• Aucun résultat trouvé

2009 Atelier-Mémoire V : Double identité alsacienne

Dans le document A la mémoire de Germain Muller, (Page 38-45)

C'est maintenant l'hiver, manifeste aux habits que portent jeunes et pensionnaires. Le prof porte une longue écharpe.

Les pensionnaires sont regroupés, dans une autre disposition que dans le tableau III.

CAROLE : C'est bien ce que je disais, madame Marianne, vous n'avez pas choisi entre Alfred et Helmut !

MARIANNE : (Elle sourit tristement) Comment voulez-vous choisir entre le cœur et la raison, entre l'âme et l'intelligence, entre ce qui vous émeut et ce qui vous plaît ? Chacun de ces deux garçons touchait une autre part en moi !

CAROLE : (A Sabrina, en l'effleurant) A propos de toucher, tu crois que...?

Sabrina pouffe et fait signe à Carole de se taire.

MARIANNE : Je ne pouvais pas choisir, comprenez-vous ? D'ailleurs, en 1943, il m'était impossible de choisir l'un comme l'autre : Alfred parce qu'il était proscrit dans son propre pays, Helmut parce qu'il était suspect aux yeux des habitants de ce pays !

LE PROF : (Aux élèves) Quelque part, Marianne est comme l'Alsace : elle ne veut pas, et d'ailleurs elle ne peut pas choisir. Mais si elle est partagée et déchirée, elle est aussi métissée et enrichie par ses deux cultures : comme Marianne avec Alfred, l'Alsace admire la vivacité politique de la France, son sens des débats, sa haute couture, ses vins, et cette ironique légèreté en toute chose que d'autres appellent frivolité. Et puis, elle va passer ses vacances dans le Tyrol, elle se réunit autour d'un Kaffekränzel, et après avoir regardé la météo « sur l'allemand » -parce que c'est plus sûr!-, elle fait une balade sur les sentiers bien balisés de la Forêt Noire !

SUZANNE : Oui, sauf qu'en 1944, il n'était question ni de haute couture...

ALICE : Oh jé, les talons compensés et les bas qu'on se dessinait directement sur les jambes, pour faire semblant d'en avoir !

SUZANNE : ... ni de vacances dans le Tyrol !

ERNEST : Et moi, quand je suis allé dans le Tyrol, fin 44, c'était pour me battre contre les Russes !

LE PROF : (Aux aînés) Oui, si de nos jours c'est une chance d'être alsaciens, pour votre génération, cela a été une malédiction !

KEVIN : Pourquoi vous n'êtes pas allé trouver les Popov, m'sieur Ernest, comme le conseillait Alfred ?

ERNEST : Mais je suis allé les trouver, imagine-toi ! Début mars 45, la guerre était presque finie, et moi, à dix-sept ans, j'étais incorporé de force dans une unité SS. Alors, j'ai rejoint l'armée russe en criant : » Ia priatei, Ia frantzous! » (Il crie, comme quand il avait dix-sept ans).

MAXIME : Qu'est-ce que ça veut dire ?

ERNEST : « Je suis un ami ! Je suis français! » AURELIE : Et alors, ils vous ont ouvert les bras ?

ERNEST : Ja, un du glaubsch' ! A Tambov, je me suis retrouvé ! Comme cinq mille Alsaciens ! Par moins trente ! Et ils nous ont traité comme des criminels : la moitié d'entre nous sont morts là-bas, de faim, de froid, du typhus, des mauvais traitements...

KEVIN : Mais l'autre moitié est rentrée, quand même, puisque vous êtes là !

ERNEST : Tu sais quand je suis rentré en Alsace, depuis la Russie ? En 1951! (Il martèle les chiffres de la date) Six ans après la guerre ! J'étais un revenant ! Tout le monde me croyait mort ! Ça, c'étaient les Popov, c'est-à-dire les communistes, hein !

LE PROF : Pas de politique, on a dit, monsieur Ernest !

CAROLE : Et Helmut, vous savez ce qu'il est devenu, madame Marianne ? Il a été dans un camp de prisonniers, aussi ?

MARIANNE : Helmut est parti sur le front de l'est trois jours après nos adieux. Il m'a écrit plusieurs lettres, dont une pour Noël 43. Mon père disait au facteur que c'étaient des lettres de Roger, vous comprenez, il avait honte et il se méfiait. Et puis, plus rien. Jamais...

SABRINA : Il est...?

CAROLE : Vous croyez que...?

MARIANNE : Je ne sais pas ! Je n'ai jamais eu le courage de faire des recherches ! Pour moi, il reste le jeune Helmut romantique, égaré par presque dix ans de propagande, embrigadé dans un système totalitaire !

Pendant que Marianne parle, Maxime a commencé à taper quelque chose sur son ordinateur portable. Il a demandé un renseignement au prof, qui le lui a donné, et il continue à manipuler son ordinateur.

KEVIN : Oui, mais c'était un Allemand, quand même !

MARIANNE : (Très fermement) Il y avait des Allemands qui n'étaient pas nazis ! LUCIE : (D'un air plein de sous-entendus) Et des nazis qui n'étaient pas allemands !

CAROLE : N'empêche que si Helmut avait su que vous aviez caché Alfred, et que vous l'aviez même ravitaillé ! Aïe, aïe, aïe, madame Marianne. (Elle secoue la main)

AURELIE : Qu'est devenu Alfred ? Ça, ça a dû être plus facile à savoir, non ? Marianne ne répond pas.

CLAIRE : (Elle parle fort, croyant que Marianne n'a pas entendu) Vous avez entendu, madame Marianne ? Les filles vous demandent ce qu'est devenu Alfred ?

Silence

CLAIRE : (Bienveillante) Vous vous souvenez ? Alfred ? Vous n'avez pas perdu la mémoire, quand même ?

ODILE : Adié mémoire !

Marianne reste délibérément muette. On peut voir qu'elle pleure.

LUCIE : En Alsace, on semble avoir perdu la mémoire de ses héros ! Par contre, on a beaucoup célébré les victimes : excusez-moi, monsieur Ernest, mais c'est vrai, tous les livres, tous les témoignages, toutes les émissions télé, parlent des incorporés de force.

LE PROF : A juste titre, non ?

LUCIE : Oui bien sûr ! Mais il n'y a pas eu que des victimes passives. Il y a eu des collabos, aussi...

LE PROF : C'est vrai. Peu. Mais il y en a eu.

LUCIE : Et des héros, des Résistants qui ont payé de leur vie, parfois ! Alphonse Adam et George Wodli, mais aussi Marcel Weinum et René Birr, et tous ces gamins de seize ans décapités à la hache (Les filles font des grimaces d'horreur) ou morts dans les camps ! LE PROF : Rien qu'en 1943, mille Alsaciens sont envoyés dans des camps de concentration !

Soixante-douze sont condamnés à mort, dont plus de la moitié sont exécutés !

LUCIE : Et les réseaux de Lucienne Welschinger, et ceux de Charles Bareiss ou de Paul Dungler : qui en parle ? Toujours Tambov, Tambov, Tambov !

ERNEST : (Indigné, brandissant sa canne) Taisez-vous, vous n'étiez pas là, freschi franzese ! Claire se met prudemment entre les deux protagonistes.

LE PROF : (Aux élèves) Vous voyez là que le travail de deuil, comme on dit, le travail de deuil de cette période n'est pas encore fait !

JONATHAN : Monsieur, expliquez-leur qu'ils ont raison tous les deux ! AURELIE : A chacun sa vérité !

Maxime, tout excité, montre un renseignement sur son écran à Kévin, à Jonathan, puis au prof. Celui-ci hoche la tête, et dit quelque chose à Maxime, qui continue ses recherches.

SABRINA : Et Roger, il est revenu, lui, madame Marianne ?

MARIANNE : (Elle sort de ses pensées, mais reste très triste) Roger est revenu, oui...malheureusement.

Les élèves -et certains pensionnaires- sursautent, et sont intrigués.

CAROLE et SABRINA : Pourquoi « malheureusement » ?

MARIANNE : Ça, c'est le plus dramatique de toute cette histoire ! Je le rumine depuis soixante ans ! CLAIRE : (très doucement) Vous ne croyez pas que cela vous ferait du bien d'en parler, plutôt que

de le garder ainsi pour vous ?

CAROLE et SABRINA : Allez, madame Marianne...

LE PROF : ... parlons-en à nouveau ! Redde m'r wieder devun ! CLAIRE : Racontez-nous, madame Marianne...

MARIANNE : C'était le début de la fin pour le Troisième Reich. Toute la France était déjà libérée, en cette fin 44, sauf l'Alsace. Au matin du 23 novembre, un petit crachin couvrait toute la plaine...

NOIR

# # #

# $ % $ % $ % $ % & & & &

Petit matin brumeux et sale du 23 novembre 1944. Le décor est à peu près celui du tableau 2. L'une ou l'autre affiche peut être déchirée, le portrait de Hitler un peu de guingois. Un vieux feldwebel (il boite, il est gros, handicapé) passe en revue trois ou quatre garçons de douze-quatorze ans, dont Charele (culottes courtes, en chemises) accompagnés d'un ou deux hommes plutôt vieux, pelle sur l'épaule. Le tout est très maladroit, désordonné et presque pathétique. Quelques habitants, dont Gisèle, Marianne et Richarde, les regardent. On peut entendre, l'une ou l'autre fois, un coup de canon très loin.

MARIANNE : Où est-ce qu'ils vont, comme ça ?

RICHARDE : (Très martiale) Schanzeinsatz für die Vorvogesenstellung! 4

MARIANNE : (Très agacée) Chanchachafurfofochechun... Tu peux « décrypter », s'il te plaît, en langage de tous les jours ?

RICHARDE : Ils vont aller creuser des fossés, avec leurs pelles...

GISELE : Des fossés ? Pour quoi faire ?

RICHARDE : Pour arrêter les chars qui risquent de venir à travers les Vosges ! Ceux qui n'auraient pas été arrêtés par les bazookas, les mines, les premières tranchées...

MARIANNE : Eh ben, s'ils en sont là pour défendre la mère-patrie : des pelles, des rigoles et des gamins de douze ans !

GISELE : Qu'ils se dépêchent (Elle fait un geste vers l'ouest) de venir, les autres, je me demande pourquoi les Américains sont arrêtés devant les Vosges !

Le petit détachement du Volkssturm s'éloigne.

MARIANNE : C'est vrai ! Toute la France est libérée ! GISELE : Sauf nous !

RICHARDE : Pour les Américains, on fait partie du Reich allemand, ça peut attendre ! MARIANNE : Oui...en tout cas, hier, moi j'ai entendu tirer au canon toute la journée.

GISELE : (Tout excitée) Moi aussi ! Ça venait de Saverne, La Petite Pierre, là... (Elle montre les directions)

MARIANNE : Oui, et à Strasbourg, il paraît que les chemises brunes se dépêchent de traverser le Rhin : Richtung Berlin (Prononcer à l'allemande. Elle montre la direction opposée à la précédente) Ils se mettent à l'abri !

RICHARDE : Oui, et qui c'est qui va encore déguster s'il y a des combats ? C'est comme avec les bombardements qui se succèdent ! C'est nous, les petits, qui n'avons rien deman...

GISELE : Arrête ! Tu ne meurs pas d'impatience d'être bientôt libérée de tout ce monstrueux carnaval ? (Elle montre le portrait d’Hitler, un étendard à croix gammée)

RICHARDE : J'aimerais surtout ne pas mourir tout court ! D'une balle perdue, d'une bombe ou d'une rafale de mitraillette ! Allez, à ce soir !

Elle fait un très vague salut, qui peut passer pour hitlérien, et s'en va.

GISELE : Celle-là ! On voit que son père est Bauernführer ! Elle va les regretter, je le sens!

Marianne a pris Gisèle dans ses bras et la serre. Elle se penche vers elle et la regarde, les yeux brillants.

MARIANNE : Gisèle ! Il est là ! GISELE : Qui est là ?

4

MARIANNE : Cette nuit, il est rentré ! Il est chez nous ! Dans la grange ! GISELE : Mais de qui tu parles ?... Helmut ?

Marianne fait non de la tête.

GISELE : Alfred ? Alfred est chez toi ? Marianne fait non de la tête.

GISELE : Tu veux dire... (Marianne fait oui de la tête) Roger… (Elle crie presque) Roger… (Elle baisse la voix), ton frère ? Il est...il est là ? Chez toi ?

MARIANNE : Oui...Rogele ! Cette nuit. Pour une permission exceptionnelle de trois jours. Mais...tu jures de te taire, Gisèle ?

GISELE : Mais bien sûr ! MARIANNE : Tu le jures ?

GISELE : (Très solennellement) Je le jure sur notre amour, à Roger et à moi !

MARIANNE : (Après s'être assurée, à gauche, à droite, que personne ne les entend) Il a décidé de ne pas repartir. Il attendra, caché, dans la grange, dans la cave, dans la cabane du garde-champêtre, n'importe où... mais il ne veut plus repartir au front ! Il attendra l'arrivée des Américains.

GISELE : Roger ! (Elle crie presque, Marianne lui fait signe de se taire). Je peux... je peux le voir ? A ce moment, on voit les garçons du Volkssturm courir vers la place, hors d'haleine.

1er GARCON : Ils arrivent ! CHARELE : Les Américains !

2ème GARCON : Les Américains arrivent ! 1er GARCON : Il y a plein de chars ! CHARELE : Ils arrivent !

Ils sont suivis par les hommes.

1er HOMME : Sie komme !

Un bruit assourdissant, fait du rugissement des moteurs, du martèlement des chenilles et du cliquetis des chaînes, monte peu à peu. On peut imaginer beaucoup de fumée, de poussière, l'odeur de graisse et de gas-oil. Et puis, enfin, au milieu des cris, du vacarme, et des habitants qui accourent, le canon d'un tank pointe au bout d'une rue (Ou une jeep, qui arrive sur la place). Cohue indescriptible, les cris se mêlent (« Les Américains! », « Ils sont là ! », « Vive la France! », « Ils sont arrivés! », « Les tanks sont là! », « On est libres ! », « Liberté! ») au bruit des moteurs. Et puis un soldat descend du tank (ou de la jeep) et demande :

1er SOLDAT : Strasbourg, c'est par où ? Stupéfaction des badauds.

1er HOMME : Du, dess isch e Franzos ! 1ère HABITANTE : C'est un Français ! CHARELE : Vous êtes français ?

1er SOLDAT : Et comment, mon gars, et de Ménilmuche, s'il te plaît !

Tout le monde se passe l'information : « Ménilmuche, wo esch dess ? », « C'est en France ? », « C'est à Paris

! », « S'ech e Franzos! ». D'autres soldats descendent de la jeep (ou du tank), ils se font embrasser, saluent, distribuent du chocolat et des paquets de cigarettes. Parmi eux, un Maghrébin, si possible un Noir.

1ère HABITANTE : Et vous venez d'où ?

2ème SOLDAT : (En montrant, derrière son dos, du doigt, le sud) Koufra ! 1er HABITANT : Où c'est, ça ?

1er SOLDAT : (Il fait un geste qui indique que c'est très loin) Dans les déserts de Lybie. C'est là-bas qu'on s'est fait la promesse, avec Leclerc, de ne pas déposer les armes avant d'avoir fait flotter nos couleurs sur la cathédrale de Strasbourg !

3ème SOLDAT : Elle est où, la cathédrale ?

GISELE : (Elle montre l'Est) C'est par là, tout droit ! Qui c'est, ce Leclerc dont vous parlez ? 1er SOLDAT : C'est notre général ! C'est un lion ! On le suivrait partout !

CHARELE : Vive Leclerc !

LES SOLDATS : Vive la 2ème DB !

MARIANNE : Qu'est-ce que c'est, 2ème DB ?

LES SOLDATS : (Ravis, ils ont posé Marianne sur le capot de la jeep ou du tank) C'est nous ! Deux d'entre eux commencent à entonner

LES SOLDATS : « Division de fer toujours en avant.. » Les autres soldats se joignent à eux

LES SOLDATS : « Les gars de Leclerc Passent en chantant ! »5 1er SOLDAT : Deuxième division blindée !

2ème SOLDAT : On a fait la Tunisie, le débarquement en Normandie, on a libéré Paris...

3ème SOLDAT : (Avec la simplicité des héros) Et maintenant, on vient libérer Strasbourg !

Les cris se mêlent à nouveau : « Vive la 2ème DB! », « Vive Leclerc! », « Vive la France ! », « Alsace française! ». Certains habitants se sont précipités sur les affiches de propagande, le portrait d’Hitler, les étendards à croix gammée, pour les arracher. D'autres -ou les mêmes- arrachent les brassards à croix gammée qu'ils portaient et les remplacent par une croix de Lorraine qu'ils avaient dans leur poche.

1er HOMME : (En arrachant l'affiche « Raus mit dem welchen Plunder ! ») Awer jetzt nuss mit dem schwowe gedings !

GISELE : Dehors, le fatras boche !

On voit arriver un homme les mains en l'air, il porte un brassard avec une croix gammée, suivi d'un plus jeune qui tient un fusil. Derrière, se tordant les mains, l'air désespéré, Richarde, qui crie :

RICHARDE : Papa, papa ! Il n'a rien fait ! Laissez-le !

Le jeune homme conduit le père de Richarde aux soldats, qui l'emmènent derrière le char. Richarde revient en pleurs se jeter dans les bras de Gisèle et Marianne qui la consolent. On entend des murmures dans la foule : « S'esch de Bauernführer! », « Bien fait ! », »Ça lui apprendra! », « Er het nix gemacht! », « Il n'a rien fait! ».

Et soudain descend du char (ou de la jeep, ou d'un autre véhicule qui suit), Alfred, en costume de soldat de la 2ème DB. Il est acclamé par les habitants, il distribue chocolat, bises et salutations, tout en se dirigeant vers Marianne qui lui tourne le dos. Il sifflote le refrain de l'Internationale. Marianne, qui console Richarde, lève la tête, devient très pâle, et, sans se retourner, dit :

MARIANNE : Alfred ?

A ce moment arrive en courant un soldat allemand, qui boutonne son uniforme sur lequel balance la croix de fer; ses bottes ne sont pas lacées. Il est désarmé. On voit qu'il est fou de joie et il court vers le groupe. Au milieu du bruit des moteurs et des cris, on peut entendre qu'il a crié « Vive la France! ». Il vient vers le groupe que forment Richarde, Gisèle et Marianne par derrière. Marianne et Alfred se retournent en même temps, et Alfred prend sa mitraillette et tire au moment où le garçon crie: « Vive la ... » Il s'écroule en gémissant : « ...France » tandis que Gisèle et Marianne crient : « Roger! ». C'est Roger. Gisèle et Marianne se précipitent sur le corps.

ALFRED : (Un peu hagard) C'était un soldat allemand ! 1er SOLDAT : Tu as bien fait !

5

2ème SOLDAT : Tu t'es défendu ! C'était un boche !

RICHARDE : (A Alfred et aux soldats) Ce n'était pas un soldat allemand ! C'était un Alsacien ! Rien qu'un malgré- nous ! Venu vous crier sa joie d'être libéré. Il est libéré maintenant, définitivement.

Dans le coin de la scène où se trouve la maison de Marianne, Guillaume sort un drapeau bleu-blanc-rouge d'une cachette et le fixe sur le côté de son piano.

GUILLAUME : C'est le plus beau jour de ma vie, Henriette : le retour de notre garçon sain et sauf, et la libération de l'Alsace !Tu te rends compte ?

Henriette apporte un seau de champagne avec une bouteille dedans.

GUILLAUME : Dès qu'il va revenir de la place, on va célébrer ce bonheur dignement ! Mais d'abord… d'abord...

Il fait un geste à la fois mystérieux et solennel, et s'installe au piano, où il commence à jouer La Marseillaise. Gisèle et Marianne portent le corps de Roger jusque chez lui. Ils prennent le drapeau tricolore et enveloppent le corps ensanglanté de Roger comme dans un linceul, tandis que Guillaume, qui leur tourne le dos, continue à jouer La Marseillaise, et qu’Henriette se joint aux deux jeunes femmes, formant ainsi avec elles et le corps de son fils une Piéta.

NOIR

Dans le document A la mémoire de Germain Muller, (Page 38-45)

Documents relatifs