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La liste des Tableaux:

Totaux 17 220 411 100,00 17 582 911 100,00 1,02 Le profil des intoxiqués est similaire à celui décrit par des études réalisées dans des

IV. Caractéristiques des plantes incriminées

2. Atractylis gummifera L. (Chardon à glu)

Le chardon à glu (Atractylis gummifera), de la famille des Astéracées (figure 25), est une herbacée, vivace, épineuse, à grosse racine, d'origine nord-africaine. Les fleurs apparaissent en été, entre les mois de juin et juillet. Cette espèce est vivace par les parties souterraines très développées, d' où part une rosette de feuilles lancéolées, très découpées en lobes piquants.

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Figure 25: Le chardon a glu [50]

Les gros capitules de fleurs rose-violacées duveteuses sont entourés de bractées hérissées d’épines. Un latex blanc jaunâtre qui s'agglomère sous forme de glu que mâchonnent les enfants et qui est utilisé pour la capture des oiseaux, d'ou l'appellation populaire en arabe « EI eulk» ou glu. Les larmes de latex s'agglutinent en une masse sphérique, d'un gris noirâtre, de la taille d'une pomme.

Les feuilles longues et épineuses font 50 à 60 cm de long sur 10cm de large et sont groupées en bouquet. Les petits bouquets s’étalent sur le sol donnant ainsi à la plante une forme d’un écusson aplati.

Les fleurs apparaissent en été, entre les mois de juin et juillet et elles secrètent avec la racine une sorte de glu et qui est consommé accidentellement par les enfants comme du chewing-gum. La plante représente deux parties :

 Une partie aérienne, formée par les feuilles et les fruits.

 Une partie souterraine, formée par un rhizome volumineux [50].

Le chardon à glu se concentre en Asie mineure, en Afrique du Nord, en Espagne, Portugal, Italie, Grèce et en Corse. En fait, c’est une plante qui se trouve dans tout le Maroc sauf dans les régions désertiques ou aride et l’anti atlas [51,52].

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Le chardon à glu est une plante de l’environnement rural facilement accessible pour les enfants, utilisant accidentellement le rhizome comme une gomme à mâcher à cause de son goût sucré [53].

Le Chardon à glu est un exemple ancien de toxicité de la phytothérapie. Il s’agit en fait de l’une des plantes le plus souvent en cause dans les cas d’empoisonnements mortels au Maroc et dans plusieurs pays méditerranéens [52,54-55]. Il constitue un véritable problème de santé publique pour la population infantile [56]. La méconnaissance de sa toxicité explique la survenue d’accidents soit par utilisation abusive à des fins thérapeutiques ou par confusion avec une autre plante, Scolymus Hispanicus (l’artichaut sauvage), plus connue sous le nom de « kouk lakhla » ou Guernina [57].

L’intoxication peut être aussi criminelle du fait de la facilité de se procurer le toxique à tout moment et en tous lieux, de sa saveur peu marquée, sa dissimulation des plus aisées dans les aliments, ses résultats à peu près certains et rapides, ainsi que pour la difficulté de prouver son emploi par les empoisonneurs. Enfin, l’intoxication peut être suicidaire surtout chez les femmes entre 15 et 30 ans, par ingestion de la plante seule ou parfois associée à certains médicaments [57,58].

Le Chardon à glu contient 26 espèces renfermant des principes toxiques à des concentrations décroissantes de la racine aux feuilles, en passant par la tige, les bractées, la fleur et la graine [59]. La toxicité de la racine d’Addad est élevée, 50 g de pulpe de racine peut tuer, en moins de 24 heures, un chien de 6 kg [60] alors que 480 mg de racine environ peut être mortelle pour un individu de 60 kg [56]. La curiosité des enfants les pousse à examiner toutes les parties de cette plante avec les mains et surtout à la déguster. Les principes toxiques sont d’après plusieurs études [60] L’atractyloside (atractylate de potassium) et le carboxyatractyloside (gummiferrine), qui sont des inhibiteurs de la phosphorylation oxydative s’opposant à la formation d’ATP à partir d’ADP au niveau des organites intracellulaires et en particulier au niveau des mitochondries et du réticulum endoplasmique et conduisant au maximum à la nécrose cellulaire. Les cellules les plus vulnérables étant celles des parenchymes à haut niveau métabolique comme ceux du foie, du

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rein, du pancréas et du myocarde. L’accélération de la glycolyse et de la glycogénolyse anaérobique ainsi que l’inhibition de la gluconéogenèse explique l’hyperglycémie transitoire, puis l’hypoglycémie et ses conséquences néfastes [60].

Plusieurs techniques d’identification et de dosage ont été établies au cours de dernières décennies. Elles reposent sur la mise en évidence de l’atractyloside, par techniques colorimétriques et chromatographiques soit dans la plante soit dans les milieux biologiques. Certains auteurs ont regretté l’absence de méthodes générales de sélection en toxicologie judiciaire pour les plantes toxiques et ont mentionné en particulier le manque de procédures chromatographiques pour l’atractyloside et le 4-carboxyatractyloside [61]. Les réactions colorées de l’atractyloside sont appliquées sur le lavage gastrique et sont basées sur l’ajout de réactifs spécifiques (acide sulfurique, réactif sulfomolybdique de Frochde, acide sulfurique/formaldéhyde : réaction de Marquis). L’existence de diverses réactions de coloration permettant l’identification de l’atractyloside a poussé certains auteurs à étudier leurs limites de sensibilité sur des quantités connues de substance pure, préalablement déposées sur une couche mince de gel de silice. Le para-diméthyle-amino-benzaldéhyde constitue l’un des révélateurs les plus sensibles dont la plus petite quantité d’atractyloside nettement décelable est de l’ordre de 1 μg [62]. Stanilas et al. [63] ont étudié la séparation et l’identification de l’atractyloside à l’état pur (150 μg) ou existant dans les extraits de racines d’Atractylis gummifera L par électrophorèse sur papier. Les essais ont montré que les meilleurs résultats sont obtenus avec l’acide formique à 10 % (pH 1,5) comme électrolyte, sous une tension de 400 volts maintenue pendant trois heures et en utilisant comme révélateur une solution alcoolique et légèrement sulfurique de para-diméthyle-amino-benzaldéhyde.

Les résultats d’une application de l’électrophorèse sur couche mince pour l’identification et le dosage de l’atractyloside à l’état pur [62] ont montré la possibilité de mesure d’une quantité comprise entre 50 et 150 μg, avec une erreur entre 4 et 8 %. L’essai de cette technique sur les extraits de chardon à glu a montré que les racines du végétal renferment davantage d’atractyloside en hiver qu’en printemps. Les deux composés, Atractyloside et 4-carboxyatractyloside peuvent être séparés l’un de l’autre par électrophorèse, par chromatographie sur couche mince et par partage entre l’eau et les

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solvants organiques. En milieu légèrement acide, l’atractyloside est extractible par le butanol et le 4-carboxyatractyloside reste en solution dans l’eau. Les deux composés peuvent également être séparés par chromatographie sur colonne d’alumine [63]. Depuis une quinzaine d’années, d’autres techniques ont été décrites pour l’analyse de l’atractyloside et du 4-carboxyatractyloside dans le chardon à glu ou d’autres plantes à atractyloside et au niveau des liquides biologiques. Ainsi, Bye et al. [64] ont étudié la détection de l’atractyloside par une méthode immuno-enzymatique, mais cette technique était sujette à des réserves quand à l’exactitude quantitative des résultats [65, 66, 67].

Par la suite, Calmes et al. [68] ont utilisé pour la première fois la chromatographie liquide haute performance (HPLC) avec un détecteur à diffusion de lumière pour la séparation et la détermination de l’atractyloside et 4-carboxyatractyloside en 55 min. Steekamp et al. Ont utilisé la chromatographie sur couche mince pour détecter la présence d’atractyloside dans le contenu gastrique et au niveau urinaire [69], mais cette épreuve est non spécifique et par conséquent son usage en toxicologie judiciaire est faible [67, 67]. Une méthode GC-SM a été décrite par Laurens et al. [70] pour l’analyse d’atractyloside dans le lavage gastrique d’un malade intoxiqué. Cependant, cette méthode peut rencontrer des difficultés en routine du fait du choix non approprié de l’étalon interne et le non hydrolyse de l’hétéroside qui augmente le temps de rétention de l’atractyloside. Elle est donc considérée par les auteurs comme une méthode de confirmation.

Une méthode analytique sélective basée sur la HPLC couplée à un spectromètre de masse à ionisation de pression atmosphérique a été développée pour la détection de l’atractyloside. Les limites de détection et de quantification de l’atractyloside étaient de 100 pg/mL et 250 pg/mL respectivement. La méthode a été appliquée à des échantillons inconnus chargés d’atractyloside [66,67].

Des tableaux cliniques plus complets ont été décrits, associant des troubles digestifs, neurologiques et hématologiques. Mais il existe aussi des formes d’intoxication légère avec tableau clinique essentiellement digestif et disparition rapide des troubles. L’intoxication comporte plusieurs phases [56] :

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 la phase de latence de six à vingt-quatre heures et même trente-six heures qui précède l’installation du tableau clinique ;

 la phase symptomatique avec des troubles gastrohépatiques représentés par des nausées et vomissements (bilieux, hémorragiques). Une sensation d’âcreté dans la bouche et l’arrière-bouche reste très persistante. Les selles sont diarrhéiques, noirâtres et liquides [71]. Des études histo-pathologiques ont mis en évidence une hépatite fulminante avec nécrose hépatocellulaire majeure [63,72]. Les troubles neurologiques qui signent déjà un pronostic sombre peuvent aller jusqu’au coma qui s’accompagne de contractures, rigidité de décérébration, trismus, collapsus, encombrement, hypersalivation avec apnée au stade final [57]. Les troubles hématologiques comportent purpura et hémorragies (digestives, bronchiques, pulmonaires et urinaires). Les troubles neurovégétatifs sont souvent notés, ils sont représentés par l’hypothermie. Les cas les plus graves s’accompagnent de complications respiratoires, cardiovasculaires et hépato-rénales. Il apparaît généralement alors un coma profond et la mort survient le plus souvent au cours d’une crise tétaniforme. Les signes biologiques peuvent mettre en évidence une élévation de l’urémie, une protéinurie et une hématurie positive et une oligurie traduisant une insuffisance rénale aiguë évoluant vers l’anurie [73]. On observe aussi une hypoglycémie profonde difficilement réversible, une élévation très importante des enzymes hépatiques (transaminases de l’ordre de 25 à 50 fois les valeurs normales, lactate déshydrogénase, créatine kinase) signant l’importance de la cytolyse hépatique [74-77], une élévation très importante de la bilirubine à prédominance conjuguée, qui traduit l’intensité de la cholestase.

 la phase de complications est de mauvais pronostic et signe l’issue fatale. Il s’agit de troubles respiratoires avec encombrement, dyspnée d’installation progressive de type cheyne-stockes voire même asphyxie et des troubles cardiovasculaires avec tachycardie, accélération de pouls et effondrement de la tension artérielle.

Le traitement des intoxications au Chardon à glu est essentiellement symptomatique, c’est une prise en charge en réanimation avec apport de facteurs de coagulation,

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alcalinisation, apport glucosé, purgatif, analeptique cardiovasculaire, tonique cardiaque et barbituriques [50,78]. Le CAPM a proposé récemment un traitement à base de la N-acétyl cystéine pour prévenir l’atteinte hépatique dans l’intoxication par le Chardon à glu et une nette amélioration a été observé [15]. Ces intoxications se rencontrent surtout à la campagne, ce qui rend problématique la consultation médicale précoce et le transport rapide à l’hôpital. Le traitement symptomatique demeure malheureusement toujours insuffisant chez les sujets qui ont absorbé des quantités théoriquement mortelles du poison [58].

Entre 1981 et 2008, 344 cas d’intoxication par le Chardon à glu ont été déclarés par le CAPM [60]. Il s’agit surtout des intoxications accidentelles intéressant essentiellement des enfants du milieu rural âgés moins de 15 ans avec 64,65% des cas et survenant d’une manière collective dans 54,15%. Les habitudes culturelles et la faible couverture médicale constituent les principaux facteurs qui causent les intoxications accidentelles (81,57% des cas). Parmi les 344 cas, le CAPM a déclaré 68 cas de décès par cette plante issus dans leur majorité de zone rurale [60]. D’après une autre étude rétrospective incluant 1418 cas d’intoxication par les plantes sur une période de 22 ans, on trouve 124 cas de décès, Les personnes décédées, par rapport à l’ensemble des intoxiquées se trouvent plus fréquemment victimes de l’Atractylis gummifera (chardon à glu) [40].

Les résultats de notre étude rejoignent les données du CAPM (2001-2015). En effet, les intoxications par le Chardon à glu sont survenues de façon accidentelle surtout chez les enfants de moins de 15 ans (57,89%) de sexe féminin (55,98%) lors de la première exposition avec un taux de létalité spécifique de 32,03% (33 décès parmi 103).

En Tunisie, d’après une étude rétrospective incluant 56 cas d’intoxication par les plantes sur une période de 15 ans, 32 % de ces cas sont dus à la consommation du Chardon à glu qui est classé parmi les plantes à haute toxicité [79].En Algérie, une intoxication collective par le chardon à glu de dix enfants a abouti de manière dramatique au décès de huit d’entre eux [72].

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3. Le Ricin (Ricinus communis)

Ricinus Communis L fait partie de la famille des Euphorbiacées comportant 8100 espèces, cette plante est le seul représentant du genre Ricinus qui est un arbrisseau à grandes feuilles palmées [80-82].

Le Ricinus Communis L est un arbuste à rameaux ultimes herbacés ou fistuleux ou arbre, pouvant atteindre 7 m et plus, son feuillage est d'une beauté remarquable, parfois cultivé comme plante annuelle très vigoureuse, mais naturellement vivace [83,84], il possède deux parties:

Une partie aérienne: possédant

o Une tige : dressée, robuste, rameuse avec des branches à nœuds visibles et cicatrisés annulaires, généralement glauques, parfois vertes ou rouges, un peu fistuleux, bien unie, ronde, lisse, ramifiée seulement dans le haut [85].

o Feuilles: sont alternes, grandes parfois de plus d'un pied, palmées de 7 à 9 lobes, glabres, vertes glauques, avec une veine médiane de couleur rougeâtre, dentées irrégulièrement, rouge à leur développement, portées par de longs et forts pétioles glanduleux vers leur sommet [86].

o Fleurs: sont monoïques, forment de grosses grappes redressés, rameuses; les fleurs mâles sont situées dans le bas de l’inflorescence, composées d'un calice de cinq pièces sans corolle et de groupes nombreux d'étamines monadelphes verdâtre, comme ramifiées; les fleurs femelles ont seulement trois folioles au calice, et au dessous de petites écailles ; un ovaire globuleux hérissé, surmonté de trois pistils longs, rouges, hispides [87].

o Fruits : sont des capsules tricoques (formé de 3 lobes) hérissées de pointes et plus ou moins déhiscentes à maturité en saisons sèche. Les capsules renferment généralement 3 graines de couleur marron clair, marron rouge ou gris tacheté de blanc [88].

o Graines : sont contenues dans chacune des loges du péricarpe, ont presque la forme d'un haricot moyen, sont piriformes, ovoïdes, allongées ou plates, luisantes marbrées

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de gris rougeâtre et de blanc. A l'intérieur de la graine se trouve une amende oléagineuse qui est très toxique [89].

Une partie souterraine : possédant une racine pivotante puissante à racines latérales

marquées

L’origine du Ricinus communis L est l'Afrique tropicale, il est développé en tant que plante ornementale dans diverses régions de l'Asie, l'Amérique du Nord, l'Afrique et l'Europe [90].

Il est largement cultivé dans la plupart des régions tropicales et subtropicales sèches de même que dans de nombreuses régions tempérées dotées d’un été chaud [91-94].

Ricinus communis L est présenté dans tout le continent africain, de la côte atlantique à la mer rouge et de la Tunisie à l’Afrique du Sud ainsi que dans les îles de l’océan Indien [87]. Plus de 95% de la culture de Ricinus dans le monde est concentrée en Inde, la Chine et le Brésil [95].

Le Ricinus, a été employé dans la médecine égyptienne et grecque classique et son utilisation a été décrite par Susruta (ive siècle apr. J.-C.) et Ayurveda (deux anciens médecines Hindous).

L'usage de différentes parties de cette plante ont été utilisées pour le traitement des diverses maladies ou des remèdes folkloriques dans le monde entier. Les racines de cette plante sont également utiles comme un ingrédient de diverses prescriptions pour les maladies nerveuses et affections rhumatismales telles que le lumbago, la pleurodynie et la sciatique.

Dans la médecine traditionnelle indienne, les feuilles, les racines et l'huile extraite des graines de cette plante ont été employés pour le traitement de l'inflammation et dans des affections du foie (effet hepatoprotecteur), laxatifs et diurétiques. Les racines sont utiles dans le traitement du diabète" effet hypoglycémiant" [96,97] et antibactérien [98].

Les graines de Ricinus communis L ont été employées dans différentes parties du monde comme cathartique, un émétique et pour le traitement de la lèpre et de la syphilis. Certaines femmes en Inde et Corée ont pris les graines de ricin, comme moyens contraceptifs.

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Il a été rapporté, que certaines femmes ont pris des graines de ricin plongées dans du sang chaud d'un lapin pour empêcher tombé enceinte. Aussi, il a été rapporté, qu'il n'y aura aucune grossesse pour au moins 9 mois, si une femme prend une graine après la naissance d'un enfant [99].

L’huile de ricin est un purgatif drastique constitué majoritairement de triacylglycérols. La graine renferme une glycoprotéine, la ricine, poison cytotoxique qui inhibe la synthèse protéique. Quelques dizaines de microgrammes de ricine sont létales par voie parentérale [100]. La forme aérosol peut être impliquée dans un usage terroriste en raison de son action cytotoxique au niveau des voies respiratoires. Per os, la ricine semble beaucoup moins toxique [100]. L’intoxication peut être liée à une ingestion accidentelle de graines chez l’enfant ou volontaire chez l’adulte. Elle a été décrite chez l’animal par ingestion de tourteaux. La graine doit être mâchée pour libérer ses principes toxiques [100].

De point de vue clinique, Les signes digestifs peuvent apparaître après un délai variable allant de 15 minutes à quelques heures. Le tableau est celui d’une gastroentérite sévère qui aboutit rapidement à une déshydratation aiguë avec hypovolémie, choc et insuffisance rénale aiguë en l’absence de rééquilibration hydroélectrolytique. Exceptionnellement ont été rapportées : hémolyse, atteinte hépatique et rénale. Par ailleurs ont été signalées des allergies de contact avec cette plante. Le traitement est essentiellement symptomatique des troubles digestifs avec réhydratation et correction des troubles électrolytiques [100].

En Tunisie, d’après une étude rétrospective incluant 32 cas d’intoxication par les plantes sur une période de 4 ans, Sept patients (21,87 %) d’âge moyen 21 ± 7 ans ont consommé des grains de ricin. La symptomatologie clinique était faite essentiellement de troubles digestifs : douleurs abdominales (n = 7), vomissements (n = 3) et diarrhée (n = 3). L’évolution était favorable dans tous les cas avec une durée d’hospitalisation moyenne de 47 + 12 h [101]. Les résultats de notre étude rejoignent les données de la littérature. En effet, les intoxications par le Ricinus communis L sont survenues de façon accidentelle par voie orale surtout chez les enfants de moins de 15 ans (75%) de sexe féminin (43,33%) lors de la première exposition avec une évolution favorable de l’ordre de 82,33% (100 décès parmi 120).

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4. Peganum Harmala L. (Harmel)

Le Peganum harmala ou Harmel se rencontre en Afrique du Nord et en Espagne [102]. C’est l’une des plantes les plus utilisées en médecine traditionnelle pour ses vertus sédatives et comme emménagogue. Son emploi à des fins thérapeutiques expose au risque de surdosage et d’intoxication. Son usage est rencontré également dans les diarrhées, les douleurs intestinales, les calculs rénaux, l’impuissance sexuelle. Les femmes ont recours à cette plante pour traiter la stérilité, les aménorrhées et provoquer l’avortement. Les parties utilisées sont la graine et la racine [52].

Il s’git d’une plante de la famille des Zygophyllaceae et connu en arabe par le Harmel. C’est une plante herbacée vivace, sa tige peut atteindre 50 cm de hauteur, ses feuilles découpées en lanières étroites, ses fleurs sont solitaires et son fruit est une capsule à 3 loges contenant des graines anguleuses (Figure 26).

Figure 26: Peganum harmala L. (Harmel) [103]

Les composés pharmacologiquement actifs du Harmel sont des alcaloïdes trouvés notamment dans les graines et les racines. Il s’agit notamment de β- carboline (tels que l’harmine, l’harmaline, l’harmalol et l’Harman) et des dérivés de la quinazoline (vasicine et vasicinone). Les progrès de la chimie et de la pharmacologie ont pu démontrer que l’activité abortive du Harmel est due à ces dérivés de la quinazoline, qui provoquent une contraction du muscle utérin via une induction de la sécrétion des prostaglandines [103]. Deux observations

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ont été décrite par Achour S. [103] montrant que l’activité du Harmel est représentée par l’hypertonie utérine engendrant chez une patiente, un accouchement rapide et un nouveau-né porteur d’une souffrance modérée, et pour l’autre une menace d’avortement avec décollement placentaire.

Sur le plan clinique, Une dose de 2,5 g de graine entraîne les premiers signes cliniques [52]. Il provoque des troubles visuels, une incoordination motrice, des convulsions, des hallucinations, des troubles circulatoires et un arrêt de la respiration [104,105]. L’intoxication grave se manifeste par des complications circulatoires, des troubles hydroélectrolytiques, avec une déshydratation due aux vomissements, des convulsions, des signes de néphrotoxicité

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