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Athènes possède une hétérotopie: Exarchia

1: FOUCAULT Michel, Des espaces autres, retranscription de la conférence donnée à Paris le 14 Mars 1967 dans le AMC n°5, Octobre 1984, pp46-49

La vision que l’on peut avoir d’Athènes depuis haut d’une colline est trompeuse. La jungle urbaine apparente donne l’impression d’une ville lisse, étendue à perte de vue. Ses composantes urbaines sont similaires mais chaque quartier diffère par ses usages, la manière dont il est vécu.

Le quartier d’Exarchia paraît cependant sortir du lot. L’espace athénien correspondant le mieux à la notion d’hétérotopie est Exarchia. Si sa forme urbaine constitue un miroir des quartiers voisins, par son damier et son mélange d’immeubles modernes et néoclassiques ; son rôle petit à petit façonné par les habitants nous offre l’illusion de ce que pourrait être une vie urbaine alternative. Exarchia reflète la situation critique de la ville tout en faisant rêver ses habitants et occupants.

La suite du texte ne fera qu’expliciter ces caractéristiques hétérotopiques à travers l’historique, la description spatiale et les pratiques urbaines de ce quartier.

Cet espace urbain est un des lieux privilégiés pour les réfugiés, immigrants. Le quartier juxtapose des espaces hétérogènes. Des bars huppés accueillant des concerts de jazz frôlent un carré de placette sur lequel est construit une niche hébergeant le chien apprivoisé de l’espace public. Exarchia échappe au temps réel. L’activité est présente toute la nuit. Certains kiosques marchands restent ouverts jusqu’au matin. L’espace public est perpétuellement occupé. Le son du haut parleur provenant du marchand de ferrailles dénichées sur le trottoir annonçant ses dernières trouvailles en pleine matinée à bord de son tricycle motorisé procure des réveils anachroniques.

L’esprit d’ouverture et de liberté flottant sur ce quartier vient presque faire oublier le reste de la ville et renferme alors ce lieu hétérotopique sur lui- même.

Exarchia est bien réel. Il bouillonne à deux pas du centre historique d’Athènes et se retrouve tout aussi désordonné, mal agencé et brouillon que le cœur de ville.

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Figure 3.1

Localisation des différents éléments caractéristiques d’Exarchia, et délimitation personnelle du quartier

Du quartier de l’échange généreux au quartier refuge

Bien que le quartier évolue perpétuellement dans ses usages et ses actions, l’origine de son nom connote un état d’esprit que l’on ne retrouve que très peu ailleurs.

Au milieu du XIXème siècle, certains commerçants provenant des Cyclades décident de s’installer sur les terres bordant la colline de Streffi, encore vierge de toute construction humaine. Parmi eux, Exarchos, un épicier plus généreux que les autres, n’hésite pas à aider financièrement les habitants les plus démunis. De cette réputation naît la dénomination d’Exarchia, donnée pour la place, puis l’ensemble du quartier alentour.

L’étymologie même de ce lieu révèle la solidarité qui perdure encore aujourd’hui. Sa constitution sociale confirme cette idée. En effet, en plus des commerçants ayant amorcé l’urbanisation de ce tissu, l’installation de l’école polytechnique d’Athènes au nord-est du quartier1, en 1836, ou encore celle de l’université de Droit, plus

proche du centre-ville, attire toute une population intellectuelle. De nombreux libraires et maisons d’édition profitent de cette dynamique pour développer leur activité dans le quartier.

Une vision alternative de la ville se développe petit à petit à Exarchia. Les pratiques urbaines sont libres, chacun peut développer ce qui lui correspond, sans contrainte. Le quartier devient alors un lieu de refuge pour les immigrés. Des espaces sociaux sont créés spontanément. Ils visent à intégrer les nouveaux arrivants, en proposant des cours de langue, expliquant les démarches à suivre pour être régularisés. Certains vont même jusqu’à proposer de la restauration à prix libre. C’est le cas de Stecchi, espace social installé depuis peu dans une rue adjacente à la place centrale du quartier. Ce lieu se compose d’un bar géré par d’anciens immigrés, proposant des plats cuisinés à prix libre le week-end; d’un espace de réunion et d’information pour spécifier les droits de nouveaux immigrés, et comment s’insérer dans la société. Il propose de nombreuses activités telles que des cours de grec, des ateliers informatiques, des expositions... C’est cette structure

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qui se charge d’organiser le festival anti-raciste d’Athènes, tous les printemps. Ce lieu a été mis en danger par une grenade envoyé par un opposant à ce type d’organisation, probablement fasciste venant d’un quartier voisin.

Un des angles de la place est occupé par le K-Vox1, ancien cinéma en

plein air sur le toit. Il abrite aujourd’hui un bar clandestin, et propose un centre de soin gratuit, en sous-sol, pour les nombreux habitants ne bénéficiant plus de sécurité sociale2. Au Nosotros, immeuble

vacant occupé librement, l’idée est de proposer des activités pour tous, souvent basées sur l’échange des savoirs, telles que des cours linguistiques, de danse ou de théâtre. Créé en 2005, le Nosotros aspire avant tout à se détacher de toute bannière politique3.

Les différents espaces sociaux animant le quartier montrent une volonté d’ouverture à l’autre, au réfugié, démuni, marginal... Cet état d’esprit reflète également une lutte politique voire idéologique importante. L’ouverture des résidents envers leur co-habitants s’oppose à leur relation vis à vis de l’autorité. Ce lieu de partage ne répond plus aux règles de droit commun. Il préfère répondre à une loi sociale et solidaire.

Le bastion de la résistance grecque

Dans l’histoire politique de la ville, Exarchia a vite été associée à l’idée de résistance. Plusieurs événements ont accentué l’activisme politique de ses occupants. Certaines oppositions sont restés symboliques dans l’histoire du quartier. Petit à petit, celui-ci s’est radicalisé en refusant toute autorité extérieure.

Dès les années 1920, au lendemain de la grande catastrophe, et dans un État affaibli par les conflits balkaniques, les premiers mouvements de défiance envers l’autorité apparaissent à Exarchia.

C’est à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale que la résistance vis à vis de l’autorité se démarque: le parti communiste, dont ses membres sont traqués par les britanniques ayant pris le contrôle de 1 : Voir FIG 3.3 - concert d’un groupe de rock anarchiste dans le bar K-VOX

2 : Les citoyens grecs perdent le bénéfice de leur sécurité sociale après un an sans activité professionnelle

3 : Voir FIG 3.4 - Intérieur de l’espace de bar du Nosotros

l’État, prend ses quartiers au 80 rue Themistokleous, surplombant la place Exarchia. Le dernier étage devient le support d’une artillerie militaire de défense.

Plus tard, dans les années 1970, la résistance athénienne face à la dictature des colonels s’organise au sein même de l’école Polytechnique. Une confrontation sanglante s’y déroulera le 17 Novembre 1973: des dizaines de milliers de manifestants occupent les rues du centre ville athénien pour protester contre l’arrestation de quatre étudiants1. Cette nuit là, le gouvernement appelle l’armée en

renfort et force l’entrée dans l’école, alors occupée par 5 000 étudiants. Au total, les blindés de l’armée provoquent la mort de 44 citoyens, et plus de 130 blessés2.

Plus récemment, le 06 Décembre 2008, lors d’une altercation entre des forces de l’ordre et des adolescents dans une ruelle piétonne, un policier tire de sang-froid dans la poitrine d’Alexis Grigoropoulos, quinze ans3. Il meurt sur le coup. Cet acte provoque les émeutes

populaires les plus importantes depuis la dictature des colonels. Des dizaines de milliers de manifestants se retrouvent sur la place Exarchia le soir même. Les «insurgés» menacent les forces de l’ordre, les contraignant à reculer aux portes du quartier, sur l’avenue

Panepistimio. Ils ne seront plus jamais tolérés dans le quartier4.

Depuis cet évènement, chaque descente de police nocturne s’accompagne de poubelles brûlées à l’essence au centre des rues, bloquant toute circulation.

L’ensemble de ce patrimoine politique, la violence urbaine « banalisée » et la défiance vis à vis de l’autorité renvoie une image négative du quartier. Nombreux grecs habitants en dehors d’Exarchia le voit comme un ghetto, voire, une décharge.

D’autres formes de résistance prennent cependant place dans le quartier. En plus des nombreux espaces sociaux créés dans les immeubles vacants, l’espace public fait également l’objet de mobilisation citoyenne. La plus remarquable est l’occupation des murs. Ils sont le support de nombreux messages politiques ou apolitiques. Il 1 : Voir FIG 3.5 - L’école Polytechnique d’Athènes lors des événements de Novembre 1973. 2 : PERROT Amélie, Itinéraire Bis, Athènes Contestataire et solidaire, France Culture, 2015 3 : Voir FIG 3.6 - Mémorial pour Alexis Grigoropoulos

4 : YOULOUNTAS, Yannis et Maud, Exarcheia la noire - Au coeur de la Grèce qui résiste, Editions

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s’agit de citations de grands penseurs, ou de dessins évocateurs1. De

nombreux tracts sont placardés sur les façades en rez de chaussée, invitant à des manifestations, rassemblement contestataire... L’intervention sur Navarinou est un témoin supplémentaire de l’activisme de ce secteur:

Le 7 Mars 2009 est créé le parc de Navarinou. Il s’agissait d’une parcelle vide servant de parking. Déplorant cet espace en latence, récurent dans la ville, un collectif de résidents d’Exarchia transforme sur place le sol de cet îlot, découpant le goudron, et le remplaçant par de la terre amenée par des dizaines de camions. Depuis, le parc se transforme par les habitants. Les décisions sont prises lors de nombreuses réunions organisées par les résidents. Aujourd’hui, des jeux pour enfants se sont implantés à son entrée nord, des gradins offrent des assises et du recul sur l’ensemble du parc arboré2. Il

est possible de planter la flore que l’on veut. Des enclos protègent plusieurs potagers. Des bancs en bois décorés de mosaïque s’ouvrent sur l’espace central du parc. Une véritable respiration végétale à échelle humaine a été créée dans la jungle urbaine, par les habitants du quartier, pour les habitants de la ville.

Cet espace transformé participe à la dualité qui s’opère dans l’appréciation du quartier. Si il est considéré comme une «no-go zone» par de nombreux individus étrangers à la vie dans ce tissu urbain, l’appropriation des lieux par les habitants révèle une qualité des espaces publics constituant Exarchia.

Une qualité urbaine élémentaire

En passant outre les façades dégradées, le revêtement de sol parfois rongé par l’usure, la composition de l’espace public organisant le quartier génère des qualités spatiales que l’on ne retrouve pas partout dans la ville3.

En effet, la composition de l’espace public du quartier vient déjouer les préjugés que l’on a de la «ville grise». Deux quadrillages de rues

s’assemblent et brisent la monotonie du réseau orthonormé. La rue

Themistokleous, faisant jonction entre ces deux tissus fait alors figure

d’axe principal du quartier. L’échelle du réseau viaire diffère selon les axes. Les rues suivant l’axe nord-est/sud-ouest sont motorisées. Leurs perpendiculaires sont piétonnes. Celles-ci se caractérisent par un pavage strié au sol, des bacs végétalisés avec arbres en quinconce ponctuant l’espace. Quelques bancs viennent compléter les assises créées par ces bacs. La faible largeur de ces voies secondaires et l’importance du végétal apportent de l’ombre et de l’air à l’espace public. La présence du parc autogéré Navarinou procure une respiration supplémentaire au réseau. Au nord-est d’Exarchia, la colline de Streffi borde le quartier. L’abord de cet organe naturel dans la ville se manifeste par le relief des rues et l’augmentation d’éléments végétaux, lui greffant un charme supplémentaire. Favorisant une commodité d’usage, les rez de chaussée se retrouvent en retrait par rapport à la rue, permettant de créer de nombreuses galeries sous arcades protégeant de la pluie.

Bien que l’on ne retrouve pas partout ailleurs dans la ville cette qualité spatiale, ce n’est pas seulement cette composante qui conditionne la singularité du quartier. Les mêmes typologies de rues existent dans d’autres quartiers du centre-ville: son voisin Kolonaki profite de la colline du Lycabette pour respirer; les mêmes venelles piétonnes parsèment les rues autour du boulevard du 3 Septembre...

L’espace public d’Exarchia se démarque alors par l’adéquation des aménagements proposés et les usages qu’ils en sont fait par les habitants.

Les trottoirs larges longeant les axes motorisés sont remplis de terrasses de Kafeneio et Taverna. Ces terrasses se retournent bien souvent sur les rues piétonnes, permettant de siroter un café frappé auprès d’un oranger, et éloigné du bruit des moteurs. Le soir, les terrasses ne désemplissent pas. Les Kafeneio de jours laissent places aux bars de nuit. Les assises installées le long des rues piétonnes sont souvent occupées par des jeunes profitant de la douceur offerte par la nuit, et du prix abaissé des boissons des kiosques et magasins de la place. Mêmes les deux ou trois marches des portes d’entrée

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d’immeubles à soubassement sont occupées le soir par les citadins. Tous les samedis, un marché vient animer le quartier haut. Celui-ci attire les habitants des quartiers voisins par ses prix et son cadre alléchant. La rue qui l’accueille bénéficie en effet d’une double vue sur un fragment de ville au nord-ouest, et sur la colline du Lycabette au sud-est. Elle accueille également de nombreux Kafeneio, comme le Mouria, à l’origine de l’esprit libertaire du quartier. Un city-stade agrémente l’entrée sud de la colline de Streffi. Il s’agit du terrain officiel du tournoi National des clubs de Football antifascistes. Se déroulant sur plusieurs semaines à la fin du mois de Mai, et au début de Juin, l’événement résonne, jusqu’au pied de la place, 300 mètres plus bas, par les encouragements et le système son installé.

Ces nombreuses pratiques rayonnent autour de son point central, la

Plateia Exarchia.

Celle-ci concentre plusieurs éléments spatiaux caractéristiques du quartier. Ses pratiques complètent la compréhension de l’esprit de ce morceau de ville à part. Il s’agit d’un véritable lieu de rassemblement populaire, sans limite d’usage ni de temps. Les pratiques engendrées dans cette centralité de quartier pourraient presque nous renvoyer à ce que pouvait être la vie dans la Athènes antique.

La nouvelle Agora

La plateia Exarchia fait figure de centralité dans son quartier. La composition de l’espace aussi bien que ses fonctions, ses usages et pratiques nous montrent qu’il s’agit d’un lieu en perpétuelle effervescence, faisant émerger des idées nouvelles, aussi bien politiques qu’urbaines et sociales1.

Sa géométrie est intéressante. Elle est formée par la rencontre de 3 rues: Spirou Trikoupi, Stournari, et Themistokleous, la traversant de part en part. Cette jonction lui donne une forme de triangle, à

1 : Voir FIG 3.15 & 3.16 - Reportage Photographique d’Exarchia

l’intérieur duquel l’espace est consacré aux piétons. Au centre, un petit monument orné de quatre anges surmontés de luminaires symbolise le lieu. Il est posé sur un socle de vingt centimètres, offrant une assise sur ses quatre côtés. Autour de ce point central, un sol pavé laisse libre cours aux pratiques de la place. Un panier de basket, quelques bancs et corbeilles métalliques viennent enrichir cette cour. Plusieurs surfaces plantées, de même aspect que celles aménagées dans les différentes rues du quartier, font transition entre la cour centrale et les rues. Elles se démarquent du sol par des bordures en béton et une surélévation offrant de nouvelles assises. De nombreux eucalyptus poussent spontanément sur ces surfaces organiques que seuls les animaux domestiqués de la place peuvent pratiquer. Une niche a ainsi été construite sur l’un de ces sols organiques. Elle y abritait

Loukanikos, chien fidèle des défilés de protestations politiques, mort

en 2014. De nouveaux chiens l’ont depuis remplacé. Les trois «côtés» du triangle revêtissent un aspect différent. Le côté nord correspond au début de la rue Stournari. Il se compose d’une voie à sens unique, de terrasses de cafés, boulangeries, pâtisseries débordantes des façades. De l’autre coté de la voie, le trottoir fait transition avec l’intérieur de place. Il s’agrémente de plusieurs kiosques vendant un peu de tout: magazines, boissons, snacks, cigarettes, friandises, jeux de cartes, jeux à gratter... Le côté ouest, correspondant au début de la rue Spirou Trikoupi, ressemble au côté nord. Des arcades s’ajoutent à la composition de la voie, générant un refuge supplémentaire sur l’espace public. Le troisième côté est piéton. Il amorce la fin de la rue Themistokleous, et le début de son ascension piétonne vers la colline de Streffi. Il épaissit la transition entre l’espace public du quartier, et celui de l’intérieur de la place, par la présence de zones plantées supplémentaires, placées entre deux terrasses de bar. Plusieurs kiosques sont également présents sur ce dernier côté du triangle. Il constitue également le départ (ou l’arrivée) de la rue Valtetsiou, longue rue piétonne transversale.

Pas moins de dix rues se rencontrent au niveau de la place Exarchia, ce qui contribue à son statut de «zone de rencontre». Plus qu’un square urbain, il s’agit d’un véritable salon dans la ville. On y joue, mange,

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boit, discute, rigole, repose, chante, danse, s’amuse, débat, de jour comme de nuit. Le matin, pendant que certains finissent leur nuit sur l’un des bancs, d’autres sirotent leur premier café frappé sur une des terrasses du bar. Deux grands-pères jouent au tavli (backgammon grec) sur la terrasse voisine, les pigeons grignotent les miettes au centre de la place, et des enfants jouent à coté de leurs parents sur des balançoires installées au sud-ouest de la place. Un petit monsieur pakistanais récolte les bouteilles de bière vides pour les consigner. A midi, un groupe de jeunes est rassemblé pour conclure des affaires, tandis que plusieurs SDF sont déjà installés sous les arcades. Un autre groupe de jeunes joue avec un labrador noir. Sur un banc, un autre homme déguste son sandwich-pita. Sur un autre, trois jeunes adultes rigolent en fumant. La récolte du collectionneur de bouteille en verre s’enrichit.

En fin de journée deux hommes discutent sur une terrasse avec un autre café frappé, après leur journée de travail. Des adolescents sont regroupés autour de la moto du grand frère. Plusieurs réfugiés d’origine africaine attendent adossés à une façade. Devant eux, un étalage de DVD dans des pochettes en plastique à vendre. Une partie de football se met en place.

La nuit, la place se remplit. L’odeur de cannabis est plus forte que quelques heures auparavant. Seul un kiosque reste ouvert sur la place. Le collectionneur de bouteille fait le tour de tous les groupes de personnes ayant une bière à la main, leur demandant si ils ont fini et si il peut récupérer le contenant. Un chien aboie. Son maître le tait. Deux djembés résonnent en rythme sur la place. Parfois, une guitare les accompagne. Un match de basket bat son plein.

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