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III. TROISIEME PARTIE : L’ENTRETIEN FAMILIAL

III.2. Le cadre familial

III.2.2. Attachement

Les travaux de Bolwby sur la carence de soins maternels et les réactions à la séparation servent de socle à la théorie de l’attachement dans laquelle il insiste sur le besoin pour le bébé d’avoir un lien d’attachement précoce continu avec sa mère (Bowlby, 1988) [36]. Le système d’attachement se construit en interaction entre les besoins innés du bébé et les réactions de l’environnement. Très tôt, l’enfant développe un modèle d’attachement particulier, le Modèle Interne Opérant (MIO), en fonction de l’attitude de la figure d’attachement principale à son égard. Ce lien d’attachement, intériorisé, sert par la suite de modèle de base aux relations intimes et sociales de l’individu, l’attachement étant actif « du berceau à la tombe ».

Dans le versant parental de la relation de l’enfant à ses parents, le « caregiving » a été décrit comme un système motivationnel que l’on peut traduire par « comportement de soins parental », et qui désigne l’emble des comportements des parents qui tendent à stimuler la proximité et le réconfort lorsque l’enfant est perçu dans une situation de détresse (Cassidy, Shaver, 1999) [44]. Différents comportements comme appeler, rejoindre, étreindre, consoler ou bercer concourent à cette attitude parentale (Guedeney N., Guedeney A., 2006) (Guedeney N., Guedeney A., 2010) [94, 95]. Le système du caregiving décrit spécifiquement la capacité des parents à apporter une protection à leur enfant. Il comprend la sensibilité des parents aux sollicitations de leur enfant, leur accessibilité psychologique, leur accordage affectif ou leur empathie, ainsi que leur aptitude à régir de façon prévisible, cohérente et adéquate, en offrant la résolution du problème ou en aidant l’enfant à trouver des solutions aux difficultés.

Ensemble, attachement et caregiving composent un système interactif de régulation émotionnel apportant protection et sécurité à l’enfant dans l’exploration de l’environnement.

Le travail de recherche dans le cadre de la « situation étrange » élaborée par Ainsworth et al. (1978) [4] a permis de différencier trois types d’attachements : « sécure », « insécure-évitant » et « insécure-ambivalent ». Les travaux de Main et al. (1990) [151] ont permis d’introduire une quatrième catégorie d’attachement de type « insécure-désorganisé », particulièrement retrouvée

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chez les enfants carencés, abusés ou maltraités et chez les enfants présentant un trouble des conduites (Hess, Main, 2000) [101].

- L’attachement de type « sécure » s’accompagne, chez l’enfant, d’une meilleure estime de soi et de la capacité à faire appel lorsqu’il en a besoin. Il favorise également la capacité d’exploration. L’enfant manifeste une forme de protestation lors des séparations et accueille sa mère avec plaisir, à son retour.

- L’attachement de type « insécure-évitant » : l’enfant ne fait pas appel à autrui au fur et à mesure que son stress augmente. Il a tendance à masquer sa détresse émotionnelle, ou à se sentir invulnérable, et à considérer que l’on ne peut pas faire confiance aux autres. Il essaye de garder le contrôle dans les situations de détresse en diminuant la réactivité du système d’attachement et en réduisant ses signaux de détresse en direction des parents ;

- L’attachement de type « insécure-ambivalent » ou résistant. L’enfant se montre très ambivalent en situation de stress, comme s’il résistait à son besoin d’être réconforté. Il adopte une stratégie d’augmentation de fonctionnement du système d’attachement et d’augmentation des signaux. Il manifeste de la détresse lors de la séparation, un mélange de recherche de contact et de rejet coléreux, des difficultés à être réconforté.

- Les enfants « désorganisés/désorientés » présentent, en présence de leur figure d’attachement, des comportements ambivalents ou contradictoires, qui semblent dépourvus de stratégie cohérente de recherche de sécurité en cas de stress.

Les études longitudinales américaines et allemandes ultérieures sur l’attachement ont montré la capacité prédictive de l’attachement dit « sécure », en terme de relation avec les pairs, d’aisance sociale, de stabilité de l’attention, d’affect positif, de curiosité, de capacité d’exploration, de capacité de résilience et d’empathie (Grossman KE, Grossman K, 1991) (Sroufe et al., 1990) [91, 215]. L’attachement sécure n’est pas fixé la vie durant : il peut devenir insécure si les conditions d’environnement changent (traumatismes, deuils…), et inversement. Les catégories insécures, qu’elles soient résistantes ou évitantes, correspondent à des stratégies adaptatives, et ne sont pas, en elles-mêmes, synonymes de pathologie. Les différents comportements observés sont plutôt considérés comme des stratégies de l’enfant contre l’angoisse de séparation

De manière comparable à la modélisation du comportement de l’enfant, quatre types relationnels et d’attachement parental ont été décrits : « sécure », « insécure-déttaché », « insécure- préoccupé » et « désorganisé-non résolu ».

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- Les parents « sécures » sont accessibles et disponibles. Ils sont capables de lire les signaux de leur enfant et d’y répondre de façon prévisible, assurée et ajustée.

- Les parents « insécures-détachés » montrent un faible engagement affectif dans des relations vécues sur le mode de la contrainte, du déplaisir ou du rejet. Ils présentent une réticence aux contacts physiques étroits, les tentatives de l’enfant pour initier une proximité physique étant repoussées. Ils manquent d’attention et de sensibilité aux manifestations de l’enfant, jusqu’à pouvoir ignorer la détresse de leur enfant.

- Les parents « insécures-préoccupés » affichent une préoccupation excessive dans leur relation avec leur enfant. Ils se révèlent hyper-vigilants à la moindre manifestation et volontiers contrôlant et intrusifs lors des activités autonomes de l’enfant. Ils répondent ainsi à leur propre besoin de proximité et de réassurance plutôt qu’aux besoins du bébé. Ils apparaissent inquiets du développement, surprotecteurs et irréguliers dans l’intensité de leurs réponses selon leur niveau de tension, d’anxiété ou de colère.

- Les parents « désorganisés non résolus » ont souvent une biographie marquée par des antécédents de maltraitance, d’abus ou de deuils mal résolus. Les relations avec l’enfant sont dures, abruptes, manquant de réciprocité émotionnelle envers les demandes de l’enfant. Les réponses parentales sont marquées par l’imprévisibilité et l’incohérence, avec des risques accrus de maltraitance psychique ou physique envers l’enfant.

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