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4. Méthodologie

4.3 Méthode

4.3.1 Le questionnaire

4.3.1.1 Construction du questionnaire (format et contenu)

4.3.1.1.1 ATIS

L’échelle ATIS (Attitudes towards inclusion scale) a été développée par par Susanne Schwab, Markus Gebhardt, Elfriede M. Ederer-Fick et Barbara Gasteiger Klicpera en 2012. Ces derniers voulaient construire un nouvel instrument permettant de mesurer les attitudes d’un public général envers l’inclusion scolaire des élèves à BEP. Pour ce faire, dans une étude pilote, ils se sont appuyés sur trois instruments déjà existants : deux questionnaires allemands, le Einstellung zur Integration in der Schule (EIS, Reicher, 1988 ; Gebhardt et al., 2011), et le Einstellung zur Integration (EZI-D, Kunz, Luder, & Moretti, 2010) ainsi qu’un questionnaire anglais, le My thinking about inclusion (MTAI, Stoiber, Gettinger, & Goetz, 1998).

Le EIS a été conçu par Reicher en 1988 et testé statistiquement par Gebhardt et al. en 2011. Il contient 11 items afin de mesurer les attitudes des enseignants selon une échelle Likert en 4 points. Le EZI-D, aussi connu sous le nom PATI en anglais (Parent attitudes to integration scales) conçu par Palmer et al. en1998, a été traduit en allemand par Kunz, Luder et Moretto en 2010. Il contient aussi 11 items et a été développé pour mesurer les attitudes des parents.

Le MTAI a été conçu en 1998 par Stoiber, Gettinger et Goetz dans le but de mesurer les attitudes des parents et praticiens. Il contient 28 items avec une échelle de type Likert à 5 points.

Schwab et al. (2012) ont rassemblé les trois échelles en un seul questionnaire en introduisant chaque item par « Je pense que » (« Ich denke, dass ») et les ont envoyé à 351 étudiants de l’université de Graz. Les résultats montrent une bonne fiabilité des trois échelles et des moyennes élevées signifiant des attitudes positives envers l’inclusion. Ils ont ensuite sélectionné deux items de chaque échelle afin de construire leur nouvelle échelle, l’ATIS, comprenant désormais six items.

Ils ont ensuite utilisé ce questionnaire dans une autre étude avec pour objectifs de tester les caractéristiques psychométriques de l’échelle et de connaître les attitudes de la population générale vis-à-vis de l’inclusion. Ils voulaient connaître l’influence de variables telles que la nature du handicap, les caractéristiques démographiques des participants et l’ordre de présentation des situations inclusive/ségrégative sur les attitudes. Ils l’ont alors utilisé auprès de 2158 individus parlant allemand, dont 1244 personnes ont reçu le questionnaire sous forme informatique et les autres 914 sous forme papier.

Les auteurs ont créé huit versions du questionnaire comprenant trois vignettes, elles-mêmes comportant six items identiques. Les participants doivent répondre selon une échelle de Likert à 5 points allant de pas du tout d’accord à tout à fait d’accord. Deux items sont codés à l’envers. Tel que le montre la figure 6, les quatre premières versions commencent par la situation inclusive et les quatre dernières par la version ségrégative. Les questionnaires 1 et 5 concernent un élève à handicap physique et ne se différencient que par l’ordre des situations présentées. C’est le cas pour toutes les autres versions complémentaires. Les questionnaires 2 et 6 concernent un élève ayant des difficultés d’apprentissage. Les questionnaires 3 et 7, un élève à retard intellectuel et les questionnaires 4 et 8, un élève avec des problèmes comportementaux, plus précisément un TDAH (trouble du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité). Dans chaque questionnaire, la même vignette est décrite deux fois, une fois dans la situation inclusive et l’autre dans la situation ségrégative. Une troisième vignette décrivant un élève ordinaire aux performances moyennes dans la situation inclusive constitue la variable contrôle.

Figure 6 – Les 8 versions de l’ATIS (Hessels, 2014)

Le questionnaire commence par une brève introduction décrivant les situations inclusives et ségrégatives :

Mme Moulin enseigne dans une classe de 6ème primaire Harmos (anciennement 4ème primaire) avec 22 élèves, dont cinq élèves présentent des besoins éducatifs particuliers qui sont intégrés dans cette classe. Les élèves montrent des niveaux de performance différents. Une enseignante spécialisée pour l’intégration, Madame Meier, est présente pendant toutes les jours de classe afin de soutenir l’enseignement de Madame Moulin.

Lisez s’il vous plait la brève description de deux élèves de la classe de Madame Moulin et évaluez à quel point les énoncés s’appliquent pour chacun d’entre eux.

Mme Hubert enseigne dans une classe spécialisée au niveau de la 6ème primaire Harmos (anciennement 4ème primaire) avec 10 élèves présentant des besoins éducatifs particuliers.

Lisez s’il vous plait la brève description de deux élèves de la classe de Madame Moulin et évaluez à quel point les énoncés s’appliquent pour chacun d’entre eux.

Ces introductions sont toujours suivies d’une même vignette décrivant un type de handicap.

Les quatre descriptions de handicap sont décrites dans la figure 7 ci-dessous en allemand (annexe B, en français).

Figure 7 – Version finale de l’ATIS (Schwab et al., 2014, p. 24)

Après avoir fait passer le questionnaire, les auteurs ont analysé les résultats. Le questionnaire montre de bonnes caractéristiques psychométriques parmi lesquelles une bonne fiabilité avec une consistance interne de alpha .82.

Les attitudes sont plus positives lorsque la situation inclusive est présentée en premier et la ségrégation est vue de façon plus négative. Il n’y a pas de différence significative au niveau des attitudes envers l’élève à difficultés d’apprentissage quel que soit l’ordre de présentation des vignettes. Il y a par contre un effet de l’ordre sur les autres handicaps : le contexte ségrégatif est jugé plus négativement pour l’élève avec handicap mental et l’élève avec handicap physique lorsqu’il est présenté après la situation inclusive. Au contraire, le contexte ségrégatif est jugé plus positivement pour l’élève à problèmes comportementaux par les participants qui y répondent à la suite de la description inclusive que par les participants qui doivent commencer par la situation ségrégative. Les attitudes pour l’élève ordinaire de la classe inclusive sont plus positives lorsque le questionnaire commence par la situation ségrégative et ce, indépendamment de la nature du handicap.

Les auteurs ont ensuite analysé les moyennes pour chaque handicap et ont trouvé que les attitudes étaient plus positives pour l’inclusion d’élèves avec handicap physique avec une moyenne de 3.64, suivi des élèves avec handicap mental (3.37) et difficultés d’apprentissage (3.33), puis les attitudes les plus négatives concernaient l’inclusion des élèves à problèmes comportementaux avec une moyenne de 3.17. Les différences sont significatives entre tous les handicaps à l’exception du handicap mental et des difficultés d’apprentissages entre lesquels il n’y pas de différence significative. Selon les auteurs, il se pourrait que ce soit dû à la similarité des situations décrivant ces deux handicaps amenant les participants à considérer les difficultés d’apprentissage comme très similaires à l’handicap intellectuel.

Dans le cadre de cette recherche, Marco Hessels, a traduit l’ATIS de l’allemand au français et l’ORI de l’anglais au français. Dans la traduction française de l’ATIS, les 6 items identiques de chaque vignette ne sont plus introduits par la phrase « Ich denke dass ».