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1.3.1 Méthode de la phase accumulée

L’équipe du professeur VERHAAR de l’université d’Eindhoven utilise une méthode simi-laire à la nôtre. De même que pour les méthodes asymptotiques, seuls les potentiels dans la zone asymptotique sont utilisés. La différence vient du choix de la condition aux limites à la distance$:k séparant la zone interne de la zone asymptotique : il s’agit en effet d’une phase ac-cumulée qui résume l’histoire de la collision pour$¡a¢$fk [138, 101, 102, 52, 139]. La valeur$fk

est choisie de manière à ce que deux conditions soient remplies : tout d’abord, pour $ua=$'k , le mouvement de l’atome est adiabatique et ¹

8 est un bon nombre quantique. Les états de spin singulet et triplet sont suffisamment séparés pour que l’on puisse négliger les couplages dus à la somme des interactions hyperfines atomiques. Deuxièmement, pour $ i $'k , les potentiels peuvent être décrits de façon précise par leurs formes asymptotiques (cf. équation (1.28)).

Le concept de phase accumulée est issu des idées développées dans l’approximation JWKB et plus précisément de la valeur de la phase locale à la distance$'k d’une fonction d’onde ra-diale oscillant rapidement. Leurs valeursÑ

) , ` ú * et\Ò ) , `

ú * à la distance$:k pour les fonctions d’onde singulet et triplet sot reliées à l’expression JWKB :

Ñ  Ò ) $:k´* B Q™˜‰š ý Nœ› Z^–ž ) $'* î $ P ù ž ) $:k´* » Q ˜‰š ý ×  Ñ  Ò ) , ` ú * Ú ù ž ) $:k´* ` (1.47)

et sa dérivée par rapport à$ . Dans cette expression,ž

)

$'* est le vecteur d’onde local :

ž  ) $'* B G à ª  í , – (%Ñ  Ò ) $'* – ú ) ú  y* ª  G à $  ð d (1.48)

Différentiant l’équation (1.47), on trouve que la phase eÑ



Ò

)

,

`

ú * est reliée à la dérivée loga-rithmique locale par :

ž'Ÿ@  ú Ñ  Ò B ¢¡ Ñ  Ò Ñ  Ò  ž ¡ G ž d (1.49)

La validité de l’approximation JWKB n’est en réalité pas nécessaire puisque la condition aux limites aurait pu être formulée à partir de la dérivée logarithmique de la fonction d’onde radiale.

Se limitant aux faibles valeurs de , etú intervenant dans les collisions ultra froides, ainsi qu’aux niveaux faiblement liés proches du seuil de dissociation, les phases peuvent être

déve-1.3 Autres méthodes théoriques pour l’étude des collisions froides 47

loppées au premier ordre en, etú

) ú  * :  Ñ  Ò ) , ` ú * B  Ñ  Ò ) ` F*   Ñ  Ò %, ,    Ñ  Ò  ) ú ) ú  * * ú ) ú  * d (1.50) Les termes d’ordre zéro 

Ñ  Ò ) `

F* sont directement reliés aux nombres quantiques£¥¤KÑ et£$¤Ò , qui sont les nombres quantiques vibrationnels (fractionnaires) au seuil. Ils sont ajustés sur des données expérimentales. La dérivée en énergie correspond au temps de séjour classique

¦ B G ª  Ñ  Ò "

%, des atomes dans la zone$jac$lk . La dérivée par rapport àú

)

ú



* est reliée au mouvement angulaire orbital du système de deux atomes en rotation. Les valeurs des termes du premier ordre sont généralement déterminées à partir des meilleurs potentiels ab initio.

1.3.2 Théorie du défaut quantique

À l’origine, la théorie du défaut quantique (TDQ) a été développée dans le but d’obtenir une description des niveaux d’énergie d’un potentiel coulombien perturbé à courte distance. Cette théorie est basée sur l’idée physique suivante : le décalage en énergie des niveaux liés du potentiel perturbé par rapport au potentiel de Coulomb peut être décrit par un seul paramètre qui varie peu en fonction de l’énergie des niveaux. Cette théorie a néanmoins été généralisée à beaucoup d’autres types de potentiels [108, 74].

Notre propos n’étant pas de faire une présentation exhaustive de la TDQ, nous nous li-mitons pour l’instant au cas d’un électron dans un potentiel coulombien modifié. Pour une présentation plus complète de la TDQ, on pourra consulter les références [49, 121, 12]. Com-mençons donc par considérer un électron de moment angulaire orbitalÞ soumis à un potentiel coulombien : (\k ) $'* B¨§–ª© S  $  Þ ) Þ  * ª  G à $  d (1.51)

Les niveaux d’énergie d’un tel potentiel s’écrivent :

, k ™ B«§Ï– £ ÿ  ` ÿ B Þ   ` Þ  G ` d¾d½d ` (1.52)

£ est la constante de Rydberg et§ l’énergie du seuil de dissociation. Si le potentiel (

)

$'*

diffère du potentiel coulombien (1.51) uniquement à courte distance :

( ) $'* B (\k ) $'* ­¬ ( ) $'* ` ® šK¯ Z±° ô $  ¬ ( ) $'* B ` (1.53)

alors les états liés de ce potentiel peuvent être écrits sous la forme (1.52), à condition de rem-placer le nombre quantiqueÿ par le nombre quantique effectif ÿ³²

B ÿ – à ™ : , ™ B«§– £ ) ÿ ² *  B¨§Ï– £ ) ÿ – ™ *  ` (1.54)

Les corrections

à

™

sont appelées défauts quantiques et les énergies (1.54) forment une série de Rydberg.

L’utilité de la formule de Rydberg (1.54) vient du fait que les défauts quantiques

à

™

dé-pendent faiblement de ÿ et que, lorsque ÿ E

õ , ils convergent vers une valeur. Il est in-téressant d’élargir la définition des défauts quantiques

à ™ B à ) , ™

* définis pour des énergies discrètes,

™

à une fonction11défaut quantique

à

)

,¶* décrivant l’influence du potentiel à courte portée ¬

(

)

$'* [121].

Dans la région des états liés ,êa

§ , nous pouvons introduire la variable´ définie par :

´ ) , * B¶µ £ §Ï– , ` , B«§í– £ ´  d (1.55)

Cette variable´ est appelée nombre quantique effectif continu. Pour un potentiel de Coulomb, la condition pour qu’une valeur de ´ corresponde à une valeur propre (1.52) de l’équation de Schrödinger s’écrit : ´ ) ,¶* B ÿ B Þ   ` Þ  G ` d¾d½dVd (1.56)

Pour un potentiel coulombien modifié de la forme (1.53), la condition pour avoir un niveau lié, d’après (1.54), est´

) ,¶*  à ™ B

ÿ ou, en l’exprimant à l’aide de la fonction défaut quantique,

´ ) , *  à ) , * B ÿ .

Comme nous venons de le voir, sous le seuil de dissociation, la perturbation à courte portée du potentiel de Coulomb est décrite par les défauts quantiques ou la fonction défaut quan-tique. Au-dessus du seuil, cette perturbation se manifeste dans le déphasage de la fonction d’onde radiale asymptotique. Au seuil, les défauts quantiques sont reliés à ce déphasages puisque les solutions normées de l’équation de Schrödinger radiale dans la limite ÿ E

õ

(c’est-à-dire , E

§ par dessous) et dans la limite , E

§ (par dessus) convergent vers la même solution correspondant à,

B«§ . Ce lien entre les défauts quantiques et les déphasages est donnée par le théorème de Seaton :

® š ¯ ™ ° ô à ™ B à ) , B«§ * B  H ® šK¯ B–°¢· ä ) ,¶*Ëd (1.57)

Ces deux situations qui sont mathématiquement similaires mais physiquement différentes peuvent être résumées en une seule équation de la théorie du défaut quantique à une voie :

ú¸ü ý × H ) ´  à * Ú B Õd (1.58) Ici, à )

, * est une fonction qui décrit les effets du potentiel additionnel à courte distance ¬

( ) $'* : sous le seuil, à )

,¶* est la fonction défaut quantique et, au-dessus du seuil,

à

)

,¶* correspond au déphasage asymptotique ä

)

,¶* divisé par H . Sous le seuil, ´

)

,¶* correspond au nombre quan-11En pratique, il est coutumier d’approximer la fonction ¸3`ON\f par un développement polynomial en N •º¹

1.3 Autres méthodes théoriques pour l’étude des collisions froides 49

tique effectif continu. Au-dessus du seuil, ´ est défini par le déphasage asymptotique divisé par – H : ´ ) , * B¶µ £ §Ï– , pour ,êa § ` ´ ) ,¶* Bb–  H ä ) , * pour, ß § d (1.59) Avec la définition (1.59), l’équation (1.58) de la TDQ à une voie correspond à l’identité triviale

ä

)

,¶* B ä

)

,¶* pour une énergie au-dessus du seuil. Sous le seuil, l’équation (1.58) signifie sim-plement que´ ) ,¶*  à )

,¶* doit être un entier, ce qui correspond à la condition d’existence d’un état lié.

Le fait que les déphasagesä

)

,¶* soient définis àH près implique que les défauts quantiques et la fonction défaut quantique sont définis modulo  .

Les résultats précédents peuvent être généralisés aux cas d’autres potentiels longue portée. En effet, soient(%k

)

$'* et (

)

$'* deux potentiels ayant le même comportement à grande distance mais des comportements différents à courte distance. Le potentiel (

)

$'* est considéré comme un potentiel (%k

)

$'* perturbé. Soient maintenant ,

k

)

ÿe* les énergies des états liés de (%k

)

$'* et

´

k

)

, * le nombre quantique effectif associé à ces niveaux. Quant au potentiel (

)

$'* , il définit une autre progression ,

)

ÿe* ou ´

)

, * . Nous pouvons alors définir les défauts quantiques

à

™

résumant la différence de comportement à courte distance entre(

) $'* et(k ) $'* . En considérant la variation de , k )

ÿ0²”* en fonction de la variable continue ÿ³² , les niveaux d’énergie ,

)

ÿe* de

(

)

$'* peuvent être exprimés en fonction du nombre quantique effectifÿW² :

, ) ÿK* B , k ) ÿ ² *Ëd (1.60)

En définissant le défaut quantique par

à

™

B

ÿ

–

ÿ0² , les énergies des états liés du potentiel(

) $'* s’écrivent : , ) ÿe* B , k ) ÿ – à ™ * ` (1.61) où : à ™ B ÿ – ÿ ² B ÿ – ´ k × , ) ÿe* Ú d (1.62)

Ces deux dernières équations sont générales. Cependant, elles ne sont utiles que si les défauts quantiques

à

™

changent peu en fonction de l’énergie.

Terminons cette section en indiquant que la TDQ a par la suite été généralisée aux systèmes couplés : on parle alors de théorie du défaut quantique multivoie (TDQM). Afin d’illustrer quelques résultats de la TDQM, considérons le cas de deux potentiels couplés dont le com-portement asymptotique n’est pas nécessairement coulombien12 [73, 72]. Si le couplage entre les voies est nul, les séries de Rydberg de chacune des voies sont données par la formule de 12La théorie du défaut quantique multivoie pour deux potentiels ayant un comportement coulombien à grande distance peut être trouvée dans la référence [49].

Rydberg : , ) ÿP * B§ P – £ ) ÿ ² P *  B«§ P – £ × ÿP – à P ) ÿ P;* Ú  ` B B  ` G d (1.63)

Du fait du couplage, les séries de Rydberg sont maintenant données par la relation :

¬ , ) ÿ P * B«§ P – £ ) ¬ ÿ ² P *  B§ P – £ × ÿP – ¬ à P ) ÿP * Ú  ` (1.64) où ¬ ÿ0²

P est le nombre quantique effectif de la voie B . Quant aux défauts quantiques ¬

à

P

)

ÿ P;* , ils s’expriment en fonction des nombres quantiques effectifs ´¬P des voies non couplées :

¬ à P ) ÿP * B ÿP – ¬ ÿ ² P B ÿ P – ´P × ¬ , ) ÿP * Ú d (1.65)

En général, du fait du couplage, les défauts quantiques ¬

à

P

)

ÿP * varient fortement avec ÿP. Enfin, dans le cas de séries couplées, la TDQM donne le lien entre les nombres quantiques effectifs ´  et ´I : úˆüSý × H ) ´   à  * Ú B $    ú¸ü ý × H ) ´I  à ”* Ú (1.66) où les paramètres$



 ,

à

 et

à

 varient lentement avec l’énergie [49, 54], à l’image du paramètre

à

™

de la TDQ à une voie.