS ITALIE POUR PERMETTRE UN ACCÈS À L’ASILE AUX PERSONNES RÉFUGIÉES

Dans ce contexte, Caritas Italie s’est en-gagée dès 2017 aux côtés d’autres as-sociations, dans la mise en œuvre d’un programme permettant l’accès sûr des personnes réfugiées au territoire italien : un

programme dit de « couloirs humanitaires ».

Ce programme permet le transfert sécurisé, car en possession de visa, de personnes vulnérables ayant besoin de protection in-ternationale d’un premier pays tiers vers un pays de destination où elles seront accueillies par des acteurs de la société civile. Les personnes sont accueillies dans des structures identifiées, financées par le parrainage privé et les associations, dont Caritas Italie, qui garantissent également l’intégration socioculturelle.

Près de 500 personnes sont arrivées par ce biais depuis 2017 en provenance d’Éthiopie et de Turquie. Elles sont accueillies dans plus de 47 diocèses répartis au sein de 17 régions, sur l’ensemble du territoire italien. Concernant la situation des personnes accueillies, si l’on s’attache aux 476 personnes arrivées depuis l’Éthiopie, 70 % d’entre elles étaient de nationalité érythréenne, 13 % de nationalité sud-soudanaise, 11 % de nationalité somalienne et les autres personnes de nationalité yéménite ou éthiopienne. 42 % des personnes accueillies sont des enfants, parmi lesquels la majorité (58 %) a moins de 10 ans. Seules 90 personnes sont arrivées seules, les autres avec les membres de leurs familles. Au total, 56 % des personnes accueillies sont des hommes et 44 % des femmes.

Au côté de ce programme, un autre mé-canisme d’entrée est la mise en place de

programmes de parrainage d’étudiants réfu-giés. Un projet pilote a été créé pour donner aux étudiants réfugiés d'Éthiopie la possibi-lité de poursuivre leur cursus universitaire à l’université de Bologne. Les cinq premiers étudiants réfugiés entreront en Italie avec un visa d’études à partir de septembre 2019 et seront pris en charge pour la durée des cours avec une bourse mise à disposition par les partenaires du projet.

Si ces voies d’accès à l’asile sont essen-tielles dans le contexte actuel, elles ne sauraient remplacer, pour Caritas Italie, la responsabilité de l’État à reconnaître le droit des personnes à demander l’asile aux frontières.

78 - Eurostat, « Taux de chômage », données annuelles, 2018.

79 - L’exclusion sociale ne révèle pas seulement la pauvreté monétaire mais résulte du calcul de 35 indicateurs, divisés en huit axes. Foessa, 2019, https://caritas-web.s3.amazonaws.

com/main-files/uploads/sites/16/2019/06/Informe-FOESSA-2019_web-completo.pdf.

80 - https://eacnur.org/es/actualidad/noticias/historias-de-vida/el-exilio-espanol-cuando-fuimos-refugiados-espanoles.

81 - Eurostat, « Émigration par âge et sexe », 2018.

82 - Eurostat, « Asylum and First Time Asylum Applicants by Citizenship, Age and Sex : Annual Aggregated Data (Rounded) », dernière mise à jour le 8 mai 2019.

83 - https://data2.unhcr.org/fr/country/esp.

84 - Cimade, « Dedans, dehors : une Europe qui s’enferme », observations des dispositifs de surveillance et de tri aux frontières de la France, de la Hongrie et en Méditerranée, juin 2018.

85 - Cette contribution a été écrite par Caritas Italie en juillet 2019 en amont de la dissolution de cette coalition et de la constitution d'un gouvernement composé du Mouvement 5 étoiles et du Parti démocrate début septembre 2019.

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STATISTIQUES D’ACCUEIL 2018 SECOURS CATHOLIQUE – CARITAS FRANCE

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